LUNE FOURBE

désolé pour ma looongue absence, la vie est parfois dure au paradis...
me revoilou pour un bail

une petite nouvelle toute fraiche.


LUNE FOURBE

La lune rousse ensanglantait les arrêtes du viaduc antique et découpait des myriades de gouttelettes de sang sombre sur les grands chênes des berges du torrent. Aucun autre éclairage pour rendre la beauté des gorges qu'enjambait la construction romaine : la municipalité qui gérait le site économisait l'électricité l'hiver. Il ne faisait pourtant pas froid, ou juste quand la tramontane arrivait enfin à trouver l'entrée de l'étroit défilé et que, furieuse, elle mordait tout ce qu'elle pouvait mordre d'un froid mortel. Les quelques touristes égarés se rendant à la grande ville en empruntant l'ancien itinéraire ne distinguaient rien ni personne. Pas même le jeune couple étranger dont le mari avait planté son appareil numérique sur un trépied pour éterniser le jeu des ombres et des lumières (et cette séance était gratuite !). Ensuite, il l'avait enlacée, lui avait chuchoté deux trois mots d'amour tendre et la vieille guimbarde rouillée de papa s'était acoquinée à la vieille route bringuebalante pour les ramener à la pension de famille, sains et saufs... Et rapidement.

Ils ne virent rien ni personne. Pas les pipistrelles pressées de passer à table, inquiètes car mère nature leur rappelait qu'il allait falloir satisfaire à la reproduction. Pas les renards qui pullulaient dans le coin, attirés par les restes touristiques de l'été, proches de la famine en cette saison. Pas les hiboux, chouettes, rats, mulots et toute la faune en train de jouer à "qui mange qui". Il ne virent donc pas, tout en haut, sur le tablier, une petite ombre incongrue, ombre vivante et tremblotante au milieu des ombres minérales figées et soudées. Un humain, une femme, une jeune fille. Une blonde mais la lune rousse écrase les contrastes, gomme les couleurs, elle était noire et rouge à présent, comme le reste. Elle se trouvait pour le moment contre un pilier, à l'abri de la tramontane, beaucoup plus libre à cette hauteur. Il y a quelque secondes elle était assise, balançant ses jambes, espérant que le mouvement entraînerait le reste de son corps et supplanterait son manque de courage. Tremblante, elle supputait maintenant le pour et le contre. Elle ne se rappelait plus de la goutte qui avait fait débordé le vase, juste un trop plein, d'un coup. Elle ne pouvait pas avoir de peines de cœur, personne ne l'intéressait, le contraire aussi, surtout. Ses parents ? Plutôt compréhensifs, sa mère venant même parfois écouter de la musique dans sa chambre). Alors ? Elle regarda la lune, cherchant un regard complice, le sourire bonhomme habituel ; la lune rouge ne sourit pas, elle est fourbe et malintentionnée. Le site était connu, il y avait eu plusieurs grands sauts ces dernières années. Le site était tranquille. Personne pour la réconforter encore un peu plus, lui faire quitter l'ouvrage d'art et récupérer la moto qu'elle a camouflé a son arrivée. Personne ? Quelque chose de noir et rouge se mouvait dans le noir et rouge ambiant, tout en bas. La jeune fille n'osa pas se pencher de peur de tomber. Elle sourit intérieurement : sa décision était prise.

Le grand homme en noir se matérialisa soudain, à quelque pas de son refuge. La jeune fille se leva, presque joyeuse.
- Ne vous inquiétez pas, je ne veux plus sauter.
- Je ne suis pas inquiet. Une voix presque aussi froide que le vent.
- Je ne sais pas ce qui m'a pris je vais redescendre, vous êtes venu me chercher ?
- En quelque sorte oui.
La jeune femme détailla son interlocuteur. Certainement plus de 2 mètres, la peau très mate, un visage émacié, au milieu, deux grand yeux d'un bleu iceberg, perçants et scrutateurs.
- Je ne sais pas pourquoi... Elle balbutiait, troublé par l'attitude de l'arrivant.
- Tu es seule
- Oui mais beaucoup de gens sont seuls et...
- Tu es laide.
- Ben merci. Elle était anesthésiée, pas moyen de se mettre en colère.
- Tu n'as aucun avenir. Il assenait tout cela sans le moindre état d'âme. Il s'approchait doucement de la jeune fille.
- Je ne comprends pas, je pensais même que vous pourriez être... Un ange, mon ange gardien...
- Et non. A tout de suite. Il était à portée de la jeune femme, une simple petite tape à l'épaule suffit à la déséquilibrer. Elle s'écrasa sans proférer le moindre cri, trop surprise pour émettre le moindre son.
- Pff... Un ange... Et puis quoi encore ! Il repartit dans l'autre sens, commençant à rire. Un rire sardonique, froid, effrayant, en un mot démoniaque.

