LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 La mort en ligne

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Raphaël
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Raphaël


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MessageSujet: La mort en ligne   La mort en ligne EmptySam 21 Jan 2006 - 23:46

Pour Florent Pasquier, ce n'était qu'un surf comme tant d'autres : consultation de ses E-Mails, un site de blagues pour renouveler son répertoire, un site d'infos sur le high tech pour se tenir au courant des derniers progrès de l'informatique, deux ou trois forums, quelques parties de Warcraft et quelques vidéos en ligne bien sexy (on se distrayait comme on pouvait quand on vivait seul). Il ne pouvait pas se douter qu'un beau jour, ses voisins sentiraient une odeur épouvantable sur le palier et se rappelleraient brusquement qu'ils ne l'avaient pas vu depuis... depuis quand, déjà ? Mais c'est vrai, ça ! On ne le voyait plus ! Craignant le pire, ils appelleraient Police Secours. Sa porte serait défoncée et son cadavre serait découvert allongé près de son PC. Il ne serait plus qu'un élément supplémentaire d'un dossier sur lequel la police enquêtait depuis déjà plusieurs semaines : l'Affaire des Ordinateurs Cannibales, un nom ridicule qui désignait une affaire incompréhensible.

En général, on avait une vie en dehors du boulot. Florent avait plutôt un boulot en dehors de sa vie. Il exerçait une profession qu'il détestait au plus haut point : banquier. Pourquoi l'avait-il choisie, au fait ? Eh oui ! Le plus fort, c'était qu'il l'avait choisie ! La crainte du chômage l'avait poussé à suivre cette voie, qu'il estimait comme sûre. Il sortait alors du lycée et se fichait bien de se retrouver avec un travail inintéressant ! C'était mieux que le chômage, non ? Aujourd'hui, à vingt-huit ans dont cinq au service de sa banque, il en doutait... Qu'avait-il fait, à part apprendre des numéros de compte par coeur et proposer aux clients des offres aussi coûteuses qu'inutiles ? En chercnant bien, il arrivait à trouver des activités fort intéressantes : passer des coups de fil aux clients en situation de découvert, bloquer des cartes bleues pour empêcher le découvert en question de s'accroître... Bon, d'accord, Florent gagnait correctement sa vie. Mais quelle vie gagnait-il exactement ?
Une fois rentré du travail, c'était autre chose. Chacun son truc pour se détendre : les uns se faisaient couler un bain chaud, d'autres allumaient la télé, d'autres cuisinaient... Florent, lui, n'avait qu'une douche à la plomberie capricieuse pour se laver (banquier en province permettait d'accéder à un niveau de vie correct, mais il était à Paris), supportait mal la télé (les programmes chutaient tous les ans) et ne savait presque rien en cuisine (il savait cuire des pâtes, mais c'était à peu près tout). Après un rapide repas, il allumait son unique loisir : le PC. Et c'était parti pour un bon surf !

Le dernier soir de la vie de Florent Pasquier ressemblait à tous les autres. Après une journée à s'ennuyer à cent sous l'heure dans son petit bureau de la banque, il regagna son studio. Il se déchaussa, ôta sa veste et sa cravate qu'il suspendit à un ceintre dans son placard et se lança dans la préparation d'un de ces dîners vite faits bien faits dont il avait le secret. Ce soir, il aurait le plaisir de manger une de ses spécialités, préparée avec amour : un Cassoulet William Saurin. Une part dans la casserole, faire cuire à feu doux en remuant de temps en temps.
Pendant que le cassoulet cuisait, Florent mangea deux tartines de rillettes. C'était presque prêt... Encore un peu de patience... Ah ! Ca y était. Il vida la casserole dans son assiette et mangea. Un yaourt termina son festin.
Et maintenant, le PC. Le seul vrai compagnon de Florent, dont les amis étaient restés dans sa campagne poitevine natale et avec lesquels il ne communiquait que par chat ou téléphone. Sans parler de la copine, qui, pour l'instant, n'existait pas encore. Bientôt la petite Angélique, qui travaillait à l'accueil. Elle était mignonne, quand même ! Contrairement à lui, qui souffrait de quelques kilos en trop (ce qui serait impossible à deviner sur son cadavre, qui n'aurait plus que la peau et les os). Bah ! Il se jetterait à l'eau, elle lui dirait oui ou non, et puis voilà !
Florent lança son navigateur. Sa page d'accueil ne tarda pas à s'afficher.
Bonjour, Florent Pasquier. Vous avez un message.
Par peur des virus, Florent n'utilisait aucun logiciel de messagerie, qui aurait sauvegardé le message sur le disque dur, donc infiltré un programme malveillant... Il n'était pas parano, mais avait entendu et lu trop d'histoires de mails suspects... Il préférait utiliser la page Messagerie de son portail. Il cliqua donc sur le lien Messagerie. Un E-Mail l'attendait. L'E-Mail qui lui serait fatal...

