LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 Mullet Beach

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Enok
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Enok


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MessageSujet: Mullet Beach   Mullet Beach EmptyVen 6 Jan 2006 - 2:29

Avertissement précédant le premier chapitre

Les phrases qui vont suivre vont vous raconter une tumultueuse journée de la vie de l’inspecteur Wallace. Certaines scènes se dérouleront près de la plage de Mullet Beach, d’autres dans différents endroits urbains. L’une d’entre elle aura pour cadre les toilettes d’un bar. L’auteur tient à préciser que toute ressemblance avec des faits ou des personnages vivants, ayant vécus, qui vivront ou qui hantent en gémissant des lieux maudits serait incroyablement fortuite. De nombreux rebondissements ponctueront votre lecture, puisque l’assassin n’est pas celui qu’on croit au début et que l’inspecteur trouvera la mort, de manière un peu stupide, à la fin de l’histoire.

Floyd Wallace n’est pas un héros, un modèle à suivre ou même un bon inspecteur. Il n’est même pas beau. C’est un flic souffrant d’une légère surcharge pondérale, qui a de lourds secrets et qui souffre d’aérophagie matinale. La seule qualité qu’il possède, c’est un sens de la déduction très rapide.
Avant de se lancer dans une carrière très moyenne dans la police de Mullet Beach, Wallace était un jeune hippie fougueux, nourrissant de beaux rêves de vie communautaire et de partage sexuel. Après avoir abandonné ses études de philatélie imposées par son père adoptif, Wallace traversa la phase finale de son adolescence à chanter des chansons au bord de la mère avec son meilleur ami, le beau Luis Campos. Les deux amis, armés d’une guitare et de deux accords, tentaient vainement de conquérir le cœur des promeneuses en poussant la chansonnette au bord de l’eau. Malgré la superbe voix de Luis, véritable prodige de la chanson de plage, les deux compères n’obtinrent jamais le succès qu’ils méritaient (du moins c’est ce que croira Wallace jusqu’à la fin du chapitre intitulé « Le secret mystérieux de Luis »). Si bien que chacun fut obligé de trouver un autre moyen de subvenir à leur besoin en bières et en chips. Luis devint homme d’affaires (du moins c’est ce que croira Wallace jusqu’à la fin du chapitre intitulé « Le second secret mystérieux de Luis »). Quand à Wallace lui-même, il décida de se présenter à l’examen d’inspecteur de police. Pour payer les frais de ses courtes études, Wallace fut contraint à jouer dans deux films à caractère pornographiques : « Paloma III ou le retour du plombier infernal » et « Ursula et le gentil marchand de saucisses ».

Après être devenu inspecteur de police, Wallace épousa Brenda Cheeseburger, journaliste pour le Blackmail Paper, le quotidien le plus vendu de tout Mullet Beach. De leur union naquit le petit Bobby, qui deviendra vendeur de parapluie dans le Texas à l’âge de vingt ans et trouvera la mort de manière héroïque lors d’une invasion extra-terrestre, décès narré dans le roman « Même si mon corps brûle vous ne m’attraperez pas », transposé au cinéma par le célèbre réalisateur bulgare Blagotsoï Machka. Maintenant que vous connaissez les événements importants de la vie de Floyd Wallace, vous pouvez entamer avec sérénité la lecture du premier chapitre, modestement baptisé « Premier chapitre suivant l’avertissement » pour des raisons de clarté et de rigueur professionnelle.

Premier chapitre suivant l’avertissement

Floyd se réveilla quelques secondes avant que son fidèle réveil-matin, compagnon loyal de ses matinales émergences, ne se mette à sonner de manière très cavalière. Les yeux fixés sur la petite aiguille du réveil, Floyd attendit la toute dernière seconde pour éteindre son réveil, une seconde avant qu’il ne sonne et ne réveille son épouse. Satisfait de cette victoire sur l’électroménager, Wallace se rendit dans sa salle de bains en vainqueur, d’un pas conquérant et confiant. Après avoir procédé aux efforts hygiéniques matinaux d’usage, Floyd se rendit compte qu’un élément de sa routine quotidienne était absent. Quelque chose ne tournait pas rond. Il manquait à son réveil une touche de féminité, une source d’agacement, une once de pénibilité. Sa femme Brenda n’était pas là. Ni à sa place sur le côté ouest du lit, ni sur les toilettes, ni devant le miroir et encore moins dans les bras de son mari. Floyd comprit qu’il était en train de vivre un moment tragique de l’histoire de son couple. En effet, depuis plusieurs mois, sa femme s’absentait de plus en plus souvent, elle se montrait moins affectueuse avec lui, elle oubliait de lui préparer des petits goûters lorsqu’il devait faire une filature. Elle avait même cessé de lire des histoires de la Bible à leur jeune fils Bobby. L’instinct de détective de Wallace lui avait alors fait comprendre que leur couple était en danger. Mais il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait faire pour sauver son mariage. Il s’était alors plongé à corps perdu (au sens figuré) dans son travail, enquêtant durant des mois sur une sale affaire d’assassinats en série de chiens domestiques. Wallace imaginait qu’avec le temps, Brenda redeviendrait l’épouse charmante et dévouée qu’elle n’avait jamais été mais il se trompait lourdement.

