LE MANOIR DU FANTASTIQUE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

LE MANOIR DU FANTASTIQUE

Inscrivez-vous, présentez-vous, Firmin prépare votre suite...
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

 

 Décembre

Aller en bas 
AuteurMessage
Emathuor
Vampire de campagne
Vampire de campagne
Emathuor


Nombre de messages : 232
Date Naissance : 23/12/90
Date d'inscription : 01/06/2005

Décembre Empty
MessageSujet: Décembre   Décembre EmptyVen 17 Fév 2006 - 22:43

Voici ma plus récente nouvelle, celle que j'ai proposé au fanzine local (nouvelles fantastiques). Je viens à peine de la terminer et je n'ai eu que très très peu de temps à y consacrer, donc elle n'est pas vraiment soigné et je n'ai pas eu le temps de la parfaire. Soyez indulgents dans vos commentaires, s'il vous plaît!



Décembre par Félix Gauthier



La fresque hivernale avait chassé l’automne de son puissant manteau blanc. Le visage coloré qu’était la nature arborait maintenant une blême physionomie, et s’hérissait d’arbres torturés dépourvus de toute parure. Le tableau automnal avait succombé à la morne simplicité de la saison morte, comme si un peintre mal inspiré avait retouché d’un pinceau vengeur la défunte magnificence d’une peinture perdue. Les gens avaient regagné leurs habitations, n’osant défier la morsure du froid qui avait empreint l’atmosphère de son souffle tranchant. Dans le petit village de Léos, vieille réserve amérindienne du nord québécois, les affres du silence planaient dans les rues enneigées. Parfois, une légère bourrasque venait crever le mutisme, remontait le col de la montagne au pied duquel dormaient les masures et allait se perdre dans les carcasses opaques des arbres. L’ambiance était des plus inquiétante. La nature avait perdu l’innocence que lui donnaient les horizons paradisiaques de la saison précédente, et sa facette la plus sombre se découvrait à présent sans pudeur aucune. La platitude de l’atmosphère se voulait cruelle, dépouillant les gens de toute assurance. Car au sein de Léos, cette saison avait une signification bien plus profonde…

La nuit annonçait son déclin. Dans le ciel, sa présence se faisait caverneuse, l’opacité de son voile regagnant peu à peu les horizons perdus d’une nuit déchue. Le jour remontait à la surface, s’émancipant de l’emprise nocturne, mais à Léos, cette conversion du temps n’avait rien de rassurant. Dans le village, le même silence irréel noyait l’atmosphère. Sans la présence de lumière qui perçait les carreaux des résidences, on aurait cru à un hameau abandonné. Mais il y avait un sens derrière tout ça. Une explication qui justifiait l’état actuel de la petite communauté. Les habitants attendaient. De la porte d’entrée jusqu’aux fenêtres les plus discrètes, tout avait été verrouillé à double tour. L’isolement général avait débuté il y avait quelques jours de cela. Lorsque l’hiver avait frappé aux murs de leur chaumière, toutes les familles s’étaient recueillies dans leurs habitations en barrant tout dans leur sillage. Les hommes avaient empoignés leur arme de chasse, les enfants s’étaient barricadés dans les endroits les plus sécuritaires et les femmes priaient le seigneur en attendant qu’il arrive. Lorsque la source de leurs inquiétudes franchirait l’enceinte de Léos, dans un antique chariot tiré par deux montures colossales, ils seraient prêt à se défendre du mieux qu’ils le pourraient. Car cette chose ne venait jamais en paix. L’hiver amorcée, elle se découvrait dans son grand manteau noir, se glissait avec un calme implacable jusqu’aux portes de certaines maisons et en ressortait la plupart du temps avec un butin humain. À chaque fois qu’une victime était sélectionnée par la « bête », elle n’opposait aucune résistance, comme hypnotisée par une puissance inexplicable. Elle s’abandonnait aux bras tendus de la créature qui s’efforçait de la traîner jusqu’à son chariot et se laissait finalement guider dans la montagne. Certains hommes avaient déjà tenté d’abattre le visiteur à l’aide d’un fusil, mais la balle s’était perdue dans l’intangibilité de sa silhouette, ne lui infligeant aucune blessure. Une poignée d’hommes s’était déjà proposée à partir à la recherche des disparus, mais n’était jamais revenue. Depuis ce temps, plus personne n’osait s’attaquer à elle. Les ouvrages mythologiques amérindiens leur conseillait d’ailleurs de ne pas s’en prendre aux entités d’outre monde, car le fait d’éveiller leur colère pourrait engendrer des répercussions encore plus abominables. Ainsi l’hiver devint pour Léos la pire des manifestations…

Aux fenêtres des demeures, le reflet de plusieurs visages inquiets démentait à présent l’allure fantôme qu’avait emprunté l’ancienne réserve aux cours des dernières journées. Les gens s’étaient précipités à leurs carreaux lorsqu’un puissant cri avait déchiré le silence du petit matin. La « bête » se présentait-elle déjà ?
L’horreur fut total lorsqu’ils assistèrent à la scène qui se déroulait quelques kilomètres plus loin, aux abords de la montagne enneigée. La vision risquait d’être insoutenable.


