JT en direct

Etonnante découverte d’une espèce inconnue d’hominidés vivant dans les égouts de la ville de Paris. Sur place notre envoyé spécial.

-Pierre vous m’entendez ?
-Je vous entends Sophie. Je suis actuellement au 4^ème niveau du collecteur principal du V^ème, à une trentaine de mètres sous le 13 de la rue Mouffetard.
-Et que voyez-vous , Pierre ?
-A vrai dire pas grand chose pour l’instant, la police a établi un cordon de sécurité et nous autres journalistes sommes maintenus à distance. Seule une poignée de scientifiques a été autorisée à entrer en contact avec ce groupe d’individus. On sait si peu de choses sur eux pour l’instant que ces précautions ne sont sans doute pas inutiles.

-Et que sait-on exactement ?
-Eh bien les services de sécurité ont été alertés avant hier soir par des égoutiers qui venaient d’interpeller un de ces humanoïdes. Ils avaient depuis longtemps repéré sur les lieux des traces de fréquentation, mais ils les attribuaient à des marginaux, on en trouve en effet qui fréquentent
occasionnellement ce genre d’endroit. D’habitude, on les ramène gentiment à la surface, sans autre forme de procès.

-Quelle certitude a-t-on précisément que ce ne sont pas des humains ?
-L’individu appréhendé était simplement vêtu d’un pagne fait de peaux de rat et portait une besace en bandoulière. On a donc pu remarquer que ses mains et ses pieds étaient palmés, ce qui indiquerait une adaptation à la vie aquatique, tout comme sa peau qui, bien que de carnation normale, ferait penser à celle de l’otarie. Par ailleurs il ne semblait pas comprendre notre langage et ne s’exprimait que par des grognements et des cris.


-Il n’a donc pas été remonté ?
-La police appelée à intervenir a tout de suite et très justement supposé que l’individu ne vivait pas seul. Elle l’a donc relâché et suivi discrètement. Il émettait par moments des cris aigus et saccadés, les policiers ont alors pu apercevoir des silhouettes furtives disparaître dans des renfoncements. Lui même a plongé dans le canal, a nagé jusqu’au siphon dans lequel il a disparu. Depuis ce matin, tout le quartier est étroitement surveillé. Ah, Sophie, attendez.

-Oui, Pierre?
-Un bouillonnement dans le bassin, là, tout près. Mon Dieu, serait-ce…
-Soyez prudent, Pierre.


-Vous voyez avec moi en direct, c’est inouï, un individu arrive en nageant à la surface de l’eau avec l’aisance d’un dauphin. Il s’approche de nous, pose ses mains sur le bord, se hisse et s’assied. Il semble que ce soit une femelle, Sophie, si j’en juge par sa jolie poitrine.
Elle vient maintenant de sortir ses jambes de l’eau, elle me fait superbement penser à la sirène de Copenhague. Mais comme vous le voyez, ses jambes fuselées ne sont pas terminées par une nageoires mais par deux pieds palmés. Sa peau, excusez l’image, sa peau évoque pour moi la couenne du jambon blanc. Elle se lève, elle marche vers moi, elle me présente ses deux mains tendues en signe de bienvenue, je suppose. Je vais donc lui donner la mienne pour ce contact histor…Hé !!??

Plouf.

-Allo Sophie ? Bruno, le caméraman. Reprenez l’antenne, Pierre vient de disparaître dans le bassin, entraîné avec une force fantastique par la créature.


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Laboratoire de biologie moléculaire appliquée. Cavité 3A, niveau 7.

L’humain est étendu, nu, sur une paillasse. La grotte baigne dans une douce lumière verdâtre émise par une variété de fougères luminescentes accrochées aux parois. Deux sirénidés, des anciens à la longue chevelure
blanche, se tiennent à son chevet.

-Il ne devrait pas tarder à se réveiller.
-Oui, ça fait maintenant deux cycles
-Dieu fasse que cette greffe de gonades ait réussi.
-Je le souhaite aussi, nos jeunes femelles sont maintenant très agitées et difficiles à contenir.

L’humain dans son demi-sommeil ne capte de la conversation que quelques sifflements d’un registre vocal essentiellement situé dans l’ultrason. Il revient à la conscience avec la perception de la gêne causée par les entraves aux poignets et aux chevilles.

-Il va se réveiller.
-C’est le moment d’administrer l’hallucinogène.

