Soirée télé

Bon bah me voilà avec une courte nouvelle écrite pendant un cours de philo(ouais, je m'éclate au lycée...).

Soirée télé





On est tous à table, la télévision est allumée. Les images défilent à une vitesse hypnotisante ; une femme embrasse un homme, un singe danse sur une version remixée de « Jingle Bells », des cadavres extraits d’un immeuble en feu, une interview de Brad Pitt, l’arrestation d’un « dangereux terroriste » dixit le présentateur, la retransmission d’un concert de Sting.
La fille agonise juste à nos pieds, en train de se noyer dans son propre sang. Le couteau qui a servi à lui couper la gorge est sur la table, je pense que quelqu’un devrait le laver, c’est vrai il est à côté du fromage et c’est dégueulasse. J’entends la fille faire des sortes de gargouillis, comme un gamin qui souffle dans une paille afin de faire des bulles dans son verre de limonade. Sauf que le son est plus sirupeux, plus épais. Remplacez la limonade par du jus de fruits très concentré peut-être, ou de la soupe aux légumes.
Je sors lentement une cigarette du paquet posé sur la table. De toute manière aucun geste rapide ne m’est possible pour l’instant, je m’en rends compte quand j’essaie d’allumer ma cigarette avec une allumette. De mes trois essais résultent six morceaux de bois brisés sur le sol. Alors je lâche la boîte d’allumettes qui tombe sur la poitrine de la fille, celle-ci bougeant de plus en plus faiblement. Et j’attrape un briquet au hasard, j’en vois quatre mais peut-être n’y en a-t-il que deux, que je parviens miraculeusement à faire fonctionner. J’aspire, mes poumons s’ouvrent à une quantité non négligeable de produits considérés comme des poisons par toute personne intelligente. Je pense soudain qu’inciter quelqu’un à fumer c’est de l’assassinat, mais toutefois moins rapide que de lui trancher la gorge.
Un mec dans la pièce a coupé le son de la télévision il y a longtemps, à une époque où la fille avait encore une gorge dépourvue de plaie béante en son milieu. Une époque où le couteau maintenant poisseux de sang était encore rangé dans son tiroir à deux mètres d’ici, où Mathieu nous racontait l’accident qu’il avait eu avec son magnétoscope, où je n’avais pas encore envie de m’allumer une cigarette. Une époque si lointaine, en fait, qu’elle semble ne jamais avoir existé.
Un observateur extérieur objecterait que tout ça ne date même pas de vingt minutes. Mais personne dans la pièce ne songerait à réfuter mon raisonnement, puisque aucune objectivité n’existe ici. Ou ailleurs en fin de compte. Le concept de l’objectivité étant de parler de ce qu’on ne connaît pas afin d’en extraire une logique totalement impersonnelle.
Il faut être inhumain pour être objectif.
Je regarde le plafond, je vois de longues traces jaune d’humidité. A travers la fumée que j’expire, ces traces semblent représenter une pince à tenailles, ou encore un verre à cocktail, à moins que ce ne soit tout simplement le visage de Dieu.
Quelqu’un me tape sur l’épaule et me demande de lui passer le décapsuleur. Je regarde qui c’est avant de me décider si je lui donne, ou si je lui défonce le crâne avec. C’est Michel. Je lui tends l’objet et il me dit de faire gaffe, que je lui fous du sang partout. Je regarde ma main et effectivement, elle est aussi rouge et poisseuse que le couteau, si ce n’est plus. En particulier au niveau des doigts. Il faut dire qu’après avoir tranché la gorge de cette gonzesse, j’ai tenté d’attraper ses cordes vocales, mais sans succès. Dépité, c’est à ce moment que je l’ai laissé tomber à côté. Elle s’est effondrée avec des mouvements désordonnés des bras et des jambes. Un bruit de tap-tap-tap contre le sol. Là, j’ai baissé le son du poste de télévision, pour l’entendre, elle. L’entendre vivre. Personne n’a bronché quand je me suis levé pour prendre le couteau, ni quand j’ai découpé cette pétasse. Soit ils étaient trop défoncés pour se rendre compte de quoi que ce soit, ou alors ils étaient assez lucides pour comprendre que ça finirait forcément ainsi.
Depuis des semaines qu’elle me gonflait. La vaisselle n’était jamais faite quand je rentrais, elle achetait toujours la mauvaise marque de céréales, elle était incapable de tailler une pipe correctement.
Et puis elle me collait tout le temps aux basques.
Même là, tranquille que j’étais à regarder la télévision avec des potes.
Je jette un instant un coup d’œil nostalgique à sa poitrine, qui est magnifique, et à ses mains. Ce sont ses mains qui me manqueront le plus, elle avait des doigts de nymphe, des doigts faits pour jouer de la harpe, ou du violon, des doigts qui pouvaient sculpter les nuages.
Je ne vois pas pourquoi je la laisserai embarquer ces mains pour elle toute seule d’ailleurs, à cette salope. Alors je reprends le couteau et me met à genoux par terre. Et je commence à couper au milieu du poignet, la chair rompt mais difficilement. J’aimerai la voir gémir de douleur mais elle ne réagit pas. Elle a fini par se noyer dans son propre sang.
« Tu peux remettre le son, Michel » je dis.
Et je continue à couper.

