Fumée

Goule affamée Nombre de messages : 59 Age : 47 Date d'inscription : 27/08/2008

Elle tire goulûment sur sa cigarette. L'incandescence créée rougeoie la pénombre. Les volutes de fumée s'en donnent à coeur joie : elles dansent un tango langoureux porté par les airs immobiles. Le cendrier est plein, il vomi ses mégots sur la table basse. Le mari est allé se coucher, les idées embrumées dans les vapeurs d'alcool. La maison transpire le tabac, les murs et les plafonds jaunissent, les tissus sont imprégnés de nicotine. Les cadavres de bouteilles d'alcool se côtoient dans l'évier graisseux et blanchi par le tartre. Quelques blattes s'adonnent aux joies de l'escalade sur la montagne de vaisselle oubliée au fil des soirs alcoolisés.

Chaque bouffée de tabac qu'elle inspire est un doux poison qu'elle diffuse avec bonheur dans ses bronches irritées par des années de tabagisme insolent. De temps en temps, elle évacue la fumée par les narines en balançant sa tête en arrière et en fixant le plafond jaunâtre. Son verre de whisky est vide, il n'y reste au fond qu'un glaçon famélique se liquéfiant lentement au fil des secondes. Il est tard. Elle est meurtrie dans sa tête et dans sa chair. Elle garde en elle les stigmates de la violence et son corps en témoigne. Elle s'est encore disputée, elle s'est encore pris une trempe. Elle ne peut plus pleurer, elle a tari la source. Elle se resserre un verre. Ses mains tremblent. Le liquide coule au secours du glaçon esseulé.

Sa cigarette se termine. Elle écrase le mégot dans le monticule dégueulant du cendrier, remuant de vielles cendres d'où s'échappe une odeur de tabac froid. Dans la pénombre, sa main tremblante cherche un paquet de Gitanes sans filtres. Elle réchauffe sa trachée d'une lampée de whisky puis se rallume une autre cigarette. La fumée qu'elle recrache alourdie encore le brouillard de la pièce. Le combiné du téléphone est encore tout près d'elle. Il gît par terre, baignant dans une flaque de whisky. Il lui avait servi à appeler la police, parce qu'il lui avait encore tapé sur la gueule, et cette fois, elle avait décidé de déposer plainte. Elle regarde le combiné, et entre deux bouffées elle se dit qu'elle ne veut plus déposer plainte, parce qu'un jour ça ira mieux, elle veut bien le croire. Au fond d'elle elle n'en croit rien, mais elle ne se laisse pas le choix que de se mentir comme pour trouver l'issue du labyrinthe de ses tourments.

Affalée sur le canapé, sa main se hasarde sur les barreaux du lit dans lequel sa fille de dix mois est endormie. Elle caresse le bois doux et vernis comme un réconfort tout en tirant sur sa gitane. L'atmosphère brumeuse de la pièce s'alourdie encore. On tape à la porte, ce doit être la police.

Effet bizare. C'est une introduction ? on dirait que la fin n'est pas là, on attend une suite.
Autrement, ce n'est pas mal écrit, assez sombre. Par contre, il faudrait voir à éliminer les fautes, surtout de conjugaison.

"L'incandescence créée rougeoie la pénombre"
=> soit il manque un "dans" après rougeoie, soit cela me semble maladroit.

"elles dansent un tango langoureux porté par les airs immobiles."
=> il y a un problème non ? D'un coté le Tango suppose la mobilité, et de l'autre on a des "airs immobiles".

"les idées embrumées dans les vapeurs d'alcool."
=> "par" les vapeurs d'alcool ?

"au fil des secondes"
=> au fil du temps ? Je ne sais pas si dire "au fil des secondes" est correcte.

"Elle ne peut plus pleurer, elle a tari la source. Elle se resserre un verre."
=> Répétition de "elle" trop voyante. Pourquoi pas : "Elle ne peut plus pleurer, la source de ses larmes est tarie. Elle se resserre un verre". En ce qui me concerne, je trouve cela plus joli du reste Smile

"mais elle ne se laisse pas le choix que de se mentir comme pour trouver l'issue"
=> maladroit

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Bien, j'imagine que ton but était ici de créer une certaine atmosphère, en appuyant particulièrement les descriptions ?

Alors, l'atmosphère que tu développes est lourde, pesante, poisseuse, fumeuse, crasseuse... c'est assez dégoutant, oppressant - et donc plutôt bien réalisé. Cependant, il y a des lourdeurs, des répétitions de certains artifices utilisés pour les descriptions (tu abuses un peu de de tout ce qui tourne autour des clopes et de l'alcool), c'est un peu redondant au bout d'un moment.

Mais globlament, l'atmosphère et les descriptions sont réussies pour ma part ; le tout est convaincant !
Et ça fait plaisir de lire un autre de tes textes, ça faisait longtemps Wink

Goule affamée Nombre de messages : 59 Age : 47 Date d'inscription : 27/08/2008

Merci pour vos commentaires.
CR > Il n'y a pas de fin parce que je n'ai pas voulu écrire ce texte comme une nouvelle, mais comme un instantané. Ce texte est écrit dans le but de créer une certaine atmosphère pour les raisons que j'explique plus bas.
Max > Tu as raison, j'abuse de la clope et de l'alcool dans ce texte... de la fumée aussi - celle qui encrasse les poumons de la petite fille qui se trouve dans le lit à barreaux et pour qui le démarrage de la vie s'avère bien périlleux. Le titre de ce texte dénonce ceci... fumée. Que penser d'une mère qui n'hésite pas à bousiller la santé de son petit bout, et comment en est-elle arrivé là ? Quelles sont les facteurs qui font que l'on perde tous sens des responsabilités à ce point ? Je suis souvent amené à être en contact avec ce genre de personne égarée... et ce texte n'a pas été écrit uniquement dans le but de faire du "crasseux"... mais si l'atmosphère est pesante, tant mieux, mission accomplie.
Merci encore pour vos messages et votre franchise.

J'aime bien ce texte, encore plus avec les explications qui suivent.
Personnellement, ça ne me derange pas que ce texte ne soit pas une histoire en soi, tu as juste voulu ecrire un "instantanné", pour dire des choses et créer une atmosphère et c'est réussi, Idées noires ! Wink

Je suis d'accord pour ce que tu dis quant au sens des responsabilités, ça m'a outré de voir dans quel environnement la mère elevait son enfant et c'est le genre de trucs qui me derangent franchement, lorsque je le vois au réel. Et si c'est ça que tu as voulu retranscrire, bravo, ce texte met vraiment mal à l'aise lol c'est meme un peu glauque sur les bords...
Sinon, bien d'accord avec Max pour cette phrase : "Au fond d'elle elle n'en croit rien, mais elle ne se laisse pas le choix que de se mentir comme pour trouver l'issue du labyrinthe de ses tourments." > la formulation est plutot maladroite et rend cette phrase indigeste.

Voilà, sinon j'ai bien aimé, meme si c'est très court.
Au plaisir de lire d'autres textes de toi Black ideas ! cyclops

(mais c'est bien d'ecrire des histoires aussi, hein ! lol).