LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 Mémoire d'ombres

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Raphaël
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MessageSujet: Mémoire d'ombres   Mémoire d'ombres EmptySam 7 Jan 2006 - 1:09

Citation :
Toujours ce maudit mur blanc !

Jean van Hamme, XIII


Bip ! Bip ! Bip !
Qu'est-ce que c'était que ce bruit ? Ce bruit électronique régulier comme le tic tac d'une horloge...
Bip ! Bip ! Bip !
Une grande couleur blanche rendue floue par le rideau de ses cils. Ce fut tout ce que ses paupières daignèrent lui révéler en se soulevant péniblement.
Bip ! Bip ! Bip !
Son toucher engourdi s'éveilla peu à peu. Sensation aigüe dans son bras. Pressions sur son torse.
Bip ! Bip ! Bip !
Des odeurs flottaient. Des odeur mentholées et fades.
Des odeurs de médicaments.
Bip ! Bip ! Bip !
Enfin, il comprit qu'il était revêtu d'un pyjama de coton, allongé sous un drap de coton (sur lequel reposaient ses bras), que des ventouses collées à son torse mesuraient son rythme cardiaque qu'une machine traduisait en Bip ! Bip ! Bip ! et qu'il était sous perfusion. Le tout dans un hôpital ou une clinique, sans doute.
Ce qu'il ne comprit pas, c'était comment il avait atterri ici. Et surtout pourquoi il avait atterri ici. Il fouilla dans sa mémoire à la recherche d'un malaise ou d'un accident. Aucun souvenir ne se présenta.
Ses yeux s'ouvrirent. Enfin, il put voir la chambre d'hôpital où il était allongé.
Il entendit le brouhaha des conversations hors de sa chambre. Il entendit aussi des brancard rouler sur du linoléum. Pas très bien insonorisé, cet hôpital... Ou cette clinique. Ou peu importait.
Tiens ! Il n'entendit plus rien, dans le couloir...

La porte s'ouvrit. Une jeune infirmière entra.
"_ Bonjour monsieur !" salua-t-elle en décochant un grand sourire plein de chaleur et d'une sorte de fausse timidité enfantine.
Il tenta de lui rendre la politesse, mais ne parvint qu'à coâsser de son larynx endormi par le coma :
"_ Bonjour, mademoiselle Levreau." et sa voix lui parut celle d'un fumeur invétéré qui aurait hurlé sans interruption pendant quarante-huit heures.
Elle sursauta.
"_ Tiens ! Je savais pas qu'on se connaissait..."
Elle était amicale. Ce n'était pas seulement son apparence inoffensive -une blonde aux yeux bleus et aux adorables traits de fillette- qui lui laissait supposer ça, mais aussi...
En fait, il ne supposait rien du tout : il savait qu'elle n'était pas dangereuse pour lui. Bien au contraire. Comment le savait-il ? Ca lui paraissait aussi mystérieux que les évènements qui l'avaient mené à ce lit d'hôpital...
"_ Vous avez raison, coâssa-t-il de nouveau. J'ai lu votre badge..."
Elle baissa les yeux vers le badge accroché à sa blouse, au niveau de la poitrine. Mathilde LEVREAU, infirmière, affichait le petit rectangle plastifié.
Elle redirigea son regard vers le patient.
"_ Eh ben ! Vous avez une bonne vue, vous ! Oh ! N'essayez pas de vous lever ! Vous sortez d'un coma de trois jours et..."
Il sursauta autant que ses forces atrophiées le lui permettaient.
"_ Trois jours ?
_ Eh oui... Vous inquiétez pas ! On vous a fait faire quelques petits mouvements pour éviter une atrophie des muscles, on vous a fait bouger les lèvres...
_ Comment j'ai atteri ici ?
_ Alors ça, c'est une longue histoire ! Figurez-vous qu'un vieux monsieur qui promenait son chien vous a retrouvé dans un petit chemin du bois de Vincennes. Il vous a d'abord cru mort. Il a eu le réflexe de vérifier et a senti votre pouls battre. Il a donc appelé le SAMU, qu'a rien compris à votre cas ! Et en ce moment, vous vous trouvez à l'hôpital Bichat.
_ Rien compris à mon cas... Comment ça ?
_ Vous étiez dans le coma, et pourtant, aucune trace de blessure sur votre corps. A priori, on vous a rien injecté... Bon, nous, on vous a fait la perfusion, mais c'est la seule injection que vous ayiez subie ! On fait pire, comme drogue, non ? Franchement, vous êtes une belle énigme pour nos médecins !"
Mathilde Levreau eut un petit rire aimable.
"_ Dites-moi... On n'a retrouvé aucun papier sur vous, donc, pour l'instant, vous êtes le patient sans nom. Je vais vous demander de vous présenter."
Il voulut donner son nom.
Quel nom, au fait ? Rien ne venait...
Il avait bien un nom, quand même !
"_ Ah ! Une amnésie... constata Mathilde. Vous inquiétez pas, c'est courant après un coma ! Surtout, vous bagarrez pas avec votre mémoire ! Elle reviendra en son temps ! Vous avez pas de lésions à la tête : c'est juste que votre cerveau se réveille et qu'il a besoin de se remettre en route... Les médecins vont vous faire faire quelques exercices pour que ça revienne. Bon, je vais prévenir que vous vous êtes réveillé. On va organiser votre rééducation.
D'ici là, reposez-vous ! Vous avez besoin de repos. Ca paraît paradoxal quand on sort d'un coma, mais c'est très important ! Un coma, c'est pas un sommeil ! D'accord ?
_ D'accord... Merci...
_ A votre service !"
Mathilde quitta la chambre.

