Cat
Par une nuit sans lune, une jeune fille dormait paisiblement dans la chambre de sa grande maison. En entendant du bruit dehors, Cat se réveilla en sursaut. Elle tendit une oreille attentive dans l’espoir d’en identifier la source. Mais seul le silence lui répondit. Poussée par une curiosité grandissante, elle se leva sur la pointe des pieds et alla à sa fenêtre. Ce qu’elle y vit lui glaça le sang. Un homme, grand et robuste se tenait dans l’allée avec à ses côtés, une horde de soldats. Un éclaire zébra le ciel obscur. Elle découvrit alors une longue estafilade partant de son oreille jusqu’à son menton. En admiration devant ce visage meurtri, elle ne sentit qu’au dernier instant la présence dans son dos. Elle se retourna vivement, prête au combat. Son père se tenait sur le seuil de la pièce. Il mit son index sur sa bouche, l’empêchant de prononcer les mille-et-une questions qu’elle avait sur le bout de la langue. Elle les ravala à regret et acquiesça. Il lui fit signe de le suivre. Un coup de tonnerre retentit. Elle suivit Moris dans les escaliers qui menaient à la cuisine. La pluie qui s’était mise à tomber frappait sauvagement les carreaux comme si elle voulait les détruire. Un autre éclaire illumina la nuit. Soudain, Cat eut le sentiment que ce n’était plus de l’eau claire et pure qui gouttait sur les feuilles vertes des arbres, mais du sang. Rouge comme la haine. Noir comme de l’encre.
Puis, la porte s’ouvrit et Moris l’entraina à sa suite dans le jardin. Il fit signe à Cat de ne pas le suivre et partis vérifier que la voie était libre. Quelques secondes plus tard, un grand bruit fit soudain frémir de peur la jeune fille. C’est le moment que Moris choisi pour revenir. « Viens vite te cacher ! Ils arrivent ! » Elle lui obéit prestement, d’autant plus que les bruits de coups venant de l’entrée s’amplifiaient à chaque minute. De buissons en buissons, d’arbres en arbres, le père et la fille arrivèrent sous le couvert de la petite forêt qui cernait leur domaine. Ils se faufilèrent sous le couvert des branches et se firent le plus discret possible. Des éclats de voie et un vacarme d’objets se brisants sur le sol leur parvenait. Soudain, une flamme s’éleva dans le ciel, et une autre, et encore une autre ! La maison toute entière commença à se consumer. Cat regarda Moris et vis que la terreur, la colère et la tristesse se mêlaient sur son visage. Elle remarqua même des trainées humides sillonnant ses joues. Jamais elle ne l’avait vu ainsi.
Après avoir attendu de longues minutes qui ressemblaient à des heures, Cat explosa :
« Il faut appeler la police ! Ces personnes viennent de bruler tous non biens et notre maison !
- Je sais bien, mais je doute que la police puisse faire quoi que ce soit... répondis tristement son père.
- Mais enfin, c’est leur travail ! Et il faut faire quelque chose ! Si ça se trouve, ils vont incendier d’autres maisons, et d’autres personnes vont souffrir !
- Mais cela n’arrangerai rien d’appeler la police à la rescousse. Ne nous emballons pas. Pour le moment, il nous faut un toit où dormir. Je te propose d’aller chez Max, il n’habite pas loin.
- C’est entendu, mais demain, je file au commissariat pour les prévenir de ce qui vient de se dérouler !
- D’accord, mais pour le moment, allons chez Max.
Arrivés devant la maison, fatigués et trempés jusqu’aux os, ils sonnèrent. Quelques minutes plus tard, Max ouvrit et les fit immédiatement entrer, inquiet de leur état.