Ce matin-là, encore vêtu uniquement d’un caleçon ridicule et de chaussons dépareillés, Floyd Wallace trouva sur la table de la cuisine, à côté d’un berlingot de jus d’orange Guapa Naranja et d’un reste de donut, une lettre de sa femme. Bien évidemment, pour des raisons de respect de l’intimité de ce pauvre homme, il est impossible de retranscrire exactement les termes de cette lettre ici-meme. Pourtant, nous pouvons sans risquer de porter préjudice à la mémoire de feu Floyd Wallace (qui, je vous le rappelle, décédera à la fin de l’histoire) résumer les propos de cette lettre. Brenda, dans un style dramatiquement austère, annonçait dans sa missive qu’elle quittait Floyd pour toujours car elle allait rejoindre dans un élan onirique le grand papillon cosmique et qu’elle communierait ainsi à jamais avec l’esprit sacré de Pipoko. Elle ajoutait également qu’elle lui laissait la garde de Bobby et qu’il serait aimable de rendre à sa belle-mère le saladier qu’elle leur avait prêté pour Noël dernier. Après plusieurs lectures intensivement concentrées de ce dernier message, Floyd réalisa que sa femme avait rejoint une secte régionale en plein essor, celle des Adorateurs du Grand Papillon Amazonien (surnommée AGPA par les journalistes). Wallace se jura alors de retrouver coûte que coûte sa femme et de la tirer de ce mauvais pas. Et s’il avait eu un objet tranchant sous la main et du courage, il se serait ouvert afin de faire ce serment sur son sang. Mais comme Floyd n’était pas un homme courageux, il se nourrit d’un flan au caramel et s’habilla afin de se rendre au commissariat de police où il travaillait.

Il déposa son fils Bobby devant son école privé, la Royal High School of Stamping. Floyd fut incapable d’avouer à son fils que sa mère l’avait quitté pour rejoindre un insecte géant sud-américain. Il décida donc de lui dissimuler la honteuse vérité, espérant pouvoir ramener sa femme à la raison et rétablir son couple sans que Bobby ne se doute de rien. Il ébouriffa d’un geste paternel les cheveux décolorés de son fils puis il s’en alla. Bobby regarda quelques instants s’éloigner la Ford ranger de son père, sans savoir que c’était la dernière fois qu’il ne le reverrait jamais plus.
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Enok
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MessageSujet: Chapitre II   Mullet Beach EmptyVen 6 Jan 2006 - 2:29

