Voila, j'ai joué le jeu moi aussi. C'est pas terrible, mais j'ai écris ça aujourd'hui au cours de ma journée de travail, ce qui ne constitue pas les meilleures conditions:
Rendez-vous
Combien de fois Flavien avait-il franchi ce mur pour la rejoindre ? Comme à son habitude, il se laissa glisser au sol, et discrètement passa ente les arbres, vers la porte qui menait à elle. La clé…Cette clé dont il avait fait le double, combien de fois l’avait-il sorti de sa poche et fait tourner dans la serrure, avec toujours le même frémissement quand il poussait le battant…Depuis un an il venait la visiter à l’insu de sa famille, plusieurs fois par semaines, et leurs étreintes duraient une bonne partie de la nuit. Il s’enfuyait avant le lever du jour. Et si on les avait surpris ? Le danger et le secret n’en rendaient leur relation que plus excitante !
Leur histoire avait commencé, il s’en souvenait, par une nuit d’été, sous un bosquet de roses odorantes. Comment s’intéresser à une autre lorsqu’on connaissait Gina, fille d’une des plus grande famille aristocratique, et disait-on, une des plus belles du pays, avec ses yeux noirs et sa taille si fine ? Mais ceux qui admiraient sa plastique ignoraient qu’elle était aussi la plus ardente des amantes. Jeune et bien fait de sa personne, Flavien avait déjà connu pas mal de femmes, pourtant aucune ne lui avait jamais procuré d’extases plus hautes que Gina, le corps de Gina, les mains de Gina, la bouche de Gina sur lui…Et ses supplications à chaque fois qu’il la laissait : « Reviens, Flavien, reviens vite me voir… »
Mais voila, c’était la dernière fois et il ne pouvait s’empêcher de le regretter. Au début la rejoindre était comme une ivresse, le plus fort des alcools, il ne pouvait s’en passer et puis…Et puis elle le laissait dans un état de dégoût de lui même, d’amertume profonde…On lui avait bien dit « Post coïtum animal triste », et il en avait toujours rit, jusqu’à ce qu’il la connaisse…
Pourtant son souvenir resterait aussi brûlant qu’un fer rouge.
La veille il s’était entretenu longtemps avec le Père Cyprien, et s’était épanché auprès de lui :
- Mon pauvre garçon, comprends-tu que tu risques ton âme ?
Il le savait. Passé les premiers temps de la passion, cela lui était apparut de plus en plus clairement. Au-delà de l’insouciance et des défis de la jeunesse, il craignait Dieu.
Il avait prié avec le prêtre, reçu les sacrements, il ne lui manquait plus pour se sentir sauvé que d’aller jusqu’au bout de son vœu.
Elle était là, allongée comme toutes les autres fois, Le corps qu’il connaissait si bien se devinait à travers ses dentelles blanches, une de ses boucles noires barrait sur sa peau délicate. Et c’était à tout ça qu’il devait renoncer…Il serra compulsivement, sous sa chemise, le scapulaire donné par le Père Cyprien.
Elle ouvrit ses yeux noirs, lui sourit
- Flavien !
Elle lui ouvrit les bras.
En cherchant à ne pas penser à ce qu’il faisait, il enfonça le pieu dans le cœur de Gina. Il se surprit à ne même pas se sentir affecté par son cri…Etais-ce l’effet de la grâce des sacrements, ou de la prière ? D’une main plus sûre, il lui trancha la tête.
Il était enfin libre.
Depuis un an il subissait ses baisers sanglants, qui l’amenaient aux orgasmes les plus noirs. Sans ce dernier sursaut qui l’avait conduit chez le père Cyprien, elle aurait eu vite fait de l’entraîner dans les ténèbre des morts qui buvaient le sang des vivants, comme elle.
Lorsqu’il referma la porte de la chapelle funéraire, les premiers rayons du soleil atteignaient le cimetière…