LE MANOIR DU FANTASTIQUE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

LE MANOIR DU FANTASTIQUE

Inscrivez-vous, présentez-vous, Firmin prépare votre suite...
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

 

 Le site

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
slayer1973
Sangsue mort-vivante
Sangsue mort-vivante



Nombre de messages : 16
Date Naissance : 18.10.1973
Date d'inscription : 06/12/2005

Le site Empty
MessageSujet: Le site   Le site EmptyMar 21 Nov 2006 - 7:29

Voici une nouvelle que j'ai écrite sans autre ambition que de vous donner quelques frissons. Bonne leture !


Le site



Il existe sur notre chère belle planète verte des choses que nous qualifions de maudites. De par notre nature craintive et grâce à notre instinct partiellement animal, nous savons qu’il ne faut pas déranger certaines forces ou toucher ces dits objets. Il s’agit là de l’attitude de personnes censées. Mais ceux qui sont plus faibles psychologiquement ou momentanément diminués par la faute d’un problème soudain n’ont pas ce réflexe. Ils assistent alors impuissants à l’effondrement de tout ce qu’ils pouvaient encore qualifier il y a peu de rassurant. Et ces malheureux plongent dans les abysses infernales, sans même pouvoir lutter.

C’est mon cas. J’ai commis une grave erreur il y a de cela quelques semaines. Désormais j’en paie le prix. Un prix bien trop onéreux à mes yeux. Mais impossible de se soustraire à mon créancier. Puisqu’il s’agit du Diable en personne…



Je me prénomme Alain. J’ai 30 ans, je suis employé de banque et je peux me qualifier de jeune homme au physique avenant. De nature calme, relativement romantique, passionné de jeux vidéo, je suis comme vous tous. Bref, en un mot je suis quelqu’un d’anodin. Et ma trajectoire de vie l’est tout autant. Actuellement je vis dans un joli appartement en compagnie de celle que j’aime, Julie. Il s’agit d’une femme que je trouve magnifique, douce et attentionnée. Du moins l’était-elle lorsque nous nous sommes rencontrés. Parce que depuis quelques mois je n’éprouve à son égard plus qu’un semblant d’amitié. Certes Julie est toujours aussi craquante avec son visage d’ange, ses longs cheveux châtains qui retombent en cascade sur ses épaules et son corps de déesse. Non, le problème se situe ailleurs : elle ne fait naître en moi qu’une minable et pâle étincelle bien incapable de faire vivre le feu de notre amour. Nous sommes tombés dans une certaine routine après quatre ans d’union. Une routine que je ne peux plus supporter. J’ai bien essayé de lui en parler, de lui faire comprendre à quel point cette situation m’agace, mais à chaque tentative pour lancer la discussion, elle fait mine de n’avoir ni le temps ni l’envie de m’écouter. Et notre triste existence peut ainsi se poursuivre de manière morne. Nous rentrons tous les deux de notre journée de travail aux environs de 18h30. Nous échangeons un bref baiser pour nous souhaiter la bienvenue, puis nous mangeons en prenant bien la peine de ne prononcer que quelques paroles anodines. Peut-être pour éviter de nous faire du mal en parlant des vrais problèmes. Quand le repas est terminé nous nous vautrons sur le canapé du salon, loin l’un de l’autre bien sûr et nous regardons les mièvreries qui passent sur les différentes chaînes de TV. Enfin le sommeil nous rattrape et nous nous dirigeons vers notre lit, en prenant une fois de plus la peine d’éviter tout contact tactile. Jusqu’à ce qu’une nouvelle journée recommence.

Si dans un premier temps cette situation me convenait passablement dans la mesure où j’étais bien accaparé par mon travail, petit à petit cet état de fait est devenu sans cesse plus difficile à supporter. Et comme beaucoup d’hommes dans la même situation, j’ai décidé qu’il était temps de mettre un terme à cette relation sans avenir. Mais dans la mesure où je ne suis pas quelqu’un de très courageux, j’ai choisi la solution de facilité. En effet, je me suis inscrit sur un site de rencontres par internet, dans l’espoir de dénicher la perle rare susceptible de répondre à mes attentes. Et quand cette fée providentielle serait trouvée, je n’aurais dès lors plus qu’à quitter Julie. A première vue mon plan paraissait parfait. En réalité je me suis engagé sur un chemin obscur parsemé de cauchemars.



