MARSS

Bart Egström écrasa sa cigarette dans le petit cendrier métallique.Il sourit à son vis-à-vis.
-Oui, bien sûr que nous sommes tous au courant des incidents de la mission Artaxerxès V. Le contingent n'est pas isolé et coupé du monde pour rien dans cette base! D'ailleurs, il n'y a que ceux qui travaillent ici, à la station spatiale, qui connaissent cette histoire…

-De quoi s'agit-il au juste? Interrogea Yan Terrinov, une jeune recrue qui avait entendu parler de cette espèce de légende.

Bart Egström se pencha plus avant et fit signe à l'autre de s'approcher, jeta des oeillades à droite et à gauche un peu comme un conspirateur.

-Puisque tu es nouveau ici, je vais te raconter.
Terrinov s'installa confortablement dans l'alvéole de son siège ergonomique et écouta avidement.
-Pour bien comprendre et saisir toute l'ampleur de cet événement, Egström semblait peser ses mots, il nous faut remonter au siècle dernier. Terrinov sourcilla, le 20ème siècle était un siècle si ennuyeux qu'il n'avait conservé presque aucun souvenir de ses cours d'histoire. A l'époque, soit vers la fin du 20 ème siècle, un premier prototype du moteur à gaz ionisés fut mis au point. Les principes de base de cette nouvelle énergie n'étaient pas nouveaux. On prétend même qu'il datait de plus de 50 ans, mais malgré tout, il fallut encore attendre 50 autres années pour une utilisation courante et à grande échelle. Grace aux informations fournies par Hubble, -Terrinov acquiesça , Hubble était un point de référence dans sa culture générale, il se souvenait parfaitement avoir étudié les caractéristiques de ce téléscope géant- et grâce au moteur ionique, les voyages spatiaux, qui auparavant duraient un certain laps de temps, furent réduit de plus de la moitié.

C'est ainsi qu'en 2032, la plupart des pays de la planète s'unirent pour fonder une seule et unique base spatiale en orbite autour de la Terre: SMES, la Station Mondiale pour l'Exploration Spatiale. Les nations, hormis les Etats Indépendants d'Allemagne, la Corée du Nord et l'Afrique du Sud, avaient enfin compris qu'en unissant leurs efforts, elles progresseraient beaucoup plus rapidement dans leurs recherches. Dès 2035, suite aux extraordinaires progrès atteints par SMES, il fallut aborder le délicat sujet de la confidentialité.

Terrinov, par réflexe, énonça le premier commandement de SMES: -Confidentialité: maintien du secret concernant des informations dans le dessein d'en empêcher une utilisation frauduleuse.

-Parfait, tu as bien retenu ta leçon! Donc, poursuivit Egström, pour éviter toute fuite, les autorités instaurèrent la loi 51, la loi qui édicte l'obligation pour tous les résidents de SMES - qu'ils soient techniciens, astronautes, ou autres - dès l'âge de 50 ans, soit l'âge de la retraite, de subir une lobotomie partielle, qui efface en partie la mémoire.

Terrinov frissonna, bien qu'encore aucun incident n'avait été déploré, il abhorrait cette technique barbare du lavage de cerveau.

-Faudra y passer mon vieux, nous n'avons pas le choix! Egström alluma une autre cigarette et recracha la fumée en direction du purificateur d'air artificiel. C'est en 2043 , dix ans après la fondation de SMES, que fut lancé le premier vol habité vers Mars.

Trois astronautes faisaient partie de l'équipage: Gary Bartholomeus, Jan Kovac et Hendy Smith, les trois meilleurs pilotes que cette putain de station ait jamais engagée…

Le voyage jusque Mars s'était déroulé sans anicroche, jusqu'à ce qu'une panne générale des caméras de transmission surgisse à cause de la virulence des radiations solaires sur les films. SMES dût donc se contenter des clichés rapportés par Hubble et des transmissions radiophoniques d'Artaxerxès V. Smith et Kovac avaient posé le pied sur Mars tandis que Bartholomeus était resté dans le module pour s'occuper des philtres solaires.

...Il a vu quelque chose, une chose horrible qui l'a complètement fait disjoncter . Quand ses compagnons ont regagné le module, il les a purement et simplement exterminés en les bloquant dans la chambre de dépressurisation. Ensuite…il s'est suicidé!

Terrinov se laissa retomber dans son siège.-Et Bartholomeus n'a rien laissé pour justifier son acte ?
-Si, bien entendu, Egström vida son verre et repris: parce qui si SMES réfute catégoriquement la vraisemblance des dernières paroles de Bartholomeus, plus aucune mission n'est envoyée sur Mars, à ma connaissance… ce qui veut dire qu'en fait, il y avait bien quelque chose là-haut qui a rendu le pauvre homme complètement fou.

-Mais qu'a vu Bartholomeus? S'impatienta Terrinov, suspendu aux lèvres d'Egström.
-Un drapeau!
-Pardon?
-Un drapeau. Bartholomeus, en faisant une mise au point caméra, prétendit avoir aperçu un drapeau à quelques 2500 mètres du module.

-Un drapeau? Quel drapeau?
-Un drapeau Nazi avec une toute vieille inscription dessus.
-Nazi?
-Nazi, des EIA, des Etats Indépendants d'Allemagne, ou plutôt de l'ancienne RFA et RDA. Un drapeau avec une toute vieille inscription dessus, et que Bartholomeus put déchiffrer aisément grace à la qualité de l'image: Wir sollen zurüch kommen!

-Wir quoi?
-Wir sollen zurüch kommen, Nous reviendrons! Lâcha Egström, la voix cassée, les yeux pensifs…

FIN

Quelle chute !

Mais attention à une image un peu maladroite : "jeta des oeillades à droite et à gauche un peu comme un conspirateur". Egström veut que la conversation soit secrète, d'accord. Mais ta comparaison ressemble trop à du langage parlé pour bien passer dans un récit écrit ! Le "un peu comme", déjà.
Qu'écrire d'autre ? Voici : "jeta de brefs regards inquiets autour de lui à la recherche d'oreilles indiscrètes", par exemple.

Chute etonnante ! On se brutalement, puis on se une nouvelle fois.
J'ai aimé ce truc, mais Raphaël t'a signalé des maladresses que tu ne dois pas négliger. Corrige pour que ca soit meilleur.
@+