LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 hommage (maladroit)

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edd
Goule affamée
Goule affamée



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MessageSujet: hommage (maladroit)   hommage (maladroit) EmptyMer 8 Fév 2006 - 15:55

Par kévin polez

L'homme était penché sur son bureau, un stylo à la main. Il semblait vieux. Cheveux gris et rare. Sa main courait le long de la feuille, l'emplissant progressivement de son écriture, sautant à la ligne, tapant ses ponctuations, pour repartir de plus bel à l'assaut de la page blanche.

Il faut que je m'en libère. Le poids est trop lourd. J'espère que le fait de coucher sur le papier l'horreur dont j'ai été le malheureux témoin me permettra de retrouver le sommeil. Depuis ces événements maudits, je ne dort plus. Dés que je ferme les yeux, je revois les images monstrueuses sortie de l'esprit malade d'un vieil écrivain oublié. Il m'est impossible de décrire les paysages qui assaillent mon subconscient, ils transgressent toutes les règles de la physique et seule une imagination morbide et corrompue serait capable d'appréhender de telles impossibilités scientifiques. Je donnerai tout ce que je possède pour n'avoir jamais vécu ces horreurs. Mais je ne peux pas revenir en arrière.

L'homme releva la tête. Il ferma les yeux et passa sa main dans ses cheveux. Il alluma une cigarette, et aspira la fumée avec une satisfaction évidente. Il observa le mur en face de lui. Dans l'espoir d'y trouver l'inspiration ?

Tout a commencé lors de ma dernière année d'étude à l'université de Buenos Air. J'étudiai la littérature, me destinant à une carrière d'écrivain. A l'époque, je menait une vie mouvementée au sein d'un squat artistique. Il y avait de tout. Des sculpteurs, des peintres, des poètes. Nous tentions de libérer notre imagination et d'explorer de nouveaux territoires. Nous menions une vie décadente, refusant de construire nos relations sur les bases solides établies par la société. J'ai honte de l'avouer, mais il faut que vous compreniez. Nous nous droguions, et la musique lancinante que nous inventions nous entraînait dans des orgies ou se mêlaient hommes et femmes. La sécurité des barrières naturelles qui empêche les hommes et les femmes de commettre tous les pêchés de la chair avait disparue. Comme je regrette de mettre laissé entraîné dans cette folie.
Alors que nous nous enfoncions de plus en plus dans cette décadence, je me rendit compte que mes rêves commençaient à être affecté par quelque chose. Les lambeaux que j'en conservais étaient dérangeant. Je me réveillais fréquemment tout en sueur, tremblant de la tête aux pieds, après avoir subit un rêve particulièrement horrible. A l'époque, je mettais ces troubles oniriques sur le compte de la drogue. Mais après maintes et maintes réflexions, je pense maintenant que quelque chose était en train de se produire.


C'était un tableau étrange. Il était accroché en face du vieillard, juste au dessus de son bureau. C'était un tableau dans la veine de ceux que l'on oublie difficilement. Qui nous marque d'une étrange manière, sans que l'on sache ce qui, du sujet, du style, ou de la couleur, nous donne cette impression. Ce tableau était de ceux là. Et l'impression qu'il distillait était la peur. L'effroi.