Autour d’un chocolat délicieusement chaud, Moris relata les évènements qui venaient de se produire. Son récit se termina dans le plus grand silence. Seul le bruit de la pluie roulant sur les carreaux venait le troubler. « La pluie roule sur une vitre comme des larmes sur une joue. Lentement, sans bruit. » pensa Cat. Max décida de les héberger tant qu’ils n’auraient pas trouvé de nouvelle maison. Se retirant dans sa chambre, la jeune fille se coucha immédiatement. Elle resta un long moment éveillée, fixant le plafond, à tourner et retourner les évènements de la nuit. Elle sentait la peur lui nouer les entrailles. La peur amer, la peur qui vous glace le sang toute votre vie. Malgré tout, elle repensa à Moris qui les avait sauvés. « Si il n’avait pas été là, je serais sans doute...mieux vaut ne pas y penser» décida-t-elle. Elle entendit alors des éclats de voies au rez-de-chaussée. Elle se leva et colla son oreille contre le battant de la porte. Elle entendit ceci :
« Comme ta fille l’a bien fait remarquer, vous devez aller trouver la police ! Tu sais en plus que c’est un acte criminel ! Alors pourquoi attendre ?! c’était la voie de Max.
- Tu ne comprends donc rien ?! Cela ne résoudrait pas notre problème ! Je ne pense pas qu’ils vont revenir, ils ont eu se qu’ils voulaient !
- Mais...
- Mais rien du tout ! le coupa Moris. Ça ne sert à rien, un point c’est tout ! Et maintenant, si tu veux bien m’excuser, je suis fatigué ! »
Entendant des pas monter l’escalier, Cat se dépêcha de retourner dans son lit. Elle ne ferma pas pour autant l’œil de la nuit.
Le lendemain matin, un silence angoissant pesait sur la vieille demeure, comme si une chape de plomb s’étirait à la place de la toiture. Ayant envie de se retrouver seule et de prendre un peu l’air, Cat alla s’asseoir sur un des bancs dans le jardin. Elle aimait venir ici pour lire en paix, accompagnée par le doux chant des passereaux. Soudain, elle reçu un violent coup sur la nuque. Tout devint noir.
Quand elle se réveilla, il faisait très sombre. Elle sentait de la paille moisit, sur le sol. Il faisait humide, ce qui ajoutait une odeur de pourris au décor déjà sinistre. « Une odeur de mort » pensa-t-elle. Cat voulut se lever mais elle ne pût faire que quelques pas, une grosse chaine entravant sa cheville gauche. Une minuscule fenêtre laissait filtrer le peu de la douce lumière de la lune. C’était le seul lien quelle avait encore avec le monde extérieur.
Un tintement timide la réveilla. Une créature d’un bleu tendre et lumineux se posa sur son genou. Comme elle était belle ! Des fils d’or tombaient en cascade sur ses frêles épaules, des yeux d’une magnifique couleur lapis lazuli en amande la regardaient avec curiosité, de grandes ailes de libellule pendaient dans son dos avec une tel élégance... Cat resta bouche-bée devant tant de beauté. D’une voix cristalline, la petite dame demanda :
« Bonjour, qui es-tu ? Et pourquoi es-tu enfermée ici ?
- Je m’appelle Cat. Je ne sais pas pourquoi je suis prisonnière de cette cellule, mais je pense que quelqu’un nous en veux, à mon père et à moi.
- Oh. Pourquoi ?
- Car il y a une personne qui à fait bruler ma maison. J’ai ensuite été enlevée et conduite ici. Je pense que c’est la même personne qui à organisée ces deux tentatives. Mais toi, qui es-tu ?
- C’est triste... Moi je suis Oriline. Je suis une fille de l’air mais je crois que vous nous appelez communément fées. Je vis dans cette forêt.
- Oriline, peux-tu m’aider ? Peux-tu aller prévenir mon père que je suis enfermée ici ?
- Oui, mais à une condition : laisse moi couper une mèche de tes cheveux pour lui montrer que je ne mens pas. Et donne-moi l’adresse de la maison.
- J’accepte tes conditions. Il habite chez Max, au 12 rue Primevère, à Mircilia. Ce n’est pas loin d’ici...enfin je crois.