(à suivre)


Dernière édition par le Sam 25 Fév 2006 - 20:54, édité 1 fois
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Raphaël
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MessageSujet: Re: La mort en ligne   La mort en ligne EmptyLun 23 Jan 2006 - 1:25

Un nouveau jeu en ligne ! Tel était le sujet du mail.
Florent l'ouvrit. Le texte fut les dernières lignes qu'il lut dans sa vie :
Spirit of Justice est un jeu révolutionnaire ! Jeu de rôle, jeu de stratégie... Spirit of Justice est tout cela à la fois ! Vous y créez votre propre univers en quelques clics et à l'époque que vous voulez ! Futur, Moyen-Âge... De nombreux adeptes vous attendent déjà ! Oserez-vous affronter nos champions ?
Cliquez ici
, concluait un lien tentateur.
Ce message eut le mérite de lui faire prendre conscience qu'il se lassait de Warcraft, dont il était un champion ! N'était-ce pas le moment de tenter autre chose ? Bien sûr que si !
Florent cliqua sur le lien. La barre d'adresse se remplit d'un http://www.spirit-of-justice.com. En regardant les diverses indications du navigateur, Florent se rappela qu'il faudrait essayer Firefox, un de ces jours :: on disait que c'était plus convivial et plus efficace...
Enfin, la page arriva.
Bienvenue sur le site SPIRIT OF JUSTICE. Montez le son à votre convenance, puis cliquez, lui ordonnait un texte.
Florent tourna le potentiomètre des enceintes de son PC. Après le traditionnel pouc qui lui faisait à chaque fois craindre le pire pour les bafles, le son était opérationnel.
Il cliqua. La suite se chargea plutôt vite.
Un écran blanc ? Qu'est-ce que c'est que ce....
Les enceintes diffusèrent une musique étrange. Un son, unique. Un son qui fluctuait comme la voix d'un chanteur hindou. Mais ce n'était pas une voix humaine. C'était un mélange de sons : crissement, bruit de réacteur, respiration râlante d'un agonisant... Et ce magma étrange de sons tendait vers l'un ou vers l'autre au gré de très lentes et incompréhensibles fluctuations.
Dans le même temps, le blanc vira très lentement au bleu. Bleu qui devint de plus en plus foncé. De plus en plus foncé. Jusqu'au noir. Qui s'éclaircit, s'éclaircit, devint violacé, puis vira au rouge. Rouge qui devint orange. Orange qui devint jaune. Jaune qui pâlit lentement vers le blanc.
Les couleurs ne cessèrent de se succéder entre le blanc et le noir. Toujours par une lente progression chromatique.
La présentation du jeu, sans doute. Mouais... Ils ne s'étaient pas foulés !
Bon ! Quand est-ce que je m'inscris, moi ?
Une ligne noire scinda en deux l'écran aux couleurs mouvantes. Ligne noire qui s'encadra de deux lignes jaunes. Qui s'encadrèrent de deux lignes rouges. Puis vinrent deux lignes vertes.
Devant les yeux fascinés de Florent se forma bientôt une ellipse multicolore, tel un arc-en-ciel aux très fines lignes. Qui rétrécit lentement jusqu'à sa disparition complète. Vinrent d'autres lignes aux multiples couleurs, qui formèrent à leur tour une ellipse. Qui disparut lentement.
Par-dessus le fond aux couleurs mouvantes, par-dessus l'ellipse qui grandissait et rétrécissait comme une respiration chromatique, des cercles aux couleurs translucides apparurent. Totalement anarchiques, ils se montraient n'importe où sur l'écran, sans la moindre régularité de rapidité, ni de taille. Certains disparaissaient, laissaient leur place à d'autres...
Je sens que je vais zapper ! C'est de l'arnaque, ce truc !
Mais il ne pouvait se détacher de la présentation du jeu. C'était quoi comme jeu, déjà ? Ah bon, c'était un jeu ? Comment avait-il atterri ici, au fait ?
Tu vas mourir, Florent Pasquier
Florent sursauta. La voix sortait... des enceintes. Elle n'était qu'un chuchotement. Un chuchotement parfaitement distinct par-dessus le magma de sons étranges qui fluctuaient sans cesse.
Tu vas mourir, Florent Pasquier
Non !

Terrifié, il voulut arrêter ce flot d'images et de sons, il voulut fermer le navigateur, mais sa main, plus lourde que du plomb, refusa de bouger la souris.
L'image sembla se creuser, se creuser comme un tunnel, et ce tunnel plongeait. Florent eut l'impression d'avancer dans ce tunnel aux couleurs chatoyantes et sombres, vives et mortes, dans cet arc-en-ciel de cauchemar où l'ellipse ne cessait de respirer, où les cercles anarchiques apparaissaient.
Descend vers ta mort, Florent Pasquier. Laisse-toi glisser vers ta mort !
Il ne protestait plus. Il avait réalisé depuis un moment qu'il n'en avait plus rien à faire, de mourir. Célibataire, avec pour tout objectif la conquête d'Angélique, qui ne voudrait sûrement pas de lui, ni de sa grosse bedaine. Un boulot qu'il exécrait. Et si c'était ça, la solution ? La mort au bout de ce tunnel...
Tu ne l'aimes pas, ce travail à la banque... Je le sais, Florent Pasquier !
Comment la voix pouvait-elle savoir qu'il travaiallait à la banque et qu'il détestait ça ? Il se montrait toujours aimable avec les clients et sympa avec les collègues. Sa famille et ses amis étaient bien les seuls à savoir qu'il avait choisi ce boulot par prudence et qu'il le détestait ! Alors, cette voix, comment pouvait-elle savoir ?
Il s'en fichait. Il s'en fichait royalement. Ca lui importait à peu près autant que la perspective de mourir.
Le tunnel défilait, défilait... Enfin, une image s'agrandit. Une pièce qu'il lui semblait bien connaître. Ces quatre murs blancs... Ce lit recouvert d'une couette rouge décorée d'idéogrammes chinois noirs... Ce bureau... Cette chaise...
C'est mon studio, ça !
Bien sûr que c'est ton studio ! La pièce où tu vas finir tes jours... Et maintenant, regarde-moi...

"_ Mais... Où êtes-vous ?"
Une silhouette aux contours fantômatiques apparut sur la chaise. Elle devint de plus en plus nette.
C'était bien lui. Lui, Florent Pasquier, le banquier qui ne voulait pas être banquier, le jeune homme qui avait raté sa vie...
Et son image se rapprocha, et lui fit face.
Es-tu prêt à mourir ?
"_ Oui !" répondit Florent sans hésiter.
Et son image se rapprocha encore. Et l'écran se dilata, se déforma, adopta les contours de son visage, adopta les contours de ses mains. Les mains de verre se tendirent, touchèrent son front. Le visage de verre lui sourit, tel un carnassier souriait à sa proie sur le point d'être dévorée.
Toute chaleur sembla soudaint quitter le corps de Florent. Il eut l'impression atroce qu'il se vidait, que sa substance était aspirée. Et son image de verre riait, riait... Ricanait.
Tout devint de plus en plus flou. Il n'y eut bientôt plus que du noir.
Le son mouvant que chantaient les enceintes diminua, diminua. Il n'y eut plus aucun bruit.
Aveugle et sourd, Florent laissait cette chose qui n'avait été qu'un PC, qui avait été son cher PC, s'emparer de sa substance. Il sentit son ventre diminuer de volume. Il sentit sa chair s'évapoter de ses os. Et il s'en fichait.
Il n'avait même pas conscience de son ventre creux, de son squelette saillant.
La chose-ordinateur reprit sa forme originelle. Le pointeur, sans aucune aide, se dirigea vers la petite croix blanche sur fond rouge qui fermait le navigateur. Puis il cliqua sur le bouton Démarrer, sur Arrêter l'ordinateur, puis sur Arrêter.
Florent Pasquier ne vit pas un seul de ses phénomènes. Il était aveugle. Il était sourd.
Il était mort. Et son cadavre, si maigre qu'il semblait privé de toute chair, tomba de la chaise.

FIN
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Leg
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MessageSujet: Re: La mort en ligne   La mort en ligne EmptyVen 24 Fév 2006 - 21:21

Oulah... j'adore ton jeu. byebye
C'est très très bien écrit et surtout la fin est effrayante. Mais ce que je n'arrive tout de même pas à comprendre, c'est justement la fin. On ne comprend pas le but de ce jeu. Pourquoi il tue. Pourquoi le courrier electronique était venu chez ton héros à lui tout seul.
Tu aurais du faire comme le truc de The Ring. Tout le monde croit que c'est un canular de lycéen, et que ce courier que tout le monde recoit n'est en fait qu'une mauvaise blague pour faire peur et le héros se dit que c'est pas ca qui allait l'empecher d'ouvrir la fenêtre du jeu.
Et comme le même film, tu aurais pu trouver la raison de l'charnement du jeu sur les gens.
Bon, mais pour le style, tu sais ce que j'en pense.
Salut
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Raphaël
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MessageSujet: Re: La mort en ligne   La mort en ligne EmptySam 25 Fév 2006 - 20:50

C'était la première fois que je faisais aussi court, je l'avoue...
J'aimerais y inclure tout ce que tu suggères, mais... ça s'appelle un roman, plus une nouvelle ! La vraie nouvelle n'est que plus ou moins achevée...
Je me rappelle une prof de français qui, pour expliquer la différence entre la nouvelle et le roman, se basait sur Une vie de Maupassant : "Comme c'est un roman, il raconte toute la vie de l'héroïne. Si c'était une nouvelle, il n'y aurait qu'un épisode de sa vie : sa naissance, sa mort, son premier amour...". Du fait de sa longueur réduite, la nouvelle ne peut raconter qu'un fragment d'histoire.
Remarque... Après tout, je peux au moins inclure le but de ce malfaisant logiciel... Elle mérite d'être un peu repensée, c'est vrai.
Pour ce qui est de venir dans la boîte E-Mail du héros uniquement... On n'en sait rien, après tout ! D'autres l'ont peut-être reçu ! Mais voilà que je me rends compte que je peux préciser ce fait en une phrase ou deux...
Bon, je me penche sur Le Bonhomme Hiver. Mais d'abord, je vais peut-être rééditer celle-ci...
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