LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 Atelier 12 : Les Mouches de la Politique

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5 participants
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thomas desmond
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thomas desmond


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MessageSujet: Atelier 12 : Les Mouches de la Politique   Atelier 12 : Les Mouches de la Politique EmptyMar 7 Fév 2006 - 11:13

Attention c'est barré...
Si vous voulez le lire en pdf : http://tdesmond.free.fr/nouvelles/lesmouchesdelapolitique.pdf

LES MOUCHES DE LA POLITIQUE


Lucien Bergerac arpentait la rue commerçante, tenant un épi de maïs en laisse pour remplacer son chien décédé la veille à la suite d'une trop longue exposition dans son four à pyrolyse.
Lucien avait fière allure, vêtu de sa combinaison de ski jaune fluo, ses moufles anti-chaleur-spécial-cuisine aux mains, et surtout son masque de soudeur tout neuf. Quant à ses pieds, il les avait enroulés de papier tue-mouches pour éviter les crottes de chien, qui tapissaient telles des œuvres géniales et éphémères les rues de sa ville. Quand il en croisait une bien roulée, il s'arrêtait et la photographiait avec son téléphone sans fil. D'ailleurs, où étaient passées les motocrottes ? Il écrirait au député pour lui faire remarquer, et s'il ne répondait pas il tuerait tous les membres du gouvernement.

La politique était à ses trousses, Lucien le savait, c'est pourquoi il avait récemment signé un pacte avec le Diable, qui maintenant logeait dans un petit paquet de mouchoirs en papier habillement dissimulé dans sa banane.
Il avait essayé toutes les hotlines possibles pour exposer ses angoisses, mais toutes étaient occupées. Seul le Diable l'avait pris tout de suite, sans abuser au niveau de la facturation.
Finalement, le Diable s'était avéré assez sympa, contrairement à ce qu'en disent les personnes âgées et les publicitaires, et ils avaient bien sympathisé. En plus, ce grand malin avait plein de tuyaux sur tout ! Mieux qu'une boule de cristal, il arrivait à prévoir toutes les maladies à l'avance, deux ou trois heures avant. De quoi devenir riche !

Lucien vérifia que le paquet de mouchoirs était toujours bien calé dans sa banane.
Il tira sur la laisse : son chien/maïs avait reniflé une odeur de pop-corn sur une jante de booster et ne pouvait plus se décrocher. Il tira deux coups secs pour le rappeler à l'ordre, mais son chien/maïs se détacha. Lucien hurla, mais la bête était déjà loin, trottinant de tous ses grains, comme si elle avait eu le Diable aux fesses.

C'est la politique qui l'a appâté, Lucien

La voix douce et chaude venait de sa banane, sûrement le Diable, ou peut-être bien un de ses porte-clefs chocapic possédés par des âmes de sorciers Togolais au chômage. Il en avait acheté cinq sur le marché, pour se protéger du gouvernement Raffarin et de ses sbires sans visage.

Il hurla pendant 3 minutes sans s'arrêter, planté au beau milieu de la rue, évitant les skieurs et autres bardes, dans l'espoir de reconquérir la volonté de son chien/maïs, mais sans succès. Peut-être était-il tout simplement parti à la recherche d'une femelle en chaleur ?

Mais non c'est la politique qui l'a eu, ne soit pas naïf. Ils vont lui faire une piqûre de sida dans les veines, c'est sûr et certain, et après il passera à la télé, et la politique dira que c'est toi le Grand Contaminateur de l'Humanité...

Lucien alla se cacher derrière un lampadaire et sortit le paquet de mouchoirs. Il détacha le petit autocollant et scruta l'intérieur.
Le Diable était bien là, calé entre deux mouchoirs rougis par son feu intérieur. Il avait la forme d'un piment mexicain, long et fin, la peau d'un rouge tout brillant et huilé.
Lucien porta le paquet de mouchoirs près de son visage et dit :
– Monsieur le Diable, qu'est-ce qu'on fait ? Je vais le chercher, le pauvre ?

Laisse tomber, on en rachètera un par correspondance, un plus gentil. Celui-ci devait être attiré par la politique. Laisse le s'enfuir, il comprendra très vite que le gouvernement Raffarin est derrière tout ça.

Lucien hocha la tête et rangea le Diable dans sa banane.
Il sortit de sa cachette et repris sa promenade dans la rue, en essayant de faire comme si de rien n'était. Le diable lui avait dit de laisser son chien/maïs s'enfuir, mais il n'arrêtait pas de penser à lui, si mignon et obéissant. Ça le rendait triste de ne plus le tirer au bout de sa laisse.
Nostalgique, il voulut jeter un dernier regard en arrière pour lui faire un signe d'adieu. Là il aperçut à cent mètres son chien/maïs aux prises avec une bande de cravates noires. La bagarre était animée et il crut même voir quelques pistolets-mitrailleurs dépassant des ceintures.
– La politique ! s'écria-t-il en s'étranglant à moitié.

Pire ! Le gouvernement Raffarin !

Le Diable avait eu raison, comme d'habitude ! Ces salauds avaient dû appâter son pauvre petit chien/maïs avec une fausse femelle en chaleur ! Ils lui avaient tendu un traquenard diabolique ! Comment allait-il se défendre avec ses petites griffes bien limées pour ne pas qu'il s'égratigne les oreilles ?
Lucien hésita à lui porter secours.

Et s'ils t'attrapent ? Si tu n'arrives pas à tout les tuer ? S'ils te kidnappent et que tu rates ton émission ce soir ? Comment tu vas faire ? Laisse les le prendre, on en commandera un nouveau je t'ai dit, un mieux !