Le vieil homme avait gagné les versants de la montagne dès le levé du soleil. Au cours de son acheminement qui s’était avéré fastidieux à cause des conditions climatiques, il n’avait pas renoncé une seconde à rebrousser chemin. Pour lui, le choix ne s’imposait plus. L’hiver devait débarrasser le monde des hommes de ses vieux os craquants, et si cette action devenait bénéfique pour les siens, il mourrait honorablement devant les yeux de ceux qu’il épargnerait en cette année éprouvante. Son plan avait été prémédité bien avant la fin de l’automne. Dès qu’il eut pris sa décision, les bases en furent inébranlables. Bien sûr, il n’avait averti personne de ce suicide insensé, de peur d’être détourné de ses actes. Il avait maintes fois échappé au sommeil, trop tourmenté par la prévision de la scène dans laquelle il serait le principal acteur…et la triste victime. Au cours des semaines qui précédèrent son action, il écrit plusieurs lettres à ses proches dans le but de leur révéler la justification de ses actes, bien qu’il ne le crut pas nécessaire dans la mesure où le sens de son geste était très simple à interpréter : il se sacrifiait pour eux. Il se livrait de son propre gré à la « bête » en espérant que cela satisferait ses désirs, et qu’une partie de la population puisse s’éviter la mort. Il attiserait l’envie de la créature en pénétrant dans la forêt qui l’abritait, se laisserait guider jusqu’à sa tanière et attendrait qu’elle se délecte de son corps flasque. Car c’était ce à quoi il croyait. Il ne pouvait être autrement. Ce « monstre » venu d’outre espace devait sans doute se rassasier de corps humains à chaque hiver afin de subsister, ce qui expliquerait la disparition permanente des victimes. Se résoudre à cela était très dur à accepter, mais il en était prêt…quoiqu’il arrive.


Le vieillard avait perdu pied. Étendu dans la neige, il se permit un regard en arrière. Un dernier, avant qu’il ne soit à jamais entraîné dans l’antre du cocher maudit. Une centaine d’yeux était posé sur lui et attendait le dénouement de cette situation démentielle. Des regards apeurés, mais aussi hantés par une fascination irréfutable. Ils avaient compris. Leur reconnaissance était perceptible, mais se nuançait d’un puissant sentiment d’horreur. Il ne pu supporter davantage la vision de ses proches. Il s’y résigna, tournant à nouveau la tête en direction de la caravane qui venait de s’arrêter à sa hauteur. La panique le gagnait peu à peu. À quelques pieds seulement de son visage, les imposants sabots d’un étalon couleur d’ébène venaient de se poser. Lorsqu’un pied botté vint percuter le sol glacé, le vieil homme ne releva pas la tête. Il devait ménager sa crainte pour ne pas perdre ses esprits, et la simple vue de la créature pourrait coûter cher à sa raison. Il le savait parce qu’il l’avait déjà vue dans le passé. Ce souvenir remontait à une dizaine d’années déjà, mais son emprunte ne s’était toujours pas effacée. Alors qu’il rampait sur le plancher de sa maison pour aller récupérer l’arme de chasse qu’il avait laissée dans un hangar, il avait entendu des bruits à quelques mètres seulement de son habitation. Il s’était glissé sous sa fenêtre et, en prenant soin de dissimuler son visage derrière un rideau, s’était permit un regard à l’extérieur. Un personnage de noir vêtu se tenait sous la véranda voisine et flairait les environs. Il s’appuyait sur un long bâton blanc orné d’une grosse boule de cristal et semblait la sonder avec concentration. Il avait ensuite pénétré dans la maison du voisin et en était ressortit quelques minutes plus tard avec l’homme qui y habitait. Il l’avait ensuite entraîné dans sa caravane et était repartit en trombe par le chemin qui le mènerait aux montagnes. La vue de cet être indéfinissable l’avait profondément déstabilisé.

Lorsque la main de la créature se posa sur sa nuque, un souffle glacé infiltra son corps. Tous ses membres devinrent instantanément ankylosés par un froid insoutenable. L’homme avait encore conscience de ce qui se déroulait autour de lui mais n’avait plus aucune liberté de mouvement. On l’empoigna par le col, le souleva en l’entraîna à l’arrière d’une caravane à l’intérieur voilé par une épaisse toile de velours. Il fut déposé sur une banquette inconfortable et le chariot repartit en vitesse. Le vieillard s’abandonna au froid qui l’habitait, espérant mourir avant de connaître la cruauté de la chose. Bientôt, le paysage qui défilait à l’avant de la caravane devint flou, puis fut englouti par une noirceur totale.