Chapitre second sobrement intitulé : encore une sale affaire pour Floyd Wallace

Dès son arrivée au commissariat de police, une secrétaire couru vers Wallace afin de lui dire que le commissaire voulait le voir au plus vite, dans son bureau. Sans attendre, Floyd se rendit dans le bureau de Donovan Bailey’s, son supérieur. Comme d’habitude, celui-ci était noir et avait une grosse moustache. Un autre individu, jeune, grand, bien habillé et coiffé avec soin était lui aussi présent dans le bureau de Bailey’s. Floyd ne l’avait jamais vu. Le commissaire prit immédiatement la parole.
-Wallace, j’ai du nouveau pour vous.
-Ca tombe mal, commissaire. Je suis déjà sur l’affaire des chiens assassinés et je pensais enquêter sur la secte des…
-Rien à foutre de ce que vous pouvez penser, Wallace. On a un meurtre sur les bras, une personnalité de la ville. Je veux que vous enquêtiez sur cette affaire en priorité. Et vous ne travaillerez pas seul, Wallace. Vous ferez équipe avec le jeune Sydney McChicken, qui sort tout droit de la prestigieuse School of Inspector of Brooklyn. Vous serez son mentor.
McChicken tendit à Wallace une main que celui-ci ne serra jamais. Tout en ignorant superbement son nouveau collègue, Wallace s’assit en face du commissaire.
-Donnez-moi le dossier commissaire Bailey’s.
L’inspecteur adjoint McChicken se pencha, ramassa le dossier avec promptitude et le donna lui-même à Wallace, avec un grand sourire.
Alors que Floyd commençait à le consulter, le commissaire Bailey’s lui apprit la terrible nouvelle, sans prendre de gants.
-La victime est un homme d’affaires du nom de Luis Campos, il a été retrouvé sur ses toilettes…
-Luis ? Luis Campos ? Ce n’est pas vrai, c’est impossible !
Le petit cœur fragile de Wallace, déjà endommagé par le départ de sa femme, menaçait alors de se briser en mille morceaux. Sa tête s’écroula dans ses paumes et il sanglotait. McChicken lui mit une main amicale sur l’épaule. Pour la première fois de l’histoire, il prit la parole.
-Sois fort mec. Là d’où je viens, on dit souvent qu’à trop vouloir se la jouer tigre, on fini par passer pour un petit chat.
Ni Wallace ni Bailey’s ni la concierge qui balayait au même moment derrière la porte du bureau ne comprirent cette phrase. Avec un bref instant de silence, Wallace releva fièrement la tête, les yeux rougis.
-Campos était mon ami, mon plus vieil ami… Mon seul ami. D’ici ce soir, son assassin sera derrière les barreaux…
Il se leva brusquement, prit une pose théâtrale et termina sa phrase.
-… Ou je rendrais mon insigne et mon revolver et j’abandonnerai ma brillante carrière d’inspecteur.
McChicken applaudit cet élan fougueux. Bailey’s respecta quelques secondes le lyrisme de son employé, puis il précisa :
-Wallace, j’admire votre dévouement. Mais je vous rappelle que vous n’avez plus le droit de porter votre arme de service depuis l’affaire du pangolin birman.
Floyd se sentit quelque peu dénigré. Il se saisit du dossier et quitta le bureau de Bailey’s sans plus de cérémonie. McChicken le suivit, heureux. Il suivait Wallace comme un morceau de papier toilette vous suit parfois, sournoisement accroché à votre slip, après une grosse commission.
-Vous savez, inspecteur Wallace, je suis vraiment heureux de pouvoir faire équipe avec vous.
Floyd ne répondit rien. Il sortit du commissariat et monta dans voiture. McChicken prit place à ses côtés.
-Où est-ce qu’on va, inspecteur Wallace ?
Une fois ses grosses lunettes de soleil double foyer en place, Wallace démarra.
-La première règle, petit, pour trouver l’assassin, c’est de découvrir à qui profite le crime. Et j’ai déjà ma petite idée là-dessus. On va rendre visite à madame Campos.
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MessageSujet: Chapitre qui suite   Mullet Beach EmptyVen 6 Jan 2006 - 2:30

