LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 Un demi contrat

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Olivier Michael Kim
Démon aztèque à la mode
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Olivier Michael Kim


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MessageSujet: Un demi contrat   Un demi contrat EmptyMer 24 Aoû 2005 - 6:46

Voici un petit texte que j'ai réalisé pour un exo d'un site internet à écrire en 1H30.
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Je devais rencontrer un Italien, au large de la Méditerranée, à six heures ce matin. Temps pourri aujourd’hui, des vagues avec des creux plus profonds que la marmite de Mama. Me faire lever si tôt, par ce froid matin d’hiver, fallait être bien siphonné du caisson. Enfin, je n’avais pas le choix... Le cureton me tuerait si je n’y allais pas.
Des missions de merde, j’en avais effectué, mais là je crois que ça dépassait tout ! Je m’y étais préparé, bien, comme d’habitude. Le flingue, je l’avais astiqué la veille. Sur la table de la cuisine, il m’attendait avec un verre de chianti. Je pris le verre, je le levai à hauteur de mes yeux. Tourné vers le crucifix accroché au mur, je fis mon signe de croix. «Que Dieu me pardonne », dis-je en avalant mon verre.
Je devais le faire, il en allait du respect de la religion. Je rangeai mon calibre dans mon holster, j’enfilai mon blouson.
Alors je sortis de ma cahute, une piaule en pierre comme partout dans ma Sicile natale. Je n’eus pas à refermer la porte. Un blizzard de l’enfer soufflait sur ma colline, il l’avait fait pour moi. La main de Dieu certainement…Je crus entendre sa voix dans le sifflement du vent.
Je descendis vers le rivage en prenant un chemin escarpé. Il avait plu la veille, les pierres étaient glissantes et je faillis me gaufrer à maintes reprises. Près d’un ponton, le padre m’attendait. D’un signe de la main, il me demanda d’ouvrir mon blouson. Il s’empara de mon arme. Les paumes ouvertes vers le ciel, il la présenta au Tout Puissant. Alors il se mit à chanter un cantique.
Le cœur serré, j’écoutais ses mots qui sonnaient le glas. Il me rendit mon flingue et me dit : « Ne tremble pas, ta mission est noble. Pars le cœur serein. » Il en avait de bonnes, le padre ! Comment partir relax ?
J’arpentai alors le ponton jusqu’à mon rafiot, un bimoteur de cent chevaux. Avec cette bête, la mer, même déchaînée, ne me faisait pas frémir. Je larguai les amarres. Je partis en mer.
J’avais eu raison de ne pas grailler. La Méditerranée ne faisait pas de cadeau, l’écume flanquait violemment ma coque, le tangage me faisait perdre l’équilibre. Fallait-il vraiment choisir ce jour-ci, avec cette météo exécrable ? Mon cureton superstitieux avait regardé les astres ou je ne savais quoi. Toujours était-il que ce moment lui avait été révélé. Foutaises.
Après trente minutes, je vis l’objectif. Un yacht avait mouillé l’ancre, au large, loin de tout. Ouais, ce Rital avait choisi la bonne planque. Mais c’était sans compter mes informateurs : les oreilles, les langues, tout s’achetait, il fallait juste mettre le prix.
Alors je coupai le moteur, me laissant dériver silencieusement tant bien que mal dans les eaux agitées. Le yacht avait l’air déjà mort, pas un bruit, pas une lumière. Lentement, doucement, j’abordai le bateau de l’Italien. Je fixai une amarre et montai à l’échelle.
Le pont était désert. La demi-lune éclairait faiblement mes pas. Je trouvai alors la porte menant aux cabines. Je pris une grande respiration pour atténuer les battements de mon cœur qui défonçaient ma poitrine. Avec une main tremblante, je tournai la poignée…
J’entrai alors dans le salon. Au fond, la cuisine et une porte, celle de la cabine. L’Italien était là, tout proche, à sept mètres.
A pas feutrés, je marchai vers mon contrat, me tenant aux parois pour ne pas être déséquilibré par le roulis.
Je sortis mon flingue du holster. Je tirai sur la culasse pour charger une balle. J’étais prêt.
Alors d’un coup de pied, je défonçai la porte. La gâche explosa, les gonds se brisèrent sous la violence du choc.
Sous mes yeux, il était là ce fumier de Rital, coiffé comme un porc-épic. Dans son grand de lit de pacha, il était allongé et nu. Dans ses bras, il tenait une femme, sa sœur.
Au bruit de mon vacarme, les amoureux tirèrent un drap pour cacher leur incestueuse nudité.
Je m’attendais à des cris, des pleurs ou des hurlements. D’habitude, mes contrats exprimaient leur peur de la mort par des supplications. Pas eux. Mon numéro d’intimidation les avait pétrifiés. Ils restèrent prostrés, lovés l’un contre l’autre. C’était comme s’ils s’attendaient au châtiment, comme si l’inévitable arrivait.
Je devais exécuter mon rôle de censeur, rayer à tout jamais cet amour contre la nature, contre l’autorité divine. Je tendis alors le bras, pointai le canon vers l’homme. L’angoisse de la mort se lut dans son visage. Il avait une expression que je connaissais bien : sa tête se remplissait de souvenirs en pagaille, sa vie défilait sous ses yeux.
Dans ma grande bonté, je lui laissais ce privilège. Puis, j’écrasai la pulpe de mon doigt sur la détente, lentement. Je sentis la pression du ressort, le chien se relevait. Alors je continuai la pression, lentement, toujours.
Alors vint le coup, foudroyant. L’éclair jaillit du canon, la douille sauta du flingue. La balle vint se figer dans son cœur, là où il avait pêché. Une mare de sang éclaboussa les draps de satin.
Mon contrat était terminé. Je rangeai alors mon calibre encore fumant.
La femme hurla alors. Elle supplia. Mais elle supplia qu’on la tue. Elle me dit que la vie sans son frère n’avait pas de sens.
Non, je la laissai. Mon contrat était pour un seul homme, pas pour elle. Le padre me l’avait dit : « Laisse la pécheresse vivre, qu’elle souffre. Ce sera sa punition ».
Je fis comme conclu. Je la laissai éprouver la tristesse, la douleur.
Je m’en retournai alors à mon embarcation. Le travail était fini : j’avais brisé un cœur en ôtant la vie, j’avais brisé l’autre en laissant la vie.
Je sautai dans mon bateau et mis le moteur. Foutu métier, mais c’était le mien. Le soleil se leva au-dessus des collines de Sicile. Une dernière fois, je regardai derrière moi. Un rayon de soleil éclaira le yacht. Je vis la femme traîner le corps sur le pont. Elle sauta à l’eau avec son frère, noyant son chagrin dans la mort.
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Yann
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MessageSujet: Re: Un demi contrat   Un demi contrat EmptyMer 24 Aoû 2005 - 19:32

Toujours aussi bien, surtout au niveau de l'ambiance qui est bien rendue. L'histoire est bien du fait de mettre un tueur au service de l'eglise, et surtout la nature de ses contrats.
Peut-etre trop de repetition de verre au debut, et aussi, bien que je n'y connaisse rien, mais je ne sais pas si un flingue qu'on arme en tirant la culasse possede un chien visible.
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thomas desmond
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MessageSujet: Re: Un demi contrat   Un demi contrat EmptyVen 2 Sep 2005 - 7:40

Bon texte, avec ton style habituel !
Mais je me demande si un parlé moins "argotique" ne rendrait pas mieux ???...
Seul reproche : ton histoire manque un peu d'originalité, et fais très cliché quand on se la représente en image...
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