Hé, gars ! j'ai vu ta montagne de manuscrits, lu "ange d'automne" (pas trouvé "maman") et un début de roman de fantasy, pas assez pour porter un jugement mais suffisamment pour me faire une idée du bonhomme. C'est pourquoi je pense que le petit texte qui suit devrait t'aller comme un gant La bibliothèque de pierre
Sitôt que j'eus franchi la porte, dès le seuil,
J'ai jeté mon passé comme un vieux sac de chiffe
Et, depuis ma mémoire a cet air apocryphe
Qu'affectent les oublis gravés en trompe-l'oeil.
Car c'est de ce temps-là que me hantent des runes
Dont le grain patiné d'un insondable deuil
Murmure en clair-obscur le somptueux orgueil
D'un monde enseveli sous les vents et les dunes :
J'y perçois un choeur frêle aux désirs retenus
Quand les filles du feu dansaient sur les lagunes
Ou, tombés des vaisseaux perdus entre les lunes
Les pleurs de marins fous et jamais revenus.
J'ai vu, sous la bannière à l'aigle incandescente,
Un colosse rieur, le coeur et la main nus,
Renvoyer les dieux noirs aux gouffres inconnus,
Puis se laisser mourir pour une lèvre absente ;
Et ce tombeau rubis, fruit de charnels sabbats,
Où dans le blanc duvet d'une aile frémissante,
La vieille enchanteresse au corps d'adolescente
Rêve à l'archange bleu qui ne reviendra pas...
Mais toi qui n'attends rien, danaïde ou sisyphe,
Brise donc la grisaille enchaînée à tes pas !
Vêts-toi de flamme et d'ombre, et cherche ton Là-bas,
Tel ce gamin-phénix sous la cendre du glyphe.