Chapitre suivant : Le secret mystérieux de Luis

Comme Wallace s’évertuait à ne jamais dépasser les limitations de vitesse, les deux agents de police mirent plus de temps qu’il ne l’aurait fallu pour rejoindre la somptueuse villa des Campos. Wallace n’avait aucun mérite à connaître l’emplacement de cette demeure puisqu’il était resté en bons termes avec son vieil ami Luis et qu’il lui rendait fréquemment visite. Moins fréquemment toutefois depuis que Luis avait épousé Anita, une jeune femme mystique et lunatique. Wallace n’avait jamais approuvé le choix de son ami. Luis avait bien ressenti que Floyd ne portait pas Anita dans son cœur malgré les efforts de Wallace pour faire semblant de bien rigoler aux plaisanteries d’Anita lors des soirées barbecue. Floyd n’avait jamais pu avouer à son ami Luis que s’il n’aimait pas trop Anita, c’était parce qu’elle avait tourné avec lui dans le long-métrage « Paloma III ou le retour du plombier infernal ». Il n’osait pas avouer qu’il avait lui-même connu une carrière de comédien pornographe et ne voulait pas briser un couple. Quoiqu’il en soit, ce matin-là, Floyd Wallace était en train de sonner à la porte de Luis Campos, certain que sa femme l’avait assassiné pour toucher son héritage. Quand à McChicken, il remplissait son devoir de second rôle en ne pensant pas grand-chose et en limitant ses actions.
Anita Campos ouvrit la porte. Elle portait une fleur de tournesol dans ses longs cheveux et une longue robe blanche, très fine, comme seul vêtement. Elle avait les yeux rouges et les deux un peu jaunes. Wallace remarqua au passage qu’elle était également très enceinte. Avant qu’il n’ait pu prononcer la moindre parole, Anita se jeta dans ses bras en pleurant. Dans un souci de réalisme, les paroles entrecoupées de reniflements et de grognements d’Anita seront retranscrites avec exactitude.
-Oh Floyd…Sniff, je suis si heureuse, sniff, ça me fait plaisir, gronk, sniff, sniff, que tu sois venue, bouhouhou, bouhouhou. J’avais besoin d’une énergie bienveillante à mes côtés.
Wallace serra dans ses bras la veuve de son meilleur ami. Cette étreinte lui rappela la scène finale de « Paloma III ou le retour du plombier infernal » mais il réussit à faire fi de ces désobligeants souvenirs.
-Anita, sois forte. J’ai des questions à te poser.
-Bouhouhou, bouhouhou. Tu ne veux pas voir le corps inerte de Luis, dépourvu de son âme charitable ?
-Il est toujours là ? Le service d’enlevage des corps assassinés n’est pas encore passé ?
-Non, le commissaire m’a appelé, ils ont eu un terrible accident. La fourgonnette du service est tombée en panne sur l’autoroute, pile à l’heure du petit déjeuner. Affamé, les employés du service se sont entredévorés pour survivre.
-Encore ? Bon. Je pourrais ainsi faire mes adieux à Luis.
Anita accompagna Wallace jusqu’aux toilettes du premier étage, là où Luis avait trouvé la mort. Elle le laissa seul et discuta pendant toute la courte scène qui va suivre avec Sydney McChicken. Leur conversation ne sera absolument pas intéressante alors ne vous plaignez pas si personne ne vous ne parle jamais.
Floyd avança lentement jusqu’au corps de son ami. Luis était toujours assis sur les toilettes, le pantalon baissé sur ses disgracieux mollets. A la main, il tenait encore le dernier exemplaire de Hard Core Kniting. Délicatement, Floyd releva la tête de Luis. Il constata qu’une balle de revolver lui avait transpercé le front. Mais ce n’est pas la seule constatation qu’il fit. Il referma les yeux de son ami, non sans mal puisque l’un d’entre eux était tombé au sol. Puis il alla retrouver la veuve Campos, toujours en pleine discussion avec McChicken.
-Oui, moi aussi, j’ai toujours beaucoup de peine à faire faisander la viande de porc. Mais c’est sûrement parce que je suis végétarienne.
Sans tambours ni trompettes, car il était peu mélomane, Wallace coupa la parole à Anita.
-Excusez-moi madame Campos, j’ai quelques questions à vous poser.
-Bouhouhou. Mais bien sûr Floyd. Je ferai tout mon possible pour aider à votre enquête. L’esprit sacré de feu mon époux ne trouvera la régénérescence spirituelle que si son âme est en paix.
-Très bien. McChicken, allez nous servir deux grandes tasses de chocolat au lait.
L’inspecteur adjoint s’exécuta.
-Dites-moi madame Campos, que faisait exactement votre mari pour gagner de l’argent ?
-Tu sais bien, Floyd, il faisait des affaires. Il allait justement signer un important contrat avec monsieur Prosciutto, le propriétaire de Pronto Pizza. Luis allait construire un gigantesque parking sur la plage de Mullet Beach, rasant au passage une dizaine d’habitations.
-Madame Campos, je sens votre voix devenir fébrile. Vous me cachez quelque chose, je le sais. Plus vous me cachez d’informations, moins j’aurais de facilité à trouver l’assassin de votre mari.
Anita hésitait un peu. McChicken venait de réussir à préparer de succulents chocolats au lait, un peu trop tièdes pourtant. Anita but une grande gorgée de ce délicat breuvage. Affublée par la suite d’une discréditante moustache de cacao au-dessus de la bouche, elle prit son courage à deux mains et avoua le terrible secret de Luis.
-Mon mari, bouhouhou, n’était pas seulement homme d’affaires, Floyd. Il gagnait également beaucoup d’argent en tant qu’artiste… Grâce à la chanson.
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MessageSujet: Chapitre qui suit la suite   Mullet Beach EmptyVen 6 Jan 2006 - 2:30