Trois jours ?
Retrouvé sans blessure ?
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Raphaël
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MessageSujet: Re: Mémoire d'ombres   Mémoire d'ombres EmptyDim 8 Jan 2006 - 0:16

Quartier La Villette


Bzzzz !
Bernard Maurrat sursauta. Son coeur lui donna l'impression de vouloir jaillir de sa poitrine au mépris de toute impossibilité physique. Depuis vingt ans qu'il occupait cet appartement, il n'avait jamais pu s'habituer au bourdonnement agressif de son interphone.
Pas plus que son labrador, qui, dérangé dans sa sieste, émit de vigoureux aboiements protestataires.
"_ Tais-toi, Dobey !" ordonna Bernard.
Le chien se calma immédiatement. Une brave bête, ce Dobey... En général bien sage -sauf quand l'interphone sonnait-, il était également très affectueux et obéissait à la première injonction. Cette docilité était le fruit d'un dressage rigoureux (Bernard avait exercé la profession de maître-chien à la Police Nationale pendant trente ans).
Cinq ans auparavant, Bernard fêtait avec son épouse Martine l'anniversaire de leur mariage. Pour l'occasion, ils avaient loué un grand gîte à deux heures de Paris et invité leur famille (frères, soeurs, cousins, cousines, leur fils et leur belle-fille, leur fille et leur gendre, les petits-enfants). Cette grande famille soudée se retrouvait toujours avec plaisir, se saluait toujours avec chaleur. Alors que Robert, le frère cadet de Bernard, racontait à ses voisins de table l'une de ces blagues grivoises dont il possédait une provision inépuisable, alors que les petits-enfants se retrouvaient, cousins très proches en dépit de leur éloignement géographique (chaque famille à un bout de la France !), en s'échangeant les bonnes et mauvaises nouvelles dans leurs vies respectives depuis la dernière fois qu'on s'était vus, Martine s'était levée pour porter un toast. Sa coupe de champagne en main, elle avait attendu la fin d'une longue salve de chaleureux applaudissements. Puis elle s'était écroulée. Sa coupe était tombée dans un fracas aigu sur le carrelage du gîte.
"_ Martine !" s'était écrié Bernard.
Il s'était agenouillé aux côtés de son épouse et lui avait saisi la main, indifférent au brouhaha des invités d'abord surpris, puis effrayés. L'expression crise cardiaque avait enflé dans les voix des convives, tel le ressac d'une mer de fatalité.
"_ Pas de panique !" avait dit d'une voix ferme et forte Loïc, le fils.
Portable en main, il avait appelé le SAMU et parlé d'une voix aussi froide que possible pour expliquer la situation et donner l'adresse précise. Dès la fin de la conversation, il avait rejoint son père auprès de sa mère, qui cherchait de plus en plus vainement sa respiration, réduite à un râle. Comme si la vie contenue dans son corps s'échappait en râpant les chairs...
Bernard avait saisi cette main dont l'étreinte faiblissait de seconde en seconde. Il caressait cette chevelure aujourd'hui d'un élégant blanc neige, jadis d'un noir de jais qui l'avait séduit, pendant que Loïc écartait les invités de la scène.
"_ S'il te plaît, Martine !" suppliait-il en pleurant.
Mais la main devenait de plus en plus faible.
"_ Martine..."
Pendant que Martine, la compagne de toutes ces années -plus de quarante-, mourait, il s'était rappelé leur première rencontre, alors que tous deux, lui qui rêvait de dresser des chiens et elle qui étudiait le métier d'institutrice, recherchaient le même livre sur l'étal d'un bouquiniste. La longue conversation qui avait suivi. Les nombreuses promenades ensemble. Le premier contact avec la belle-famille, avant lequel Bernard n'avait pu dormir que quelques minutes tant était grande sa peur de ne pas être à la hauteur. Finalement, il l'avait été... La demande en mariage. Le mariage, qui, par la faute d'un curé bafouilleur, d'un restaurant médiocre et d'un orchestre dénué de tous sens du rythme, était resté dans les annales comme l'exemple typique d'une journée ratée. La nuit de noces, nuit de plaisir d'abord maladroit et timide, puis plus tendre et plus hardi au fur et à mesure que l'aube approchait. Tous ces instants de bonheur que la cérémonie lamentable n'avait pas vraiment laissés augurer... La naissance du petit Loïc, qu'on ignorait encore destiné à devenir un excellent ingénieur à Marseille (un prénom breton pour un gars qui vivait dans le Midi... Ca les amusait !)... La naissance de Lucie, qui était devenue, après de brillantes études, vétérinaire à Calais...