- D’accord, je m’en vais sur le champ, mais d’abord...
La fée sortis un petit couteau de sa manche. S’envolant, elle coupa délicatement une mèche des cheveux de Cat.
- Voilà. Maintenant, je m’en vais prévenir ton père. »
Elle passa entre les barreaux et la nuit l’engloutie.
Quelques secondes plus tard, Oriline se posa sur l’épaule d’un homme encapuchonné.
« Maitre, j’ai l’adresse. Je me suis fait accepter par la fille si facilement... Je vais faire en sorte que cela se passe de même avec le père.
- Bien. Très bien. Tu m’es précieuse Oriline. Mène à bien cette mission et reviens avec de bonnes nouvelles. Incite-le à échafauder son plan. Mais attention, je veux que l’effet de surprise soit garanti !
- Je ferais selon votre ordre maître. »
Et elle s’envola à nouveau.
Oriline arriva au 12 rue Primevère. Elle passa par la fenêtre entre ouverte et trouva Moris dans le salon. Elle voleta devant lui puis se posa sur son bras. Il la regarda longuement puis lui dit :
« Bonjour toi. Que fais-tu là ?
- Je m’appelle Oriline. Je viens vous annoncer que votre fille, Cat je crois, à été enlevé et est retenue prisonnière dans un cachot. Il se trouve dans la Forêt des Ombres. Je vous ai amené une mèche de ses cheveux pour vous montrer que je dis la vérité.
- Mon Dieu ! s’effraya-t-il. Elle va bien au moins ? Bon sang ! J’aurais du me douter qu’il allait se passer à nouveau quelque chose ! Tout est ma faute...
- Ne vous inquiétez pas, elle va parfaitement bien. Et j’ai un plan pour la sauver.
- Je t’écoute.
Elle se posa sur son l’épaule et lui exposa son dessein. Une lueur d’espoir s’alluma dans les yeux de Moris.
- Tu as parfaitement raison ! Nous allons faire ce que tu as dis. Va prévenir ma fille. Je me charge du reste. »
Et Oriline pris à nouveau son envole.
Cat commençait à désespérer. Cela faisait plus de deux jours que la fée était partie. Entendre son tintement fut comme une bénédiction. Elle sauta sur ses jambes et se précipita à l’ouverture servant de fenêtre. Mais Oriline dit simplement :
« Ton père à un plan. Il va venir te chercher. »
Puis elle partie. Cat fut extrêmement déçu. Elle espérait au moins avoir des nouvelles de Moris et peut-être même de Max... Mais non, rien. Et la créature était repartie en livrant simplement qu’il avait un plan. Mais il allait venir la chercher.
Quand à la petite fée, elle ne chôma pas. Elle se dépêcha d’aller retrouver son maitre pour lui conter le fameux plan. Un rire à vous glacer le sang dans les veines se répercuta dans toute la forêt. Satisfaite, Oriline s’en retourna à ses occupations, dans l’attente du jour fatidique.
Une semaine s’écoula. Un soir, Cat entendit des pas se rapprocher. C’est alors qu’elle vit l’homme encapuchonné pousser la porte de sa cellule. Elle se recroquevilla dans le coin le plus sombre et s’exclama :
« Que me voulez-vous ? Je ne vous connais pas ! Aller vous en ! Ne m’approchez pas !
- Oh oh ! Notre petite se rebelle ! Maman, j’ai peur ! se moqua-t-il.
Il s’avança vers elle, un massue dans les mains. Les yeux emplis de terreur et fixés sur le gourdin, Cat ne bougea pas, tétanisée.
Nouveau coup sur la nuque. Le noir.
