LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 L'éclipse

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edd
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MessageSujet: L'éclipse   L'éclipse EmptyLun 14 Nov 2005 - 18:38

L'éclipse.
par kévin Polez

La mélodie résonnait encore dans les recoins de l'usine. C'était du piano. Dés que le bruit du travail cessait, la musique envahissait les couloirs et les espaces entre les machines. Elle stagnait là, laissant s'échapper lentement une série de notes légères. La musique s'estompait calmement jusqu'à ce qu'une autre vague de notes ne vienne la relancer. Elle se laissait couler, sans heurt, indéfiniment.
Lorsque les machines reprennaient leurs activités, la musique était recouverte d'un tonnerre assourdissant et dissonnant de rouages métalliques.

Craque, râpe, racle,
crisse, frotte, vrille,
raye, strie, grince,
arrache, écorche.
mort.

La musique disparaissait. Elle ne pouvait lutter contre les machines, et preferait céder sa place. Elle rentrait chez elle, certainement derrière les murs de l'usine. Lorsque le concert métallique cessait, la musique renaissait. Elle se laissait de nouveau couler entre les espaces libres. C'était toujours la même mélodie, toujours du piano, et certainement toujours le où la même pianiste.

Stéphane venait travailler depuis vingt-cinq ans chez Dumontel, une usine de pièces qui travaillait en sous-traitance avec une grande marque automobile. Dumontel fournissait depuis une trentaine d'années une des pieces necessaires au montage des serrures des portières de cette marque d'automobile. Le patron, Dumontel fils, était très fier d'être l'un des partenaires les plus anciens de cette célèbre marque. Et il tenait à ce que cette fiertée soit partagée par tous ses employés.
Les employés en question, loin de trouver leur tache quotidienne aussi glorieuse, affichaient simplement un sourire de façade lorsque le patron venait faire son tour de surveillance dans la salle des machines. C'était suffisant pour le rassurer, et une fois Dumontel parti, les employés effaçaient leurs sourires béats pour reprendre leurs mines habituelles, tristes, mais authentiques.

Stéphane suivait la routine. Il arrivait tôt le matin, allumait la tourneuse sur laquelle il travaillait, et surveillait le débit de la machine en veillant à ce qu'aucune piece ne vienne rompre la chaine et casser la cadence.
Tous les ouvriers travaillaient avec un casque qui couvrait les oreilles, afin de rendre (presque) supportable l'effroyable bruit produit par les machines. Ce simple casque permettait aux employés de Dumontel de ne pas devenir fou. Lorsqu'ils sortaient de l'usine, ils étaient tendus, irritables, stressés, et mettaient de longues heures a récuperer, mais au moins ils tenaient le coup, même si c'était dur.

L'usine était triste. Le bâtiment avait été construit au début du vingtième siecle, en pleine révolution industrielle. A l'époque, l'industrie naissait. Fracas et noirceur. Les fabriques étaient érigées autour des grandes villes et les quartiers ouvriers se massaient à leurs périphéries. La misère quittait le centre des villes et venait s'installer à l'écard, loin des lumières, des cérémonies, et des monuments. La bourgeoisie faisait la guerre aux prolétaires, à travers l'économie, la politique, et l'urbanisme. Et lorsque les crises vinrent ravager les quartiers ouvriers, la bourgeoisie pris peur, et fit en sorte d'étouffer toute révolte. L'urbaniste se fit policier. Il trancha, détruisit, expulsa. Tout était bon pour que les terreaux révolutionnaires qu'étaient alors les quartiers ouvriers ne puissent donner naissance au grand rêve. Les boulevards furent agrandis afin qu'aucune barricade ne puisse y être construite. Les ouvriers furent expulsés, chassés, et remplacés par une population moins dangereuse. Les fabriques furent reconverties, soit en immeuble, soit en bureaux, soit en faculté. Quelques une y échapèrent, en modifiant quelque peu leurs activitées, ce reconvertissant dans un domaine que les crises succesives avaient miraculeusement épargnés. C'était le cas de l'entreprise des Dumontel. L'usine était dans la famille Dumontel depuis plus d'un siecle.Elle était transmise en héritage, dans la plus pure tradition bourgeoise, au mâle Dumontel le plus âgé.

L'usine était triste. La façade, recouverte de peinture grise, s'écaillait. Des plaques tombaient sur le trottoir. Les goutières tordues laissaient couler une eau saumâtre, et le toit était recouvert d'une mousse verdâtre. L'usine était coincée entre deux rangées d'anciennes maisons d'ouvriers, reconverties pour la plus part en minuscules chambres d'étudiants aux loyers exorbitants. Les autres étaient vides, portes et fenêtres murés afin d'empêcher quiconque de s'y réfugier.