Le premier rêve qui me marqua, tant par l'impression de réalisme que par l'immense frayeur qu'il me causa, était la vision d'une citée tellement ancienne que si jamais un archéologue devait en retrouver les ruines, la totalité de nos connaissances pré-historiques devrait être remise en cause car cela supposerai l'existence d'une civilisation antique prè-humaine.
Dans mon rêve, je me trouvais sur une place de marbre, au centre d'un hémisphère composé de fines tours s'élançant vers un ciel gris zébré de bleu. Derrière ces tours, je devinais plus que je ne distinguait la présence d'une multitude de constructions de toutes formes, formant un aggloméra monstrueux et gigantesque, emplissant certainement toute la plaine alentour. Chacune des plaques de marbres qui recouvrait le sol était ornementées de symboles kabbalistiques défiant la compréhension humaine. Au centre de cette place se trouvait une fontaine asséché depuis des temps immémoriaux. Alors que j'observai ces constructions, j'acquis l'intime conviction que ce que je contemplai avait existé alors que les premiers hommes en était encore à tenter de se démarquer des autres mammifères dans les forêts primitives de ce qui est maintenant le continent africain. J'attendais donc à côté de cette fontaine, lorsque je remarquai qu'une complainte bourdonnante s'élevait des profondeurs de la terre, de plus en plus forte et insistante. Ce bruit, je ne peux me résoudre à qualifier cela de musique même si par certains côtés il existait une sorte de plan ordonnant les différents sons, était si étrange que je ressenti aussitôt une frayeur intense lorsque j'essayai de déterminer ce qui en était à l'origine. Encore aujourd'hui je n'ose imaginer quelle sorte d'instrument démoniaque était capable de créer un son si étrange à l'humanité.
Il va s'en dire qu'a mon réveil, l'incohérence de telles suppositions me fit rejeter immédiatement la possibilité que ce rêve se basait sur une quelconque donnée réelle et scientifique. Cela ne pouvait qu'être que la conséquence des drogues dont j'étais, à l'époque, totalement imprégné. Je n'y ait donc guère prêté attention, me contentant d'en reprendre certains éléments marquants dans mes créations littéraires. Fort heureusement, toutes ont été détruite aujourd'hui.


La cafetière renifla bruyamment, et laissa tomber quelques gouttes supplémentaires de caféine dans le breuvage bouillant. Le vieil homme s'en servi une tasse, sirota une petite gorgé, et la reposa à côté de son briquet.

Je refit ce rêve plusieurs nuits de suites, me réveillant toujours paniqué, l'étrange musique résonnant encore dans mes oreilles.
Je pense avoir pris réellement conscience de la bizarrerie de mes incursions oniriques lorsque Mathias Aldougth, l'un des peintres de notre communauté, un jeune homme talentueux quoique non conformiste, me présenta ses dernières toiles. Il y avait représenté l'hémicycle de mon rêve, avec ses tours d'onyx, la fontaine asséchée au centre, le tout surmonté d'un ciel extrêmement bas et pesant. Derrière les nuages on distinguait les contours d'une immense construction que je qualifierai de palais. De la grande porte, une étrange procession de petits êtres tordus et pathétiques descendait en direction de la citée.
Cette toile me fit dresser les cheveux sur la tête. Je m'enfuis sans donner d'explication et parcouru le quartier pendant de longues heures afin de reprendre mes esprits.
Il ne faisait aucun doute que Mathias avait peint le paysage qui hantait mes rêves. Il avait réussit, par un inexplicable effet, à peindre les tours à la géométrie non euclidienne.
Quelque chose était entrain de se passer. La toile de Mathias. La musique. Nos


l'homme fit une pause.

