Bonjour tout le monde.
Il y a un bon moment que je n'ai rien écrit sur le Forum car je fais un peu cavalier seul en ce moment.
Ce n'est pas que je ne vous lis pas ( je jette régulièrement un oeil d'ailleurs ) ou que je vous oublie, mais je me prend un peu au jeu d'un projet personnel grossissant en ce moment.
C'est donc pleins de remords que j'ai allumé mon ordi tout à l'heure et je me suis dit:
- Mon pauvre Berval ( bein ouaip, je parle tout seul et m'appelle par mon pseudo, quoi de plus naturel ! ) , faudrait voir à ne pas oublier les copains et participer un peu à la vie de la communauté !!!
Je me suis donc planté une petite demi-heure devant ma machine et ça a donné le texte qui suit, non travaillé ni retouché...
J'espère qu'il vous plaira quand même et je vous salue tous très affectueusement !!!
DELIRE
Plus rien ne voulait sortir de sa tête.
Aucune idée…rien ! Le grand Néant.
Assis devant l’écran vide de son ordinateur, Joachim ne trouvait aucune inspiration et ceci depuis plusieurs jours.
Tout avait déjà été écrit. Les plus grands thèmes, les plus grands mythes…Tout !
Il avait tout essayer pour écrire, toutes les méthodes connues ou inconnues pour appeler l’inspiration.
Il avait écrit avec un fond musical, écrit sous extasies ou sous alcool, écrit en volant les idées des autres mêmes…
Mais là tout était terminé.
En jetant un coup d’œil à travers la fenêtre, il observait la ville la nuit.
Toute cette agitation, toute cette vie nocturne…Celle qu’il préférait !
L’heure de la fête et du danger, celle où les « bonnes gens » sortaient en même temps que la racaille.
Celle où le bon père de famille sortant du cinéma avec sa petite tribut croisait le bon père de famille qui oubliait un instant sa petite tribut à lui et allait s’envoyer une pute.
Celle où le brave ouvrier baillait encore en prenant son poste, en saluant vaguement son collègue qui ne tarderait pas à rentrer chez lui…
Les lumières des voitures se déplaçant au loin, les lumières des néons, les lumières de la ville, les lumières, les lumières, les lumières…
Toutes ces putains de lumières et rien ne lui venait !
Il se leva brusquement et parcouru la pièce de long en large, tel un tigre en cage.
Aucune ligne n’était venue s’écrire toute seule sur l’écran de son ordinateur et seules les baisses de tension de l’écran donnaient un semblant de mouvement dans la pièce.
Rien de magique n’était survenu, aucun miracle à attendre.
- ET MERDE ! hurla Joachim.
Il leva la tête vers le ciel – après tout l’inspiration avait bien quelque chose de Divin, non ? – et pesta intérieurement contre Dieu et tous ses Saints.
- MERDE, MERDE, MERDE, MERDE, MERDE ! ! ! cria t-il de nouveau.
Seul le silence lui fit échos…
Six jours… Six jours sans qu’aucune idée ne lui vint…Des royaumes avait été crée ou perdu en six jours, des guerres avaient été gagnées ou perdues, des fortunes faites ou des hommes ruinés…Même Dieu avait crée le Monde à son image en six jours…
Et lui ne sortait pas ne serait-ce qu’une petite ligne en six jours !
C’est alors que la voix résonna en nouveau dans le silence de son petit studio, comme elle résonnait à chaque fois qu’il se trouvait seul
- Fais le…Vas-y Joachim, fais-le…
Joachim se retourna d’un bond, cherchant désespérément d’où pouvait venir la voix.
-Fais le…Vas-y Joachim, fais-le…
-Qui est là ? demanda t-il, le ton empli de peur.
-Fais le Joachim…Vas-y, fais-le… répéta encore une fois la voix traînante aux accents inhumains.
Joachim tomba à genoux et se mit à trembler de tout son corps.
Puis ses mains remontèrent jusqu’à son visage et il se mit à pleurer.
Des mots incompréhensibles entrecoupés de pleurs sortirent de sa bouche.
Rien, plus rien ne sortait de sa tête ! Peut-être même que rien n’était jamais réellement sorti d’ailleurs…
Un raté, un nul, une épave pleurnichant seul au milieu du salon de son misérable studio, un homme sans réelle famille ni ami qui n’arrivait pas à écrire, voilà tout ce qu’il était…
Alors il cessa de pleurer et se releva. Le pas mécanique, il se dirigea vers son ordinateur et s’assit sur sa chaise.
Si rien ne voulait sortir de sa tête, alors quelque chose y entrerait !
S’il n’arrivait pas à écrire, alors il ferait écrire sur lui !
D’un geste lent, il ouvrit le tiroir de son bureau. Il regarda quelques secondes son vieux Glock, ce pistolet que son père lui avait offert quelques années auparavant lors d’une réunion de famille…la dernière avant que lui-même ne s’éteigne, emporté par une embolie cérébrale.
Puis il le saisit d’une main sûre et le leva lentement jusqu’à mettre le canon de l’arme dans sa bouche.
Dehors, les lumières de la ville ne faiblissaient pas.
La nuit voyait passer son lot de « bonnes gens » et de racaille, les bons pères de famille croisant les autres, les jeunes femmes encore innocentes croisant les putes…
Un bruit anonyme, un instant fugitif, rien ne troublait jamais la ville et rien ne la troublerait jamais…