Roman (sans nom pour l'instant...)

Et voilà le prologue du dernier roman que je pond en ce moment même. Pour écrire, je m'y prend un peu comme Kafka, j'écris des chapitres, parfois je sais dans quel ordre, d'autres fois non, alors j'écris puis ensuite j'assemble... Donc la suite ne viendra pas forcément tout de suite, mais je ferais de mon mieux!


PROLOGUE


‘Ne regarde pas…’
Marchant juste derrière son ami, la toute jeune femme gardait ses mains plaquées sur les yeux du jeune homme pourtant bien plus grand qu’elle. Sa peur se faisait ressentir dans sa voix, la rendant tremblante. L’autre avançait pas à pas, perturbé de ne pas voir où il mettait les pieds, encore plus du fait qu’il devinait parfois ce qui se trouvait devant lui, quand son amie le retenait et le redirigeait. Il était tout aussi perturbé que son aînée, et l’épuisement ne faisait qu’ajouter à la lenteur de sa démarche. Un souffle audible franchissait ses lèvres entrouvertes. Tous les deux avaient peur.
Durant le combat qui venait de faire s’affronter les deux camps, ils avaient tous les deux vidé presque entièrement le mana qui maintenait leurs corps en vie. Seuls survivants de cet affreux carnage, ils étaient maintenant obligés d’en traverser les reliefs. Et cette vue répugnante aurait choqué le jeune homme au point de le plonger dans un profond évanouissement. Ça, la jeune fille en était convaincue. Alors, elle l’empêchait de voir le désastreux spectacle qui s’offrait à eux, le guidant entre les cadavres, les morceaux d’armes et les mares de sang qui souillaient la terre sacrée pour laquelle ils s’étaient battus…
Cette guerre, même si elle n’avait apparemment aucun vainqueur, avait eu un but, qui était de ramener à soi cette terre de légendes, cette corne d’abondance qui aurait permis le salut éternel de tout un peuple. Mais au lieu de cela, il n’y avait eu qu’un carnage, un bain de sang, et la quasi-totalité des troupes avait péri ici, alors que chacun comptait y vivre.
‘Arrête, Iris. Je peux voir.’
‘Non, tu ne peux pas. Je suis sérieuse, tu ne regarderas pas.’
Quasi-totalité, car Iris et Shenen étaient encore vivants, mais tous deux savaient parfaitement que plusieurs soldats des deux camps avaient fui avant ou pendant l’affrontement. Malgré son dévouement à son roi, Iris les enviait, ces hommes. Elle avait perdu beaucoup de compagnons, et aurait aimé que ceux qu’elle chérissait vivent avec leur famille plutôt que de gésir sans honneur dans leur sang mêlé à celui de leurs ennemis.
L’arrachant à ses pensées et à sa macabre contemplation, Shenen se dégagea vivement de l’étreinte d’Iris, profitant de cette courte absence pour s’échapper et retrouver sa pleine vision sur ce qui l’entourait, prenant un air victorieux. Malheureusement, cet air s’effaça très vite devant le champ de cadavres se déployant sous ses yeux, bien qu’il avait à peu près pu l’imaginer, se doutant parfaitement qu’il n’y avait pas d’autres survivants. Alors qu’il voulut faire un pas vers sa consœur, ses jambes se mirent à trembler, violemment. Il avait peur, comme jamais il n’avait ressenti ce sentiment. Rapidement, de nombreuses larmes vinrent ternir l’éclat lumineux de ses beaux yeux bleus. Ne pouvant plus supporter ce corps devenu soudainement si lourd, ses jambes lâchèrent, et il se retrouva à genoux dans l’amas de boue et de sang.
‘Tout ça… tous ces morts… pour rien…’
Nerveuse, Iris s’agenouilla à ses côtés et referma ses doigts fins sur les larges épaules de Shenen.
‘Ne restons pas ici. Nous avons encore du chemin à parcourir si nous voulons rentrer chez nous.’
‘Nous avons mis trois jours pour venir à cheval. Nos montures sont là, quelque part parmi les cadavres, comment veux-tu faire pour rentrer, nous serons morts de faim, de soif et de fatigues avant de passer de l’autre côté des collines !’
En larmes, le jeune homme leva le regard vers le ciel qui lui semblait tout aussi tâché de sang que la terre qu’ils foulaient.
‘Nous allons marcher, Shenen. Si les dieux nous ont laissés en vie…’
‘Les dieux ?’, coupa Shenen d’une voix rauque. ‘LES DIEUX ? Quels dieux ?! Les dieux n’existent pas, sinon ils n’auraient pas permis un tel massacre, de surcroît sur une terre sacrée !!’
‘Ne dis pas ça…’
Iris avait gémi ces quatre mots d’une voix douloureuse, comme si le simple fait de les prononcer avait pu déclencher un mécanisme de mort mettant fin à ses jours.
‘Les dieux nous ont prouvé suffisamment de fois leur existence pour que nous n’ayons plus à en douter. Fais-moi confiance, ils vont nous aider, une fois de plus…’
L’aide escomptée n’arriva pas. Du moins, pas pour le moment, pas pendant les longues heures de marche qui suivirent, après qu’Iris eut aidé son compagnon à se relever, heures silencieuses pendant lesquelles les deux jeunes gens traversèrent la plaine jonchée de cadavres sans jamais en voir la fin. Certes, ils savaient que leur armée était immense, et celle de l’ennemi tout autant, mais pas à ce point. On aurait dit que le nombre d’homme avait été démultiplié durant la bataille.
Mis de côté l’affreux manteau de sang dont l’endroit s’était vêtu, les terres étaient magnifiques, comme habitées d’un esprit magique. L’herbe y était toujours verte, les champs croulaient sans cesse sous les cultures, et le temps y était toujours clément et pur. Les légendes racontaient que la magie même faisait vivre cet endroit. Des créatures que personne n’avait jamais vues auparavant y vivaient, dans le clame et la sérénité. Il était entendu que c’était pour toutes ces vertus que la plaine était convoitée par les peuples humains depuis des temps immémoriaux. De nombreuses guerres avaient eu lieu, de nombreux affrontements, mais au fond d’eux-mêmes, sans arriver à s’expliquer pourquoi cette impression les envahissait, Shenen et Iris savaient que ces terres connaîtraient un long moment de paix, habitées par un peuple heureux et joyeux, avant de voir arriver de nouvelles guerres.
L’air devint froid quand ils arrêtèrent leur marche, plusieurs heures plus tard, alors qu’ils traversaient encore le champ de cadavres. Pourtant, on leur avait toujours raconté que dans ce lieu sacré, il ne faisait jamais froid, et il ne pleuvait jamais. Mais alors, pensaient-il, d’où venaient ce froid mordant et ce vent peu à peu glacial qui faisait danser leurs cheveux ? Ils sentaient que tout cela émanait d’eux, de leur tristesse, de la désolation de la scène qui s’offrait à leur vue. C’était peut-être une bonne chose, à près tout, car cela aurait signifié que leur mana commençait à se régénérer.
‘Regarde !’ s’exclama Iris, agrippant l’épaule de Shenen, lui désignant une autre direction que celle qu’ils avaient jusque là empruntée. Là, se dressait un bosquet d’arbres verts, tel une petite forêt épargnée par la bataille.
‘Elle n’était pas là…’, murmura Shenen, ‘il n’y avait pas de forêt quand nous sommes passés à l’aube…’
‘Allons voir.’
‘C’est peut-être dangereux…’
‘Pas ici, c’est impossible.’
Restant quand même sur leurs gardes, ils avancèrent vers le bosquet jusqu’à ce que des feux allumés à son orée leur fassent accélérer le pas. Pour eux, le signal était clair : il y avait d’autres survivants, d’autres soldats, même ennemis.
Arriver à l’entrée du bosquet leur parut prendre des heures. Mais quand ils touchèrent enfin à leur but, un hoquet de terreur franchit leurs gorges au même instant. Tandis qu’Iris semblait figée sur place par l’horrible spectacle se tenant devant eux, Shenen avança de deux pas. Son corps était de nouveau tremblant, mais réussissait cette fois à le porter pour approcher de plus près l’homme devant lui. Il n’arrivait pas à le croire. Une vision digne des tréfonds de l’Enfer. Le monument sanglant le révulsait, lui donnait envie de vomir, mais il fallait qu’il s’approche, encore. Après tout, c’était…
‘Père…’
L’homme qui était face à lui, grossièrement crucifié sur d’épaisses branches suspendues entre deux arbres, était en effet celui qui lui avait donné la vie. Silencieusement, les larmes roulèrent sur ses joues alors que des images d’une scène qui s’était déroulée plusieurs années auparavant se déroulait devant ses yeux.

‘Père ! Père ? Qu’est-ce que vous faites ?’
‘Viens sur mes genoux mon fils, je vais te montrer.’
‘Vous dessinez ? C’est un dessin de la ville ?’
‘Pas tout à fait. En fait c’est un plan. Un plan pour une grande bataille.’
‘Vous allez encore partir à la guerre…’
‘Non mon enfant pas tout de suite. Ce plan n’est pas encore parfait, il faudra de longues années pour le mener à bien je le sens. Et tu seras mon premier soldat.’
‘Mère dit que je suis trop jeune pour partir à la guerre.’
‘Bien sûr, tu l’es pour l’instant. Mais tu vas commencer à t’entraîner, tu vas apprendre à te battre, à manier le bâton, la dague et l’épée, et quand tu seras un chevalier digne de ce nom, nous pourrons partir. Je n’ai aucune envie de faire cette guerre sans toi, je veux que tu gagnes à mes côtés.’
‘C’est pour la terre dont vous me parliez quand j’étais petit enfant ?’
‘Oui, exactement. Ce plan sera parfait quand tu seras devenu un beau jeune homme. Nous vaincrons côte à côte, et nous vivrons heureux avec notre peuple, pour toujours, dans ce lieu magique.’
‘Père…’
‘Qu’est-ce que c’est que cet air timide ? Allez, demande-moi ce que tu veux.’
‘Me raconteriez-vous encore une fois cette histoire ?’
‘Bien sûr…’

Le sourire qui s’était dessiné sur le visage de ce père émerveillé par son enfant, Shenen le vit de nouveau. Et pour cause, l’homme avait relevé la tête et lui offrait une dernière fois ce sourire. Se redressant vivement, Le jeune homme alla s’accrocher à ses vêtements, comme si ce simple rapprochement avait pu lui sauver la vie.
‘Père ! Vous êtes encore en vie ! Ne bougez pas, ne dites rien, je vais vous décrocher de là !’
‘Il est trop tard mon enfant. Je suis heureux de voir que tu vis encore… Tu vas pouvoir… amener… notre peuple… être… heureux…’
‘Non ! Pas sans vous ! Vous m’aviez promis ! Vous m’aviez dit que nous vivrions tous ensemble, avec mère ! Père ! PERE !!’
Mais cette fois-ci plus de réponse. Plus d’éclats de voix, plus d’autre son que celui des sanglots d’Iris qui pleurait la mort d’un roi auquel elle avait été fidèle depuis toute petite, depuis qu’il lui avait sauvé la vie en l’élevant comme sa propre enfant à la suite de la disparition de sa famille. A ceux-ci s’ajoutèrent bientôt les sanglots de Shenen qui venait de voir mourir son père sous ses yeux. Lentement, il se laissa glisser au sol, ne voulant plus se relever, n’en ayant plus ni la force, ni même la volonté. Tout ce qu’il voulait à présent, c’était rejoindre son père.
Au bout de longs instants, Iris rampa jusqu’à lui, tâchant un peu plus son armure et sa tunique du sang qui colorait le sol.
‘Shenen… J’ai toujours été fidèle au roi… et je le resterai…’
‘Laisse-moi… je n’ai plus de forces. Va prévenir le royaume… et laisse-moi mourir…’
‘Il n’en est pas question, mon roi…’
Sur ce, elle s’étala à ses côtés, réchauffant son corps qui devenait glacé, priant intérieurement, implorant de l’aide, ne sachant même pas si elle serait entendue. Mais elle était prête à attendre des heures, des jours même s’il le fallait. Elle resterait là, étendue contre son roi, à tout faire pour qu’il reste en vie.
Lentement, le soleil acheva sa course dans le ciel, commençant à laisser place à la nuit. Il faisait doux, chaud même, mais le corps de Shenen était toujours glacé. Il n’avait pas lutté pour rester conscient, mais semblait réactif au bruissement du vent dans les feuillages, comme un chat qui ne dormirait qu’en apparence, prêt à bondir au moindre bruit suspect. Dans quelques dizaines de minutes, une heure tout au plus, il ferait nuit, et tous les deux se retrouveraient plongés dans l’obscurité.
Alors qu’Iris allait succomber et se laisser porter par la fatigue, elle entendit de lourds bruits de pas, et quelques sons étouffés de conversations murmurées à voix basse. Une lumière les engloba bientôt. Une troupe venait d’arriver, comptant une bonne centaine d’hommes. Ayant encore assez de forces pour le faire, elle se retourna et se mit maladroitement sur ses jambes, tel un poulain qui ferait ses premiers pas. Portant sa main en visière au-dessus de ses yeux pour se protéger de la lumière des lanternes qui semblaient flotter autour des hommes, elle les scruta, et s’aperçut qu’ils n’étaient pas humains. Vêtues de longues robes qui semblaient lourdes, brodées de symboles dont elle ne connaissait pas la signification, les hommes du peuple nouvellement arrivé se tenaient fièrement sur leurs chevaux qui n’étaient pas harnachés. Iris écarquilla les yeux, ne pouvant pas y croire. La troupe s’arrêta, et seul l’un d’eux, qui portait de longs cheveux longs, s’avança juste devant elle. Elle regarda attentivement son visage, le plus beau qu’elle ait jamais vu. Son front était orné d’un bijou blanc et étincelant comme de l’or. Un air doux et confiant était peint sur ses traits. Les yeux de la jeune fille restèrent fixés sur lui quand il tourna la tête, et elle s’aperçut que c’était un Elfe. Tous, tout ce nouveau débarquement, tout ces hommes, étaient des Elfes. Quelques-uns uns rejoignirent celui qui semblait être le chef et s’approchèrent d’Iris, lui proposant un cheval, l’aidant à monter.
A ce moment même, Shenen ouvrit les yeux. Le roux se pencha sur lui et le souleva dans ses bras. Le nouveau roi eut juste le temps d’apercevoir son visage souriant alors que l’autre lui murmurait quelque chose dans sa langue. Puis, de nouveau emporté par la douleur et l’épuisement, il se laissa transporter, ne comprenant rien. Tant pis. Maintenant, tout était fini.

Ouroboros, je n’avais jamais rien lu de toi. Voilà un texte superbe qui m’a accrochée et me laisse impatiente de la suite ! Bon signe non ?
Je trouve cela parfaitement bien écrit. Un peu académique peut-être, mais le style est une chose si personnelle, que soit on l’a de façon innée soit on l’acquiert à force d’écrire. Donc, poursuis !
Peu de fautes ici, vraiment, alors bravo aussi pour ça.
Deux maladresses : « déroulée » et « déroulait » beaucoup trop proches, et « portait de longs cheveux longs », faciles à rectifier !
Pour le fond de ton histoire, difficile d’émettre un avis, le prologue n’est pas suffisant pour savoir où tu nous emmènes, mais je ne demande qu’à le savoir !
Mo

C'est lui qui t'a inspiré ton pseudo ?!

.

Ah les fautes de frappe!! laisser l'esprit divaguer mène à ce genre de fautes que j'ai pourtant en horreur

La suite, et bien sous peu je pense, dès que j'aurais fini mon permier chapitre qui doit s'étofer un peu !!

Et oui, mon pseudo vient de là, du serpent (ou dragon) "qui se mord la queue"

rrrohhhhh, une critique de Mo.... on croit rêver !!!!!!!!!!

Vous m'auriez dit que Michael Jackson se balladait sur le forum ça m'aurait fait le même effet (la crainte en moins !)...

Ouroboros, soit consciente de la chance que tu as, toi, jeune nouveau membre du forum, qui a son histoire lue et critiquée par un des piliers du forum que nous n'avions pas vu des lustres...

Je suis jaloux !

Ouroboros a écrit:

Ah les fautes de frappe!! laisser l'esprit divaguer mène à ce genre de fautes que j'ai pourtant en horreur

"faute de frappe"... j'adore ! Non, je parle de vraies fautes à corriger dans la version définitive ! J'en ai compté 7 si ça t'intéresse. Tom pourra te dire, je fais une fixation là dessus, c'est maladif et atavique, inné et de naissance, ceci dit sans redondances récurrentes et répétitives...

Thomas, dès que j'aurai trouvé un texte de toi non lu par moi, je saute dessus. Et gare ! Je serai sans pitié !

Oh bah doit y en avoir quelques uns quand même que tu n'as pas lus !!
Voici une page avec ma biblio chronologique :

http://tdesmond.free.fr/nouvelles/nouvelles.html

thomas desmond a écrit:

Oh bah doit y en avoir quelques uns quand même que tu n'as pas lus !!
Voici une page avec ma biblio chronologique :
http://tdesmond.free.fr/nouvelles/nouvelles.html

En effet ! Des titres inconnus. Je mets ça en "favoris" et je lirai tranquillement ! Merci !

J'angoisse à l'idée des plombs que je vais prendre !!

Ouroboros, désolé d'avoir perturbé ton topic !
Je lis ton histoire très rapidement !

Pas grave pas grave!!

MO, tu pourrais me donner les 7 erreurs que tu as trouvées s'il te plait? Si je les trouve pas d'ici là, bien entendu!!

je déteste faire des fautes j'ai ça en horreur... hem je pars à la correction!!

Ok, voici ce que j'ai déniché !

Ouroboros a écrit:

bien qu’il avait - Alors qu’il voulut - nous serons morts de ... fatigues - après qu’Iris eut aidé - dans le clame - à près tout - tâchant ... son armure - Vêtues ... les hommes - tout ces hommes - Quelques-uns uns

Ca fait 8 en ortho et 2 en frappe au final...


(pour "eut" je ne suis pas 100% certaine. A vérifier)