L’un d’eux prélève dans sa sacoche ventrale un sachet de toile, l’ouvre et libère une pincée d’une poussière très volatile au niveau des narines du journaliste et répète l’opération sur plusieurs inspirations. Après quoi ils détachent les sangles et s’éclipsent discrètement.


Pierre se redresse sur sa paillasse, se frotte les yeux, éternue et découvre avec stupeur l’espace qui l’entoure. Après quelques pas hésitants, après avoir examiné et palpé les fougères émettrices de lumière, il se dirige vers ce qui semble être la sortie de la cavité, un boyau suffisamment
haut pour se tenir debout. Il se sent curieusement d’humeur joyeuse, ses narines palpitent à la poursuite d’un parfum délicat qu’il vient de humer, et qui soudain l’attire avec une force irrésistible. Il n’a aucune conscience des glissements furtifs, de cachette en cachette, des deux gardes affectés à sa surveillance. Il finit par déboucher sur une vaste salle à la voûte hérissée de stalactites. Il s’arrête en remarquant, au fond ce qui lui semble être un groupe de jeunes filles jouant dans un large bassin d’eau claire alimenté par un petit cours d’eau qui traverse la salle. Il ne se sent nullement gêné par la nudité, pas plus qu’il ne se soucie de celle des sirènes. Il ne s’étonne pas de la forme fuselée de leurs membres, de leurs extrémités palmées : il les trouve tout simplement jolies, désirables. C’est bien cela, il se sent envahi de désir. Il se met à courir et saute au milieu du bassin.

-Tu le sais, toi ?
-Quoi ?
-Sur lequel d’entre nous on a prélevé les gonades ?
-Non, je ne le sais pas, mais j’enrage.
-Toi aussi ?
-J’enrage de ces nitrates qui polluent nos lacs souterrains et qui atrophient nos pénis. J’enrage de ne pas être là-bas à batifoler avec nos sœurs.
-Nous le tuerons.


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Epilogue.


Des années plus tard, on a tout oublié des prétendus humanoïdes découverts dans les profondeurs des sous-sols parisiens. On pensa qu’il s’était agi d’un canular monté par un journaliste à l’imagination délirante. Quelques heures après la diffusion des images montrant un journaliste jeté à l’eau par une créature évoquant une sirène, le lieu du reportage fut l’objet d’un effondrement du sol qui mobilisa pendant plusieurs mois un colossal chantier de reconstruction des égouts. La découverte un mois plus tard du journaliste retrouvé nu dans la rue, drogué et quasi inconscient, accrédita définitivement la thèse d’une affabulation de sa part.

Pierre a néanmoins épousé Sophie. Seule ombre à leur bonheur conjugal, ils n’arrivent pas à avoir d’enfant. Au service de fécondation assistée de l’hôpital Cochin, le spécialiste est formel :

-C’est la première fois , Monsieur, que je vois une malformation comme celle qui affecte vos spermatozoïdes. Si je puis me permettre, ils ressemblent plus à ceux d’un dauphin qu’à ceux d’un humain. Vous ne pourrez à l’évidence pas avoir d’enfant.

-Et que suggérez vous, Docteur.
-Eh bien, vous n’avez guère d’autre choix que la fécondation in vitro à partir d’une banque de sperme. A moins…

-Oui ?
-A moins que vous n’acceptiez de servir en quelque sorte de cobaye à une méthode expérimentale et que les comités d’éthique voient d’un mauvais œil, mais ça ne se pratique pas en France.


-De quoi parlez-vous ?
-De la greffe de gonades.

Et si tu venais nous faire un petit coucou dans la rubrique "présentez-vous", ce serait sympa et ça pousserait à lire ton petit texte.

C'est bien écrit, avec une bonne orthographe, ça fait du bien !
Par contre la mise en forme ne facilite pas la lecture.
Quant à l'histoire, elle dispose d'une certaine originalité. Malheureusement, je ne pige pas la chute, et du coup, je ne l'ai pas vraiment appréciée.

TiCi a écrit:

C'est bien écrit, avec une bonne orthographe, ça fait du bien !
Par contre la mise en forme ne facilite pas la lecture.
Quant à l'histoire, elle dispose d'une certaine originalité. Malheureusement, je ne pige pas la chute, et du coup, je ne l'ai pas vraiment appréciée.

tu as raison, je suis revenu éditer le texte pour corriger les erreurs de mise en forme avec le copier-coller. Pour la chute? On peut toujours remplacer gonades par testicules, je préfère laisser gonades, ne vous déplaise, j'aimerais bien savoir si d'autres partagent cette impression de mauvaise chute, parce que pour moi, je ne vois pas ce qui cloche.
Merci en tout cas des conseils

Quelques remarques en vrac :

"Etonnante
découverte d’une espèce inconnue d’hominidés vivant dans les égouts de
la ville de Paris. Sur place notre envoyé spécial."
=> cela manque "d'ampleur" ; une telle découverte susciterait beaucoup plus d'enthousiasme etc.

"et nous autres journalistes sommes maintenus à distance"
=> Un journaliste s'exprimerait-il ainsi à la TV ?

"a été autorisée à entrer"
=> C'est de l'ordre du détail, mais on a une petite impression de répétition et de maladresse ; c'est possible de faire autrement.

"La police appelée à intervenir a tout de suite et très justement"
=> Les journalistes font rarement de tels jugements de valeur.

"Sa peau, excusez l’image, sa peau évoque pour moi la couenne du jambon blanc."
=> admettons, lol.

"Après quelques pas hésitants, après avoir examiné et palpé"
=> petite répétition de "après" facilement évitable.

"Des années plus tard, on a tout oublié de des prétendus humanoïdes"
=> erreur d'inattention.

"On pensa qu’il s’était agi d’un canular"
=> est-ce réellement correct comme formulation ?

"A moins que vous n’acceptiez
de servir en quelque sorte de cobaye à une méthode expérimentale et que
les comités d’éthique voient d’un mauvais œil, mais ça ne se pratique
pas en France."
=> un peu maladroit à la lecture.

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Alors j'ai plutôt bien aimé cette petite nouvelle très divertissante. L'idée est originale et accrocheuse et elle mériterait même d'être plus amplement développée.
Au niveau de la qualité de l'écriture, c'est pas mal, mais le style est parfois un peu "lourd" je trouve ; entre autre à cause de petites maladresses (notamment au niveau de la ponctuation) et de phrases parfois un peu trop longues et pas assez fluides. A l'image de celle-ci par exemple :

"Quelques heures après la
diffusion des images montrant un journaliste jeté à l’eau par une
créature évoquant une sirène, le lieu du reportage fut l’objet d’un
effondrement du sol qui mobilisa pendant plusieurs mois un colossal
chantier de reconstruction des égouts."

Sinon je trouve que le début manque un peu parfois de crédibilité (le direct à la TV) ; mais ce n'est vraiment pas méchant.

Concernant la chute, comme TiCi, je ne suis pas persuadé de l'avoir compris comme je le devrait. Est-ce de l'humour, dans le sens ou le médecin lui propose de se faire greffer d'autres testicules (humaines) en Amérique ou je ne sais où (alors qu'on lui a déjà greffé les testicules d'humanoïde) ? Si c'est cela, alors la chute est bonne et drôle, mais elle n'est pas assez explicite.

Mais voila tout de même une bonne petite nouvelle, j'ai apprécié la lecture.

Merci, Max, je vais méditer tout ça. Quant à penser que les journalistes ne font pas de jugements de valeur, et qu'ils ne s'inclinent pas devant l'autorité policière, voilà un argument qui me semble subjectif, on a hélas assez souvent la preuve du contraire.
Mais je vais commencer par revoir mon intro, peut-être en effet un peu abrupte

Sympathique, mais je trouve qu'il manque un petit qqchose à ce texte.
Peut-etre plus d'ampleur ou de descriptions à certains endroits? Il y a aussi des passages où le style compte-rendu journalistique montre un peu ses limites et débouchent sur de petites maladresses stylistiques, comme l'a souligné Max.
"Plouf."
Mais c'est vrai que l'idée de base est intéréssante et amenée de façon plutot originale.
Je pense qu'avec qques améliorations, ce petit texte pourrait devenir très bon

Et au niveau du style, rien à redire : ta plume est simple et efficace, sans fausses notes (hormis les petites maladresses soulevées plus haut, mais rien de grave).
Je t'encourage à continuer sur cette voie-là Michel, je sens que tout ça est prometteur !

J'ai bien aimé aussi avec la même réserve que mes coloc en ce qui concerne la partie compte-rendu journalistique.
Par contre, j'ai compris de suite l'humour de la chute que j'ai appréciée.