Cauchemar

J’ai vu l’obscurité déchirée par l’éclair.
Dans cet aveuglement, dans la profonde nuit
Un faciès hideux soudainement surgit
Et son haleine infecte empuantissait l’air.


Il s’arrachait du torse des lambeaux de chair
Qu’il avalait sanglants dans un éclat de rire.
Je suis venu ici, dit-il, pour te séduire
T’offrir si tu le veux le trône de l’enfer.


Lors il cracha le feu sur un bourg endormi
Les cris des suppliciés me vrillaient les tympans
Et dans l’âcre fumée, j’entr’aperçus grimpant
Aux ailes du dragon l’âme de mes amis.


D’un pied il écrasa comme autant de fourmis
Des chrétiens qui chantaient dans la nuit de Noël
Je te ferai régner sur la terre et le ciel
Mélangeons nos sangs et signons ce compromis


J’acceptai donc ton pacte, infâme créature,
En retour tu m'offris le charme et la beauté
De vierges délicieuses de fragilité
Que je démantelais en savantes tortures.


Ineffable jouissance, être la pire ordure,
Voir les puissants trembler à mon commandement.
Mon appétit féroce et mon rire dément
S'appellent cauchemar, s’appellent…dictature.

Je dirais bien qu'il y a un problème de temps passé simple/imparfait dans :
Lors il cracha le feu (...) Les cris (...) me vrillaient les tympans.
Et aussi dans :
Tu m’offris (...) Des vierges (...) Que je démantelais
Et une petite lacune de ponctuation aussi.

Sinon, je distingue mal le lien entre les 5 premières strophes (une sorte de pacte diabolique) et la "chute" de la dernière strophe.

Michel 48 a écrit:

TiCi a écrit:

Je dirais bien qu'il y a un problème de temps passé simple/imparfait dans :
Lors il cracha le feu (...) Les cris (...) me vrillaient les tympans.
Et aussi dans :
Tu m’offris (...) Des vierges (...) Que je démantelais

Peut-être, mais l'imparfait ici est requis pous exprimer une action dans la durée, ce que ne rendrait pas le passé simple

Mets le au pluriel pour te rendre compte :
Tu leur offris des vierges qu'ils démantelaient.
Selon moi, ces temps ne peuvent coïncider.

Michel 48 a écrit:

Et une petite lacune de ponctuation aussi. Laquelle?

A chaque fin de vers, ou quasiment.

Citation :

Sur les ailes du monstre l’âme de mes amis.

13 pieds

Citation :

Tu m’offris la richesse, le charme et la beauté

13 pieds

Citation :

Je connus la jouissance d’être la pire ordure

13 pieds
Puisque tous les autres vers sont des alexandrins, ce serait bien de rectifier ces trois là.

Citation :

Un faciès hideux soudainement surgit
De son haleine infecte empuantissant l’air.

Ici le "empuantissant" trouble ma lecture. Le participe présent me semble maladroit.
Pour le fond, j'aime bien les images de souffre qui viennent à la lecture. Je trouve l'ensemble plutôt réussi.

Moi aussi j'ai bien aimé, sans adorer non plus, pour les memes raisons.
Quelques emplois tâtonnants de temps empechent parfois une bonne compréhension des vers et il est vrai qu'il y a une espèce de transition biscornue entre la majeure partie du poeme et la dernière strophe.
Une allégorie de la dictature? Thème interessant s'il en est, mais pas très bien traité à mon sens.

Peut-etre ce poeme meriterait-il d'etre un peu retravaillé.
Il y a aussi qques mots maladroitement utilisés, je trouve, qui jurent un peu avec le reste du champ lexical (ce "ordure" par exemple, m'a laissé une impression bizarre).
Mais continues tout de meme à poster tes poemes ici Michel, c'est avec plaisir que je les lirais

Beaucoup aimé ! Y a un bon rythme. J’aime bien le dernier vers, il résume tout ce qui a été dit avant.

Par contre:

Citation :

Je connus la jouissance d’être la pire ordure

Comme ce qui est dit après n’a pas de rapport avec ce vers, je mettrais bien une virgule ou un point-virgule.


Et je me disais que peut-être tu pourrais mettre des guillemets pour montrer quand « l’infâme créature » parle. C’est pas essentiel, mais je trouve que ça donne un petit plus.
Ah et aussi faudrait mettre un point après « dictature » (je chipote, je sais).

[quote="miss witch"]

Citation :

Ah et aussi faudrait mettre un point après « dictature » (je chipote, je sais).

Chipoti, chipota, chipotez pas tant que ça, je me range aux arguments des dames, Catherine comprise, j'ai un peu revu ma copie, histoire de l' exciser de ces odieux pieds surnuméraires. J'ai même mis quelques points supplémentaires. Petite précision, autant que je sache:
de nombreux poètes se soucient comme d'une guigne de la ponctuation, mais si je commence, alors évidemment il faut aller jusqu'au bout.
la question du e muet à l'hémistiche divise les anciens et les modernes, faut-il ou non le compter comme un 13ème pied?
(ex: Je connus la jouissanc' d'être la pire ordure)
D'autant qu'il est semble-t-il peu orthodoxe d'en faire le 7ème pied (ex:
Je connus la jouissance d'être cette ordure)

Moi, défenderesse des règles classiques, je dirais que la règle est la règle, donc il faut le compter. Dans ces cas-là, la seule solution, transformer son vers (comme tu l'as fait) ou remplacer un mot par un synonyme, mais ce n'est pas toujours évident.
Maintenant, je sais que d'autres sont plus larges avec le "e" muet, mais pas moi .
Par contre, j'ai déjà vu dans certains poèmes l'utilisation d'une apostrophe pour élider une letre muette embêttante, mais je n'ai trouvé aucune régle là-dessus.