Le second secret mystérieux de Luis

Wallace, interloqué, fut incapable de ne pas répéter les derniers mots du chapitre précédant, sur le ton de la surprise.
-Grâce à la chanson ?
-Parfaitement, lui répondit Anita. Luis avait une très belle voix. Je croyais que tu le savais, toi qui avait été son fidèle compagnon dans votre jeunesse passée.
-Oui, c’est vrai. J’ai beaucoup chanté avec lui sur la plage pour draguer les min… Les mines anti-personnelles. Wallace se rattrapa comme il le pouvait. Il ne voulait pas tacher la mémoire de Luis.
-Ca ne m’étonne pas de mon Luis. Il a toujours été charitable. Ce n’est pas pour rien qu’il était mon âme siamoise.
Pour la quatrième fois de l’histoire, Sydney prit la parole.
-Dans la banlieue d’où je viens, je me rappelle qu’un vieil ermite nous disait souvent : c’est ceux qui donnent le plus qui gardent le moins.
Comme personne ne réagit à sa verve puissante, Sydney rendit la parole à Wallace.
-Ce qui m’étonne, Anita, c’est que Luis ait gagné de l’argent avec la chanson. Quand je chantais avec lui, justement, il n’avait aucun succès. Il chantait très bien mais à cause de son…Sa… Enfin son…
-Tu veux dire qu’il avait une voix d’ange mais un visage disgracieux qui l’empêchait d’obtenir le succès qu’il méritait, c’est ça ?
-Heu… Ce que je veux dire, c’est qu’il était trop moche pour devenir chanteur.
Anita fronça ses sourcils absolument pas épilés.
-Je sens mes chakras se refermer. Vous dégagez trop d’ondes négatives, inspecteur.
Très attentif aux soins apportés par les femmes à leur pilosité, Wallace ne pu s’empêcher de frémir en observant les sourcils sauvages d’Anita auxquels il n’avait jusqu’alors pas du tout prêté attention.
-Madame Campos, je comprends votre irritation et la fermeture de vos chakras. Mais comprenez que l’inspecteur Wallace soit lui aussi bouleversé par le décès de votre mari. Je pense qu’il faut mettre son manque singulier de diplomatie sur le compte du dépit amical.
Anita sembla touchée par les explications de l’inspecteur adjoint Edman. Ignorant superbement Wallace, elle lui répondit.
-Votre aura est très belle, monsieur l’inspecteur adjoint qui ne m’a pas été présenté lors de votre arrivée dans ma villa.
-Merci, j’aimerais pouvoir vous en dire autant mais je n’ai pas une bonne vue cosmique. Permettez-moi de vous préciser que si nous n’avons pas été présentés, c’est parce que vous vous êtes jeté dans les bras de mon collègue de manière très cavalière. Et nous pourrions faire croire au lecteur que nous nous sommes présentés durant notre discussion très ennuyeuse qui a eu lieu lorsque mon collègue se recueillait sur le cadavre de votre mari.
-Vous êtes magnifique, monsieur Edman. Je vais tout vous expliquer. Comme l’inspecteur Wallace nous l’a fait comprendre de manière grossière, mon mari n’avait pas un physique facial avantageux. Il n’avait donc jamais pu vendre une de ses magnifiques chansons. Il a donc trouvé un accord avec un jeune acteur de la ville qui lui était très beau. Mon mari enregistrait des chansons que ce jeune homme faisait semblant de chanter dans des clips aux couleurs aveuglantes. Ce jeune chanteur playback a eu beaucoup de succès grâce à cette combine, il doit être très malheureux à présent, le pauvre.
Wallace intervint brusquement dans la conversation, alors que son regard s’était soudain détaché des sourcils de la veuve pour observer avec une attentive attention ses longs et fins doigts.
-Comment s’appelle ce chanteur, madame Campos ?
-Votre énergie cosmique est trop brusque pour moi, inspecteur. J’aimerais que vous quittiez rapidement mon antre spirituel.
-Répondez-lui tout d’abord madame. Ainsi, il laissera vos chakras s’ouvrir un à un comme les majestueux pétales d’un coquelicot une fois qu’il s’en sera allé.
Anita sourit de plus belle à Sydney.
-Il s’agit de Sean Niagara, monsieur Edman. Si vous allez à sa rencontre, dites-lui de ne pas s’en faire pour l’argent qu’il perd à cause de la mort de mon mari, que je suis prête à lui céder une partie de mon modeste héritage.
Wallace se leva et fit signe à Edman de l’imiter.
-Merci de bien avoir voulu répondre à nos questions, madame Campos. Je vous prierai de ne pas utiliser vos cabinets avant que le corps de votre mari ne soit évacué. Encore une petite chose, d’où provient votre bague ?
Wallace désignait de l’index la bague que portait Anita à son annuaire. Grossièrement taillée, son motif représentait un grand papillon.
-Je l’ai trouvé par terre, dans un établissement de relaxation que je fréquente fréquemment.
-Merci encore madame Campos.