L'usine ginçait. Les machines fonctionnaient. Stéphane était à sa tourneuse, les yeux dans le vague, attendant le moment ou l'une des pieces irait se coincer dans les rouages de la machine. Attendre et surveiller. Ca laissait le temps de se perdre dans ses pensées.

Craque, râpe, racle,
crisse, frotte, vrille,
raye, strie, grince,
arrache, écorche.
silence.

Stéphane cligna des yeux et retira son casque. Il avait laissé passer l'heure, perdu dans ses reflexions. Ses collegues venaient de quitter la salle des machines, et sa tourneuse avait cessé de fonctionner faute de pièces a traiter. Le silence était presque total. La mélodie s'installa, prit ses aises, et envahit calmement la salle. Stéphane ne l'avait encore jamais entendu. Il tendit l'oreille, tentant de saisir le message porté par la musique. C'était triste, nostalgique, et reposant. Elle ce repétait encore et encore, s'enroulant autour d'elle même sans jamais se brouiller.
Stéphane s'approcha du mur contre lequel était posé sa tourneuse. La mélodie y était légérement plus forte.
Etrange. Un pianiste ... Dans la maison voisine.
Stéphane fronça les sourcils. Qui donc pouvait bien jouer du piano dans cette maison ? Il en était presque certain, elle avait été vidée il y a de nombreuses années. Jamais depuis elle n'avait été réoccupée.
Il quitta la salle des machines et se changea au verstaire. Il était intrigué par cette musique. Lorsqu'il sortit sur le trottoir, stéphane se tourna vers la maison. La porte était murée, et la fenêtre condamnée par une serie de planches clouées sur les montants. Stéphane s'approcha de la fenêtre et tendit l'oreille. La musique était là. De plus en plus intrigué, il tenta d'aménager un espace entre deux planches afin d'apercevoir l'intérieur de la maison. L'une des planches tomba en morceau. Le temps avait bien travaillé. Par l'ouverture, stéphane put observer ce qui sans doute avait été un salon. Il y faisait sombre. Quelques faibles rayons de lumières passèrent entre les planches et firent danser les grains de poussière. L'un de ces rayons tomba sur les touches jaunies et recouvertes d'une épaisse couche de poussière d'un piano. Personne n'avait caressé ce clavier depuis lontemps. Pourtant la musique était restée, refusant de quitter les lieux. Marquant de sa présence les endroits où le musicien avait vécut et souffert. Il avait été chassé, mais reste sa musique, triste et nostalgique, témoin d'une époque qui perdure encore. Le jour elle s'efface devant l'horreur, mais ...

L'éclipse viendra.




ps : dédicace à martine Aubry, pierre Mauroy, ainsi que toute la famille Muliez.
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MessageSujet: Re: L'éclipse   L'éclipse EmptyVen 18 Nov 2005 - 17:16

C'est bien toi qui voulait des critiques assassines, non? lookdown
Non sans rire, j'aime bien le thème et l'atmosphère que tu as voulu y mettre, le problème c'est que pour moi ça ne fonctionne pas. Le texte est trop neutre, trop descriptif et on ne ressent ni la désolation ni la mélancolie qui tu sembles avoir voulu mettre dans tes lignes. On ne fait qu'observer sans être vraiment impliqué, ce qui est dommage car je perçois quand même ce qu'il y a derrière...

Citation :
Craque, râpe, racle,
crisse, frotte, vrille,
raye, strie, grince,
arrache, écorche.
mort.

Ca j'aime! C'est le genre de passages qui en dit beaucoup plus qu'un long paragraphe bourré d'explications.

Voilà, j'espère ne pas avoir été trop "cassant" mais ce n'est de toute manière que mon avis perso. @+ pirat
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edd
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MessageSujet: Re: L'éclipse   L'éclipse EmptyVen 18 Nov 2005 - 17:43

et bien merci Smile)

pense tu qu'il aurait fallut que j'y mette des dialogues et plus de mouvement ?

Je pense que je peux utiliser ce texte en guise d'introduction à une nouvelle plus longue ou je développerai la vie du machiniste (un texte certainement plus vivant)

par exemple reprendre juste aprés la dernière phrase avec quelque chose du type :

" Stéphane resta interdit façe à ce spectacle. Derrière lui, la rue commençait à se vider de ses passant. La nuit tombé. Il entendait toujours la mélodie. Stéphane acheva de libérer la fenetre des planches qui l'obstruait et se glissa à l'intérieur de la maison ..."

pour la suite ... un autre jour Smile
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MessageSujet: Re: L'éclipse   L'éclipse EmptyVen 18 Nov 2005 - 17:54

Le thème post-Germinal aurait pu être intéressant, mais les images évoquées ne sont pas assez personnelles. Je n'arrive pas trop à comprendre comment la musique, elle-même une production, peut s'autoproduire dans la phrase :

"Elle stagnait là, laissant s'échapper lentement une série de notes légères. La musique s'estompait calmement jusqu'à ce qu'une autre vague de notes ne vienne la relancer. Elle se laissait couler, sans heurt, indéfiniment."

