CHIMIE 3000

Titre: Chimie 3000

Auteur: Serge Dhont




-"Chimie 3000, le véritable matériel du petit chimiste en herbe!"
La publicité qui se terminait sur Canal 2 laissait la petite Ethel Creeck ébahie devant l'écran, ce spot avait réussi sa fonction première.
-Super cool! S'écria t'elle . Il me le faut!
La petite fille de 10 ans à peine s'empressa de rejoindre sa maman qui s'activait dans la cuisine.
-Maman, maman!
-Quoi encore Ethel, je ne suis pas sourde!
-Oh maman adorée, j'ai vu un super truc à la télé! Chimie 3000 ça s'appelle!
-Si c'est un jouet attend Noël, ce n'est que dans 3 semaines.
-D'accord maman, je t'aime.
La jeune Ethel sauta alors au cou de sa mère et lui colla un énorme baisé humide sur la joue.
Après tout qu'est-ce que c'était trois semaines à côté des joies que lui procurerait ce jouet. Alors, Ethel prit son mal en patience et attendit en rêvant chaque nuit à son attirail de petit chimiste.

Et enfin, le jour de grâce arriva, Noël! Inutile de vous dire que la fillette fut levée dès l'aube pour ouvrir son cadeau sous le sapin.
L'emballage de cellophane enlevé, ses yeux s'illuminèrent en voyant le carton représentant un jeune garçon en blouse blanche mélangeant des liquides multicolores à l'aide d'éprouvettes. Elle ouvrit alors délicatement la boîte et découvrit le matériel: quelques éprouvettes, des flacons contenant diverses substances, un mini microscope et deux pinces en bois.
Elle regarda longuement son attirail d'apprenti chimiste et sourit à nouveau. Elle emporta alors le tout dans sa chambre, se mit à ouvrir tous les flacons et à les renifler. Une des douze fioles puait littéralement, on aurait dit que le produit d'origine avait fermenté et pourri, Ethel ne prit même pas la peine de lire l'étiquette. Elle replaça le flacon dans le carton et l'oublia.

La gamine prit un plaisir fou pendant quelques jours avec sa nouvelle marotte, mais elle se lassa bien vite des différentes teintes et réactions que ses multiples mélanges donnaient. Elle s'ennuyait véritablement maintenant et ses yeux fixèrent la boîte de "chimie 3000" , toujours le même gamin en blouse blanche mélangeant des liquides multicolores.
La fillette saisit alors deux flacons et mélangea les produits dans une éprouvette. Elle but et recracha aussitôt le liquide pourpre.
-Heurk!! C'est dégueulasse!! Une vraie lavasse!!
Elle se prépara aussitôt un deuxième "cocktail" mais cette fois-ci avec la quasi totalité des flacons dont celui à l'odeur répugnante qu' elle n'avait pas remarqué dans sa précipitation.
Ethel toucha le liquide de la pointe de sa langue, malgré les nombreux mélanges le liquide n'avait apparemment aucun goût ni aucune odeur. Elle avala alors d'une traite le contenu de l'éprouvette, son estomac garda le liquide et elle éructa discrètement. Tout à coup, sa respiration devint sifflante alors que ses yeux se révulsèrent, puis le noir complet…

La petite se réveilla quelques minutes plus tard légèrement barbouillée et alla se regarder dans la glace, tout avait l'air normal. Une grosse déception là submergea, elle qui avait secrètement espéré une transformation, comme dans ses dessins animés. Déçue, elle se jura malgré tout de ne plus recommencer ce genre de bêtise.
Elle décida alors de s'installer dans le fauteuil du salon et alluma la télévision en grignotant quelques chips.
Une petite boule de poil nommée Tommy, un Yorkshire de deux ans, trottait vers le fauteuil et s'installa face à Ethel en geignant pour obtenir sa pitance. La jeune fille ne prit pas attention, absorbée par l'écran et ses futilités.
Agacé, le chien grimpa sur le fauteuil et mordit vigoureusement l'index de sa petite maîtresse. Cette dernière hurla de douleur et d'étonnement. Puis subitement, elle fixa la bête haineusement.

