LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 Ragnarøk

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Catherine Robert
Daël
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Daël
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MessageSujet: Ragnarøk   Ragnarøk EmptyDim 11 Nov 2007 - 21:48

Alors, en guise de bizutage et parce qu'il faut bien commencer quelque part, un court texte d'inspiration mythologique que j'ai écrit récemment. A la base c'était censé tenir lieu de RP pour un jeu online, mais je l'ai écrit de façon à pouvoir l'en dissocier, parce que c'est vrai quoi, non mais sans blague.

J'espère que vous l'apprécierez au moins un peu. Si c'est pas le cas c'est pas trop grave je me suis pas trop foulé pour le faire non plus. Comment ça faut pas le dire ?



Des lambeaux d’étendards claquent dans le vent du soir, ponctuant les croassements des corbeaux qui volent au-dessus de la plaine. Ocre et pourpre, le ciel s’embrase à l’occident, et les derniers rayons du soleil s’égarent sur le champ de bataille déserté. Tout autour des ruines de la citadelle encore fumante, dans l’herbe rasée par les innombrables assauts des jours précédents, dans la boue piétinée par des milliers de bottes, des débris d’armes et d’armures mouchetés de sang séchés sont laissés abandonnés aux cadavres encore tièdes, sur lesquelles des nuées de mouches grouillent, se pressant au macabre festin. Fait rare dans l’histoire des guerres, le théâtre de l’affrontement a été laissé, si l’on peut dire, intact. Pas de pillage. Les armées exsangues ont achevé les survivants, hommes et bêtes, et ont déserté le lieu du massacre.

Mais voyez… Le son régulier de ses pas brisant la symphonie lugubre du chant des noirs messagers du dieu borgne, un homme se dirige vers les ruines. D’une démarche calme, mais sans considération pour les tombés, il avance, implacable, écrasant les os et les chairs des corps étendus qui fixent les cieux sans les voir. Des centaines d’insectes bourdonnent furieusement autour de lui, s’arrachant à la curée sur son passage, avant de retomber lourdement sur les monceaux de viande morte. Sous son manteau noir en lambeau, l’argent de son armure capture la lumière du jour agonisant. De temps à autre, il marque une pause, baissant les yeux vers un visage figé, se baissant parfois pour clore les paupières des occis. Mais peu nombreux sont ceux qui reçoivent cette attention.

Bientôt, ses pas le mènent au pied des murs écroulés de la citadelle, parmi les pierres descellées qui jonchent le sol. Il lève une main, marque un temps… Le paysage alentour commence à scintiller, une lueur aveuglante emplit bientôt le ciel. Quand l’obscurité du crépuscule revient, les restes de la citadelle ont disparu de la plaine, et la chair des morts s’est desséchée, comme si plusieurs années s’étaient enfuies en un battement de cils. Ce sont des squelettes qui parsèment ce champ de bataille, accrochées aux hampes pourrissantes des lances dans une dernière étreinte désespérée, ceints dans des broignes rouillées.

Le destin est consommé. Midgård, la forteresse réputée imprenable des hommes, bâtie bien avant la venue des hordes barbares qui arpentent aujourd’hui le monde, n’est plus.


Il y eut un soir, il y eut un matin…

Quelque part, loin d’ici, Asgård est en deuil. Ses enfants sont tombés, du voyageur au gardien du Bifrost. Seuls quelques dieux sont assemblés là, devant la Valhöll désertée de ses guerriers tombés, pour la première fois depuis le commencement des temps. Ils ne sont plus que quelques-uns, fils, frères, qui pleurent les leurs disparus. Détachés du monde, sans retour, semble-t-il, ils quittent la citadelle qui les a abrités en Asaheim pendant si longtemps. Les neufs mondes écroulés sur eux-mêmes, les géants décimés, quel besoin ont-ils de s’abriter derrière des murs haut de mille pieds ?

Lentement, en une procession funèbre, les dieux survivants quittent Asgård, l’éternelle qui n’était pas destinée à durer toujours.


Au-delà des scènes de mort et de désolation, dans les profondeurs des vastes forêts, quelques hommes et femmes ont trouvé refuge. Guerriers qui ont sacrifié l’honneur à la survie, femmes, vieillards, enfants fuyant Midgård déchu, ils se sont réfugiés là, s’arrachant pour un temps aux atrocités du monde des hommes. Ils savent, tous autant qu’ils sont, que cette paix n’est qu’éphémère. Qu’importe, ils peuvent s’arrêter un instant de courir, pleurer les tombés, pleurer la fin de leur monde. Mais leurs larmes, bientôt, se tarissent, et tandis qu’ils se blottissent les uns contre les autres, frissonnants, effrayés, orphelins, quelqu’un approche entre les arbres. Large d’épaules, sa barbe et sa chevelure d’un brun d’écorce sont hirsutes. Tous, ils savent qui il est, lui, le vainqueur du loup, l’avare en paroles, Vidàr, fils du défunt Odhìnn. Dans la nuit qui s’étend autour d’eux, il leur parle, longuement, et chacun sait que ses mots sont précieux, car Vidàr le silencieux ne parle qu’à bon escient. Longuement, il leur conte l’histoire des dieux, la création du monde, le loup enchaîné, la consommation de leur destin à tous. Il leur parle des neufs mondes effondrés, d’Yggdrasill brûlé, et de l’exil des dieux. Au-delà des océans du monde, comme tant d’autres avant eux, ils vont se mettre définitivement hors de portée des mortels. Il leur conte Idavoll, le pays toujours vert, le renouveau. Longuement, avant que le jour ne vienne, il leur parle.