Un soir j’ai cliqué sur un profil qui correspondait à mes désirs. Il s’agissait d’une certaine « princesse4721 ». Je ne connais pas son vrai nom. Elle m’a promis qu’elle me le révélerait lorsque nous nous rencontrerons enfin. A vrai dire il s’agit d’une femme très mystérieuse, mais j’avoue que j’aime beaucoup cela. Parce qu’elle est à l’opposé de tout ce que peut être Julie. Tout ce que je connais réellement de « princesse4721 » c’est son visage. Et encore il s’agit d’une photographie. Mais elle est tout simplement magnifique et rien qu’en la regardant je sais que je suis tombé éperdument amoureux de cette femme au premier regard. Blonde, cette adorable créature possède un visage de poupée avec de grands yeux bleus très expressifs, ainsi qu’une silhouette à faire pâlir d’envie n’importe quelle jeune fille. Et franchement je me suis posé la question de savoir pourquoi une femme aussi parfaite pouvait avoir besoin d’un site de rencontres pour trouver un homme. L’autre question qui m’a obnubilé pendant plusieurs jours était de comprendre pour quelle raison elle s’intéressait à moi. Certes comme je l’ai dit précédemment j’ai un physique avenant, mais je ne suis pas une gravure de mode non plus. La réponse de « princesse4721 » à mes interrogations fut simple : elle n’est pas attiré par tous ces hommes superbes qu’on voit un peu partout sur les panneaux de publicité. Non, ce qu’elle recherche c’est un représentant de la gente masculine qui soit doux, compréhensif, tendre et surtout romantique. Ce que je suis.



Ainsi, à peine commencions nous à « chatter » que nous nous découvrions une multitude de points communs et d’aspirations semblables. A croire que je venais de faire la connaissance de la femme de mes rêves. Sous le charme, j’ai poursuivi mes conversations avec « princesse4721 » alors que Julie dormait. Et bien des fois j’ai regagné le lit à des heures plus que tardives. Mais peu importait la fatigue, peu importait le manque de sommeil, j’étais simplement heureux et surtout amoureux. Les jours ont succédé aux jours et peu à peu nous avons établi une relation complice, bien que virtuelle. « Princesse4721 » s’est mise à me connaître de mieux en mieux et pour ma part j’ai commencé à appréhender sa personnalité. Un seul désir s’est alors mis à m’animer : la rencontrer au plus vite. Mais visiblement elle n’était pas pressée que cela se fasse : elle préférait que nous continuions à converser quelques semaines avant d’oser croiser nos regards dans la vraie vie. Piaffant d’impatience, j’ai tout de même accepté cette situation et je lui ai adressé de magnifiques e-mails enflammés auxquels elle répondit toujours et cela de manière tout autant enjouée. Nous nous sommes aussi écrit des messages via nos téléphones portables, mais avec l’interdiction formelle de nous téléphoner. Cela pouvait paraître étrange –du moins aurais-je dû me poser des questions face à tant de mystère-, mais vu mon état psychique d’alors j’étais prêt à tout accepter venant de « princesse4721 ». De toute manière je savais que notre rencontre réelle aurait lieu d’ici peu et que ce jour-là, en regard de ce que nous avions construit jusqu’alors, je pourrais enfin me perdre dans le bleu de ses yeux. Parce que nous étions fait l’un pour l’autre. Il n’y avait aucun doute possible à ce propos.

