Eradication

Eradication.

Rapport audio mission 758-B2. 13 mars 2019, 1h15.
Brigade d’intervention n°3. Cinq hommes.
Lieutenant Fillo, commandant.
Binôme Alpha : Sergent Anquetil, Soldat Mercier.
Binôme Bravo : Sergent Brabant, Soldat Marinello.

« De P.C. mobile à brigade d’intervention. Veuillez nous informer de votre progression »
Lieutenant Fillo : Nous sommes en vue de la cible. Environ 500 mètres. Demande silence radio de la part du P.C. Mobile. Début de l’opération. Contact Binôme 1. Sergent, rapport.
Sergent Anquetil : Progressons à couvert sud sud-est. En vue des fenêtres sud. Lumières allumées. Aucun mouvement visible à l’infrarouge.
Fillo : O.K. Vous continuez à couvert. Binôme 2.
Sergent Brabant : En vue de la grange. Personne dans les parages.
Fillo : Bien, je viens de passer le portail. Je reste caché derrière un véhicule, une 206 Peugeot. Je fais deux coups de lampe torche. Signalez-moi le visuel.
Brabant : Visuel O.K. chef.
Anquetil : Visuel O.K. Mercier, tu vas passer sous la fenêtre. Ne te fais pas voir.
Mercier : Pas de « P » patron. (bruit de reptation) O.K. R.A.S. (silence, juste troublé par le coassement des grenouilles dans la mare voisine).
Brabant : Nous sommes à la grange, lieutenant. J’ai la porte d’entrée en visuel.
Fillo : Bon, on y va. Anquetil, vous passez par la porte de service sud. Brabant, porte d’entrée. Je vous couvre… et je suis derrière vous. Attention… Synchro. 3, 2, 1… Top !
(Bruits de portes enfoncées, de verres brisés et de cavalcade)
Brabant, hurlant : Brigade d’intervention ! Brigade d’intervention ! (halètements à mesure que les hommes progressent dans la ferme).
Mercier : Merde, y’a personne…
Marinnelo : Mercier, je suis dans la cuisine. Personne ici.
Fillo : O.K., on se regroupe ! A tout le monde, on se regroupe dans l’entrée. Vous restez sur vos gardes ! (bruits de pas.)
Brabant : Lieutenant, Y’a personne dans cette cabane.
Fillo : Si. Cinq personnes. Le père, la mère, le grand-père, le fils et la fille. Ils sont planqués là haut. Va falloir les déloger.
Mercier : Pourquoi ils ont laissé les lumières ici ? Ils nous attendent pas…
Marinello, soudain très inquiet : oh, putain les gars ! Si, ils nous attendent ! Merde ! à couvert, à couv… (énorme bruit de détonation, bruits de panique, hurlement de douleur)
Brabant : Marinello est touché ! Touché ! Marinello est touché !
Mercier : Là haut ! Le vieux ! (rafale de fusil mitrailleur) J’l’ai eu ! j’lai eu !
Fillo : Rapport ! Je suis dans le vestibule. Rapport !
Anquetil : On est sous les escaliers, lieutenant. Ça va…
Brabant : On est dans la cuisine. Marinello… Il…
Fillo : Ressaisissez-vous, sergent !
Brabant : Il est mort. Le vieux l’a « Shooté » avec un fusil de chasse. En pleine poitrine. Mercier a descendu le vieux. Qu’est qu’y a foiré ? ça devait être une mission de routine…
Fillo : On a merdé. J’ai merdé. Le vieux était militaire de carrière dans le génie. Il a dû voir le manège de l’équipe de surveillance. Il nous a tendu une embuscade. On s’est fait avoir comme des bleues… Bon, on panique pas. On a un boulot à terminer. Tant pis pour l’effet de surprise. Je reste en bas pour vérifier la cave. Brabant, vous venez avec moi. Les autres vous montez. Silence radio. (Bruits divers au rez de chaussé, marches d’escaliers qui grincent)
Fillo : (chuchotant) ça va, Brabant ?
Brabant : C’est bon, lieutenant. Je connaissais le gosse, Marinello, depuis trois ans. Un bon gamin. Merde.
Fillo : Pensez à la mission. C’est les risques. Allez, vous ouvrez la porte. Je m’engouffre.
(a l’étage) Anquetil : Gaffe, Mercier. J’ai l’impression que ça va pas être aussi simple que… (bruit de cavalcade)
Mercier : La femme ! la femme ! (une détonation, brève…)
Anquetil : Bravo, vieux ! quel carton ! En pleine tronche, tu… (hurlement de rage, à glacer le sang) Attent… (bruits de corps qui chutent, gargouillis, gémissements)
Voix : Enfoirés ! vous avez tué Louisa ! Vous l’avez tué ! Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi ? (une détonation, brève)
Anquetil : Putain de merde ! quelle trouille ! je l’ai pas vu venir ! Heureusement que t’es en forme ! Merci, Mercier… Lieutenant, lieutenant, on a eu les parents. On cherche les gosses.
Fillo : O.K., bravo sergent. On est dans la cave. Continuez les…
Brabant, chuchotant : Lieutenant, y’a un bruit dans cette vieille malle…
Fillo : O.K. on ouvre (bruit d’un couvercle qui grince sur des charnières mal huilées… suivi des pleurs d’un enfant)
Brabant : Les gosses…
Fillo : Anquetil, descendez ! On a les gosses… Sergent, procédez…
Brabant : J’peux pas, Lieutenant. C’est des gosses…
Fillo : Sergent ! vous êtes là pour faire un boulot ! vous devez agir ! C’est un ordre ! (pleurs qui redoublent. Bruits de pas qui dévalent les escaliers) Serg… (Détonation)
Brabant : Merde, non, MERDE ! (Rafale de fusil automatique, bruits de pas dans la cave)
Anquetil : Brabant ! Au putain ! Le lieutenant. Qu’est ce qu’y c’est passé ? Brabant ?
Brabant : C’est le gosse… Il avait un flingue. J’l’ai pas vu. Le lieutenant m’avait dit de les buter… j’ai pas pu… j’ai pas… Ce gosse, il a à peine 12 ans ! Merde, au merde…
Mercier, angoissé : Brabant, qu’est ce que tu fous ? Non, NON ! (une détonation).
Anquetil : Ah le con ! (puis hurlant) : BOULOT DE MERDE !
Fin de l’enregistrement.