orgies. Tout cela était liés. Un chose monstrueuse se tenait, là, tapie à l'ombre de notre inconscient collectif, et se tenait prêt à bondir pour s'emparer de nous.
Alors que mes compagnons semblaient prendre de plus en plus de plaisir à rester dans cette ignoble décadence, je ressentais un besoin profond de m'en écarter. Ce jour là, je leur ai annoncé que je quittais le squat, pour m'installer ailleurs, dans un endroit plus propice à mon inspiration. Ce n'était qu'une excuse inventée dans l'instant, mais elle c'est révélée fort pratique pour faire accepter ce brusque changement dans mon attitude. J'ai loué une chambre à quelques pas de là, chez une vieille dame trop heureuse d'avoir un jeune homme pour compagnie. D'autant plus que ce jeune homme était un artiste. Et j'ai commencé à effectuer des recherches dans le domaine des rêves pour tenter de comprendre ce qui était en train de se passer dans mon ancien squat. J'ai mis longtemps pour trouver une explication. Pendant trois mois, j'ai littéralement fouillé tous les rayons de la bibliothèque de Buenos Air, lisant tout ce qui, de près ou de loin, pouvait avoir un rapport avec cette citée onirique. Mes études littéraires me semblaient de plus en plus lointaines, comme appartenant à un passé qui n'était plus mien. Pendant cette période, j'ai rencontré Mathias à plusieurs reprises. Une fois au hasard de mes promenades, où il m'avait paru fort inquiet, n'ayant pas dormis depuis plusieurs nuit, physiquement marqué et épuisé. La seconde et dernière fois ou je l'ai vu, c'était à l'occasion d'une exposition de ses toiles, dans une petite galerie réputée pour ses audaces. Y était exposé toute une série de toiles représentant la citée effrayante. Cette exposition en a choqué plus d'un, et ferma ces portes après seulement deux jours. Mathias était très agité. Il avait les yeux brûlant de fièvre et alors que nous nous retrouvions seul devant l'une de ses toiles il me confia son secret; Ce n'est pas moi qui peint, me dit-il ... Je n'ai aucun souvenir de ses toiles. Lorsque je me réveille, elles sont là. Les autres disent que je le fais en dormant, mais c'est impossible ! personne ne peut peindre ça en dormant !
Cette déclaration me donna la motivation pour continuer mes recherches. Je n'étais pas le seul à avoir rêvé. Et c'était dangereux.
Quelques semaines après l'exposition de Mathias, je trouvais enfin la solution. Pas dans les rayons scientifiques, pas dans celui des sciences occultes. Mais dans ceux de science fiction. Un écrivain américain, du nom de Lovecraft, écrivait, si l'on en croyait ses biographies, les souvenirs de ses rêves. La lecture de ses histoires me terrifia. Mais je pu enfin définir ce lieu qui hante toujours mon sommeil. Il s'agissait de l'une des citée-prison des grands anciens, des dieux monstrueux bannis par des déités encore plus ancienne. Il y dorment et rêvent, attendant leur retour dans l'espoir de régner un jour sur la terre. Lovecraft était tourmenté, jusqu'à sa mort, survenue étrangement relativement tôt. Un écrivain bizarre, avec un style horriblement peu esthétique. Mais le mythe (si mythe il y a) qu'il utilise dans ses nouvelles fait indéniablement échos à mes rêves. Et le fait qu'il était lui aussi un rêveur, comme moi-même, et comme Mathias, m'épouvanta. Que faisions nous donc ? je poursuivi mes recherche avec encore plus d'assiduité et appris l'existence des disciples de Lovecraft. Une bande d'écrivains qui s'ingéniaient à faire publier ces histoires monstrueuses. Ils avaient même monté une maison d'édition spécialement pour cela. Et ils diffusaient le message de leur maître. A ce rythme là, d'ici peut de temps, la sombre citée onirique serait connu de tous. Et que se passerait-il alors ? Si tous, caché derrière la justification de la fiction, avions dans notre imaginaire la description des grands anciens ? Serions nous tous réduit à l'état de rêveur, donnant une consistance a ce qui jusqu'à présent tenait du mythe fragile ? Il ne fallait pas que ces histoires se répandent ! Il fallait stopper cette diffusion diabolique. Sans les rêveurs pour redonner vie aux grands anciens, sans les rêveurs pour briser les sceaux antiques, tout se terminerait dans l'oubli salvateur. J'ai réfléchi longuement à cette question et quelques jours plus tard je me décidai à agir. Autant commencer par ce qui était proche de moi. Voici donc ma confession. L'incendie qui ravagea une grande partie de la bibliothèque de Buenos Air, et l'incendie qui dévasta le squat d'artiste, c'était moi. Il y a eu des morts. Mais c'était pour l'humanité. Pour le Bien. Les ouvrages maudits était détruits. Les rêveurs aussi.
J'ai passé tout le restant de ma vie depuis ces événements a rechercher tous les signes de l'existence d'autres rêveurs qui permettaient, à travers leurs imagination malade, au mythe de subsister. J'ai détruit des bibliothèques, tué des écrivains de sang-froid. Tout cela pour le Bien. Je pensais qu'en supprimant les rêveurs à l'origine de l'intrusion du mythe dans notre monde, j'arriverai a bloquer toutes les "portes d'entrées” de ce mythe. J'ai voyagé à travers les cinq continents, rencontré des artistes de toutes sortes et tous, dans leurs rêves débridés avaient apportés leur pierre à l'édification du mythe. J'ai supprimé ces rêveurs blasphématoires, j'ai brûler leurs oeuvres heureusement trop dérangeante pour qu'un quelconque éditeur ai eu un jour l'envie de les diffuser. J'ai brûlé des livres, des peintures, détruit des sculptures. J'ai parcouru le monde à la recherche des blasphémateurs. J'aurai du le remarquer à l'époque, mais au fur et à mesure que les rêveurs disparaissaient, mes propres rêves devenaient de plus en plus puissants et dérangeants. Je m'en rend compte aujourd'hui, mais j'étais et je suis toujours l'un de ses rêveurs. Je suis le dernier maintenant et personne d'autre que moi ne peut, à présent, donner accès à notre monde aux abominations du mythe. Il n'y a que moi qui puisse à jamais détruire le mythe. Mais le doute me taraude. N'ai je pas supprimé les geôliers de ces choses impures au lieu d'en supprimer l'essence ? N'ai-je pas enlevé un à un les barreaux retenant ces horreurs ? Je ne veux pas connaître les conséquences de mes actes. Je suis le dernier. Ai-je raison ou tort ? peu importe. Que le mythe s'éteigne ou que sa dernière chaîne ne disparaisse peu m'importe, je ne serais plus là pour observer les conséquences de mes actes. Il est temps que cela cesse. Je suis à bout.