Je ne sais plus combien de jours ont passés depuis notre première rencontre virtuelle. Peut-être une trentaine, peut-être plus. Tout ce que je sais, c’est que chaque nuit passée devant mon ordinateur à converser avec ma nouvelle égérie a été un véritable délice. Je me sentais si proche d’elle que plus d’une fois j’ai crû la voir à mes côtés. Cela peut paraître dingue, voire insensé, mais je jure qu’il s’agit de la vérité. J’ai bien senti sa présence dans la pièce, j’ai même perçu les doux effluves de son parfum. Et il ne s’agissait pas de celui de Julie, j’en suis certain. Je n’avais qu’à fermer les yeux pour la voir devant moi, m’imaginer la toucher, lui susurrer de douces paroles au creux de l’oreille. Et quand je m’endormais, je rêvais d’elle, rien que des rêves érotiques. Mais des rêves sans cesse plus réels, au point que j’éprouvais une certaine honte quand je m’éveillais et que je distinguais la forme allongée de Julie à mes côtés. J’éprouvais déjà l’horrible sensation de la tromper. Mais n’était-ce pas ce qui allait de toute manière survenir ?
Revenir en haut Aller en bas
slayer1973
Sangsue mort-vivante
Sangsue mort-vivante



Nombre de messages : 16
Date Naissance : 18.10.1973
Date d'inscription : 06/12/2005

Le site Empty
MessageSujet: Re: Le site   Le site EmptyMar 21 Nov 2006 - 7:29

Les événements ont pris une tournure nouvelle en cette nuit du 30 septembre. Une tournure affolante. J’ai définitivement versé dans la folie. Comme cela, sans prévenir gare.

Pourtant je me souviens de tout. En fermant les yeux je revois toute la scène, depuis son début, depuis l’instant tragique où Julie a prononcé les mots qui ont ravagé mon existence :

« Je suis enceinte… »

Normalement n’importe quel homme placé dans cette situation aurait sauté de joie. Ce ne fut pas mon cas. Surpris, je me suis contenté de la regarder de mes yeux ronds et de la dévisager tel un abruti. J’imagine qu’elle a du se poser mille et une question face à mon silence. Surtout qu’il a duré de longues secondes. Et lorsqu’elle a entendu ma réplique « c’est magnifique » qui sonnait particulièrement faux, l’inquiétude a très certainement gagné chaque pore de sa peau. Néanmoins, Julie n’a laissé transparaître aucune émotion et s’est contentée de regagner le salon où elle était occupé la seconde d’avant à regarder une émission de télé-réalité particulièrement niaise. L’instant d’après je me suis précipité sur mon ordinateur et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire je dévoilais ce grand secret à ma nouvelle conquête, « princesse4721 ». Je pense que c’est exactement à ce moment que mon existence a accompli un virage à cent huitante degré. Oui, aucun doute, l’horreur a débuté ainsi.



A peine avais-je lâché l’information par l’entremise de la courte phrase « Elle m’annonce qu’elle est enceinte… » que « princesse4721 » rédigeait déjà sa réponse. Impatient de connaître son avis sur la question, je trépignais d’impatience sur ma chaise, le cœur battant la chamade. Il ne fallut guère plus de quelques secondes pour que sa réponse s’affiche sur l’écran de mon ordinateur. Et les deux mots qui s’inscrivirent me firent frémir d’effroi. « Tue-la », disaient-ils…