Depuis quelques secondes sur le forum, ah tiens Maerlyn ! C'est toujours un plasir de lire Maerlyn ! Clic ! Je lis la première ligne, deux lignes plus loin, la diagonale... Parce que ce soir je n'ai pas trop le temps, alors avant de partir, je veux attraper quelques bribes.

Voyons plus loin... Oh mais qu'est-ce qu'il m'a fait là ? Tu aurais voulu le faire exprès que tu n'aurais pas fait si bien parce que... Pour faire un "sans partout" Tu sais que tu es génial, toi ? Jusque dans tes fautes ! Parce qu'elles ont du sang dans le sens. Regarde un peu, pour le faire, il faut être génial : "je lui fous du sans partout"

Citation :

Je lui tends l’objet et il me dit de faire gaffe, que je lui fous du sans

partout.

Eh bien pour mettre du sans partout, il faut le faire ! Tu as rendu possible l'impossible. Si vous avez capté le côté génial, alors vous verrez du mémorable dans une telle faute, parce qu'on voudrait le faire à donner un sens pareil, on en aurait pas l'idée.

Je t'ai dit que tu es génial, Maerlyn ! Je ne plaisante pas, je suis très sérieuse.

Je reviens te lire de la première ligne à la dernière dès que j'ai un moment.

Arf, merci myrtille, j'ai justement vu la faute juste avant en me relisant sur le forum.

Bon désolé pour les puristes mais je corrige quand même.^^

Crois-moi, elle valait la peine

Tu as parfois ce côté génial de dire tout sans penser quand tu écris.

Citation :

Le concept de l’objectivité étant de parler de ce qu’on ne connaît pas afin d’en extraire un logique totalement impersonnelle.

Elle tombe bien à propos ta phrase. Mais tu as encore posté trop vite, car tu ne t'es pas si bien relu :

Citation :

un logique totalement impersonnelle.

Une logique...

Dis-moi, est-ce que Mathieu n'est pas tout seul ? A moins qu'il ne soit plus tout seul dans sa tête, car nu avec un S... c'est louche...

où Matthieu nus racontait l’accident

Relis-toi, prends ton temps de bien décomposer tes accords.


Ya qu'un cheveu sur la tête à Mathieu, mais il n'y a qu'un T aussi ! Ou alors il est ricain ?

Non mais j'ai une excuse, si si, attends juste que je la retrouve...

Citation :

Un observateur extérieur objecterait que tout ça ne date même pas de vingt minutes. Mais personne dans la pièce ne songerait à réfuter mon raisonnement,

Est-ce que vu le contexte de ton texte, au passé, tu n'aurais pas eu plus intérêt à mettre :

"Un observateur extérieur aurait objecté que tout ça ne datait même pas de vingt minutes. Mais personne dans la pièce n'aurait songé à réfuter mon raisonnement"

Qu'est-ce que tu en penses ?

"Je regarde le plafond, je vois de longues traces jaune d’humidité."

"un verre à cocktails" Je crois bien que pas de S

Bin en fait mon récit est au présent, c'est le récit à l'intérieur du récit qui est au passé.
Tu crois quand même que je dervais mettre cette phrase au passé?

Je sais pas. Ce soir je te lis, mais mes yeux fatiguent, je reviendrai plus tard te dire si oui ou non, il faut changer le temps. Pas le temps qu'il fera quand il fera jour, mais le temps de conjugaison de ta phrase.

J'ai encore relevé ça :

"Quelqu’un me tape sur l’épaule et me demande de lui passer le décapsuleur. Je regarde qui c’est avant de me décider si je lui donne, (virgule) ou si je lui défonce le crâne avec."

Là, (virgule) j’ai éteint [color:d24f=yellow:d24f](non, il a baissé complètement le son du poste, sinon il éteint le poste, mais pas le son, ce serait plutôt la lumière, tu vois ce que je veux dire ?) le son du poste de télévision pour l’entendre, (virgule pour souligner que c'est elle qu'il veut entendre) elle.

Ce qui donnerait après :

"le son du poste de télévision pour l'entendre, elle."

"Et puis elle me collait tout le temps." Et si tu ajoutais "aux basques" crois-tu que ça ne sonnerait pas mal : "Et puis elle me collait au basques tout le temps" ? L'image complèterait le tableau, non ? Et ça s'insérerait pas mal avec le style de ton narrateur, non ?

Ok, sur ce, je te dis good night, chui crevé moi aussi...

Relis les posts précédents car j'ai réédité, et rajouté des corrections sur chacun d'eux.

Good Night and dreams ! Don't write in sleeping !!!!!

Très glauque cette histoire, même si elle n'apporte pas trop de surprise je trouve qu'elle est très bien écrite et j'aime assez le style.
Tes descriptions sont efficaces et "parlantes" maerlyn.

Sergei

éspèce de grooooos sadique!!!
et après tu me demande si je veux t'épouser!!
mdr surement pas!

Je savais bien que cette nouvelle me causerait du tort un jour...

Alors commencons où il faut commencer....
Déjà très content de voir myrtille depuis le temps ^^ Bonjour à elle....

Pour ce qui est de ta nouvelle.... Maerlyn, j'adore lire du Maerlyn tout simplement....Ton ecriture se lit comme du petit king ^^ Ca se lit tout seul.... L'histoire est parfaitement racontée et donc parfaitement lue ^^

Merci de continuer à me faire rêver....
cial peter