L'ambulance n'était arrivée qu'une demi-heure après le coup de téléphone de Loïc. Bernard avait été écarté de Martine. L'équipe médicale avait encerclé son épouse allongée, la lui avait cachée... Massages cardiaques... Electrochocs... Martine ne s'était pas réveillée. Le chef de l'équipe n'avait pas eu le courage de dire le moindre mot. Il s'était contenté de regarder Bernard droit dans les yeux, et ses yeux à lui étaient chargés de regrets.
Lucie avait enfoui son visage dans ses mains et commencé à pleurer. Loïc avait dit d'une voix au bord du sanglot :
"_ C'est pas possible... C'est..."
Puis les larmes étaient venues.
"_ C'est pas possible..."
Bernard avait repris sa place à table. Visiblement indifférent à la tristesse qui venait de s'emparer de tous les convives, il s'était servi quelques cuillèrées de la salade de riz prévue en entrée. Sous les regards incrédules, il avait commencé à manger, pendant que le SAMU emmenait le corps de Martine. Il mâchait vite, broyait la nourriture entre ses dents comme s'il voulait la punir de la mort de Martine.
"_ Papy..." avait timidement appelé Stéphane, l'aîné des petits-enfants.
Bernard n'avait pas entendu. Ou pas écouté. Il avait continué à s'acharner sur sa salade de riz, à la broyer sous ses mâchoires furieuses. La dernière bouchée avalée, il avait posé brutalement ses couverts et s'était levé. Puis il avait fondu en larmes. Robert s'était approché de lui et lui avait posé une main sur l'épaule.
Martine Maurrat était morte d'une crise cardiaque. Jusqu'alors, elle n'avait jamais vraiment souffert de son souffle au coeur. Mais la sournoise faiblesse avait fini par avoir raison d'elle. Elle avait choisi de l'emporter alors que toute sa famille était réunie...
Après l'enterrement, Bernard, rentré chez lui, avait parcouru son appartement pièce par pièce. Ce salon où Martine avait tricoté pendant des heures. Cette chambre où ils avaient tous deux dormi. Cet appartement si familier lui avait semblé deux fois trop grand... Il s'était assis sur le fauteuil où elle aimait tricoter. Il avait saisi les deux aiguilles qui gisaient sur une table basse. Ces deux aiguilles sans lesquelles de nombreux pull-overs n'auraient jamais vu le jour... Et il avait pleuré. Il avait lâché les aiguilles et, indifférent à leur bruit sourd sur le tapis du salon, le visage enfoui dans ses mains, il avait pleuré.
Un jour, sur un coup de tête que, las de n'avoir que sa peine comme compagne, il avait décidé de faire un saut à la SPA et d'en revenir avec un chien. Une fois sur place, il avait choisi un chiot labrador noir. Inconditionnel de Strasky et Hutch (ça passait encore sur le câble ou sur le satellite, mais, peu féru de toutes ces nouvelles technologies, il en était resté aux bonnes vieilles chaînes nationales), il avait donné à l'animal le nom du "chef vénéré" faussement coléreux et vraiment sympathique de ses héros.
Le chiot joueur et gaffeur, mais intelligent, avait peu à peu dissipé le pénible deuil de son maître. Il était aujourd'hui devenu un chien merveilleux. Toujours joueur, mais plus gaffeur du tout.

Pour la dernière fois de sa vie, Bernard décrocha l'interphone.
"_ Oui ?
_ Monsieur Maurrat ?
_ C'est moi ! Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
_ On est officiers de police et on aimerait vous poser quelques questions au sujet de l'homme que vous avez trouvé au bois de VIncennes."
Bernard sursauta.
"_ Comment vous savez ça ?
_ On en a été informés par un de nos hommes qui surveillait un trafic dans les bois. Ecoutez, cet homme est un dangereux criminel ! On aurait quelques questions à vous poser à son sujet..."
Bernard eut l'impression qu'une trappe venait de s'ouvrir sous ses pieds. Une trappe sous laquelle l'attendait le grand type brun et barbu qu'il avait déniché au bois de VIncennes, (combien de temps ça faisait déjà, trois jours ? Ca passait vite...), et ce type l'égorgeait comme un porc et...
"_ D'accord, montez. C'est au cinquième étage. Deuxième porte à gauche."
Avant de raccrocher, Bernard effectua le geste qui devait lui coûter la vie : il appuya sur le bouton d'ouverture de la porte.