France Info, 8 heure, mardi 13 mars 2019, tout de suite les titres avec Sophie Colin :
« Un nouveau cas de Kreutzfeld Jacob dans la Creuse, éradiqué dans la nuit par les services d’intervention de l’armée. Comme d’habitude, pas d’autres précisions. C’est le 84ème cas en France depuis le début de l’année. En Allemagne, le chancelier… »

Très bonne histoire. On se laisse prendre très rapidement par le rythme enflammé et robuste de cette belle histoire comme je les aime.
Je me suis un tout petit peu perdu question personnage, mais bon...

Mais voilà ce que j'ai compris : bientot - c'est à dire dans un futur proche - tuer des gens ne sera pas plus grave que ... la moindre des choses. J'ai constaté - bien que les noms ne soient pas un élément significatif - que tu conteste la société libérale américaine plus précisement.
Si je passe à coté, fais le moi savoir.

En tout cas, c'est très bien ecrit, bonne continuation...
Leg

Leg a écrit:

Très bonne histoire. On se laisse prendre très rapidement par le rythme enflammé et robuste de cette belle histoire comme je les aime.
Leg

Merci !

Leg a écrit:

Je me suis un tout petit peu perdu question personnage, mais bon...
Leg

Moi aussi ! Une bonne relecture de ma part pour voir que tout collait...

