LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 Titanic : 10 avril 1912

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Olivier Michael Kim
Démon aztèque à la mode
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Olivier Michael Kim


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Titanic : 10 avril 1912 Empty
MessageSujet: Titanic : 10 avril 1912   Titanic : 10 avril 1912 EmptyLun 20 Déc 2004 - 9:26

Ceci était ma part pour le vieil exercice dont parlait Mo : La course.

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10 avril 1912
13h00

- Miss Cuthbert ! Allez donc me chercher ma trousse, cria le docteur O’Leary.
- Mais où est donc votre trousse docteur ?! demanda Mrs Cuthbert. Je ne la vois nulle part !
- Miss Cuthbert, je l’ai négligemment laissé dans mon bureau sur le pont D…

Le docteur O’Leary était le médecin chef à bord du Titanic et Miss Cuthbert était une des infirmières. Le docteur O’Leary était un vieil homme, la soixantaine, les cheveux blancs coiffés en arrière. Il portait des petites lunettes rondes pour voir de prêt ainsi qu’un costume trois pièces impeccable. Impeccable jusqu’à l’accident. Il avait été appellé par son infirmière, miss Cuthbert. Elle même avait été sollicitée pour aider un ouvrier en salle des machines. Cela faisait plus d’une demi-heure que le RMS Titanic avait quitté Southhampton pour Cherbourg. A peine les gros moteurs à vapeur furent démarrés qu’un des hommes avait fait une chute depuis l’escalier métalique de la chaufferie. Dans sa chute il s’était fait plusieurs plaies ouvertes dont une sérieuse à la cuisse.
La salle des machines était bruyante et suffocante. Les vapeurs et les fumées rendaient l’atmosphère irrespirable. Quatre grands tas de ferrail, symboles du modernisme, les moteurs à vapeurs faisaient rugir leur turbine en avalant le charbon à la pelle. Les flammes rougoyantes sortaient des fours et éclairaient plus que les pitoyables ampoules électriques. Les hommes en pantalon et torse nu suaient maladivement, mais la sueur appaisait leurs brûlures léchées par le feu.
Le jeune marin blessé et inconscient reposait à même le sol, ce sol de plaques d’acier qui conduisaient la châleur. Le docteur O’Leary avait son poing sur l’aine, il bloquait l’hémorragie. Autour de lui plusieurs gaillards regardaient, impuissants, leur compagnon à terre. Le sang avait coulé en abondance. La vie ne tenait qu’à la pression exercée par la main frippée du vieux docteur. Le doyen des médecins de bord, avait quelques perles rouges sombres sur ses lunettes. Quelques goutellettes d’hémoglobine avaient coagulé sur les verres. Un Ecossais bâti comme une armoire à glace semblait être le chef de salle. Les muscles bien en chair, la moustache généreuse, il attendait debout les bras croisés. Il s’impatientait.

- Docteur ! dit l’Ecossais moustachu en roulant les « R ». Il faudrait l’évacuer maintenant ! Ca fait plus d’une demi-heure que le jeune Bill est là !
- Mister MacGowan. J’ai le poing sur l’artère fémorale, répondit le médecin avec un accent très aristocratique. Il ne faut pas que je bouge, sinon il se videra comme un cochon à l’abattoir. Si le pouls est régulier, la pression est quant à elle assez basse.
- Je n’ai rien compris. Je pensais que ce n’était pas grave. J’ai cherché miss Cuthbert en pensant qu’elle saurait quoi faire… Hélas elle était sur le pont des riches, le pont A. Je ne l’ai pas trouvée de suite…
- Que faisait-elle ?
- Un enfant s’était cogné pendant que le navire larguait les amarres. Elle regardait sa bosse au front. Une fois trouvée, nous sommes redescendus immédiatement.
- Ensuite, elle a vu que le problème était sérieux et elle est remontée me chercher, continua le médecin.
- C’est cela. Elle a déjà pas mal galopé cette jolie jument !
- Monsieur ! Un peu de tenue ! s’exclama le vieux.
- Elle est quand même jolie votre infirmière, dit l’Ecossais. Jeune, fine, bien pomponée… Je l’avais déjà vue à terre… Dans les locaux de la White Star Line, elle m’avait fait de l’effet.
- A Bill et à nous aussi ! renchérit un matelot débile au dents jaunies par le tabac.
- Mon Dieu ! dit le médecin. Quand j’y pense… Elle a fait déjà huit yards aujourd’hui. Ce navire est immense. Je n’étais ni dans ma cabine, ni à l’hôpital... Elle m’avait cherché jusqu’au fumoir des premières classes.
- Vous en avez de la chance d’aller en première! dit MacGowan l’Ecossais. Nous, nous dormons à l’extrémité, dans la coque…
- Je meurs de chaud, dit le médecin anglais. Essayez d’ôter ma veste. Déchirez la manche, il faut que je tienne le point de compression… Quelle chance que Miss Cuthbert ait fait un garot à votre Bill… Il va pouvoir s’en sortir si j’arrive à clampser l’artère fémorale.

Le robuste marin écossais déchira la manche du costume avec la seule force de ses mains. Il retira la veste épaisse et le vieux se retrouva en redingotte. Des gouttes perlaient au front du médecin. Les corps nus des ouvriers luisaient sous la transpiration et le feu. Des coups métaliques se firent entendre entre les bruits assourdissants de la machinerie infernale. Miss Cuthbert, l’infirmière en uniforme blanc, descendait l’escalier avec la malette du docteur. Elle ouvrit la lourde malette en cuir. Des instruments et des bouteilles de médicaments bien rangés apparrurent comme à l’ouverture d’un coffre à bijoux.

- Clampe ! lança flegmatiquement le docteur à lunettes.
- Clampe, répondit machinalement l’infirmère en tendant un appareil qui ressemblait à des ciseaux.

Le docteur se saisit de la pince à clamper de la main droite. De la main gauche il compressait la cuisse du jeune Bill. La pince s’approchait de la plaie béante. D’un coup sec et précis, l’artère fut saisie. Le médecin dégagea ses mains sous les yeux ébahis du public. Seul les turbines gazouillaient, les hommes étaient en silence. Stuart, le marin idiot aux dents jaunes, s’exprima le premier.

- Bravo Doc’ ! Vous l’avez sauvé. Vous avez sauvé le jeune Bill !
- Non, dit le docteur O’Leary. C’est miss Cuthbert qui l’a sauvé.
- Pas vraiment, dit Stuart. C’est à cause d’elle qu’il est tombé !
- Comment ça ? demanda le médecin.
- Comment ça ? demanda l’infimère interloquée. Je n’étais même pas là !
- Il plaisante, dit MacGowan.
- C’est ça ! dit le marin anglais. On voulait plaisanter. Miss Cuthbert reluquait le jeune Bill, alors on lui a fait un croche-pied pour que miss Cuthbert vienne le soigner.
- Pardon ? dit miss Cuthbert. Vous avez failli tuer Bill pour me faire descendre en salle !
- Il plaisante, dit nerveusement MacGowan. La châleur lui donne des vertiges…
- C’est ça ! On avait chaud ! On voulait plaisanter, dit Stuart. Une jolie petite infirmière seule avec MacGowan et moi ! Ca aurait été le pied !

C’en était trop pour MacGowan, il donna un coup dans la nuque du marin anglais pour le rappeler à l’ordre. L’infirmère prit peur ; la fumée, les flammes, les machines et les hommes étaient contre elle. Le vieux médecin, bien que précis et habile, ne lui aurait pas été d’un grand secours. Le docteur anglais voulut s’enfuir. Il posa un pied sur l’escalier en fer. MacGowan l’assomma avec un pelle qui trainait. Miss Cuthbert, pendant ce temps, était partie. MacGowan lâcha la pelle.

- Où est-elle ? demanda l’Ecossais à Stuart.
- Elle est partie vers les machines.
- Vous êtes trop bête Stuart ! Courrez la chercher ! Ramenez la !
- Bien chef, répondit le simple d’esprit.

L’infirmière était réfugiée derrière un tas de charbon. Les chaudières immenses vomissaient leurs cendres incandescentes. Miss Cuthbert avait les cheveux qui brûlaient. Elle détâcha son tablier et l’apposa en turban sur sa tête. Son mouvement ample fut vite repéré par Stuart.

- Chef ! lança le marin anglais. Elle est cachée ici !
- Good lord ! Attrapez là ! ordonna le chef à tous ses marins.