Pendant ce temps, Moris se préparait à partir. Il sortit de la maison décidé à récupérer sa fille quoi qu’il lui en coûte. Marchant d’un pas décidé vers la Forêt, il ne put réprimer un élan de peur : « Et si je ne trouvais jamais le lieu où elle était retenue prisonnière ? Et si la fée avait mentie ? Et si Cat était morte ? » . Chassant d’un mouvement de tête ces idées néfastes, il entra dans la Forêt des Ombres. Oriline vint à sa rencontre et commença à le guider vers l’endroit tant recherché. Avançant lentement entre les arbres, sa lampe de poche à la main, il se frayait un chemin dans cette végétation peut accueillante. Une fine brume s’étirait lentement entre les arbres. On aurait dit qu’elle n’était pas naturelle, que quelqu’un l’avait déposée là, accompagnée d’un vent du Nord. « Décidément, cette forêt n’a rien d’accueillante... » frissonna Moris. Soudain, un craquement retenti dans le silence. La fée et l’homme s’arrêtèrent, aux aguets. L’homme s’entait le sang battre dans ses tempes. La fée ne bougeais pas et écoutais. Un hurlement brisa la brume. Puis un autre. Et encore un autre. Tout se passa très vite. Moris, pris de panique, se mis à courir. Oriline qui le suivit, lui indiqua la route à suivre. Des ronces se prenaient dans son pantalon, et labouraient sa chaire, mais il n’y prenait pas garde. Tout-à-coup, à bout de souffle, il aperçut une vieille église devant lui. Elle était engloutie par la nature, mais pourtant restait étonnamment bien conservée. Il se plia en deux, les mains sur les genoux, cherchant sa respiration. La petite fée commença à s’impatienter :
« Allez bon Dieu ! Dépêchez vous !
- Deux petites secondes...je suis épuisé... » chuchota-t-il.
Passé cette limite, il la suivit à l’intérieur.
C’était plongé dans le noir total. Tout à coup, une chandelle s’alluma. L’homme encapuchonné se trouvait dans la lumière. Il porta ses mains à son manteau et s’en découvrit. Oriline alla se poser sur son épaule, un sourire peu amène flottant sur ses lèvres. Moris horrifié, reconnu la balafre.
« Simon?!
- Et oui petit frère. Comme nous nous retrouvons ! J’espère que tu as apprécié ton voyage jusqu’ici.
- Mais que fais-tu là ? Est-ce toi qui as enlevé Cat ? Et pourquoi ?
- En effet, c’est bien moi qui ai enlevé ta chère petite fille. Pourquoi ? Tu n’es pas très perspicace dis-moi !
- Mais explique-toi !
- J’ai toujours été jaloux de toi petit frère. Tu as toujours été le plus gâté et le plus aimé par nos parents ! Tu avais la vie facile ! Moi, j’étais l’ainé, et pourtant, j’étais rejeté ! J’ai toujours souffert de cela. J’ai même été déshérité par notre père. Dès lors, je ne faisais plus parti de la famille. Tu as tout reçu : la maison, le domaine, toute la fortune et la gloire ! Regarde-toi ! Tu as eu une belle femme, une belle fille ! Tu étais heureux ! Ça m’était insupportable. J’ai donc entrepris de te gâcher ton bonheur. J’ai tué ta femme, en faisant passer mon acte pour un suicide. J’ai brûlé ta maison. Et j’ai capturé ta fille et t’ai amené dans mes filets. Tu n’as même pas opposé de résistance. Comme c’est dommage... L’heure de la vengeance à sonné ! »
Sur ces mots, il claqua des doigts et toutes les chandelles s’allumèrent, éclairant l’église d’une lumière sinistre. Moris fut pris d’un haut le cœur. Cat était accroché au mur à côté de lui, pieds et poings liés. Il fit un pas vers elle. Ce fut le pas de trop. Un couteau s’enfonça alors dans le corps de la pauvresse. Elle mourut sur le coup. Le couteau ressortit de la plaie béante. Se leva une deuxième fois.
Ce n’était plus de l’eau claire et pure qui gouttait sur les feuilles vertes des arbres, mais du sang. Rouge comme la haine. Noir comme de l’encre.
Voilà, je viens de la finir
Désolé pour les fautes d'orthographe, mais je ne l'ai fait relir à personne...
A++