Ding dong !
Bernard se dirigea vers la porte. En chemin, il s'agenouilla pour caresser Dobey, qui dormait dans son panier. Le labrador lui répondit sans se réveiller par un petit couinement plein de tendresse.
Bernard eut un sourire
(Bon chien !)
et s'approcha de la porte. Il appliqua son oeil contre le judas. La lentille lui montra trois visages déformés par le verre bombé. Trois visages totalement anodins. Trois vestes grises. Aucune cravate.
L'homme du milieu tendit une carte de la Police Nationale qu'il rangea presque aussitôt.
Bernard ouvrit.
"_ Bonjour. Entrez." salua-t-il en s'écartant.
Sans la moindre politesse, les trois hommes entrèrent et s'installèrent sur le canapé du salon.
Furieux, Bernard claqua la porte et s'approcha d'eux à grands pas coléreux.
"_ Dites donc ! On n'apprend plus la politesse à l'école de police ?
_ Monsieur Maurrat, dit tranquillement l'homme qui avait tendu la carte, on va en venir au fait tout de suite : où est ce type ?"
Bernard sursauta devant tant de froideur.
Puis son instinct lui dit que quelque chose clochait.
"_ Il est pas là.
_ Curieux...
_ Ecoutez, soupira Bernard, je suis maître-chien en retraite, pas médecin ! Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? J'ai trouvé ce type complètement inconscient, j'ai appelé le SAMU, voilà !
_ Et vous savez pas à quel hôpital on peut le trouver ?
_ Vous pourriez pas me dire qui il est exactement ?"
Pour toute réponse, l'homme à la carte se leva et sortit de sa poche une courte tige métallique de l'épaisseur d'un pouce -Bernard n'eut pas le temps d'observer davantage cet objet- qu'il serra dans sa main. Autour du poing se forma une aura jaune parcourue de striures violettes mouvantes comme d'improbables flammes.
Bon sang ! Je perds la boule !
Puis la lumière aux étranges couleurs s'allongea rapidement tout en s'affinant pour prendre la forme de... d'un canon ? Au bout de son bras, l'homme avait désormais un canon de lumière translucide jaune et violette à travers la base duquel on devinait son poing. Il visa la tête du chien.
Qui éclata comme un vulgaire ballon. Un ballon surchargé de sang et de chair. Si Bernard n'avait pas quitté ce monde un peu plus tard, il n'aurait sans doute jamais oublié ce bruit de pétard explosant dans une flaque de boue qui accompagna la mort atroce de Dobey. Une sensation grasse en bas de son pantalon lui indiqua que la tête du chien avait giclé sur sa jambe.
"_ Espèce de salaud !" hurla-t-il, plein d'un mélange de tristesse et de rage.
Les deux acolytes du flic qui ne pouvait être un flic, de ce type à la main prisonnière et maîtresse d'un flingue de lumière se levèrent en un éclair. A une vitesse incroyable, ils saisirent les bras de Bernard, les écartèrent en croix et, grâce à leur prise, l'agenouillèrent de force. Tout semblait n'avoir duré qu'une seconde. Ils étaient assis sur le canapé et, l'instant d'après, il était à genoux, les bras emprisonnés.
Et l'homme était au-dessus de lui, son arme de lumière jaune zébrée d'éclairs violets toujours autour de son poing.
"_ Vous êtes pas de la police ! siffla Bernard.
_ Où est l'homme, Maurrat ?
_ J'en sais rien..."
Bernard reçut un coup de pied au-dessus du ventre et eut la respiration coupée. Il suffoqua plusieurs secondes, ce qui lui rappela la crise cardiaque dont mourut Martine.
"_ Où il est ? insista l'homme.
_ Je... Je..."
Il va encore me frapper Il me suffit de dire que l'ambulance l'a emmené et d'insister là dessus Non ! Je dois le protéger !
"_ Je sais pas."
Nouveau coup de pied. Dans la lèvre inférieure, celui-ci.
Une vive douleur vrilla la bouche de Bernard. Il cracha un mélange de sang, de salive et de fragments de dents cassées. Cette infâme bouillie frotta contre sa lèvre éclatée et alluma un éclair de douleur dans sa bouche mutilée. Il ne put s'empêcher d'imaginer le flot rouge et visqueux qui coulait sur son menton tel un morbide filet de bave.
"_ C'est que le début, Maurrat... Vous comptez résister longtemps ?
_ Foutez-moi la paix." chuinta Bernard de sa bouche blessée.
Cette fois, ce fut sa lèvre supérieure qui dégusta. Un nouvel éclair de douleur s'alluma lorsqu'il recracha une bouillie de sang, de dents brisées et de salive.
"_ OK, Maurrat ! Voilà comment on va faire. Je vais vous tabasser jusqu'à ce que vous me suppliiez d'arrêter et que vous me disiez tout. C'est parti !"
Un oeil. L'autre. Retour sur le premier oeil, qui se ferma totalement. L'autre oeil, qui devint aussi peu utilisable.
Tout son visage sembla doubler de volume à Bernard. Son nez se transforma en une marmelade d'où s'échappait un sang visqueux.
Et il ne daignait même pas hurler. Pour hurler, il lui aurait fallu un petit semblant d'énergie, et il n'avait même plus ce petit semblant d'énergie. Il laissait l'homme le battre, le défigurer à vie, lui casser les dents, les côtes...
Martine... Dobey...
Un éclair de douleur. Son hurlement arriva trop tard pour couvrir le craquement mouillé de son doigt qui venait de se briser. Un autre doigt. Un troisième.
"_ Arrêtez ! coâssa-t-il à travers sa bouche mutilée.
_ Ah !
_ Je vous jure que j'ai appelé le SAMU ! Ils l'ont emmené. Je sais pas où ! Je vous jure !"
On lâcha ses bras. Il tomba, son visage détruit contre la moquette. La douleur de ses plaies et de sa cage thoracique brisée heurtant le sol fut son avant-dernière sensation.
La dernière, ce fut une aiguille de métal froid qui pénétra le haut de sa nuque.