Horrifié, je regardai longuement cette réponse effarante, incapable de déterminer si je n’étais pas finalement en train de rêver. Il me fallut agiter la tête à de multiples reprises, écarquiller les yeux autant de fois et me secouer en tous sens pour comprendre que je ne dormais pas. Pensant ensuite que « princesse4721 » me faisait une blague, je lui demandai des explications, espérant encore qu’elle avait pu faire une faute de frappe. Mais elle répéta son message. Inlassablement. Jusqu’à ce que ces deux mots défilent en permanence sur mon écran, au point que mon crâne commençât à fortement m’élancer. A cet instant précis je suis rentré dans un monde fantasmagorique. Un monde qui n’avait plus rien de commun avec tout ce que je connaissais jusque-là. Et peu à peu une force destructrice s’est emparé de mon être, ravissant ma raison, violant mon intimité, transformant mes valeurs morales. Je le jure, la lumière dans le bureau est devenue moins intense, comme si un doigt invisible avait réduit l’intensité du courant électrique. L’ambiance aurait certes pu paraître tamisée, mais au contraire elle devint subitement effrayante. Parce que tandis que la lumière semblait flancher, les paroles angoissantes écrites par « princesse4721 » défilaient toujours en une litanie obsédante sur l’écran de mon ordinateur et l’engin se mit à clignoter follement comme s’il était victime de parasites. Puis d’étranges sons résonnèrent dans la pièce. Des sons qui n’avaient rien d’humain. On aurait dit des râles mêlés à des grincements d’outre-tombe comparables à un couteau que l’on aiguise patiemment. Sans oublier ces puissants coups qui firent trembler les murs du bureau. Effrayé, affolé même, je me suis mis à jeter des regards surpris tout autour de moi, ne parvenant toujours pas à me convaincre qu’il pouvait s’agir de la réalité. J’ai voulu me lever pour fuir au plus vite ces événements totalement anormaux, mais mes jambes étaient bien incapables de me porter et je dû me rasseoir. Posant mes mains sur mes oreilles pour échapper à cette fantasmagorie, alors que d’étranges voix à la sonorité caverneuse résonnaient dans chaque coin de la pièce, m’enveloppant d’un voile de terreur, je fermai également les yeux. C’était une erreur. Parce que désormais je venais de perdre pied avec le mince filet de réalité qui pouvait encore me raccrocher à la vie. Sans repères, j’étais devenu une proie facile. Et une voix au ton plus haineux que toutes les autres résonna alors dans ma tête. Impossible de lutter. Impossible de ne pas l’écouter. Impossible de s’y soustraire. Grave, impérieuse, autoritaire, elle me commanda d’accomplir mon œuvre. J’eus beau hurler mentalement que jamais je ne commettrais l’acte qu’elle m’exhortait à faire, rien n’y fit. Lentement chacune de mes défenses tomba et c’est loin de mon enveloppe charnelle que je me vis me lever de ma chaise et prendre la direction du salon. Je passai tel un automate devant le fauteuil où était couchée Julie. Elle bailla en me regardant d’un air intrigué, puis revint à son émission niaise. La suite des événements est très brouillée dans ma tête.



Dirige-toi vers la cuisine, me commande la voix. Ouvre le tiroir. Prend le couteau. C’est bien. Souris mon ami. Tout va bien. Très bien même. D’ici peu tu seras débarrassé de tous tes problèmes. Avance-toi vers cette salope que tu n’aimes plus, cette pute qui t’a trahi. Parce que cet enfant n’est pas de toi. Elle a couché avec un autre homme. Crois-moi. C’est la vérité. Elle doit payer pour cet affront. Regarde-la. Elle est affalée sur ce canapé telle une grosse baleine échouée sur une plage. Elle s’empiffre de chocolats, comme d’habitude. Et elle se gave d’images abrutissantes. Tu la détestes, n’est-ce pas ? Elle n’a plus rien à voir avec celle que tu as aimé autrefois. Non ce n’est plus la même personne. Il s’agit d’une étrangère. Lève ton couteau, frappe, tue. Ignore ses cris. Ignore son sang qui macule les murs. Ignore ses yeux révulsés qui te regardent bêtement. Elle feint de ne pas comprendre ce qui lui arrive. Mais elle sait très bien qu’elle va mourir. Peu importe, elle mérite son sort. Parce qu’elle t’a humilié. Frappe, frappe encore. Plante cette lame dans ses tripes jusqu’à ce qu’elle tombe sur le tapis. Jusqu’à ce que son sang macule le tissu du fauteuil. Jusqu’à ce qu’elle se taise. A tout jamais.



