Je ne sais pas si tu lira ceci Paladin, mais je vais faire comme si.
Depuis quelques mois, je m'y connait un peu en
Hermétisme, j'ai donc été attiré par le titre du texte.
Cette fois je vais faire des remarques de fond, et non plus de forme, pour changer :
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l’Ordre Martiniste et celui Kabbalistique de la Rose-Croix=> Admettons, mais la Rose+Croix, les Rose Croix, les rosicruciens, la Rose Croix d'or... C'est très compliqué.
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sur les applications magiques de la Cabale=> Un coup tu écris "Kabbale" (Kabbalistique) et un autre "Cabale". Et puis ce terme a plusieurs sens (Cabale juive, cabale ésotérique...). Bon, "Applications magiques" de la Cabale, ok, admettons.
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Il y a là le chemin de la réalisation du Grand-OEuvre, qui est de dépasser notre condition contingente d’êtres matériels.-
Le secret, m’expliqua-t-il, était contenu dans la formule alchimique « Solve et Coagula » : dissoudre et coaguler=> Idem pour le
Grand-Oeuvre, cette expression regroupe plein de trucs. Il y a plusieurs
Grand Oeuvre, en réalité. Avec le
solve/coagula et la mention de Paracelse, il s'agit plutôt de Spagyrie, et donc, pour le moins, d'un Grand Oeuvre plutôt
pratique. Mais il y a par exemple un Grand Oeuvre Spirituel/mystique, il y a l'
Ars Magna etc. D'ailleurs, le processus de corporisation de l'esprit de la sylphide est plutôt "pratique", tandis que celui de la sublimation à la fin est plus "spirituel" (avec la musique). Ça fait un curieux mélange.
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ce que Paracelse appelle la lumière astrale, ce par quoi tout être et toute forme existe.=> Ouais, admettons. Ça a le mérité d'être général et vague. Tu sembles prendre "lumière astrale" en tant que
spiritus mundi. Mais au sens paracelsien de l'expression, je ne suis pas sûr que ça concorde.
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alors que nous tracions les diagrammes sur le sol et disposions les instruments rituels=> "Diagrammes" ? Tu voulais pas plutôt dire "pentagramme" ou autres trucs classiques en occultisme ? Parce que "diagramme", c'est plutôt pour les maths, statistiques, algorithmes, pourcentages, organigrammes, données/mesures scientifiques etc.
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agir directement sur le mercure alchimique, l’étoffe dont sont tissés tous les mondes, et voir se solidifier devant nous un des mystérieux habitants de l’éther.=> Alors la notion de "mercure alchimique", de
Mercurius, en Alchimie, c'est un gros bordel. C'est plein de choses, suivant les auteurs, souvent contradictoires, mais en tous cas c'est pas franchement "l’étoffe dont sont tissés tous les mondes" (à moins, peut-être, de remonter à Synesius, à l'antiquité et aux néoplatoniciens) ... "L’étoffe dont sont tissés tous les mondes", encore une fois c'est très général et vague, mais je me pencherais plus du coté du
spiritus mundi, de l'
Archée etc. Ces dernières notions qui par analogie s'approcheraient d'ailleurs bien de la notion d'
Ether, dont tu parles ensuite (voire de celle de "lumière astrale" au sens étendu de l'expression, et pas seulement paracelsien).
=> Les "mystérieux habitants de l’éther", ok, pour les sylphide ça peut fonctionner. Mais attention, car la notion d'Ether est très complexe également. Et notamment, l'analogie Ether/Lumière Astrale (sens paracelsien)/monde astral est contestable.
En fait, pour toi "Ether", "mercure alchimique", "monde astral", "lumière astral", "natura naturans" sont synonymes en tant que "monde de la sylphide" ? Si oui, ces analogies forment un mélange complètement irrecevable, en ce qui me concerne.
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Je me souvins que Guaïta nous avait dit que l’air était le véhicule privilégié des fluides subtils, et que le vent porte de nombreux élémentaux.=> Bon : l'AIR subtil et fluide, ok, ça fonctionne. Mais il me semble que l'idée de "fluidité" correspond davantage à l'élément EAU, et celle de "subtilité" correspond davantage à l'élément FEU.
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Louis pointa sa baguette sur la plus proche et répéta sa formule.=> Avec le coup de la baguette et de l'évocation/goétie, on verse carrément dans la sorcellerie/magie (plus grand chose à voir, donc, avec l'alchimie et la science hermétique évoquées au début).
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de quel droit l’avions-nous ainsi arrachée à la liberté du monde astral=> Je me répète, mais je ne crois pas que la notion de "monde astral" corresponde au concept de "lumière astrale", même dans l'idée qu'en a Paracelse.
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Les lois occultes qui gouvernent l’univers font que la descente vers le plus épais est plus facile que l’ascension vers le subtil. Il avait été aisé d’attirer une sylphide dans la matière brute, mais la sublimation de ladite matière était la fin d’un long cheminement que nous ne pouvions accomplir si vite.=> Ok pour ça.
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Nous comprîmes. Elle vivait autrefois au coeur de ce que les philosophes appellent la natura naturans, le jaillissement libre de la création à sa source. Par notre faute cette nature lui était désormais extérieure et figée, comme un pays aimé apparait à un proscrit. Peut être le mythe d’Adam et Eve chassés de l’Eden racontait-il une chute semblable de l’Homme, mais qui était conséquence d’un libre choix, alors qu’elle n’avait commis aucun péché…=> Le concept
natura naturans/natura naturata ne m'est pas familier. Tu parles des "philosophes" ? Qui ? Spinoza ? Schelling ? D'autres ? Parce qu'apparemment, entre eux, ils ne l'envisagent pas de la même façon - de même qu'entre philosophes et "théologiens" (Thomas d'Aquin, penseurs chrétiens etc.). Compliqué de voir comment tu emploie l'idée, même si je pense que tu la prend simplement comme une idée d'
immanence, unique cause de soi, absolu... ("jaillissement libre de la création à sa source"). Et c'est d'autant plus délicat car après avoir parlé de philosophes (tu intègrent les théologiens dedans ?), tu évoques la chute adamique.
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Au niveau du style et de la forme, ça pourrait largement être mieux. Des petits soucis de fluidité, en général. Plutôt déçu.
Sinon, j'ai pas trouvé la touche "XIXe" très flagrante.
Enfin, l'idée de la musique comme vecteur de sublimation de la matière grossière est sympathique, originale, poétique - même s'il elle n'a pas grand chose à voir avec le reste (encore que la musique tienne une place particulière en l'Alchimie).
Donc ça participe à l'impression "patchwork" du texte.
Et j'en viens donc à ce qui me pause problème dans cette nouvelle, comme tu l'aura compris : les mélanges entre doctrines, "disciplines", concepts, notions, idées... Hermétisme (lumière astrale, monde astral...) ; Alchimie (les 4 éléments, transmutation grossier/subtil...) ; Philosophie/Théologie (
natura naturans, pêché originel) ; Spagyrie (Paracelse et le fameux
solve/coagula) ; Cabale ; Rose-Croix ; Sorcellerie (baguette...) ; Magie (évocation d'esprit, "diagrammes" au sol, rituels) etc. Pour moi, ça ne fonctionne pas du tout. C'est le mélange fourre-tout d'un profane. M'enfin, c'est la
liberté de l'auteur, et ça doit passer sans mal quand on est pas trop au fait de tout ça. Et puis surtout, il ne faut pas se prendre la tête autant sur une nouvelle. Mais c'est mon côté perfectionniste, qui a le soucis du détail...
En résumé, pas convaincu du tout par la forme (style, coquilles...) et surtout le fond de cette nouvelle.
Mais c'est bien, ça m'a permis de réviser vite fait mes concepts.