L'homme interrompit le sortilège qui l'avait doté de son arme de lumière jaune et violette avant de ranger la tige métallique dans la poche de sa veste. Il pécha son portable contre sa chemise, composa un numéro et colla l'écouteur contre son oreille.
"_ Maître, la cible ignorait où trouver Carlucci. Il a parlé d'une ambulance. Carlucci est peut-être mort... Bien. On continue les recherches. Seulement, les hôpitaux, dans le coin, c'est pas ce qui manque. On aurait besoin d'aide... Je comprends."
Il raccrocha.
"_ Bon. On poursuit les recherches."


Dernière édition par le Lun 9 Jan 2006 - 23:43, édité 4 fois
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Enok
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MessageSujet: Re: Mémoire d'ombres   Mémoire d'ombres EmptyDim 8 Jan 2006 - 10:54

Tatadaaam... Ca me fait penser à Terreur de John Farris ce début. J'me réjouis de lire la suite. J'ai juste deux ou trois ptites remarques: mobile est un régionalisme. J'imagine que tu parles d'un téléphone portable ? En tout cas en Suisse on connait pas ce mot (mais bon c'est pas forcément une référence...hum hum). Ensuite, vu l'importance qu'il a, pourquoi ne pas plus détailler le "bout de métal" et prendre plus de temps pour expliquer comment le bras se transforme vu que c'est pas forcément courant (en tout cas en Suisse ;-) ).
Est-ce que le vieux dresseur de chien était triste en pensant à la mort de sa femme ? Tu peux peut-être profiter de ce flash-back pour dépeindre des émotions, mettre un peu plus de dramatique histoire qu'on s'attache plus à cet homme (et donc que sa mort nous pince le coeur)...
Vivement la suite !
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MessageSujet: Re: Mémoire d'ombres   Mémoire d'ombres EmptyDim 8 Jan 2006 - 21:06

Merci, Enok, de tes encouragements, ainsi que de tes remarques, dont je vais tenir compte.
Pour le bout de métal, la description vague est volontaire : c'est un objet qui reviendra plus tard. Et là, je garantis une description détaillée ! Ici, l'objet est décrit du point de vue de Bernard Maurrat, qui ne fait que l'apercevoir ! Mais tu n'as pas tort : je vais peut-être donner un détail en plus...
Le mot mobile, je vais le changer...
Sinon, je vais me pencher sur le flash back...

Autre chose ! Pour les références, je n'ai nullement pensé à Terreur, que je n'ai pas lu. Je me suis inspiré de La Mémoire dans la peau, de XIII... et je préfère ne pas dévoiler de quelle autre célèbre histoire je m'inspire encore ! C'est la surprise !
Donc, je vais réécrire le deuxième épisode...