Peu à peu la voix a cessé de parler au creux de mon oreille. Les bruits angoissants se sont également arrêtés. La lumière a repris son éclat habituel. Et l’horrible vérité a éclaté devant mes yeux horrifiés. Couchée sur le canapé, les mains crispée sur sa poitrine en une dernière supplique, le regard vitreux laissant transparaître toute sa terreur, Julie était morte. Son corps n’était plus qu’un cadavre sanguinolent à peine reconnaissable. La lame du couteau l’avait ravagée. Plusieurs plaies béantes s’affichaient un peu partout sur son corps. Principalement sur son ventre. Là où se développait le bébé. Notre bébé…

Son visage n’était plus qu’un masque grotesque, ses joues étaient barbouillée de son propre sang, sa bouche était grande ouverte en une grimace affreuse et ses yeux m’observaient d’une manière si effrayante que je ne pus que fermer les miens. Pris d’un vertige subit et d’une horrible envie de vomir, je sentis qu’un hurlement glacial ne demandait qu’à sortir de mes entrailles tandis qu’enfin je lâchais le couteau avec lequel j’avais massacré celle que j’aimais. Et alors que l’objet entrait en contact avec le sol froid du salon, provoquant un son métallique qui me fit sursauter, un autre bruit m’empêcha de hurler : mon téléphone portable que j’avais laissé dans le bureau sonnait tant et plus.



D’un pas incertain, devant me retenir aux murs sur lesquels je laissai de nombreuses marques sanguinolentes, je revins dans cette pièce, gémissant, incapable encore d’admettre la réalité de ce qui venait de se passer. Fébrilement je me suis emparé de l’instrument, manquant le lâcher tant mes mains étaient poisseuses. Le numéro qui s’afficha sur le cadran du téléphone était celui de « princesse4721 ». A la fois effrayé et comblée parce qu’enfin j’allais entendre la voix de mon égérie, j’appuyai sur le bouton de l’appareil afin d’établir la communication. Mais à peine avais-je porté le combiné à mon oreille qu’un petit rire sarcastique me fit frissonner. Un rire qui n’avait rien de plaisant. Un rire sortit des entrailles d’une créature emplie de haine. Un rire qui renfermait l’essence même du mot « Mal ».

« Félicitation mon cher Alain, enchaîna la voix. Tu as fait ce qu’il fallait. »

A ces paroles je sursautai. Parce qu’inutile de se mentir, je connaissais celle qui me parlait à l’instant. Mais ce n’était pas le pire : j’avais la terrible impression que cette voix résonnait juste derrière moi. Comme si mon interlocutrice se trouvait dans la même pièce. D’un coup je me retournai, retenant mon souffle. Elle était là. Bien campée sur ses pieds, me dévisageant de son visage ensanglanté, souriant d’un air effroyable, son téléphone portable dans la main droite où l’index découpé par l’un des multiples coups de couteau que je lui avais porté pendait misérablement vers le sol. Julie… Julie qui était bien vivante. Julie qui se moquait de moi. Julie qui jubilait rien qu’en voyant ma mine défaite. Sauf que cette Julie-là n’avait plus grand-chose à voir avec celle que j’avais éperdument aimée. Certes son aspect actuel tenait davantage du cadavre mutilé par un tueur dément, mais ce n’était pas cela qui lui donnait cette allure si étrange. Non, on aurait plutôt dit qu’il s’agissait là d’une copie de la Julie que j’avais connue. Une copie magnifiquement imitée, mais une copie tout de même. Sa silhouette paraissait plus grande, plus imposante et l’ombre qu’elle projetait dans la pièce qui était redevenue plus obscure paraissait démesurée par rapport à sa forme originelle. Surtout que cette ombre imposante semblait particulièrement menaçante et inquiétante. Comme si une force implacable et maléfique émanait de cette dernière. Mais ce fut surtout en voyant ses yeux que je compris que celle qui se tenait devant moi n’était pas Julie. Parce que ses pupilles injectées de sang et ses orbites grands ouverts n’étaient pas celles de mon ex-copine. Ce regard terrifiant était celui d’une autre. Pire, celui d’une créature qui n’avait rien d’humain, une créature qui incarnait le mal dans toute sa puissance. Une chose née pour apporter le malheur, la tristesse, la mort. « Princesse4721 », murmurai-je dans un souffle. Oui il s’agissait bien d’elle. Sauf que « princesse4721 » était le pseudonyme du Diable. Voilà ce que je compris en un éclair.