Quelques temps après ces péripéties, les parents rentraient de leur boulot respectif. La voiture s'engagea lentement dans la magnifique allée menant au garage. Subitement, quelque chose attira l'attention de Patrick, le père. A hauteur d'un arbre, il s'étonna de voir un petit paquet pendant mollement à une corde attachée à une des branches basses d'un chêne. Son épouse Sheril le remarqua aussi.
-Qu'est-ce-que c'est que çà chéri?
-Je n'en sait rien on dirait… Tommy!! Bordel de merde quelqu'un a pendu le chien!
Mais quelle ne fut pas leur horreur quand ils aperçurent que la pauvre bête était également éventrée de l'aine à la gorge. L'estomac révulsé, le couple se précipita vers le domicile.
Là, leur fille paressait devant la "boîte à images" comme si de rien n'était. Calmement, Patrick tenta de l'aborder:
-Tout va bien Ethel?, Tu n'as rien?
La petite parut étonnée.
-Non pourquoi?
-Personne n'est venu pendant notre absence?
-Non.
-Tu n'as rien entendu dans le jardin?
Ethel secoua négativement la tête.
-Sûr?
-Certaine!
Patrick expira bruyamment.
-Autant te l'avouer tout de suite Ethel, un salopard a tuer ton chien…
La gamine, le visage implorant, se mit à verser toutes les larmes de son corps et se jeta dans les bras da sa maman.
D'un commun accord et après avoir averti les forces de l'ordre, les parents lui jurèrent que très bientôt elle aurait un autre petit chien.
Ils pensaient que la tristesse de leur fille serait intarissable mais curieusement elle parut oublier l'affaire dès le lendemain. Elle refusa même la venue d'un autre animal à la maison. L'excitation de la reprise de l'école y était peut-être pour quelque chose pensèrent-ils. Et l'incident fut oublié.

Les cours se déroulaient au fil des jours comme partout dans la petite école élémentaire de la région de "Blue Lake city". Ethel était une enfant très intelligente et se battait souvent avec acharnement pour la première place avec Gary Kob, une autre "tête" de la classe. Cette pseudo-guerre durait depuis la première année mais la lutte restait malgré tout amicale.
Un matin, à la remise des résultats du second trimestre, Le petit Kob battit Ethel d'à peine 2%. Le jeune Gary, par fanfaronnade, lui fit alors un joli pied de nez en lui passant la langue.
Ethel le regarda alors fixement, d'un regard étrange, d'outre-tombe… Le gamin ne put soutenir ce regard bien longtemps. Et cela, personne ne s'en aperçu…

Et enfin 16h00 sonnèrent, la délivrance pour tout les écoliers normalement constitué.
-Kob, faut qu'on parle. Lança Ethel à la sortie de l'école. Elle jeta des oeillades à droite et à gauche, s'assurant que personne ne s'intéressait à eux.
Gary paru embarrassé.
-Ecoute, on ne va pas se disputer pour…
-Non Gary, il n'est pas question de cela, c'est autre chose. Lui dit-elle avec un regard enjôleur.
C'était la première fois qu'Ethel l'appelait par son prénom, cela le rassura quelque peu.
-Ecoute Gary, j'ai quelque chose à t'avouer mais ici je n'ose pas, c'est entre toi et moi. Viens, allons nous ballader quelques minutes au bord du Lac Bleu. Ethel fit battre ses cils d'une manière aguichante comme peu le faire innocement une gamine de 10 ans. Gary sourit intérieurement.
-Viens, on en a pour 10 dix minutes maximum, viens s'il te plaît…
En coupant par les bois, ils arrivèrent rapidement au bord du lac qui donnait son nom à la région. Une très fine couche de glace recouvrait "l'orgueil" des habitants du coin.
Ethel prit la parole en lançant un regard inquisiteur sur les alentours:
-Viens, approchons-nous de l'eau Gary.
Ethel lui prit alors la main, une bouffée de chaleur monta en Gary. Confiant, le jeune garçon obtempéra et juste à ce moment là, sa camarade de classe lui envoya une bourrade contre la poitrine . La fine couche de glace céda facilement,le poids de ses vêtements mouillés et de son sac à dos l'entrainèrent inexorablement vers le fond. L'eau glacée lui pénétra la bouche et les poumons, puis ce fut tout…
Ethel, le sourire aux lèvres, regagna rapidement le foyer familial.

La disparition du petit Gary avait foudroyé toute la région du Lac bleu.La population, en accord avec les forces de l'ordre, avait organisé des battues mais hélas sans résultat. De plus, il était impossible de draguer le lac pour l'instant car après cette disparition la température avait chuté et la couche de glace était bien trop épaisse. Personne ne savait rien, personne n'avait rien vu…

Deux mois après son premier meurtre, Ethel feuilletait nonchalamment une bande dessinée dans sa chambre. Elle venait il y a à peine 1 heure, "d'éliminer" Mary. Elle lui avait tiré les cheveux la veille dans la cour de récréation. Cette petite peste avait bien récolté ce qu'elle avait semé, et c'était bien mérité pensa -t'elle.
Elle pensait plus qu'elle ne lisait en fait. Ethel savait pertinemment bien quelle était la cause de cette furie meurtrière, de ce besoin de tuer: Un animal puis ensuite des êtres humains, surtout quand elle était contrariée…C'était la potion qu'elle avait créée par hasard.
Demain elle devrait tuer Brian Garette, il avait refuser de l'embrasser à la sortie de l'école. Et puis son père commençait sérieusement à l'ennuyer aussi..
Ethel se sentait bien, très bien même. La nouvelle peau de meurtrière et le meurtre lui-même ne la gênait pas, elle y prenait même du plaisir... De plus, la durée d'effet de cette potion paraissait infinie.
Mais elle aurait tant aimé partager ce secret, ce plaisir. Pas question pourtant, c'était trop dangereux pour elle et la suite de ses activités.