Leg a écrit:

Mais voilà ce que j'ai compris : bientot - c'est à dire dans un futur proche - tuer des gens ne sera pas plus grave que ... la moindre des choses. J'ai constaté - bien que les noms ne soient pas un élément significatif - que tu conteste la société libérale américaine plus précisement.
Si je passe à coté, fais le moi savoir.
Leg

En fait, j'ai écrit ça dans les années 2000, en pleine psychose de la vache folle. J'avais une collègue prof d'hygiène très alarmiste sur le sujet. Du style, dans 20 ans, beaucoup de gens seront malades. J'ai donc imaginé des gens massacrés comme un cheptel de vache à l'époque. Un malade, on abat tout le troupeau ! Et effectivement, tuer des gens malades dans ce futur proche, et bien ça fait parti des nouvelles du soir ! (France info, car j'écoute cette radio tous les jours en allant au boulot;..) Voila. Donc, c'est une histoire bien française, et ça se passe chez nous. Et je ne sais pas si - inconsciement - je fustige la société libérale américaine (Que je n'aime pas beaucoup, en effet !)

Leg a écrit:

En tout cas, c'est très bien ecrit, bonne continuation...
Leg

Re-merci !

Je savais bien que tu parlais d'une maladie en France, et que l'Armée éradiquait toute menace - même si elle n'ait que suspecte - , et j'ai bien aimé cette idée. Mais ce que j'ai cru comprendre - le fond caché de l'histoire -c'est que, en te protégeant derrière le bouclier français, tu attaquais les Américains. C'était pas tes intentions, alors je me suis ouille !
Pour l'histoire, ca ma rappelait les livres de Stephen King écrits sous le pseudonyme de Richard Bachman : Marche ou crève et The Runnig Man. . Des jeux télérealités vraiment gores et injustes. Des trucs de fous, quoi. Des jeunes dans un marathons qui doivent marcher sans s'arreter, celui qui s'arrete est assassiné par un soldat de l'armée américaine.
Ca a un petit lien avec ton histoire, tu ne trouves pas ?
"Nous allons vers l'anarchie totale! " est le même ecriteau mise en valeur

Salut
Leg

Là encore, je n'avais pas fait le rapprochement. J'adore "Marche ou Crève" mais là, il s'agit de quelque chose de banaliser, et un peu caché aux yeux du public : "éradiqué dans la nuit par les services d’intervention de l’armée. Comme d’habitude, pas d’autres précisions".

Très sympa. j'aime bien la construction façon scénario. Mais si je peux me permettre, la maladie c'est Kreutzfeld Jacob. Pas évident à épeler, je te l'accorde...

ZombiGirl a écrit:

Très sympa. j'aime bien la construction façon scénario. Mais si je peux me permettre, la maladie c'est Kreutzfeld Jacob. Pas évident à épeler, je te l'accorde...

J'ai trouvé les deux sur le net. Mais, d'après mes recherches, il semblerait que tu as raison pour l'orthographe exacte ! Donc, j'édit la nouvelle et je te remercie !

Sympa, même si le début avec les talkies walkies m'a un peu perdu niveau perso... A mon avis ça gagnerait à être plus détaillé, plus scénarisé, plus romancé... L'idée est forte, pourquoi ne pas le cap de la page unique mon petit Misqua !!

C'est vrai que je poste beaucoup de courtes nouvelles...Pour Celle-ci, je tenais aux dialogues brutes de décoffrage et rien d'autre pour accentuer le malaise de la situation. Un peu comme les marines dans "Aliens". Et si le début est un peu perturbant et que l'on se sent perdu, tant mieux ! C'est voulu !

Sinon, à part ça, j'ai des nouvelles plus longues (de 8 à 16pages) mais aussi un bouquin de 230 pages... Je peux faire long aussi ! D'ailleurs, ma femme pourrait le confirmer...

rohhh j'vous jure celui-là...

Hey j'ai bien aimé ! Bon j't'avoue j'ai pas toujours cherché à savoir qui disait quoi...

Par contre le titre spoile peut être un peu trop sur la fin.

maerlyn a écrit:

Par contre le titre spoile peut être un peu trop sur la fin.

Pas faux, ça... Je vais réfléchir à un autre truc

J'ai également aimé ce texte et malgré le titre je ne m'attendais pas du tout à la fin. Très bon récit, je tiens à préciser également que la manière de faire monter la tension est excellente!

Merci !