D’un ton sauvage, elle commença, alors que la lumière faiblissait de plus en plus dans le bureau :

« Bienvenu en enfer mon chéri. Tu voulais du renouveau dans notre couple. Je t’ai exaucé. Nous partageons désormais un magnifique secret et ce n’est que le début. Viens à présent, suis-moi. J’ai tant de choses à te faire découvrir. »

Lentement je m’avançai vers elle, mes jambes me guidant sans que je ne puisse stopper leur marche. Et je me retrouvai dans ses bras maculés de sang. Pourtant horrifié, je me laissai me faire serrer tout contre sa poitrine autrefois excitante. Son corps me parut glacial et ce simple contact auparavant chargé d’émotions me dégoûta comme jamais. Mais encore une fois je ne pus esquisser le moindre geste. Quelqu’un d’autre gouvernait mon être. Quelqu’un qui me fit accepter sans broncher son baiser dégoulinant de bave et d’hémoglobine. Et tandis que sa langue gorgée de sang jouait avec la mienne desséchée, je sentis un objet tranchant s’immiscer entre mes omoplates. Paralysé par cette puissance implacable, je ne pus donc que hurler quand la lame du couteau qui avait tué Julie transperça mon dos à de multiples reprises. Jusqu’à ce que je n’aie plus d’air et qu’enfin mon cœur cesse de battre. Désormais les portes de l’enfer allaient effectivement s’ouvrir devant moi.

Je le mérite. Hélas.
Revenir en haut Aller en bas
TAK
Travelo kamikaze
TAK


Masculin
Nombre de messages : 4975
Age : 41
Date d'inscription : 29/12/2006

Le site Empty
MessageSujet: Re: Le site   Le site EmptyMar 9 Jan 2007 - 14:49

Mon dieu, cette nouvelle fait froid dans le dos!Shocked
Non seulement, elle est ancrée dans une réalité que nous connaissons tous mais elle possède egalement un climat de terreur tétanisant qui me rappelle un peu la fin de Simetierre (de Stephen King). Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne fait pas dans la fioriture...mais ça ne l'empeche pas d'etre très reussie!
Une bien belle histoire que tu nous as écrit là, slayer thumleft

EDIT : Ah oui, juste un detail, cette phrase m'a parut un peu lourde à cause de la repetition, il faudrait juste la remanier un peu pour que ça soit parfait : "et rien qu’en la regardant je sais que je suis tombé éperdument amoureux de cette femme au premier regard."
Revenir en haut Aller en bas
Nao
Isabelle Alonzo érotomane
Nao


Féminin
Nombre de messages : 2444
Age : 36
Date Naissance : 28 / 08 / 1987
Date d'inscription : 25/01/2007

Le site Empty
MessageSujet: Re: Le site   Le site EmptyLun 19 Fév 2007 - 22:58

je ne sais pas si cette nouvelle est toujours d'actualité mais je vais tout de même tenter d'en faire un commentaire objectif.

En réalilté je ne peux que copier celui de TAK.
Cette nouvelle est terrifiante de réalité, vraiment effrayante. TRES réussie.

Cependant, je trouve la fin un peu confuse mais ca ne gache en rien le climat du texte tout entier ! bien au contraire, puisqu'elle est "très brouillée dans la tête" du personnage.

Bravo !!


PS : juste une petite remarque au niveau du titre : "le site" ne me parait pas tres approprié. j'aurais, pour ma part, nommé ce texte "princesse 4721" ou quelque chose dans le genre. Mais ce n'est que mon avis personnel.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Le site Empty
MessageSujet: Re: Le site   Le site Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Le site
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
LE MANOIR DU FANTASTIQUE :: ECRITURE :: VOS NOUVELLES, ROMANS-
Sauter vers: