Concours Zombies - Trou noir

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Le Docteur Norbert étouffe. Il faut qu'il sorte de là. Allongé sur le dos dans les ténèbres, ses mains butent contre une paroi à quelques centimètres de son nez. Il se met à ramper mais ses pieds rencontrent un obstacle. Il se tortille pour remonter mais son crâne cogne contre un mur. On dirait bien qu'il est enfermé ! Et il commence à manquer d'air... Que fait-il donc ici ? Il frappe vers le haut de toutes ses forces. Aïe ! Qu'est-ce que c'est solide ! Du bois, c'est certain, et pas du contreplaqué de grande surface. A moins que... Il commence à paniquer. Il a besoin de bouger, de voir la lumière. Il veut retourner à son laboratoire et continuer ses recherches ! Mais... Le film des derniers événements se déroule dans sa tête. Tout lui revient en mémoire d'un seul coup. Il faut absolument qu'il trouve un moyen de s'extirper de cette boîte. Il en va de l'avenir de l'humanité !

Il se met à cogner, encore et encore. Puis dans un élan de rage, il projette tout son corps vers le ciel, utilisant ses poings comme deux béliers défonçant la porte d'une forteresse. Dans une explosion de bois et de terre, il se propulse à la surface, rugissant comme un fauve. L'oxygène emplit ses poumons et y imprime une odeur soufrée. Les yeux rivés sur la lune blanche, il s'étire, savourant une longue inspiration. Il a l'impression d'être un oisillon sortant de son oeuf. Il se sent légèrement engourdi et ses idées ne sont pas très claires. Il regarde autour de lui, incrédule. Au beau milieu du cimetière municipal, il contemple le trou duquel il vient de s'extirper.

Sa tombe n'est pas la seule à se trouver dans cet état, loin de là. Toutes ou presque sont dévastées et des cadavres jonchent le sol, démantibulés. Il s'approche du corps d'une femme et l'examine. La peau est grise et les yeux exorbités. La position est grotesque, les jambes formant des angles improbables. Il s'accroupit auprès d'elle pour la renifler. Une odeur rance le prend à la gorge. Il avait espéré autre chose, sans savoir quoi exactement. Il se redresse et fait un rapide tour d'horizon. Rien ne bouge, mis à part les branches nues des arbres au gré du vent d'automne. Il lui semble qu'il voit les choses différemment. Il fait nuit mais cela ne le gêne pas. Il regarde ses poings abîmés desquels ne perle pas une goutte de sang. Est-ce qu'il respire vraiment ou bien n'a-t-il que l'impression de respirer ? Car il faut qu'il se rende à l'évidence : il est bel et bien mort, lui aussi.

Il est d'une urgence capitale qu'il retourne au laboratoire, sinon il entraînera sûrement dans sa perte des dizaines d'autres hommes, femmes... et enfants. Il connaît le processus de zombification par coeur, c'était son seul sujet d'études ces derniers mois. Son corps va continuer à changer et finir par devenir aussi raide que du fil de fer. Dans quelques heures, son esprit sera vide et il ne lui restera plus qu'une seule idée en tête : trouver un animal vivant, humain si possible, et... le dévorer. Il commence déjà à avoir faim et il n'a pas envie de légumes verts ! L'essentiel est de ne pas paniquer, n'est-ce pas ? Il faut qu'il se calme et qu'il se concentre sur son objectif : aller jusqu'au laboratoire et prendre la dose de poison qu'il conserve scotchée sous le tiroir de son bureau en cas d'urgence. Une urgence digne de ses pires cauchemars ! Il faut qu'il soit lucide : s'il ne veut pas prendre le risque de contaminer d'autres personnes, il n'existe qu'une solution ultime. Mais après tout, il a déjà tout perdu. Il a lutté comme il a pu et il est fatigué maintenant. Il n'a plus qu'un dernier geste à faire et tout sera fini. Allez, il peut y arriver, il n'a que trop attendu. Il se met en marche et sort du cimetière, essayant de ne pas regarder les allées encombrées de cadavres et de gravas. Combien de temps a-t-il été enfermé dans ce cercueil ? Autour de lui s'étalent des visions d'apocalypse. Des corps s'amoncellent à perte de vue dans les avenues sous la lumière de réverbères blafards. Quelque chose lui échappe, tout ces cadavres ne devraient-ils pas être des zombies ?

Sur une place où tinte l'eau d'une fontaine, le temps s'est arrêté sur une bataille de cauchemar : d'un côté, des casques de soldat, des uniformes déchirés sur des semblants d'hommes inanimés baignant dans une mare de sang séché ; de l'autre, des corps de toutes tailles, criblés de balles ou coupés à la baïonnette, tendus vers les militaires. Et au milieu, des membres épars et un reste de femme recroquevillée autour d'une tête vide. Il reste un moment là, à contempler la scène. Ca y est, il comprend ! Ca a marché ! Le message qu'il a envoyé par radio a bien été reçu. Il y donnait la formule du précieux mélange qu'il avait mis au point. Et cet espèce de tuyau d'arrosage du côté des militaires a dû servir à asperger tout le monde. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : une substance permettant de tuer les morts-vivants. Et dire qu'il n'espérait pas mieux pour lui...

La substance est également un poison pour toute forme de vie car il n'a pas eu le temps d'affiner la formule. Il se rappelle encore les cris et les coups sourds à sa porte alors qu'il envoyait son message radio. Deux d'entre eux étaient là, la faim au ventre, et ont fini par pénétrer dans le laboratoire. Il n'a pas eu le temps de décrocher la fiole du tiroir et s'est recroquevillé dans un coin en hurlant. Il se souvient encore de la sensation d'horreur qu'il a éprouvée juste avant de s'évanouir quand le premier a planté ses dents dans son mollet pour aspirer son sang. Il a eu de la chance tout compte fait. Ils auraient pu le déchiqueter comme ça leur arrivait parfois dans des excès de rage. Il soulève la jambe de son pantalon et observe la trace nette de la morsure. Qu'est-ce qui les fait agir ainsi si ce n'est leur instinct ? Comment sont-ils apparus ? Il ne le saura sans doute jamais, comme c'est frustrant ! Des rumeurs ont circulé. On disait qu'ils vous suçaient le moelle des os ou qu'ils vous aspiraient le cerveau après avoir percé un minuscule trou au sommet du crâne. Le Docteur Norbert se gratte brusquement la tête. Foutaises ! Il a bien étudié le cycle de zombification et rien de tout cela n'est vrai. Ils ont juste besoin de sang frais. C'est leur seule nourriture. Sa seule nourriture.

Où va-t-il déjà ? Ah oui, au laboratoire... Il ne faut pas qu'il oublie. Sa dose. Il n'a encore rencontré personne, mais si jamais... si jamais il croise quelqu'un, arrivera-t-il à ne pas lui sauter à la gorge pour assouvir sa faim ? Il se met à trembler de tout ses membres. Quelle abomination ! Il ne veut pas en arriver là. Il faut qu'il en finisse au plus vite. Il se met à courir en direction de son ancien lieu de travail. Cela fait quoi ? Une heure qu'il s'est réveillé ? Il n'y a plus un instant à perdre !

Il arrive enfin. Il reconnaît les lieux. La porte est défoncée. Il sait qu'il vient là pour prendre quelque chose, mais il n'arrive pas à se souvenir quoi. Pourtant, c'est très important. Il doit faire un effort. Voyons, il est dans son ancien laboratoire. Car oui, il est docteur en... en quoi, déjà ? Il cherche quelque chose. Un objet. Un objet qui doit le sauver. Car il est en train de perdre le tête, il le sait. En face de lui se trouve une paillasse sur laquelle sont éparpillés des tubes à essais et des fioles de toutes tailles. A côté se dresse un congélateur. Non, il n'y a rien d'intéressant, ici. Il traverse le laboratoire et découvre une porte. Elle s'ouvre sur une petite pièce bien rangée. Quelqu'un est assis dans le fauteuil et semble dormir sur le bureau, sa tête reposant entre ses bras. Il ressemble à son ancien associé, comment s'appelle-t-il déjà ? Quoiqu'il en soit, il connaît ses habitudes de travail et a dû trouver son dernier résultat de recherche à l'endroit habituel. Le tiroir est ouvert. Il se souvient maintenant. La fiole. Celle qui aurait pu lui permettre de ne pas devenir une bête répugnante. Son associé la tient encore serrée dans son poing. Elle est vide.

Il parcourt toute la ville et même un bout de campagne, avec une seule idée en tête : trouver un peu de vie, trouver quelque chose à manger. Seulement voilà, il a beau chercher, il ne trouve rien. Alors il revient, s'assoit sur sa propre stèle et une idée folle lui passe par la tête. Après tout, il n'est pas complètement mort, lui. Il bouge, il a même l'impression de respirer. Il regarde une de ses mains et tire dessus très fort, d'un coup sec. Il pousse un cri suraigu mais ne s'évanouit pas. Cela a été plus facile que prévu. Les tendons ne doivent plus si bien tenir. Dans sa main droite, il tient sa main gauche, seule. La salive coule sur son menton. Ce sera son entrée. Il croque dans le pouce et mâchonne. Le goût est répugnant. Il dévore quand même la main, dans l'espoir que cela lui remplisse la panse, mais en vain. Il s'essuie la bouche avec son avant-bras valide et pose un premier pied dans sa tombe. Il est tellement fatigué. Il s'allonge et attend. Il sait qu'il peut attendre des siècles, son instinct le lui souffle, comme s'il entrait en hibernation. Un filet de salive coule sur son menton. Son réveil ne se fera pas aux premiers bourgeons, mais au premier coeur qui bat à côté de lui.

Pas trop mal, l'écriture pourrait être affiné, ainsi que l'intrigue, presque inexistante... ça manque un peu d'action, de suspense... mais le style est pas mal, assez personnel, et pourrait bien donner avec un peu plus de travail.

En effet l'intrigue est trés ténue mais elle existe. Dans ce cas là, ou elle est trés simple, c'est le style qui fait la réussite de l'histoire.
Je trouve ce texte plutôt prometteur si il est retravaillé: Il me semble que l'emploi du présent , en général, donne un ton un peu trop sec, mais enfin ça passe. A mon avis tu devrais nous faire un peu plus partager les sentiments, les sensations: la situation du personnage est absoluement horrible, il faudrait peut être plus le faire ressentir: l'angoisse du réveil, la détermination à mourir pour du bon, le dégoût face au restes humains et à son propre corps zombifié, le désespoir quand il trouve la fiole vide, et finalement le glissement de son esprit vers la zombification définitive.
J'aime plutôt bien...

L'histoire est sympa, quoique un peu plate. Tu aurais pu t'étendre sur tous ses sentiments, et ajouter quelques actions... L'histoire est racontée comme si on la voyait de l'extérieur, sans savoir ce que le personnage éprouve.
Manque peut-être d'un peu d'humour...? même si dans cette situation c'est assez compréhensible...
Enfin, bon, j'aime bien quand même .

Une histoire simple mais bien racontée et surtout sans fautes. Le scénario est peut-être un peu faible.

C'est pas mal écrit. Un zombie doué de reflexion...c'est pas commun, même si moi je préfére les Zombies sans cervelles, je trouve que c'est beaucoup plus effrayant, ils n'on en tête que le besoin de ce nourrir, pas de sentiments...les films de Georges Romero tentent à pencher de plus en plus vers ce côté "humain" des morts-vivants. Moi j'aime pas...je préfére "Zombie" ou son Remake "l'armée des morts" à "Land of the dead" ou les zombies y sont doué d'intelligence...sinon ta nouvelle manque un peu de punch...j'aime bien la fin par contre.
Bye Bye

J'ai bien aimé aussi, c'est pas mal, bien écrit, peut-être perfectible mais c'est agréable à lire!