Dernière édition par le Lun 9 Jan 2006 - 23:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mémoire d'ombres   Mémoire d'ombres EmptyDim 8 Jan 2006 - 22:32

J'ai modifié le deuxième épisode en tenant compte de tes critiques, Enok.
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MessageSujet: Re: Mémoire d'ombres   Mémoire d'ombres EmptyLun 9 Jan 2006 - 0:01

Hôpital Bichat


"_ Très bien, monsieur !" félicita Jean-Philippe, le kiné.
Le patient sans nom et sans mémoire, agrippé à deux rampes métalliques, venait de parcourir un long tapis de caoutchouc dans les deux sens.
"_ Pas trop fatigué ? demanda Jean-Philippe, un grand sourire aux lèvres.
_ Non.
_ Super ! Aujourd'hui, on va oublier le fauteuil roulant et passer aux béquilles. Ca vous va ?
_ Oui.
_ Entendu ! Faut juste que j'aille vous chercher une paire de béquilles. Je vous aide à vous asseoir..."
L'homme secoua la tête. Il lâcha les rampes, chancela jusqu'au fauteuil et s'y laissa tomber.
Jean-Philippe resta quelques instants la bouche ouverte de stupeur et incapable d'articuler le moindre mot.
"_ Vous alors... Attendez-moi là, je reviens."
Il quitta le gymnase, où l'homme put voir des patients nettement plus amochés que lui se reconstruire péniblement sur d'autres appareils : cette vieille arthritique qui tentait de saisir de ses mains déformées des objets sur une table et de les ajuster dans des trous, ce cul-de-jatte qui, le bas du tronc enfermé dans une gaine, se hissait à la seule force de ses deux bras sur une échelle, puis redescendit, s'appuya sur ses deux bras pour se déplacer par saccades vers...
Tout à coup, son esprit mêla le cul-de-jatte à la réminiscence d'un souvenir... Le type, au lieu de se déplacer par saccades, glissait, toujours en s'aidant de ses bras, qui n'étaient plus longs comme ceux d'un humain, mais bien plus longs, et aussi bien plus maigres, terminés par des mains griffues, et son corps était long, démesurément long, grotesquement long, comme celui d'un anaconda, mais aussi large qu'un humain, non, plus large. Les vêtements et la peau disparurent, remplacés par une fourrure noire dont émergeaient des nageoires, de nombreuses nageoires qui semblaient de pierre.
L'apparition se tourna vers lui. Il put alors voir les yeux d'un jaune vif, dénués de prunelles, aux pupilles verticales. Il put aussi voir que le nez se résumait à une seule narine creusée dans un visage dépourvu de poils, un visage à la peau de requin.
Il vit la gueule de cette bête immonde s'ouvrir, révélant deux mâchoires garnies de nombreuses rangées de crocs pressés les uns contre les autres. Une langue fourchue sortit, avide, avide de chair et de sang.
"_ Et voilà !" chanta une voix derrière son dos.
Il sursauta.
"_ Pardon ! s'excusa Jean-Philippe. Je voulais pas vous faire peur."
L'homme-serpent-requin aux nageoires de pierre avait disparu.
"_ C'est Cyrille, expliqua Jean-Philippe en désignant le cul-de-jatte qui quittait le gymnase. Il a eu un grave accident de moto y a quelques mois. Fichu en l'air par un camion sur les extérieurs ! Il a fallu l'amputer des deux jambes. Depuis, il apprend à vivre avec son handicap. Il est très courageux ! Si tous nos patients étaient comme lui... Vous voulez vous lever tout seul ?
_ Oui.
_ Parfait !"
Jean-Philippe tendit les béquilles à l'homme, qui les saisit, s'appuya dessus et se hissa pour se lever.
"_ N'hésitez pas à vous appuyer sur moi si vous faiblissez, d'accord ? On y va !"
L'homme suivit le kiné, qui était de taille à le porter sur son dos sans problème : c'était un grand brun bâti comme un roc. Lui-même avait pu se voir dans le grand miroir de la salle d'eau de sa chambre, mais assis sur le fauteuil roulant. Il avait vu son visage à la courte barbe et aux courts cheveux bruns. A présent qu'il tenait debout, il put voir qu'il dépassait Jean-Philippe d'une bonne tête.

