bonjour, ben voila pour mon entree dans le forum, je vous poste ma premiere et unique nouvelle
c est un exercice pour mon ecole de bd, du cour d'ecriture, je dois la rendre bientot, donc n'hesitez pas a me faire part de vos critiques/avis, afin que je puisse la corriger et obtenir une meilleure note
Je suis fossoyeur, et pour autant que je m’en souvienne, je l’ai toujours été.
Après m’être réveillé il y a trois ans, amnésique, sans souvenirs ni aucun indice me permettant de connaître mon identité ni mon passé, l’aide sociale m’a refilé ce boulot dont personne ne veut…
Je hais mon travail. Ce cimetière me fait peur.
Chaque jour je veux partir, mais quelque chose m’en empêche, comme si un lien me rattachait à ce lieu, un je-ne-sais-quoi qui me permettrait de découvrir qui je suis et d’où je viens.
Ce soir-là j’étais en train de lire mon journal chez moi, enfin dans la cabane adjointe au cimetière qui me sert de chez moi, quand mon regard s’est posé sur ma pelle, qui semblait m’appeler.
Je l’ai prise et je suis sorti.
Il faisait froid, la nuit était noire, et la terre soulevée par le souffle du soir me fouettait le visage et les yeux.
Un silence angoissant régnait dans le cimetière, les branches des arbres bougeaient aux rythmes lancinants des hurlements du vent.
Je ne réfléchissais plus, ma pelle semblait guider mes bras.
Le premier coup planté dans le sol touche quelque chose de dur : un crâne d’animal, un chien probablement, et pas des plus petits.
Encore deux, trois coups bien placés et je peux le sortir intact de mes mains.
Une fois extrait du sol, je le pose par terre et, accroupi, je le contemple longuement. Quelque chose d’inhabituel émane de lui…
Soudain je me mets à le marteler de mes poings. Une sensation étrange m’envahit, étrange mais agréable.
Et je continue à taper, encore et encore…Des fragments d’os se plantent dans mes doigts et entre mes phalanges, mais je ne ressens aucune douleur, seulement de l’excitation.
J’ai l’impression de rêver, j’essaye de me réveiller, avant de me rendre compte que tout ça est bel et bien réel.
Puis je me lève, observe mes plaies ouvertes avant d’y goûter, et je tombe comme une masse. Je ne suis tombé que de ma hauteur, mais la chute paraissait durer une éternité, et l’impact si violent que je me suis cru mort.
Peut-être que je le suis, peut-être que j’aurais préféré l’être, je ne comprends pas ce qui se passe…
Je me vois maintenant de l’extérieur.
Mon corps inerte, allongé sur le sol, commence à être agité de spasmes violents et de tremblements.
L’esprit qui était prisonnier dans le crâne a maintenant pris possession de mon corps, c’est lui qui m’a guidé ce soir : il n’avait pas juste besoin d’un corps robuste qu’il pourrait habiter, il avait besoin de moi…
Il ne me parle pas, mais je l’entends.
Une mission à accomplir, un homme à trouver, et à tuer.
Cet homme c’est mon père, je m’en rendrais compte plus tard, au moment où j’essayerais de lui arracher la jugulaire avec mes dents.
Mon père, le prêtre le plus recherché des forces obscures, celui-là même qui avait réussi à vaincre et emprisonner l’esprit avec lequel je ne fais maintenant plus qu’un.
Soudain je me mets à courir.
Je sais où il est, je sais où il se cache, et je vais le trouver.
Je n’ai jamais couru aussi vite, je ne pensais même pas que cela était possible de courir à une telle vitesse. Je me sens invincible, je bouscule les gens sur le trottoir et les envoie valser à droite à gauche.
Les voitures pillent, certaines n’y arrivent pas et me heurtent, mais je me relève tout de suite et recommence à courir.
Je n’ai plus aucune notion du temps, je ne ressens ni soif, ni fatigue, ni faim, ni quoi que ce soit d’autre que ma propre violence.
Deux nuits se sont déjà succédé, et je n’ai fait aucune halte.
C’est le matin, le soleil commence à se lever lorsque je m’arrête : je sens sa présence. Je suis tout près du but.
La colline qui se trouve en face de moi semble n’être remplie que d’arbres gigantesques, mais une toiture dépasse d’un petit vallon.
La maison du prêtre, la maison de mon père.
Je suis déjà venu ici, je crois que c’est dans cette maison que je suis né.
Après quelques pas, je me trouve devant un grand arbre sur les branches duquel un enfant a bâti une cabane, il y a vingt ou trente ans.
Elle est pourrie par le temps et la pluie, mais je la reconnais, je m’en souviens car c’est moi qui l’ai construite.
Je commence à retrouver des souvenirs, des images anciennes affluent dans ma tête, des images qui émanent de ce lieu…
Tout se reconstruit peu à peu : mon enfance, la mort de ma mère et l’endroit où mon père et moi l’avons enterré, l’entraînement que me faisait subir mon père chaque jour, la petite Alice, qui venait parfois jouer avec moi dans la cabane, …. Tout, tout jusqu’au jour de mon départ d’ici.
Je m’en souviens maintenant comme si c’était hier, mon père et moi nous étions disputés, il m’avait dit de partir, qu’il ne voulait plus me voir. Je n’avais pas assez de cran pour lui succéder, m’avait-il dit.
M’a-t-il jamais demandé si j’en avais seulement envie ? Passer ma vie comme lui, seul comme un ermite, à pourchasser un mal inaccessible, à combattre des démons que l’on ne peut vaincre…
J’ai l’impression que cette mémoire que je retrouve subitement est la seule partie de moi qui m’appartiens encore, la seule chose qui m’empêche de céder totalement à l’emprise de l’esprit qui m’habite.
Je suis tout près de la maison maintenant, je la vois.
Les volets sont ouverts, mais je ne distingue pas l’intérieur à travers les fenêtres, à cause du reflet du soleil.
Je m’approche tout doucement, et me dirige vers la porte d’entrée : je tourne tout doucement la poignée.
La pièce est vide, hormis une unique chaise en plein milieu de la salle.
Tourné vers moi, mon père est assis dessus et me regarde.
La première image que me renvoie son visage est celle de mon père tel que je m’en souviens maintenant, pour la première fois depuis trois ans. Une fraction de seconde suffit pour que ce visage serein et bon soit remplacé par celui d’un vieil homme usé par la vie.
Son faciès, creusé par le temps, ne laisse transparaître aucune émotion, aucun sentiment. Les rides qui déforment sa bouche et ses joues lui donnent un air tellement sévère que j’en éprouve un frisson.
L’esprit qui m’habite m’ordonne de me jeter sur lui mais je n’en fais rien, je m’avance vers lui tout doucement.
Son visage ne bouge pas, il garde la même sévérité, mais ses yeux brillent de plus en plus. Une larme coule sur sa joue, sur la mienne aussi…on ne bouge plus, ni l’un ni l’autre, une éternité s’écoule…
Soudain je me jette sur lui, le démon a repris possession de mon corps, la seule pensée qui m’habite maintenant est de planter mes dents dans la gorge de l’homme qui se trouve en face de moi.
Le rugissement que j’ai poussé en fondant sur ma proie a brisé les fenêtres de la pièce, j’en ai entendu les verres éclater au moment même où mon père a fracassé sa chaise sur mon crâne.
Je suis à terre et je sens sa masse se jeter sur moi.
Il a saisi mes deux bras et essaye de les joindre dans mon dos.
Je prends appui sur mes genoux et me relève de toute la force colossale qui émane de mon corps.
Je sens mon père s’écraser brutalement contre le mur du fond :
il semble sonné, sans hésiter un seul instant, je me propulse vers lui, jambe en avant.
Il s’en est fallu de peu pour que mon pied ne heurte son visage, il a esquivé mon coup au dernier moment et ma jambe a traversé toute l’épaisseur du mur de brique.
J’essaye de dégager ma jambe bloquée, mais mon père, aussi rapide qu’un serpent, a déjà su saisir l’occasion.
Le coup qu’il m’a assené sur la tempe m’a fait perdre le maigre équilibre qui me maintenait debout, et je me retrouve projeté à terre,ma jambe bloquée se dégageant mais se cassant dans la violence de la chute.
La fracture ouverte fait ressortir une partie de mon tibia à travers mon jean, et le cri que je pousse à cet instant n’est que signe de ma colère, et non d’une douleur que je ne ressens pas.
Ne pouvant me relever, je ne réussis à ramper que sur un mètre avant que mon père n’abatte un fragment du bois de la chaise à travers ma poitrine.
Je sens ma cage thoracique éclater sous la violence du coup, au moment même où ma bouche s’ouvre pour laisser sortir une sorte de buée rouge.
Soudain les sensations corporelles qui avaient disparus resurgissent:
une douleur intense, à la jambe et à la poitrine...
J’ai du mal à respirer, j’ai l’impression qu’un millier d’aiguilles s’enfoncent dans mes poumons, je vomis du sang mais mes yeux continuent à fixer mon père, qui semble avoir changé d’adversaire.
Il fouette maintenant l’air, semblant combattre un ennemi invisible, pour moi du moins.
Je tente de crier son nom mais le seul son qui sort de ma bouche est un gargouillis difforme, accompagné de hoquètements qui ravivent encore plus ma douleur, pour autant que cela soit possible.
Je ne peux que souffrir, et attendre la mort, ces derniers instants de ma vie se réduisant à regarder un homme semblant répéter une danse funèbre : un père que je viens à peine de retrouver combattant un esprit que je ne peux voir.
Soudain il est soulevé du sol. Il est maintenant en l’air, la tête tirée en arrière, le visage crispé de douleur.
Puis il se met à tournoyer dans les airs, son ennemi semblant lui faire prendre de l’élan avant de le projeter violemment par terre.
J’ai cru qu’il s’était brisé la nuque en s’écrasant sur le plancher de cette manière, mais il n’en était rien.
Il a même eu le temps de tourner son regard dans ma direction et de tendre sa main vers moi, en me fixant aussi intensément que ses dernières secondes de vie le lui permettait.
Il semble essayer de me faire passer un message, mais je n’en comprends pas le sens, je n’en ai pas eu le temps...
J’ai senti son dernier râle d’agonie s’éteindre au moment même où mon coeur a cessé de battre.
Je crois que nos vies nous ont quittés au même moment...
voila c'est fini, merci aux courageux qui l'auront lue jusqu'au bout...