"S'estomper" et "calmement" me paraît aussi maladroit.
Le texte est aussi encombré de fautes d'orthographe facilement évtables, fautes d'accents (oubliés) , fiertée au lieu de fierté. Tache sans accent ne veut pas dire la tâche, le labeur, mais la salissure.

Originaire du Nord, je connais bien la région (Anzin) et je n'ai éprouvé aucune nostalgie en lisant ce texte. Je ne comprends pas non plus ce à quoi le titre fait allusion.
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MessageSujet: Re: L'éclipse   L'éclipse EmptyVen 18 Nov 2005 - 20:58

Citation :
Le thème post-Germinal aurait pu être intéressant, mais les images évoquées ne sont pas assez personnelles.

hum ... il ne s'agit pas d'un théme post-germinal mais d'un théme actuel. C'est à dire, pour être plus précis, de la vie des ouvriers qui viennent bosser tous les jours dans l'usine mitoyenne à mon appart.

Citation :
Je n'arrive pas trop à comprendre comment la musique, elle-même une production, peut s'autoproduire

Il s'agit d'un élément fantastique, d'un rêve ... bref de quelque de chose de non rationnel.

Et pour le titre .... que dire sinon que le travail s'effectue de jour (du moins pour cette usine) et que la musique nait lorsque le travail cesse .... l'eclipse viendra.
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MessageSujet: Re: L'éclipse   L'éclipse EmptyVen 18 Nov 2005 - 21:14

ah oui j'oubliais ....

la musique, une production ... je qualifierai plus la musique d'art.
par contre le travail, lui, peut aisement être associé à une production.

l'art a t-il besoin de l'artiste pour exister ?

le fantastique apparait lorsque l'art existe en l'absence de l'artiste.

Pour tenter d'être plus clair je dirait que la musique que j'évoque dans ce texte est le dernier souvenir de l'ancien occupant de cette maison abandonnée. Un souvenir persistant qui tente de faire entendre sa voix, qui continue de se battre. Un souvenir vivant en quelque sorte. Mais malheureusement, je ne peux expliquer comment cette musique est devenue vivante.
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MessageSujet: Re: L'éclipse   L'éclipse EmptyVen 18 Nov 2005 - 21:34

Citation :
pense tu qu'il aurait fallut que j'y mette des dialogues et plus de mouvement ?

Pas forcément, mais par exemple au lieu de donner une vue d'ensemble du quotidien des ouvriers, avec la journée typique, attache toi peut-être à une anecdote isolée ou un personnage particulier auquel tu pourrais donner des traits propres, pour qu'on puisse palper l'atmosphère et la vivre de près. Et peut-etre aussi alléger les paragraphes explicatifs sur l'usine et ses aspects énonomiques, ça brise un peu le charme, dillue plus les infos. Voilà, je sais pas si je suis bien clair, en tout cas c'est dans ce sens là que je reprendrais le texte.

Citation :
C'est à dire, pour être plus précis, de la vie des ouvriers qui viennent bosser tous les jours dans l'usine mitoyenne à mon appart.

C'est donc de chez toi que vient la musique? feelgood
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MessageSujet: Re: L'éclipse   L'éclipse EmptyVen 18 Nov 2005 - 21:47

et bien en tant que pianiste .... j'espere ne jamais avoir a subir d'expulsion Smile
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MessageSujet: Re: L'éclipse   L'éclipse EmptyMar 29 Nov 2005 - 15:20

Rooohlala vous cherchez vraiment la petite bête tous là...

Moi j'ai bien aimé ce texte, bien écrit et empreint d'une légère poésie. Ok on reste sur notre faim mais l'ambiance est quand même bien amenée... peut-être pas assez développée, mais quand même...

Edd, aurais-tu vu le film "The Machinist" avec Christian Bale ?
C'est quoi cette dédicace à la fin ????
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MessageSujet: Re: L'éclipse   L'éclipse EmptyMar 29 Nov 2005 - 23:05

simplement un petit coucou ironique à des personnages qui appliquent les pratiques urbanistes décrites dans ce texte.
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