-2 millions une fois! 2 millions deux fois!, le commissaire-priseur releva le nez et d'un coup d'oeil professionnel, il inspecta la salle comble, - 2 millions trois fois! Adjugé à monsieur Timoty Hawzer pour la somme de 2 millions. D' un coup sec et bref, il abaissa son maillet, dont le bruit sourd et diffus se perdit dans la marrée des applaudissements enthousiastes.
Sous une pluie de flashes aveuglants, un type en uniforme serra chaleureusement la main de Timoty Hawzer, ce milliardaire inconditionnel de la pèche au gros, qui avait pour habitude de fréquenter les enchères de l'Etat. La foule se tut subitement car le commissaire-priseur annonça le lot suivant.
Ce mercredi-là de novembre 2021, il y avait trois "lots" à décrocher, c'était une aubaine à ne pas rater.
…
A 13h30 le vendredi, sous haute surveillance, on fit sortir Dan Boydel de sa cellule.
Dan Boydel, cet horrible criminel qui avait défrayé la chronique treize mois plus tôt, Dan Boydel qu'on allait juger ce vendredi 13.
On le fit s'asseoir aux côtés de ses comparses: April Lebonski et Hasap Ingarn, un jeune avocat se pencha vers eux et leur glissa quelques mots à l'oreille, l'air confiant.
Trônant sur son estrade, Hanger réclama le silence dans la salle, et il céda ensuite la parole à l'avocat de la partie civile.
Timoty hawzer, calé tout au fond de son siège, n'écoutait pas, ces longs discours inutiles faisaient maintenant partie de la routine et l'ennuyaient enormément.
-53 personnes! L'air grave, la voix sévère, l'homme en costume au centre du tribunal s'adressait à Hanger et aux jurés, 53 victimes! Des hommes, des pères de famille honnêtes, des gens comme vous et moi, des femmes, des femmes qui laissent derrière elles des orphelins à tout jamais marqués par cette horreur qu'est la perte des parents, et des enfants aussi! De petits innocents, comme il en joue dans nos jardins le week-end!. L'homme se retourna vers Dan Boydel et ses complices.
-ces hommes ici présents, reconnus sains d'esprit au moment de leurs forfaits, ne méritent aucune clémence, ce sont des assassins qu'il faut juger avec toute la rigueur d'une justice égale pour tous!
Boydel ravala sa salive, April, le grand April que rien n'éffrayait, se mit à pleurer doucement.
-Ce sont de dangereux psychopates poursuivit l'avocat, que vous devez punir en votant pour la peine capitale. Aucun d'eux n'a exprimé le moindre remord, aucun d'eux n'a jamais fait preuve d'une quelconque pitié envers les victimes!
April mouilla son pantalon de toile à rayures.
-La peine capitale, à ces mots, timoty Hawzer releva la tête, comme s'il venait soudain d'émerger d'un profond sommeil, la nouvelle peine capitale, l'Etat nécessite des deniers, les braves gens ont besoin d'argent pour bien vivre. L'avocat s'était approché des membres du jury , en se confiant à ces 12 hommes et femmes qui avaient été choisis au hasard des listes d'électeurs. Vous opterez pour la nouvelle peine capitale parce-que vous êtes confiants en la justice de notre pays, parce-que vous êtes conscients que ces choses-là ne doivent plus arriver!
Une dame dans l'assistance essuya une larme d'émotion qu'un journaliste figea de son appareil photo.
Hanger sourcillia en approuvant d'un signe de tête. Le juge Hanger était probablement le plus sévère de tout le compté et le réquisitoire de l'avocat lui plaisait assez.
April s'était mis à trembler de partout, tandis que dan Boydel avait baissé les yeux en croisant les doigts.
Le jeune avocat commis d'office pour les défendre s'adressa timidement aux jurés, puis, comme il repéra timoty Hawzer à l'avant dernier rang (Timoty Hawzer qui, la veille, lui avait discrètement glissé une enveloppe pleine de billets, il se ravisaet lâcha:
-Que justice soit faite, gloire à notre nation! Les militaires rangés à l'arrière se redressèrent et saluèrent d'un geste patriotique simultané.
Les yeux exorbités, Dan Boydel mitrailla le jeune avocat de son regard froid, s' il avait eu l'occasion, il se serait rué dessus pour lui arracher la langue. Deux gardes imposants l'incitèrent à rester calme.
-La séance est levée! Trancha Hanger.
Les jurés se retirèrent dans la petite salle voisine, tandis que deux civils apportèrent le petit globe-tambour dans lequel ont avait disposé trois balles scellées en matière plastique.
Dan Boydel expira longuement, les battements de son coeur scandaient sourdement à ses tempes. La peine capitale! Lui et ses compagnons n'allaient pas y échapper, amis quelle peine?
C'était la grande inconnue, la loterie, la petite surprise…
Hanger revint accompagné des jurés, un large sourire fendait son visage austère.
-saluons la réinstauration de la peine de mort dans ce pays, car, ce ne sera une surprise pour personne, le verdict est: coupable! Lachâ l'homme d' une traite sur un ton enjoué qui détonnait avec la mine défaite des prévenus.
-C'est donc avec une joie non dissimulée que je puis vous annoncer à tous les trois que la Cours vous a condamné à la peine capitale! April s'effondra, Boydel se serra la tête entre ses mains entravées et Ingarn se mit à vociférer des inepties incompréhensibles qu'il n'eut pas le temps de poursuivre car deux gardes le molestèrent.
Hanger fit signe à l'employé de la Loterie, qui sous le regard attentionné des journalistes, tira la première balle de plastique hors du globe-tambour qu'il avait fait tourner.
Hanger mit ses petites lunettes rondes cerclée de métal jaune et lut le premier document qu'il avait extrait hors de la balle.
-April Lebonsky, peine A862, achetée à l'Etat par la 'Crash Test Dummies", constructeur automobile. April s'évanouit.
-Don Boydel, peine A456, continua imperturbable en consultant la balle suivante, achetée à l'Etat par monsieur Timoty Hawzer, particulier, grand spécialite de la pêche au grands requins blancs. Boydel sentit s'abbattre sur lui le poids du regard de Hawzer qui semblait jubiler de satisfaction.
-Hasap Ingarn, peine A781, achetée à l'Etat par une armée étrangère alliée, section Recherches et Développement des armes chimiques et biologiques, à droite de Hawzer, trois asiatiques se saluèrent simultanément en croisant les bras.
Hanger acta le document officiel et conclut sur un ton mielleux en souriant :
-N'oubliez pas Messieurs les prévenus que la nouvelle Loi, magnanime pour tous, prévoit qu'au terme du contrat qui vous unit avec les acquéreurs cités, vous serez libres et graciés! Hanger foudroya les trois hommes d'un dernier regard, si vous en réchappez!
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