Le vieil homme posa son stylo. Il se saisi de son briquet et de son autre main, pris les feuillets qu'il venait de noircir. La flamme s'empara du papier, et tout disparu dans une pluie de cendre.
Il ouvrit le premier tiroir de son bureau en en sortit un revolver. Il appliqua le canon sur sa tempe. Personne n'entendit la détonation.
Plusieurs jours après, on découvrit le corps. Le suicide fut vite prononcé, et le tableau, signé d'un certain Mathias Aldougth, fut offert à une galerie d'art. Il fut exposé quelques temps et marqua les esprits.
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MessageSujet: Re: hommage (maladroit)   hommage (maladroit) EmptyVen 24 Sep 2010 - 11:21

Formidable, ce passage est génial :

Il faut que je m'en libère. Le poids est trop lourd. J'espère que le fait de coucher sur le papier l'horreur dont j'ai été le malheureux témoin me permettra de retrouver le sommeil. Depuis ces événements maudits, je ne dort plus. Dés que je ferme les yeux, je revois les images monstrueuses sortie de l'esprit malade d'un vieil écrivain oublié. Il m'est impossible de décrire les paysages qui assaillent mon subconscient, ils transgressent toutes les règles de la physique et seule une imagination morbide et corrompue serait capable d'appréhender de telles impossibilités scientifiques. Je donnerai tout ce que je possède pour n'avoir jamais vécu ces horreurs. Mais je ne peux pas revenir en arrière.

J'ose à peine lire la suite tellement j'ai peur d'être déçu après avoir lu quelque chose d'aussi génial. Je vais laisser reposer un peu et je continuerais sans doute une autre fois.

En tout cas, une chose est sure, je copie ça quelque part et je le réutiliserai sans doute un jour ou l'autre dans une de mes histoires, encore merci pour ces bons mots. Si toutefois tu lit ce message un jour.
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MessageSujet: Re: hommage (maladroit)   hommage (maladroit) EmptyVen 24 Sep 2010 - 20:45

Pikachu, quand même, t'es bizarre...
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Lestat
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MessageSujet: Re: hommage (maladroit)   hommage (maladroit) EmptyVen 24 Sep 2010 - 20:53

Mdr, en effet... hommage (maladroit) Icon_confused mais bon, d'un autre côté c'est Pika quoi...
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