Qu'ai-je fait de ma vie ?

Finalement j'ai eu le temps d'écrire un dernier petit truc (merci les grèves à la FAC) ; donc je le balance, avant de partir au ski




(Lien supprimé par l'auteur)

J'aime bien le ton déprimé, fataliste qui ressort, se rendre compte de ses erreurs lorsqu'il est trop tard.

Citation :

De conscience à ce poids qui étreint mon âme !

Cathy aime chicaner sur le nombre de pied, surtout que je sens qu'on ne sera pas d'accord. Mais pour moi, il n'y a que onze pieds parce que la liaison entre conscience et à est obligatoire.
Petit cours sur la forme classique du sonnet :
Composé de deux quatrains et de deux tercets (parfois apellé un sixain) d'alexandrins. Les quatrains doivent se suffire en eux-mêmes, les tercets peuvent être un tout.
Les rimes des deux quatrains se décomposent comme ci : abba abba (des rimes embrassées sur deux sons), les tercets comme ci : ccd eed ou ccd ede.
Mais ça ne veut pas dire que je reproche sa construction à ton sonnet (je ne suis pas aussi stricte), c'est juste à titre d'info pour ceux que ça intéresse.

Bon allez, je me lance. J'ai plutôt bien aimé. La chute est sympa et bien trouvée, particulièrement cohérente. Il y a des tournures contextuellement vraiment bonnes (nombril, bonheur "quoté").
Habituellement les "oh...", les "ha!" me pèsent car il changent la poésie en une sorte de théâtre (et tu en uses particulièrement Max). Mais là, vu la situation exprimée, ça va plutôt bien.
Il y a le vers "J’ai consommé sans remords tout ce qui est vil" qui me gêne un peu (consommer quelque chose de vil, c'est bizarre un peu - pour moi).

Catherine Robert a écrit:

Cathy aime chicaner sur le nombre de pied, surtout que je sens qu'on ne sera pas d'accord. Mais pour moi, il n'y a que onze pieds parce que la liaison entre conscience et à est obligatoire.

Non, non, on est d'accord là dessus ; mais en faisant la diérèse à conscience ça marche.

Merci pour le comm Catherine et content que tu aies aimé

Je ne trouve pas que consommer cloche, justement dans notre société de consommation. Ca va particulièrement bien même. (pas frapper, pas frapper)

Citation :

[Non, non, on est d'accord là dessus ; mais en faisant la diérèse à conscience ça marche.

Zut ! j'avais pas pensé à la diérèse pour conscience. Au temps pour moi.

Merci TiCi

Oui, j'ai tendance à utiliser pas mal les "oh, ah..." ; c'est que c'est
pratique quand tu as désespérément besoin d'un pied en plus. Content de
voir qu'ici leur présence ne te gêne pas.
Quant au vers qui t'interpelle, question encore une fois de 1er/2ème degré ou/et question de goût ; je préfère ne pas relancer le débat la dessus.

Catherine Robert a écrit:

Je ne trouve pas que consommer cloche, justement dans notre société de consommation. Ca va particulièrement bien même.

Je ne sais pas si tu fais suite à mon comm.
Auquel cas je précise : ce n'est pas l'usage de "consommer" qui m'embête, c'est l'ensemble consommer quelque chose de vil. Pour moi, quelque chose de vil (de mal), ça ne se consomme pas.
Une fois de plus, je comprends le sens voulu (consommer en connaissant pertinemment les conséquences néfastes) mais j'émets des doutes sur la façon de le dire (ou alors c'est un cannibale qui a bouffé Ben Laden).

Max a écrit:

question encore une fois de 1er/2ème degré

Sans relancer le débat de fond, je pense que c'est un retranchement un peu facile, à l'image des "oh..." et des "ha!...", et je suis certain que tu peux faire mieux que ça.

Citation :

Je ne sais pas si tu fais suite à mon comm.
Auquel cas je précise : ce n'est pas l'usage de "consommer" qui m'embête, c'est l'ensemble consommer quelque chose de vil. Pour moi, quelque chose de vil (de mal), ça ne se consomme pas.
Une fois de plus, je comprends le sens voulu (consommer en connaissant pertinemment les conséquences néfastes) mais j'émets des doutes sur la façon de le dire (ou alors c'est un cannibale qui a bouffé Ben Laden).

C'est fou ce qu'on peut débattre sur la poésie.
La poésie a une particularité qui est celle de pouvoir utiliser des images, je trouve que ce vers provoque chez moi une image, celle de quelqu'un dévorant tout ce que la vie a de mauvais sans réféchir, sans s'interroger.
Je trouve, Tici, que tu t'arrêtes trop au sens premier des mots sans te laisser aller aux images qu'ils peuvent provoquer, mais ce n'est pas un reproche, juste une constatation. Tu aimes les poèmes précis, pourquoi pas puisqu'il en faut pour tous les goûts.

Catherine Robert a écrit:

Tu aimes les poèmes précis, pourquoi pas puisqu'il en faut pour tous les goûts.