La lune meurt, et les humains se retrouvent à nouveau seuls. Le retour dans leur patrie commence, et bientôt, ils sont à nouveau sur la plaine où jadis s’est dressée leur place forte qui faisait trembler leurs ennemis. Tout n’est plus qu’ossements et poussière. Mais ils savent qu'ici est leur place. Et, là où se dressait autrefois leur monde, leur vie, un jeune arbre a surgi du sol, déjà haut malgré ses quelques jours de vie. Un puissant if dans les branches duquel un écureuil et un aigle ont élu domicile. Au-dessus de leurs têtes, accroché à l’écorce, un bout d’étoffe noir et argent flotte au vent.

Bientôt, une nouvelle forteresse va s’élever, non pas souvenir, car le souvenir n’est qu’un hier, et hier est déjà mort pour aujourd’hui. Idavoll, en hommage aux dieux en exil, s’élèvera là, où fut Midgård dont le nom inspirait le respect aux hommes. Les légendes se transmettront, de fils en fils, et grâce à elles, les humains se souviendront de ce pour quoi ils sont ici.

C’est le retour, éternel.
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Catherine Robert
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MessageSujet: Re: Ragnarøk   Ragnarøk EmptyDim 11 Nov 2007 - 21:58

Et bien moi, j'ai apprécié plus qu'un peu. Maintenant, ça tombe pile poil dans un de mes sujets préférés.
L'écriture est limpide et précise. Enfin, j'aime bien quoi.
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MessageSujet: Re: Ragnarøk   Ragnarøk EmptyLun 12 Nov 2007 - 16:37

Je m'y connais pas trop en mythologie nordique, mais en tout cas, j'ai bien aimé!
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MessageSujet: Re: Ragnarøk   Ragnarøk EmptyLun 12 Nov 2007 - 16:48

Merci à vous deux.

La mythologie nordique est un sujet qui me passionne depuis quelques années, très riche et très interessant d'un point de vue historique également.
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MessageSujet: Re: Ragnarøk   Ragnarøk EmptyMer 14 Nov 2007 - 15:10

Je suis bien d'accord avec toi, Dael, concernat la mythologie nordique !


Sur ton texte, je serais moins enthousiaste que CR et MW. Je le trouve pesant, lourd, grave (peut être est ce l'effet que tu as voulu donné, en ce cas, tu as réussi...). C'est aussi pompeux et je pense que c'est ce que je n'aime pas dans ton texte. Je lirais Dael, l'autre nouvelle au titre provisoire, qui m'a l'air plus.... moins......

En tout cas, tu as une plume, du vocabulaire et du style c'est certain et tu sais construire un récit !
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MessageSujet: Re: Ragnarøk   Ragnarøk EmptyMer 14 Nov 2007 - 15:20

Sur la mythologie nordique, je vous conseille un site trés bien fait qui s'appelle précisement...Ragnarök.fr! :

http://pagesperso-orange.fr/ragnarok.fr/Pages/Accueil.htm
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MessageSujet: Re: Ragnarøk   Ragnarøk EmptyMer 14 Nov 2007 - 15:43

C'est quand même fait pour être grave oui, c'est un récit de fin d'un monde tout de même. La Voluspa n'est pas un texte très joyeux et assez solennel également :

"Temps des tempêtes, temps des loups,
Avant que le monde s'effondre;
Personne
N'épargnera personne."

Mais je prends note des critiques tout de même et merci d'avoir lu. Wink


Pour les quelques inspirations du texte, outre la citation plus-haut, il y a évidemment, pour l'ambiance, cette fameuse strophe de R.E. Howard dans son Niflheim :

"Cornes de guerre, sonnez l'heure de Ragnarök !
Que les destructeurs de l'homme rugissent depuis Jotunheim
Pour déchirer le monde et jeter à bas les océans
Jusqu'à ce que dans Asgard se réveillent les dieux endormis."

Ensuite il y a le "pays toujours vert au-delà des océans" c'est une référence à la mythologie celte et au Tir Nan Og, ainsi évidemment qu'à Valinor chez Tolkien (et la fameuse "voie droite" que peuvent emprunter les Elfes fatigués des Terres du Milieu -Midgard, on y revient- après la chute de Numenor).

Pour la pousse d'arbre, évidemment une référence à l'Arbre Blanc du Gondor, descendant des Arbres de Valinor (qui sont certainement eux-mêmes une référence à Yggdrasill).

Et enfin, l'éternel retour, qu'on retrouve évidemment dans la mythologie nordique et dont l'idée a été reprise par Nietzsche ultérieurement.

Sans oublier la référence biblique "Il y eut un soir, il y eut un matin".


Dernière édition par le Ven 16 Nov 2007 - 12:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ragnarøk   Ragnarøk EmptyVen 16 Nov 2007 - 12:06

Ce genre de littérature n'est pas mon dada, mais j'avoue que ton récit est mené avec brio et ton écriture est d'un excellent niveau. Contrairement à ce qui a été dit plus haut, je n'ai pas trouvé le style pompeux, bien au contraire.
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MessageSujet: Re: Ragnarøk   Ragnarøk EmptyDim 2 Déc 2007 - 10:52

J'aime bien!Je connaissais un peu déja la mythologie scandinave, et tu décris les choses avec un vocabulaire grandiose.

L'action est peu être un peu lourde, mais ca correspond tout a fait au style du message que tu veux faire passer.
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