Je suis d'une contrée où l'être se fait rare ;
Une lune livide aux faux airs de blason
Y coule ses rayons en veines de carrare,
Et pousse l'ombre à l'horizon.
Des blocs de jaspe noir crèvent la plaine rase,
Restes hallucinés d'un règne colossal ;
Leurs graves bas-reliefs que la lumière écrase
Drainent un jadis abyssal.
Les formes que j'y croise ont d'étranges vêtures,
Fantômes d'anciens dieux et déesses d'oubli
Aux visages fanés, figés en arcatures,
Geôlières d'un songe pâli.
Ainsi je déambule, impassible et sans âge,
Ainsi mes pas s'en vont où rôde le hasard...
J'ai le coeur en silence et, pour tout paysage,
L'autre versant de nulle part.
Voilà, je m'en vais... Non, ne vous dérangez pas : pour la sortie, je connais le chemin.
Salut.