La chambre. Sans aucune aide, l'homme s'installa dans son lit et posa les béquilles contre la table de chevet.
"_ Parfait ! félicita Jean-Philippe en posant une main cordiale sur son épaule. Vous récupérez bien !
_ J'espère pouvoir en dire autant pour ma mémoire.
_ Alors là, c'est le domaine du docteur Carpentier ! Allez, je vous laisse. Je crois que c'est Mathilde qui vous apporte votre déjeuner aujourd'hui. Belle plante, hein ? Et sacrée imagination, aussi ! Vous savez que quand on a établi que vous aviez aucune lésion, il paraît qu'elle s'est mise à sortir des histoires de lavage de cerveau, et d'expériences secrètes... Ca m'étonne pas d'elle ! C'est une toquée de thrillers, de bouquins d'épouvante... Elle pourrait en écrire ! Vous pourrez tout lui répéter, elle a assez d'humour pour bien le prendre ! Bon, allez... J'ai d'autres patients à voir ! Bonne journée !"
Jean-Philippe quitta la chambre, laissant l'homme seul avec de nombreuses questions qui tournaient dans sa cervelle sans souvenir.
Sauf le souvenir de cette hideuse bestiole que son esprit avait superposé à Cyrille le cul-de-jatte. D'où ça pouvait venir, un monstre pareil ?
Le plus troublant est qu'il n'en avait même pas eu peur, et pourtant, cette abomination avait faim. Faim de lui.
Il se concentra sur cette image terrifiante qui ne lui avait rien fait à la recherche d'un souvenir plus précis.
Mais rien ne vint.

La porte de sa chambre s'ouvrit. Sûrement son repas qui arrivait... D'une pression sur le bouton de la commande du lit, il redressa le haut du sommier et se retrouva assis.
Mathilde lui apportait un plateau chargé de deux assiettes couvertes, de couverts en plastique, d'un pot de yaourt et de serviettes en papier.
"_ Notre menu trois étoiles ! plaisanta-t-elle. Potage, purée et yaourt nature. Rien de plus solide tant que votre estomac n'aura pas repris l'habitude de travailler...
_ Ca me va."
Mathilde posa le plateau sur la table de chevet. Elle prit sur l'étagère en-dessous une tablette à quatre pieds qu'elle plaça au-dessus des cuisses de l'homme.
"_ Ca s'est bien passé, la rééducation ? demanda-t-elle en posant le plateau sur le support.
_ Oui.
_ Je vois que vous êtes déjà aux béquilles ! C'est bien, dites donc !"
Belle plante, hein ?
Très juste.
Et sacrée imagination !
"_ J'ai vu Cyrille au gymnase.
_ Oui ! Vous lui avez parlé ?
_ J'en ai pas eu l'occasion !
_ Vous verrez : on dirait même pas qu'il a souffert !
_ Il m'est arrivé quelque chose d'étrange..."
Il décrivit à Mathilde l'épisode troublant du gymnase. La fusion que son esprit avait opérée entre Cyrille et l'homme-serpent-requin velu.
"_ Et j'ai ressenti aucune peur, conclut-il. C'est pas ce qui m'inquiète le moins."
Les yeux bleus de Mathilde s'ouvrirent tous grands de stupeur.
"_ Vous voyez une bestiole pareille, elle a l'air de vouloir vous manger et ça vous effraie même pas ?
_ Y a autre chose... Hier, quand vous êtes entrée... J'ai tout de suite compris que vous me vouliez aucun mal.
_ Encore heureux ! rit Mathilde. Mon travail, c'est au contraire de vous faire du bien !
_ C'est pas ça. J'ai su que vous étiez amicale. J'ai rien entendu dans ma tête, j'ai eu aucun flash... J'ai juste... su que vous étiez amicale..."
Long silence.
Que Mathilde finit par rompre :
"_ J'ai tout de suite compris que vous étiez pas ordinaire... Pardon, je vais vous laisser manger. J'ai d'autres plateaux à servir... Je vais garder cette conversation pour moi, vous inquiétez pas ! Et pas un mot au docteur Carpentier ! Reposez-vous bien avant la séance de cet après-midi : ca risque d'être éprouvant !"
Mathilde quitta la chambre.
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Raphaël
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MessageSujet: Re: Mémoire d'ombres   Mémoire d'ombres EmptyMar 10 Jan 2006 - 0:37