De retour dans la voiture de Wallace, Edman fut incapable de s’empêcher de lui poser quelques questions interrogatives.
-Pourquoi avoir ainsi écourté l’interrogatoire de madame Campos ?
-J’en avait appris assez, Edman. Et j’ai bientôt mon cours de karaté, à l’autre bout de la plage.
-Vous m’impressionnez, inspecteur. J’avoue que je n’ai pas compris quelles déductions vous pouvez faire après cette entrevue.
Evitant un écureuil qui s’était assoupi sur le côté de la route, Wallace donna un brusque coup de volant, puis il ouvrit la bouche et formula des mots.
-C’est très simple, Edman. Tout d’abord, j’ai constaté que Campos avait changé de visage depuis notre dernière rencontre. Malgré la balle qu’il avait reçu en plein visage, j’ai vu qu’il avait eu recours à la chirurgie esthétique. Ses pommettes étaient notamment bien moins saillantes et son nez beaucoup plus fin. Qu’est-ce que vous pouvez en conclure ?
Edman bredouilla.
-Je…Je ne sais pas. Peut-être qu’il voulait participer à un concours de beauté ?
-Pas du tout, Edman.
Cette fois-ci, Wallace fut contraint à éviter un cachalot qui tentait de rejoindre l’océan indien. Le détour qu’il dû faire l’obligea à répéter ses derniers mots.
-Pas du tout, Edman. Nous savons que Campos chantait assez bien pour vendre des disques mais qu’il était trop laid pour faire un bon chanteur. Il en a eu assez d’avoir le second rôle au profit de Sean Niagara. Il s’est donc fait chirurgier esthétiquement afin de devenir beau et de pouvoir vendre des disques sous son nom, sans l’intermédiaire de Niagara.
Edman était abasourdi.
-Incroyable… Donc Niagara est notre suspect ?
-Absolument, nous irons l’interroger après mon entraînement de karaté. Mais la veuve Campos reste suspecte.
-Et pourquoi cela ?
-Parce que j’ai également pu observer Luis Campos sur les toilettes aujourd’hui. Et comme il est mort sur les toilettes, j’ai pu voir ses testicules.
L’inspecteur adjoint rougit un peu et demande, d’une voix timide :
-Vous… Vous aimez observer de belles testicules, inspecteur ?
-Non, non, absolument pas. C’était purement par intérêt scientifique que j’ai regardé cette partie de l’anatomie de mon ancien ami. Bref, ce que j’ai constaté, c’est que Luis Campos souffrait d’une anomalie testiculaire condylômique. Mon père souffrait de la même tare génétique. Cette maladie de naissance rend son porteur complètement stérile. Donc Anita Campos, qui comme vous avez pu le constater, est très enceinte, trompait son mari. Elle reste donc suspecte.
-J’en reste bouche bée. Comme me disait ma mère : c’est parfois les vieilles hirondelles qui nous apprennent à faire la grimace. Mais pourquoi cette question sur la bague de madame Campos ?
Wallace se rappelait la bague de Campos, le papillon qui ornait cette bague. Et la lettre de sa femme qui lui annonçait qu’elle partait rejoindre Pipoko, le grand papillon amazonien.
-Pour rien, Edman, pour rien.
Sydney avait remarqué que Wallace était devenu soudain très grognon. Il ne le dérangea donc pas en lui demandant pourquoi le chapitre s’appellait « le second mystérieux secret de Luis » alors qu’il lui semblait qu’ils n’en avait découvert qu’un seul. Puis Sydney recompta les découvertes faites sur le mort : il gagnait sa vie en chantant, il avait une malformation des couilles, il s’était fait refaire le visage et sa femme le trompait. Sydney se rendit compte à quel point il avait bien fait de ne pas déranger l’inspecteur Wallace. En silence, il l’observa conduire avec précision et poigne sa belle voiture.
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