Le Diable avait sûrement raison, mais Lucien avait de la peine pour son chien/maïs. Il réprima un soupir de tristesse puis fit demi-tour, avant de s'enfuir dans une étroite ruelle adjacente.
Il se mit à courir comme un fou et soudain le monde bascula.
Il vit le ciel bleu tourner autour de lui. Etait-il dans une fusée en forme de tambour de machine à laver ?
Il s'écrasa par terre et sa tête cogna contre le pavé dans un bruit sourd. PAF !
Il avait glissé sur une crotte de chien. Pire qu'une mine antipersonnel. Ses pieds enrobés de papier tue-mouche ne l'avaient pas vue venir. Même son matériel de survie semblait avoir été trafiqué à son insu. Et la crotte ? que faisait-elle là en plein après-midi ?

Sûrement une crotte fabriquée en laboratoire par la politique...

Sonné, Lucien essaya d'y voir clair. Tout était trouble, et des gens s'approchaient de lui, l'air malintentionné. Ils parlaient tous une langue étrangère, comme s'ils avaient des pinces à linge à la place des dents.
Lucien eut très peur. Avait-il changé de pays ? de planète ?

Relève-toi, le gouvernement Raffarin va arriver ! Ton chien/maïs a dû cracher le morceau, tu sais comme il est douillet, il n'a pas dû résister à quelques baffes sous l'épi. Allons, reprends tes esprits, et tire-toi ! AHH TROP TARD !! les mouches arrivent ! AUX ABRIS !

Grâce à un effort titanesque, Lucien se releva et leva la tête : d'énormes essaims de mouches à trois ailes se rapprochaient à une allure phénoménale, des canons étincellant fixés à leurs flancs noirâtres. Ils venaient pour lui, pour le réduire en bouillie, ou peut-être le kidnapper, pour lui inoculer des maladies, lui faire écouter les débats parlementaires, le ridiculiser à la télévision ! La politique allait l'avoir !

Cache-toi idiot !! CACHE-TOI ! ELLES TE FONCENT DESSUS !

Lucien, le visage déformé par la panique, fixa le nuage sombre qui fonçait sur lui, et il vit que son petit chien/maïs conduisait un des engins de mort. Lui aussi était dans le complot ? Son cœur défaillit, on l'avait trahi.
Et le Diable, est-ce que le...
Il ouvrit sa banane d'un coup sec, les mains moites. Ses portes-clefs chocapic hantés par des sorciers togolais au chômage hurlaient des imprécations qu'il ne comprit pas. Il ouvrit le petit paquet de Kleenex et regarda à l'intérieur.
Sa respiration fut coupée.
Ce n'était plus un petit Diable/Piment qui occupait le paquet, mais un petit Raffarin/maïs en costume de kermesse landaise !

Depuis le début, on l'avait piégé.
Il lança le paquet vers le nuage de mouches qui n'était plus qu'à une centaine de mètres et s'enfuit à toute vitesse, bousculant au passage des badauds qui le regardèrent comme s'il était fou.

Le petit Michael Bonnelle, huit ans et demi, leva les yeux en l'air pour compter les nuages. Il se mit à crier.
– MAMAN ! MAMAN ! regarde là-haut ! gad' !
Christelle Bonnelle, la mère de Michael, suivit du regard la direction indiquée par le doigt de son fils.
Ses yeux s'arrondirent.
Un nuage compacte de mouches voletait au-dessus des toits, en ligne droite, et sur ce nuage, comme installé confortablement sur une surface mouvante mais moelleuse, trônait un petit paquet de mouchoirs.

FIN


Dernière édition par le Mar 7 Fév 2006 - 15:20, édité 1 fois
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Alan Bates
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MessageSujet: Re: Atelier 12 : Les Mouches de la Politique   Atelier 12 : Les Mouches de la Politique EmptyMar 7 Fév 2006 - 12:10

Effectivement, c'est barré !!

Mais comme d'habitude, agréable à lire.

Merci.

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MessageSujet: Re: Atelier 12 : Les Mouches de la Politique   Atelier 12 : Les Mouches de la Politique EmptyMar 7 Fév 2006 - 15:04

Excellent! Enfin moi j'adore ce genre de délires, ça sonne un peu comme certains rêves que l'on fait parfois où tout nous paraît absolument logique et cohérent sur le coup, et ce n'est qu'après quand on y repense que l'absurde nous arrive en pleine tronche! Ou alors ça ressemble aussi à une bonne grosse bouffée délirante! Mais en tout cas j'aime sentir cette impression dans un texte.
Sinon sur la forme, ça se lit très bien comme d'hab'!
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thomas desmond
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MessageSujet: Re: Atelier 12 : Les Mouches de la Politique   Atelier 12 : Les Mouches de la Politique EmptyMar 7 Fév 2006 - 15:14

Qui parle d'un délire ? Cette histoire est vraie !

colere

Vous êtes du gouvernement Raffarin c'est ça ?
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MessageSujet: Re: Atelier 12 : Les Mouches de la Politique   Atelier 12 : Les Mouches de la Politique EmptyMar 14 Fév 2006 - 13:30

j'aime bien le côté paranoiaque du texte
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Catherine Robert
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MessageSujet: Re: Atelier 12 : Les Mouches de la Politique   Atelier 12 : Les Mouches de la Politique EmptyVen 9 Mai 2008 - 20:57

C'est pas trop mon truc mais c'est bien fait.
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