"_ L'amnésie peut avoir deux causes, commença le docteur Denis Carpentier, un petit gros au crâne chauve entouré d'une couronne de cheveux bruns et rares. C'est toujours un choc, mais un choc qui peut avoir deux conséquences différentes. Première conséquence : la lésion des zones de la mémoire. C'est la mémoire elle-même qui est endommagée. Vous avez subi une IRM pendant votre coma, et il en ressort que votre mémoire est en parfait état. Si ça n'avait pas été le cas, je n'aurais rien pu faire pour vous. Deuxième conséquence, qui semble être votre cas : des liens avec la mémoire ont été endommagées. C'est là que j'interviens : je vais essayer de forcer la régénération de ces liens.
_ Comment vous allez vous y prendre ?"
Carpentier montra l'écran qui s'étalait devant l'homme.
"_ Je vais vous montrer des images complètement différentes. Vous allez me dire le plus précisément possible à quoi ça vous fait penser. Vous allez prendre votre temps, regarder chaque image dans ses moindres détails. Les liens avec la mémoire peuvent se reconstituer. Le cerveau est une mécanique étonnante ! Si une image vous rappelle quelque chose, votre cerveau va avoir envie d'en savoir davantage. Il va donc chercher à consulter la mémoire. Il va alors reconstituer un lien.
_ Je vois...
_ Je dois vous prévenir que ça peut être éprouvant.
_ L'infirmière me l'a dit...
_ Ah ! Mademoiselle Levreau... Nos patients l'aiment beaucoup ! Elle est un peu fantasque, mais très compétente. Elle vous paraît un peu superficielle comme ça, mais elle connaît très bien son travail, ne vous y fiez pas ! Les apparences sont trompeuses..."
Les apparences sont trompeuses...
Cette phrase résonna dans la tête de l'homme. Un souvenir enfoui dans un recoin de son cerveau se manifesta...
Comme ce matin dans le gymnase, son esprit superposa un souvenir étrange et vague à la réalité. Le docteur Denis Carpentier n'eut plus le visage de Denis Carpentier, mais un visage vieux, vieux de plus de cent ans, de plus de deux cents ans, de plus de cinq cents ans... Un visage strié de rides profondes, un crâne totalement chauve, une barbe démesurée d'un blanc immaculé. Des yeux perçants et aveugles, des yeux d'une couleur pâle, comme si une cataracte en voilait l'intérieur.
N'oubliez jamais que les apparences sont trompeuses ! énonça l'étrange vieillard aveugle mais pas aveugle.
"_ Monsieur ?"
Il sursauta. Carpentier était penché sur lui.
"_ Un souvenir qui est revenu ?
_ Il m'a échappé..." mentit l'homme.
Pas un mot au docteur Carpentier !
"_ Ca arrive... dit le médecin en haussant les épaules. Si jamais une image vous évoque quelque chose, il faut me l'énoncer. Le cerveau, en entendant votre voix énoncer le souvenir, va être stimulé. Comme je vous le disais, ces séances sont éprouvantes : ce sont souvent les souvenirs les plus terribles, pour ne pas dire les plus traumatisants, qui reviennent en premier. Mais sachez que c'est le prix à payer pour retrouver la mémoire !
_ On va faire avec..."
Carpentier fut surpris par un tel aplomb, mais n'en fit rien paraître.
"_ Etes-vous prêt ?
_ Quand vous voulez...
_ Bien ! Fixez l'écran..."

Carpentier alluma l'écran, le lecteur de DVD et éteignit la lumière.
Première image : un grand pavillon. D'anodines façades blanches. La porte du garage, d'un marron si commun. De très ordinaires fenêtres. Un tout petit jardin, banal.
"_ Ca me dit rien du tout... dit l'homme.
_ D'accord. La deuxième image, c'est la même maison, mais vue du fond du jardin arrière. Lorsque vous l'aurez vue, si elle vous évoque quelque chose, je reviendrai à la première image."
Deuxième image : la grande porte vitrée qui donnait sur le jardin. Un pommier chargé de fruits juteux. Une balançoire.
Et un souvenir s'y superposa...
"_ La balançoire... dit l'homme. Elle grince.
_ Vous êtes dessus ?
_ Non. Je... Je rentre de l'école. J'ai posé mon cartable dans ma chambre. Je suis surpris que la maison soit vide, alors, je cherche mes parents dans le jardin...
_ Quel âge avez-vous ?
_ Je... Je crois que j'ai douze ans... Je suis dans le jardin. Y a du vent, et la balançoire se balance toute seule et grince. Je me dirige vers une remise au fond du jardin. J'ouvre la porte de la remise et... Et... Non... Non !
_ Calmez-vous ! Que voyez-vous ?
_ Des bougies... Toutes allumées... On dirait une forêt de petites flammes ! Nooon !
_ Que voyez-vous d'autre ?
_ Une femme... sanglota l'homme comme un enfant qui se réveillait d'un cauchemar. Elle est.... Elle est morte... Elle est... Elle est... Elle est crucifiée sur le mur de la remise... Les flammes des bougies font bouger son ombre... Comme si elle était encore vivante !
_ Cette femme... C'est votre mère, n'est-ce pas ?"
Denis espéra de tout coeur que non, que ce n'était qu'un cauchemar. Mais la réponse fut un hurlement de désespoir :
"_ Oui ! C'est ma mère !"
Denis ralluma la lumière et éteignit l'écran et le lecteur.
"_ Ca suffit pour aujourd'hui ! Je suis désolé !"
L'homme ne recouvra que lentement son calme.
"_ Un crime rituel... Ma mère a été victime d'un crime rituel...
_ Est-ce que l'assassin a été retrouvé ?
_ Je... Je sais pas...
_ Je vous jure que je n'aurais jamais cru éveiller un souvenir aussi horrible... Je suis désolé ! Vous allez regagner votre chambre."
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