Tu me catalogues en t'arrêtant au premier degré de mes commentaires toi aussi.
J'aime les images, les métaphores, je n'ai rien contre l'imprécision, tant qu'elle n'est pas là pour masquer des incohérences.
Mais par dessus tout, j'aime lire des choses "sensées" et qui ne choquent pas quand on les découvre.
Alors je ne conteste pas le sens de la phrase au second degré, ni l'image que tu t'en fais. Je dis juste que - au premier degré effectivement- moi ça me gêne, ça me fait buter dans la lecture, ça casse la qualité du reste.
C'est mon avis personnel, peut-être une affaire de goût, moi je dirais d'attente : à mon avis, le poète devrait concilier les différents niveaux de lecture.

Citation :

le poète devrait concilier les différents niveaux de lecture.

Waouw ! compliqué ça.

TiCi a écrit:

Mais par dessus tout, j'aime lire des choses "sensées" et qui ne choquent pas quand on les découvre.
Alors je ne conteste pas le sens de la phrase au second degré, ni l'image que tu t'en fais. Je dis juste que - au premier degré effectivement- moi ça me gêne, ça me fait buter dans la lecture, ça casse la qualité du reste.
C'est mon avis personnel, peut-être une affaire de goût, moi je dirais d'attente : à mon avis, le poète devrait concilier les différents niveaux de lecture.

On est bien d'accord TiCi, tout comme toi je veux lire des choses sensées.
Mais à ce titre, par exemple, je ne comprend pas que la phrase que tu cites te gêne alors que celle du dessus (qui est potentiellement plus gênante au niveau du sens strict) ne t'arrête pas (ou alors tu ne l'as pas dit).

Parce que franchement :

"Aveuglé par ce trou béant qu’est mon nombril" ça ne veux pas dire grand chose au 1er degré. Si celle là ne te gêne pas, alors je comprend vraiment pas pourquoi celle du dessous (qui me semble moins pire) te gêne ?

Max a écrit:

"Aveuglé par ce trou béant qu’est mon nombril" ça ne veux pas dire grand chose au 1er degré. Si celle là ne te gêne pas, alors je comprend vraiment pas pourquoi celle du dessous (qui me semble moins pire) te gêne ?

Grâce à ta fine observation, il est possible que l'on progresse dans ce débat. Mais je ne suis pas bien certain de mon analyse.
Au premier degré, le nombril est bien un trou, et un trou béant ne permet pas de voir à travers, donc tout ça se tient.
Tandis que le vers sur la "consommation du vil", comme je l'ai dit plus haut, "ce qu'il y a de vil" ne se consomme pas. Là, c'est - pour moi - trop incohérent au premier degré.

Is that clear ???

Au "premier degré", assimiler le nombril à un trou béant est un peu fort de café (béant signifie en gros que le trou est largement ouvert, en plus d'être profond, ce qui n'est pas du tout le cas du nombril) ; mais le pire, c'est de dire que je suis "aveuglé" par mon nombril, ce trou béant (aucun sens). Au premier degré ce vers ne veut de fait pas dire grand chose. Si tu n'as pas tilté sur ce vers, c'est que tu as choisis tout de suite l'acception du second degré en le lisant.

L'autre vers maintenant. Au premier degré, pour toi, ce qui est "vil" ne se "consomme pas". Ce qui est vil, ce n'est pas vraiment ce qui est mal (au premier degré) mais ce qui est méprisable, de peu de valeur, vulgaire, abject etc. Il me semble que cela caractérise plutôt bien notre société de consommation comme l'a souligné Catherine ; rien que pour cette acception, le 1er degré ne me semble pas totalement dénué de sens. Et puis de toute façon, il faut lire ce truc au second degré, comme d'habitude.

Donc pour moi ce n'est pas très clair, je ne vois toujours pas pourquoi dans un cas tu sautes sans problème le 1er degré et dans l'autre tu est gêné (alors que, à la limite, j'aurais pu comprendre le contraire).

Mais bon, c'est ce que tu as ressenti en lisant le poème, alors je l'accepte
C'est juste que cela semble être une plus ou moins une "question de gout", et poursuivre un débat sur les gouts (qui ne se discutent pas à ce qu'il parait) est rarement productif.

Max a écrit:

Si tu n'as pas tilté sur ce vers, c'est que tu as choisis tout de suite l'acception du second degré en le lisant.

Il y a peut-être de ça aussi, le nombril ayant un sens figuré communément admis. Ce qui n'est pas le cas du "consommé de méprisable".

Max a écrit:

rien que pour cette acception, le 1er degré ne me semble pas totalement dénué de sens. Et puis de toute façon, il faut lire ce truc au second degré, comme d'habitude.

Alors en fait, ce n'est pas ce que tu consommes qui est vil, c'est la façon dont il a été mis sur le marché. Tu ne peux pas accuser un épi maïs d'être vil parce qu'il est un OGM, ou issu de l'agriculture intensive. L'épi de maïs est beau, bon même. Pareil pour la pollution, par exemple. Ce n'est pas l'avion qui est vil. Il vole. Ni le carburant, qui est de l'énergie. C'est la façon dont on en use et abuse.

Max a écrit:

Mais bon, c'est ce que tu as ressenti en lisant le poème, alors je l'accepte

Max a écrit:

poursuivre un débat sur les gouts est rarement productif.

On essaye d'éviter çà.