Les ouvriers qui donnaient pitence aux bouches ardentes du Titanic lachèrent leurs outils.
Un attrouppement commençait à se former. Miss Cuthbert eut le temps de courrir vers l’escalier. Elle feinta Stuart sur la gauche. Elle était maintenant face à l’escalier. En haut, il y avait la délivrance. MacGowan s’interposa. Il se tenait devant les marches.

- Tu t’en tireras pas ma jolie ! dit l’Ecossais moustachu. Maintenant c’est fini, viens jouer avec nous !
- Hors de question ! répondit l’infirmière appeurée.

Soudain MacGowan tomba à terre, à coté du docteur O’Leary et du jeune Bill. Bill s’était réveillé, dans un éclair de lucidité il avait ramassé la pelle et frappé violemment les genoux de l’Ecossais. L’effort du jeune blessé fut trop intense, il sombra de nouveau dans le coma. Miss Cuthbert enjamba les trois hommes à terre. Elle grimpait les escaliers en haletant. Derrière, Stuart et MacGowan la suivaient. La jeune femme était enfin arrivée en haut. Les vingt marches avaient été un calvaire. Elle ouvrit la lourde porte d’acier qui protégeait l’entrée de la salle des machines. Un corridor s’offrit à elle. Elle avait le choix de la direction. A gauche ? A droite ? Peu importe, elle courrut tant bien que mal. La fumée des fours avait bloquée sa respiration, elle devait se reposer. Ses poursuivants étaient toujours là. Elle les sentait mais ne les voyait pas. Elle devait entrer dans la première cabine venue. Au bout du couloir, il y avait un ascenseur industriel. La plate-forme était arrêtée à son niveau. Elle ouvrit la grille en accordéon et actionna un levier. Les câbles et poulies tremblèrent dans un rafut, la cage s’élevait. Elle était sauvée.

Le monte-charge se cala à l’étage supérieur. Elle ouvrit la grille de l’ascenseur et entra dans la première pièce qui vint à elle. Des sacs postaux étaient entreposées jusqu’au plafond. Personne ne les surveillait. Elle essaya de se faire une cachette dans l’amas de colis… Un sac s’ouvrit, la lanière qui servait à sa fermeture s’était dénouée. Le courrier en sortit en une pluie de petits papiers. Des lettres par milliers s’étaient réparties sur le sol. Elle se baissa pour ramasser une des enveloppes. Curieuse, elle décacheta celle-ci. C’était un courrier officiel rédigé en Français… Elle ne comprenait pas le Français, mais elle lut : « Pour servir et valoir ce que de droit ». Ce genre de formule pompeuse ne pouvait être que du Français. Le Titanic venait de quitter Southhampton pour Cherbourg. Le sac ouvert contenait donc le courrier à débarquer pour la prochaine destination. L’idée de descendre en France lui traversa l’esprit. Se cacher dans le grand sac de toile fut chose aisée. En souplesse, la jeune infirmière s’était recroquevillée dans le sac d’enveloppes. Fatiguée, exténuée, elle s’endormit lourdement…

***

Elle se réveilla à dix-huit heures trente, secouée par un homme qui déchargeait le courrier du Titanic. Toujours réfugiée dans le ballot de lettres, elle se savait à Cherbourg loin de MacGowan et de Stuart. Qu’allait-il devenir de Bill et du Docteur O’Leary ? Elle avait conscience d’avoir abandonné deux hommes. Bill avait pris sa défense, il risquait la mort face à MacGowan. La mort… C’était de toute façon le sort des hommes de la chaufferie, mais elle n’en savait rien.

Cachée dans son sac, elle entendait les cris des marins du port. Elle repensait au geste salvateur du jeune Bill. Le jeune marin anglais, devait s’être pris d’affection pour elle.

Un iceberg peut faire chavirer un navire.
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MessageSujet: Re: Titanic : 10 avril 1912   Titanic : 10 avril 1912 EmptyMer 5 Jan 2005 - 11:42

Pas mal même si l'intrigue ne m'a pas semblé très très crédibles (elle ouvre une lettre, décide de partir en france...mouais) . Par contre tes descriptions sont toujours aussi réussies, bravo !
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