Désolé pour le concours. Je mets quand même le début d'un récit qui prenait bonne tournure mais dont j'ai lâché le train en route !
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— WESTERN —
PROLOGUE
Les coyotes se turent lorsque l’éclair argenté zébra l’aube naissante.
Une déflagration roula dans les montagnes, amplifiée par l’écho des gorges ravinées des environs de Death North. Au petit matin, les collines s’embrasèrent d’un éclat rouge sang.
Le relief moutonneux se teintait d’un contraste vert dans les ombres. L’irisation nuança l’horizon d’une bande violacée avant de s’éteindre. L’onde de choc parcourut le désert en balayant les buissons épineux, les rocailles et les rares prédateurs en quête d’un point d’eau. Le souffle de l’enfer étendit son emprise sur des milliers d’hectares à la ronde.
Puis vint le sifflement.
Le temps et l’espace se figèrent dans un présage de mort. Un silence épais se posa sur la poussière chaude de la vallée de Moonraker.
L’engin s’était posé.
O’Malley se leva prestement… l’air soucieux… la face ravagée d’un mauvais alcool bu la veille au soir. Il en était encore à se demander où trouver quelques billets verts pour sa bouteille journalière lorsque le souffle ébranla la pente ouest de sa cahute. Les rondins superposés d’une manière bancale émirent des craquements secs dont la sonorité lui fit craindre le pire. O'Malley attendit, le souffle coupé, de voir si le toit n’allait pas s’effondrer sur sa tête hirsute de pauvre fou assoiffé de whiskey.
Rien ne se passa.
Soulagé il reprit sa respiration et se leva. Des traînées orange s’effilochaient dans le lointain. Il ne perçut rien d’original dans le paysage aride maintes fois observé, notamment lors des périodes de tir aux coyotes, si ce n’est un bruissement au ras du sol…
comme si la terre avait décidé de balayer son plancher poussiéreux par ses propres moyens ! La soif guidant son esprit torturé, il sortit en plaquant une main en forme de visière au niveau de ses sourcils broussailleux en forme d’accent circonflexe . Il ne s’en était pas aperçu à l’intérieur du taudis crasseux mais la lumière était aveuglante au dehors. Ses yeux refusèrent le combat et il ferma ses paupières.
Les larmes coulèrent sur ses joues râpeuses, creusées de sillons noirâtres, piquetées de poils drus et grisonnants. D’un revers de bras, il essuya la crasse accumulée durant la nuit aux commissures de la bouche.
Il cracha bruyamment au ras de ses bottes. Instinctivement il porta la main à son ceinturon où un colt trônait entre deux rangées de cartouches brillantes. Contournant la cabane, il longea l’arrière et s’approcha du canasson. Le cheval était excité, comme en témoignaient les naseaux humides et frémissants. Sa nervosité affichait une attitude inhabituelle.
Il avança le bras. La vieille carne rua et tenta de le tuer.
Ses yeux lancèrent des éclairs. Des aréoles rouges sang cernèrent ses orbites, donnant à l’équidé l’aspect d‘un monstre sorti des entrailles de la terre. Il n’hésita pas une seconde et dégaina. Une balle suffit. Le cheval s’écroula lourdement, un trou sombre et fumant dans le poitrail.
Sa haine subsistait comme une épine à fleur de peau. Une douleur lancinante, tenace et farouche. Un mal insidieux qui enveloppe l’âme et la raison. Son poing se crispa sur la crosse de l’arme. Il ne possédait qu’un étui, ricanant de ses adversaires armés comme des bataillons.
La rapidité était Tout ! Qu’importe le semblant et la surenchère, seule la rapidité symbolisait le vainqueur.
Dans un duel un seul reste. L’autre mord la poussière.
Point d’infini et de philosophie dans le combat. Pas de décor ou de symbolique : une rue, deux hommes et le silence. Une détonation, un corps qui tombe et le murmure des curieux.
A chaque fois c’est immuable.
Le vieil homme se souvint.
J’ai remporté trente-deux duels. Un seul m’a touché au bras gauche une fois. J’avais chancelé avant de tirer. La tête de l’homme posté à cent pas avait explosé comme un fruit trop mûr. On avait caché les yeux des enfants qui se tenaient derrière la porte à deux battants du saloon. La terre avait bu le sang qui formait une grande flaque. Quelques chiens avaient lapé le liquide visqueux et chaud. J’en abattis deux. Les corniauds prirent la fuite. Leurs aboiements persistèrent dans le lointain.
Une étrange lueur stagnait dans l’horizon.
O’Malley jeta un dernier coup d’œil sur le canasson au sol. Il pesta avant de se diriger vers le singulier phénomène au bout du désert. Il estima un trajet de quatre heures de marche et prit trois bouteilles.
Il enfonça son stetson sur sa chevelure crasseuse, accrocha sa cartouchière et glissa deux révolvers dans les étuis.
*
Il ne put se résoudre à lui mentir. Elle lui étreignit le poignet en minaudant. « Tu es sûr de ce que tu veux ? » lui demanda-t-elle dans un souffle. Brian la regarda et prit une longue inspiration. Ses yeux s’embuèrent malgré une forte volonté à cacher son désarroi. Il ne tromperait pas sa femme et le savait dans son for intérieur. Vingt ans de mariage avait rendu le couple aussi transparent et révélateur qu’un miroir des âmes. Leurs visages ne cachaient plus leurs sentiments. Brian renifla et lui caressa la joue. Sa décision était prise.