Quelques minutes plus tard, un sourire carnassier se dessina sur son petit visage, une idée complètement démente venait d'éclairer son esprit.

Le lendemain, à la première heure de cours, Ethel demanda poliment à son institutrice la permission d'aller au petit coin. Ce qu'elle accepta bien sûr. Etrangement, la fillette ne prit pas la direction des toilettes. Elle pénétra directement dans les cuisines du bâtiment où personne ne travaillait encore à cette heure matinale. Dans le fond d'une pièce se trouvait un énorme cube métallique sur lequel elle grimpa tant bien que mal à l'aide de petits échelons chromés.
Elle ouvrit alors la trappe de visite qui donnait à l'intérieur du cube et y jeta un objet.
Ethel retourna en classe en courant, elle riait, riait, à gorge déployée.

Dans la cuisine, au fond du réservoir d'eau potable de la cantine réservé aux élèves, le contenu translucide d'une éprouvette se diluait lentement.

Fin

Encore de bonnes idées Sergei, mais toujours ce style rapide qui fait pensé plus à un synopsis qu'à une nouvelle. Autrement, je ne connais pas de petite fille de 10 ans, mais ce n'est pas un peu jeune pour devenir un monstre (je plaisante...).

Alan Bates a écrit:

Encore de bonnes idées Sergei, mais toujours ce style rapide qui fait pensé plus à un synopsis qu'à une nouvelle. Autrement, je ne connais pas de petite fille de 10 ans, mais ce n'est pas un peu jeune pour devenir un monstre (je plaisante...).

Merci Alan, au moins je sais maintenant sur quoi je dois travailler!

Très très interressant.
J'ai bien aimé, et tes idées m'ont encore une fois etonné... !
Bone continuation

Bonjour à tous

J'ai trouvé ça pas mal même s'il me manque un petit quelque chose, je ne saurais dire quoi... L'idée est originale, bien traitée, le deroulé est fluide, les situations s'enchaînent sans à coups.... Et pourtant, je reste sur ma faim, peut être comme l'a dit Alan Bates parce que c'est trop expliqué (synopsis) et pas assez suggeré !

Heureusement que rien de pareil n'est arrivé a Gaston Lagaffe, expérimentant "La chimie amusante"!
J'ai bien aimer le texte, car il m'a bien accroché jusqu'au bout.

J'adore surtout la fin

Pourquoi ressortir les vieilleries de personnes qui ne sont plus présentes sur le forum, alors que les textes des gens actifs (dont ceux qui critiquent tes textes) t'attendent les bras ouverts ?

Max a écrit:

Pourquoi ressortir les vieilleries de personnes qui ne sont plus présentes sur le forum, alors que les textes des gens actifs (dont ceux qui critiquent tes textes) t'attendent les bras ouverts ?

J'aurais pas dit mieux

En même temps, il lit ce qu'il veut...

Et puis quand on est un nouveau membre, il est un peu difficile de savoir qui est là et qui ne l'est plus.

maerlyn a écrit:

En même temps, il lit ce qu'il veut...

Certes, mais autant joindre "l'agréable" à "l'utile".
Quitte à lire, mieux vaut faire d'une pierre deux coups, rendre la pareille.

Catherine Robert a écrit:

Et puis quand on est un nouveau membre, il est un peu difficile de savoir qui est là et qui ne l'est plus.

C'est vrai. C'était juste une petite remarque pour attirer l'attention de notre ami

Astuce pour les non initiés : pour savoir si l'auteur d'un texte est encore sur le forum, consultez la liste des membres, où vous trouverez la date de sa dernière visite. Si ça remonte à plus d'un an, peu de chances de pouvoir communiquer avec le créateur de l'histoire.

Max a écrit:

Pourquoi ressortir les vieilleries de personnes qui ne sont plus présentes sur le forum, alors que les textes des gens actifs (dont ceux qui critiquent tes textes) t'attendent les bras ouverts ?

Moi je la trouve pas mal cette nouvelle! Et puis c'est pas parce qu'elle est vieille qu'elle est pas intéressante...
Je me demande même si c'est pas moi qui ai écrit çà...

Hello tout le monde, je suis de retour!

Du coup c'est plus une vieillerie