Petit texte très sympa ramanaraz.
Je dirais, mais c'est un jugement tout à fait personnel, un chouïa lourd au niveau du style en ce qui concerne le premier paragraphe.
Pour le dialogue final, deux choses que je changerais :
1/ des sauts de lignes pour distinguer les dialogues et la narration :
- Ben merci. Elle était anesthésiée, pas moyen de se mettre en colère.
=>
- Ben merci.
Elle était anesthésiée, pas moyen de se mettre en colère.
2/ Une ponctuation plus explicite :
- Et non. A tout de suite.
=>
- Eh non... A tout de suite !

Enfin, ce ne sont que des détails... Je vote un très bonne (si j'y arrive) en forme d'encouragement, pour avoir le plaisir de te relire.
Bonne continuation !

Une bonne idée. Histoire intéressante et pourtant courte.

Par contre le style j'accroche pas, c'est peu fluide, lourd, les phrases manquent de musicalité. La lecture devrait s'apparenter à une agréable glissade le long d'une douce rivière, mais là, j'ai l'impression de me manger des rochers et des tronc d'arbres flottants ; autrement dit, je dois reprendre les phrases, me concentrer plus qu'il ne le faudrait etc.
Et puis pourquoi ne pas aérer un petit peu plus les 2 paragraphes ?
Sinon j'ai noté des emplois de temps et de vocabulaires un peu contestables, mais rien de méchant.

Un passage me semble ambigu :

"La jeune fille n'osa pas se pencher de peur de tomber. Elle sourit intérieurement : sa décision était prise.

Le grand homme en noir se matérialisa soudain, à quelque pas de son refuge. La jeune fille se leva, presque joyeuse.
- Ne vous inquiétez pas, je ne veux plus sauter."

En effet, d'un coté elle semble parfaitement résolue à sauter, "sa décision est prise" ; mais pourtant ensuite, elle change d'avis en un rien de temps comme si elle n'avait jamais eu envie d'en finir. Et elle se paye le luxe d'être presque joyeuse par dessus le marché ?!

Quant à la fin, la chute fait son office, mais :

"Pff... Un ange... Et puis quoi encore ! Il repartit dans l'autre sens, commençant à rire. Un rire sardonique, froid, effrayant, en un mot démoniaque."

J'aurais plutôt vu un truc du genre :

"Pff... Un ange... comme si j'avais l'air d'un ange... !"
Un truc comme ça

d'abord merci de vos lectures.
Pur répondre à Max, non la fille hésite (elle s'est rassise) mais quand elle manque de tomber son réflexe de peur lui fait comprendre qu'elle ne veut plus sauter, sa décision est donc prise, elle vivra.
C'est peut être pour ça que l'homme en noir agît.
C'est pour cela que j'insiste (pas assez lourdement ?) sur son rire... démoniaque.

je ne suis pas d'accord non plus sur le coup de la douce rivière pour la lecture. Je crois que l'auteur doit conditionner la lecture du lecteur. Sans vouloir me comparer aux Shelley, Byron ou autres gothicos-romantiques je voulais placer quelques éléments de décors récurants dans les histoires fantastiques. Je voulais un côté glauque. Bon ceci-dit je ne suis pas donc un auteur confirmé et je suis conscient du travail qu'il me reste à accomplir.

encore merci pour les critiques

Bien, j'ai donc mal compris. J'ai relu et ça ne me parait quand même pas très explicite.

la métaphore pourrie de la rivière c'était juste pour dire qu'à la lecture, il vaux mieux un style fluide que lourd

Bon texte, j'ai bien aimé et ce decor tout en rouge, noir et en ombre a effectivement qqchose d'assez glauque. Au niveau du style j'ai bien aimé, y'a juste la dernière phrase prononcée par l'homme noir qui m'a fait un peu tilter (je pense que ce n'est pas le bon registre), sinon c'est du tout bon !
Au plaisir de te relire, ramanaraz

Salut j'ai bien aimé ton histoire aussi, ramanaraz Comme Tici, je trouve le premier paragraphe, trop lourd, presque emphatique qui colle mal à l'ambiance que tu arrives à créer par la suite (peut-être en faisant respirer ton intro avec des points, des virgules).
Ceci passé, l'ambiance est vraiment bonne et l'intrigue bien posée malgré la longueur du texte.
J'ai voté "sympa"

Une histoire pas vilaine qui ne réussit pourtant pas à m'accrocher complètement. Peut-être à cause du style un peu lourd du début. Utiliser des images c'est bien mais là on a l'impression que tu as forcé la chose. Peut-être aussi parce que c'est un poil trop court et que l'action réelle du texte se passe sur quelques lignes vite (trop) posées.
Mais néanmoins, un texte intéressant.

Salut Ramanaraz!!!
J'ai trouvé ton texte sympathique, par contre je me joins aux autres pour dire que le premier paragraphe est assez lourd en métaphores.

salut à tous, merci pour vos critiques constructives, je suis en train de retravaillé tout cela.

En fait, le style du début était un peu voulu, il se voulait un hommage/parodie au style gothique des Shelley ou Byron (n'est pas Lord Byron qui veut). Après un temps d'oubli et une relecture à froid, il apprait que cela tombe à l'eau. Je vais donc travailler une version plus pragmatique, encore merci à tous.