La première chose qu’il vit lorsqu’il reprit connaissance fut un visage encapuchonné qui se penchait sur le sien. Un souffle brûlant s’en dégageait, une haleine putride qui lui donna la nausée. La créature l’empoigna avec fermeté et le força à se relever sur le sol gelé. Il avait regagné la capacité de bouger à son aise, mais se sentait si faible qu’aucune fuite ne lui parût envisageable. Après tout, ne s’était-il pas sacrifié dans le but de mettre un terme à son existence misérable ?

Un rire machiavélique assaillit ses oreilles. Cette sonorité le frappa de plein fouet. Il tourna la tête et en trouva la provenance. Un peu plus loin, au milieu du terrain, se dressait une femme des plus élégante, une femme dont la beauté n’avait rien à envier aux plus belles dames de sa communauté. De grands cheveux blancs descendaient en cascade jusqu’à ses épaules. Ses yeux étaient d’un noir perçant. Sa physionomie faisait montre d’un cruel plaisir. Elle le toisait fixement. Il fut poussé vers l’avant, n’opposant aucune résistance. Il était envoûté par cette reine sauvage, cette aura incitante qui allégeait la lourdeur de ses pas. Il s’extasiait devant sa splendeur. Très vite, il fut à sa hauteur. Elle le considéra un instant, eu un rictus malin, puis lui désigna de sa main gantée quelques chose à sa droite. Il suivit la direction de son doigt, qui indiquait quelques pas plus loin une réunion d’objets de glace. Il en devina des sculptures à la silhouette elliptique qui résistaient avec magnificence à l’acharnement du vent. Cependant, il nota avec facilité qu’ils n’avaient plus la forme qu’ils durent avoir au départ, car certaines parties de leur morphologie étaient disproportionnées. L’œuvre représentait des hommes et des femmes s’enlaçant avec une harmonie parfaite. D’ici quelques temps, leurs corps de glace se fonderaient en un seul et même liquide, et cet art grandiose disparaîtrait à jamais de ce lieu enchanteur. Une voix le tira de sa fascination :
« -Vous semblez envoûté par ma création. Pourtant, lorsque le printemps tombera sur la montagne, la glace glissera sur le cadavre de ces gens qui ont servi de moule à mon art, et je suis sûr que vous en seriez profondément dégoûté. »
Le vieillard poussa un cri de terreur. Il avait eu tort depuis le début sur ce que l’on faisait des gens disparus, mais eut préféré que sa version fût la bonne. Le sort que l’on réservait aux pauvres gens était donc ça ? Toutes ces personnes qui venaient des villages avoisinants étaient donc destinées un jour à satisfaire la soif artistique d’une telle créature ? Et le cocher n’était derrière tout ça que celui qui lui livrait la marchandise…comme il venait de le livrer à la véritable bête. Pour la première, l’idée de prendre ses jambes à son coup effleura l’esprit de l’homme. Il recouvrerait sa tanière, celle qui le préparerait à l’éternelle hibernation, et s’éviterait ainsi une mort beaucoup plus cruelle. Mais au moment où il voulut mettre à exécution ce dessein, plus aucun geste ne suivit sa volonté. Un froid intense vint brûler ses entrailles, ses membres adoptèrent une position fixe et n’en dévièrent plus. Son corps était maintenant couvert de glace. Le seul endroit qui résista à l’insatiable avidité du gel fut ses yeux. Devant lui, une cruauté implacable hantait ceux de la dame. Un peu plus loin derrière elle, il remarqua un détail qu’il lui avait échappé chez les autres sculptures : leur regard. Des yeux où se lisait l’impuissance, des yeux apeurés qui ne s’éteindraient jamais. Il comprit alors une chose : il ne mourrait pas. Du moins, pas pour l’instant. Pas avant que le printemps ne remplace cette saison maudite, pas avant que son corps ne se libère de la glace qui l’avait englué et qui le forçait à assister à sa propre souffrance, impuissant. Il assisterait à l’inévitable préliminaire de sa mort. L’hiver s’annonçait long.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité




Décembre Empty
MessageSujet: Re: Décembre   Décembre EmptySam 25 Sep 2010 - 5:57

C'est pas mal du tout, mais tu souffre quand même d'une certaine lourdeur dans les descriptions qui handicape un peu le récit, sinon, l'histoire en elle même est bien trouvée, et tu arrive à surprendre encore à la fin, bon, je n'ai pas trop aimé, mais après c'est une question de goût et cela n'enlève rien à l'intérêt de ton histoire, mais, à mon avis, elle mériterait d'être plus travaillée, voire réécrite pour en alèger le style.
Revenir en haut Aller en bas
 
Décembre
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
LE MANOIR DU FANTASTIQUE :: ECRITURE :: VOS NOUVELLES, ROMANS-
Sauter vers: