LA VIE REVEE DES ROSES

Voici une nouvelle quin'est pas fantastique, qui ne me satisfait pas entièrement, pourtant je vous la fais partager, rien que pour l'idée qui me plaît toujours autant. Merci encore de me lire.



LA VIE REVEE DES ROSES

L’inspecteur Lécluse alluma une cigarette. Avec la nuit qu’il s’apprêtait à passer, il pouvait bien s’en griller une, bon Dieu… Il traversa la petite terrasse. Ca embaumait le rhododendron, ici. La soirée était bien agréable après la chaleur de la journée. Dommage que son dîner en tête à tête au bord de la piscine ait été écourté par cette sale affaire. Le type aurait quand-même pu attendre qu’il parte officiellement en retraite avant d’étrangler sa femme… Quel manque de savoir-vivre !
L’inspecteur rentra par la baie vitrée. Le séjour était bondé de policiers au travail. Le photographe de la Scientifique était penché au-dessus du corps inerte de la jeune femme. Il paraissait évident au premier coup d’œil qu’elle avait été étranglée alors qu’elle était assise à son piano à queue. Piano magnifique, d’ailleurs, songea l’inspecteur. Il apprécia les derniers reflets du jour sur la surface noire et vernie.
Le jeune photographe se redressa pour regarder l’inspecteur Lécluse s’approcher. Il avait une expression contrite.
- Le mec s’y est acharné comme un sauvage ! Vous avez vu comment la chair est entamée ? Il lui a quasiment tranché la gorge avec la ficelle !
- Et t’en verras d’autre, gamin, répondit l’inspecteur. Le sang, là, sur le tapis, tu l’as pris ?
- Trois pellicules ! s’enthousiasma le photographe en fourrant sa main dans sa poche.
- Bon Dieu, mais tu veux ruiner la police !
Le jeune homme fit la moue.
- Allez, ça va. Fais ton boulot, le réconforta Lécluse. Il lui donna une tape sur l’épaule et se dirigea vers son associé qui venait d’entrer par le vestibule. Bacaza était un inspecteur fraîchement promu. Il avait été placé sous la responsabilité de Lécluse, le temps de faire ses preuves.
- T’as pu voir la voisine, Bacaza ?
- Madame Genson, c’est la propriétaire. Une vieille dame. Sympathique mais un peu sénile, à mon avis. On a surtout parlé musique. Tu vois le genre.
Kamel Bacaza était une recrue très prometteuse, mais un peu dispersé. Trop, au goût de Lécluse. Mais en contrepartie il avait une stupéfiante mémoire des détails. Il ne prenait jamais de notes. Ce qui démontait le vieux policier à chaque fois.
- Raconte. Et viens, on va se trouver des cafés.
La vieille dame avait confirmé que la victime avait joué du piano dans l’après-midi, juste avant que son mari ne prenne la voiture et parte en trombe, pour ne plus revenir. C’était elle qui avait découvert le corps et alerté la police, quelques heures plus tard. La jeune femme et elle étaient bonnes amies. Elle avait frappé pour voir si tout allait bien, et ne voyant pas de réaction, elle s’était permis d’entrer.
- Tiens.
Lecluse mit du sucre dans le café de Kamel et le lui tendit. Lui préférait le boire noir. Ca lui rappelait ses débuts dans la police.
- Elle t’a parlé de la victime ?
- Ouaip. Elle et son mari se disputaient souvent, et assez violemment. Apparemment, madame Genson ne savait pas que le mec était un récidiviste.
- Ca gêne pas nos affaires. Continue.
La vieille dame avait alors raconté qu’après ce genre de disputes, la victime avait l’habitude de se mettre au piano. Elle jouait toujours le même morceau, plusieurs fois d’affilée, comme pour essayer de se détendre. Sauf aujourd’hui, où la pauvre n’avait même pas eu le temps de le jouer une fois en entier… Le morceau s’appellait « La Vie Rêvée des Roses », d’un compositeur du début du siècle, que la vieille dame aimait beaucoup.
- Elle t’a raconté ça ? s’étonna Lécluse en revenant dans le séjour. Il devait élever la voix pour couvrir le bruit de l’activité ambiante.
- Oui. Apparemment, le morceau a une particularité. Elle m’a expliqué que c’était un magnifique morceau pour piano en do mineur, mais qui ne contient pas de do, jusqu’à la toute dernière note. Il se termine sur l’unique do de la partition. Il paraît que c’est un tour de force musical.
- Elle joue aussi du piano, madame Genson ?
- Je lui ai pas demandé…
- Dommage. J’aurais bien aimé l’entendre, ce morceau, dit-il en jetant un œil vers la partition ouverte sur le pupitre du grand piano.
Kamel sourit, et se dirigea vers la table de la salle à manger pour poser sa tasse.
- Désolé, j’ai pas fait le conservatoire ! lança-t-il par dessus son épaule.
Au lieu de finir son café, Lécluse y éteignit sa cigarette, et vint s’asseoir sur le canapé, à l’écart de l’activité de ruche qui régnait dans la double pièce. Bacaza le vit se gratter la moustache, puis se prendre la tête entre les mains. Il sourit intérieurement. Il savait d’expérience que cette mimique annonçait une bonne idée de la part de l’inspecteur. Il n’eut pas à attendre longtemps.
- Bon Dieu, j’ai compris, dit Lécluse en se dressant d’un bond.
Kamel croisa les bras en un geste presque théâtral.
- Dites-moi ça.
- Regarde un peu : les deux se disputent – on ne sait toujours pas pourquoi. La femme vient s’asseoir au piano et comme d’habitude, elle joue son morceau.
Kamel suivit Lécluse, qui soutenait sa démonstration par de grands gestes, vers l’instrument.
- La propriétaire a bien dit qu’elle n’a pas eu le temps de finir le morceau ?
- Elle a dit ça.
- Alors, tu as compris ? fit Lécluse, le regard pétillant.
Kamel hésita, et s'apprêtait à répondre quand un policier vint les interrompre.
- Inspecteur, vos devriez venir voir. On pense avoir retrouvé l’arme du crime. C’était dans le garage.
Lécluse sourit de toutes ses dents et désigna Kamel. Celui-ci se tourna vers le policier.
- Une corde de piano ? dit-il.
Le policier en resta coit.
Lécluse fit un clin d'oeil d'assentiment à son associé.
- Tout simplement, Bacaza, aujourd’hui elle n’a pas pu terminer son morceau parce que son mari est arrivé par derrière et l’a étranglée...
- Oui, juste après qu’elle se soit rendue compte qu’il manquait une note. La dernière note.
Kamel enfonça une à une les touches du clavier, jusqu’à une blanche qui resta silencieuse. Il tint la touche enfoncée en souriant à Lécluse.
- Un do.

Ah, Oukontiamban, j'ai trouvé des fautes!...
Je te les dirai après.
D'abord une remarque: c'est encore plus polar que fantastique ton texte. Je connais un Olivier à qui ça risque de plaire assez...
N'étant pas connaisseuse pour un sou en musique, je me permets juste une question technique: tu es sûr que une touche = une note = une corde? Parce que si un accordeur vient faire son travail, je pense qu'il peut, en tendant plus ou moins les cordes leur affecter l'une ou l'autre note, non? Mais si tu es sûr de ton coup ça colle, sinon tout tombe à l'eau...
Là aussi, une répétition qui m'a gênée: le mot "morceau" qui survient 4 fois de suite en peu de lignes.
Le verbe "rentrer" signifie qu'on ENTRE une nouvelle fois. Or, Lécluse vient sur les lieux pour la première fois je suppose?
QUI prononce la dernière phrase: "Un do" ? Si c'est Kamel, c'est bizarre car tu laisses entendre qu'il n'y connaît pas grand chose en musique.
Les fautes: "Et t’en verras d’autre" - "mais un peu dispersé" - "Le morceau s’appellait" - "en resta coit"
Enfin un "café noir" pour moi n'est pas un café sans sucre, mais un café sans lait. Ou je me trompe?!
Voilà pour la technique. Pour le côté littéraire, c'est "classique", sans heurts, je n'y ai pas trouvé un style enthousiasmant, mais j'ai plutôt eu l'impression que tu exploitais ton idée sans t'attarder sur le fait qu'il est nécessaire d'accrocher avec des expressions, des mots un peu "choc". Une grossièreté parfois ça peut éveiller le lecteur qui s'endort...
Je ne me suis pas endormie, c'est trop court pour ça...
Tu as compris: je ne suis pas emportée par ce texte qui se tient pourtant.
Je suis franche là, ne m'en veux pas trop... - Nad

Merci Nad, pour ton post sincère. Y'a que comme ça que je peux avancer, même si sur le moment ça calme...
Je reconnais que ce texte n'est pas travaillé comme il faut, j'ai repris une vieille idée à moitié écrite que j'ai arrangée (trop) vite pour la poster sur ce forum.
Pour le piano, je t'assure que c'est une touche, une corde, une note. Parce qu'une fois tendue, une corde ne peut émettre qu'une note. Il y en a donc une pour chaque note, et chaque touche. Ceci dit c'est vrai que l'accordeur peut modifier la note d'une corde en la tendant plus ou moins, mais alors il faut qu'il le fasse pour toutes le cordes, pour qu'il y ait toujours le même intervalle entre deux notes successives. C'est le principe même de l'accordage (plus le fait qu'il existe une note de référence, le la3, qui vibre à une fréquence fixée par convention à 440 Hertz, et qui est donnée par le diapason ; ensuite toutes les autres notes sont accordées en fonction).

Pour le verbe RENTRER, je voulais bel et bien signifier qu'il était déjà là un peu avant ; il me paraissait évident qu'il connaissait déjà la scène du crime, vu qu'il n'arrive pas en ignorant tout, en distribuant des bonjour, en demandant des renseignement ; je présupposais aussi qu'il avait envoyé lui-même Kamel interroger la voisine... ça devait se voir à son comportement. Mais c'est vrai qu'en relisant, c'est pas si évident que ça. Par exemple c'est maladroit d'avoir placé la phrase Il paraissait évident au premier coup d’œil qu’elle avait été étranglée alors qu’elle était assise à son piano à queue. C'est vrai qu'on a l'impression qu'il s'agit du premier coup d'oeil de Lécluse lui-même, mais je l'avais écrite dans une optique plus générale.
A retravailler donc.

Pour le café noir, un point pour toi ; j'aurais pas dû le laisser passer. Je trouvais que ça coulait mieux dans le texte. O sirène de la facilité, ô attrait du décoratif...

Pour la réplique finale "Un do", c'est vrai que c'est pas complètement transparent. D'ailleurs elle a plusieur fois changé de bouche, si j'ose dire. Finalement j'ai préféré que ce soit Kamel qui le dise. Peut-être qu'il y connaît rien en musique, mais c'est un inspecteur de police et il est censé avoir les rouages qui tournent bien. D'ailleurs je pense que le lecteur a compris avant de lire la réplique, alors pourquoi penser que Kamel devrait être plus idiot que nous, et ne pas avoir compris qu'il s'agit du fameux do final ? Bon d'accord, lui il n'est pas en train de lire un polar, pour lui ça ne représente pas une réplique finale qui doit ficeler une histoire. Mais quand même. Dites-moi, est-ce que j'ai raison de penser comme ça ?
Quant au choix de Kamel pour dire la réplique, je voulais éviter que le personnage n'ait servi qu'à nous exposer l'intrigue, et ensuite soit réduit à un rôle décoratif pour laisser libre champ à l'esprit brillantissime du vieil inpecteur génial... Et puis j'ai voulu faire paraître une certaine connivence entre les deux équipiers. Ils se connaissent, s'entendent bien, savent ce que l'autre vaut, et parfois ils n'ont besoin que de regards pour comprendre ce que l'autre a en tête. C'est le cas quand Kamel est capable de finir lui-même l'explication de Lécluse.

Pour le style tu as raison, c'est assez plat. A retravailler. Je comptais trop sur mon idée.

Enfin, tu pourrais préciser pour la faute "en resta coit" ? Je le vois pas dans le dico, mais il me semble bien que ça se dit. Et je crois bien que ça s'écrit comme ça : coit/coite.
Si c'est juste parce que c'est pas dans le dico, alors je persiste et signe. C'est moi l'auteur, pourquoi je pourrais pas utiliser un mot qui n'existe pas officiellement ? Du moment que ça sert mon intention. C'est l'auteur qui doit faire la langue, pas la langue qui doit faire l'auteur. In my opinion.
(Sinon, San Antonio et bien d'autres pourraient partir tout droit à la poubelle...)

/EDIT/ J'ai un horrible doute là : ça s'écrirait pas "coi" ?

Coi, Coite : ( lat.quietus, tranquille).
Rester, demeurer, se tenir coi : rester sans bouger ni parler.
En rester coi : rester muet de stupeur.

Sinon ton texte est vraiment sympa.

Merci, Manvel !

Pour le "coi", au temps pour moi.

Clair, juste, fin et entraînant, un superbe texte que j'ai beaucoup aimé...
Un nouvel auteur plein de talent sur le forum, ça fait plaisir !!

Ben merci...

Citation :

Pour Coi au temps pour moi

Heu... C'est "autant" pour moi que tu voulais répondre ,non?



Non, C'est une blague !!!

(je le trouve tripant, ce smiley...)

berval81 a écrit:

Heu... C'est "autant" pour moi que tu voulais répondre ,non?

Il est admis AUTANT ou AU TEMPS, le débat est loin d'être clos à ce sujet délicat !!
Si vous voulez, je peux vous retrouver des sites où des grammairiens distingués en parlent avec beaucoup de sérieux!

Bingo, Nad, ça m'intéresse.

Je savais pas qu'on admettait AUTANT...

Oukontiamban a écrit:

Bingo, Nad, ça m'intéresse. Je savais pas qu'on admettait AUTANT...

Alors voici 3 sites où on parle de ce petit "problème".
A la base, tu as raison, l'origine est militaire et était "au temps", mais ça a dérivé avec le temps, justement!...
http://www.langue-fr.net/index/A/au_temps-autant.htm
http://tatoufaux.com/article.php3?id_article=199
http://www.academie-francaise.fr/langue/questions.html

Merci Nad !
Les versions délirantes du premier site que tu donnes sont hilarantes...

Ok, autant pour moi.
non, je voulais dire : au temps pour moi.
et m...
enfin bref, vous avez compris...
Merci Nad pour ces sites, je me suis éclaté !!!

bien