Bonjour tout le monde! Voilà, j'ai commencé une nouvelle que m'a inspiré un cauchemar voila une petite semaine. Je vous met le début, en attendant d'écrire la suite!
N'hésitez pas a me transmettre vos commentaires et conseils!
merci et bonne lecture!
Tempête D’Outre Tombe
1
« Cela va être une tempête d’enfer, le ciel va nous tomber sur la tête. »
Murray Jackson frissonna, la tête levée vers le ciel. D’énormes nuages sombres le polluaient . Un vent violent s’était levé une heure auparavant.
Il remonta la rue à toute allure, légèrement penché en avant pour ne pas être déséquilibré par les bourrasques de vent, et s’engouffra dans la voiture. Il avait gardé les clés dans sa main pour ne pas perdre de temps à les chercher parmi le fouillis de ses poches. Il claqua la portière et poussa un soupir.
Il déposa le sachet brun en papier sur le siège passager et démarra la voiture de police. Il tenta d’essuyer vaguement le pare brise avant et du plisser les yeux pour que sa vision devienne nette. Bon sang, ça ne s’arrangeait pas avec l’age.
Il avait l’impression de perdre à chaque année un peu plus la vue. Avec un soupir, il sortit ses lunettes de la boite à gants et les enfila sur son nez.
Il n’était pas loin du commissariat. La voiture démarra et s’engagea dans la rue. Toutes les maisons avaient leurs volets clos, et personne ne traînait dans les rues.
En théorie.
Par acquis de conscience, Murray avait voulu une dernière fois faire le tour de la ville, pour voir si un sans domicile n’errait pas à la recherche d’un abri. C’est que la tempête allait être épouvantable, une des plus violentes depuis 1978, qu’ils avaient dit.
Alors il tenait à ne voir personne dans les rues, ne tenait pas à être informé qu’un malheureux ou une malheureuse s’était fait prendre ce soir, parce qu’il n’avait pas répondu à sa conscience.
Il tourna à droite et passa devant l’épicerie de la ville, fermée elle aussi. Probable que madame Willis s’était réfugiée dans sa cave. C’était une petite femme apeurée et cela jouerait en sa faveur, ce soir.
La tempête prévue était une sorte d’événement dans la petite ville de FairyHall, petite bourgade perdue dans les montagnes où la vie était plus que tranquille. Murray y était flic depuis bientôt trente neuf ans. Il avait débuté sa carrière à dix neuf ans et parfois, il se disait que c’était hier. Il n’avait jamais eu de problème sérieux. En 1982, il avait usé de son arme pour la seule et unique fois de sa carrière: il avait blessé à la jambe un toxicomane hystérique qui avait terrorisé les clients de la banque municipale. Comment s’était-il retrouvé ci? Mystère.
C’était le seul pépin sérieux qu’il avait du affronter. La plupart du temps, c’était pour des amendes, des voitures mal stationnées, des dégâts des eaux, des délits mineurs très rares.
La vie, à FairyHall, semblait venir d’un autre temps, comme dans ce film, « Le village. »
Un autre temps, un autre lieu.
Il grimaça en voyant que la pluie s’accentuait. Si les prévisions étaient justes, cela allait tomber comme jamais.
Et dire qu’il était de garde, cette nuit. Comme par hasard. Il avait confiance en Hanane, la jeune femme qui était resté chez lui pour veiller sur Rose. Mais une part de lui était angoissé de ne pas être avec elles. Murray avait toujours été un homme angoissé. Depuis sa plus tendre enfance, il ne..
Il pila sec en étouffant un juron.
Les mains crispées sur le volant, il regardait par au delà le pare brise comme si il voulait le traverser par la pensée.
Une femme marchait sur le bas coté de la rue, sur le trottoir. D’une démarche lente et la tête levée bien droit, elle semblait ne pas sentir la pluie battante.
-Bah ça alors, fit Murray.
Il avait donc bien fait d’écouter sa conscience, comme si il l’avait sentit.
Il stoppa la voiture de patrouille et baissa sa vitre. L’homme glissa sa tête et cria:
-Madame! Madame! »
Elle ne fit pas halte et ne se retourna pas.
Il renouvela son appel sans résultats. Un frisson le traversa. Pour autant qu’il vit, elle ne semblait pas l’avoir entendu, ou feignait de ne pas l’avoir entendu.
-Madame! »
Rien. Il allait être obligé de sortir sous la pluie et l’interpeller. Et il fallait qu’il soit seul, justement ce soir! Il n’était pas peureux, mais chaque situation étrange lui faisait regretter amèrement de patrouiller seul. Il vérifia que son revolver se trouvait bien dans son hostler, et bien sûr c’était le cas.
Mais il pria pour ne pas avoir à s’en servir.
Puis il ouvrit la portière, se disant qu’il était ridicule. C’était peut-être une jeune femme perdue, une touriste, ou..
Quoi?
Il claqua la portière et trottina pour rattraper la silhouette qui s’était avancée dans la rue, droite comme un i.
-Madame? »
Il parvint à son niveau et lui déposa une main sur l’épaule. Elle avait de long cheveux bruns raides, trempés par la pluie. Enfin, elle s’arrêta et se retourna et pendant une seconde, Murray fut prit d’un frisson en imaginant qu’il allait se trouver face à face avec une petite vieille rabougrie et ricanante, qui allait le dévisager d’un doigt accusateur et tremblant.
« Mais je suis stupide, ou quoi? »
La femme fit demi tour et le regarda. Ce qui le frappa, ce fut les yeux. De grands yeux aux pupilles d’un noir absolu, magnifiques, un iris blanc et immaculé, parfaitement blanc. Elle était jeune, très jeune, sans doute pas plus de vingt cinq ans. Murray ne l’avait encore jamais vu à FairyHall.
-Madame, une tempête va nous tomber dessus, fit-il en haussant la voix pour être entendu à travers les bourrasques de vent de plus en plus violentes. Il ne faut pas rester dehors. »
Elle le regarda sans sourciller, comme si elle le jaugeait.
-Vous êtes en vacances ici? »
De faite, la ville, par son climat paisible et hors du temps, attirait beaucoup de touristes.
-Vous avez loué quelque chose ici? »
Le silence de la femme le mettait mal à l’aise. Le temps le rendait parano.
Il rentra la tête dans les épaules et sursauta lorsqu’une poubelle décolla littéralement du jardin de la maison devant eux; et vint rouler dans la rue.
-Madame, il faut se mettre à l’abri! »
Il la prit par le bras et la tira vers la voiture avec lui. Elle ne s’y opposa pas et le suivit docilement. Murray lui ouvrit la portière côté passager, réalisant alors qu’elle ne portait qu’une espèce de longue robe blanche large. Il l’aida à grimper, alors qu’autour d’eux, les gouttes d’eau tombaient avec la violence de missiles. Le caniveau était déjà gorgé d’eau de pluie. Il fit la tour de la voiture, manquant déraper, et s’y engouffra en frissonnant.
Murray prit un instant pour reprendre ses esprits. Il se secoua la tête, envoyant des gouttelettes partout dans l’habitacle. Il avait un vieux pull à l’arrière, sur la banquette. Il se tourna et le prit pour s’essuyer grossièrement la figure et les cheveux. La jeune femme était assise, immobile, fixant droit devant elle, les gouttelettes d’eau tombant presque délicatement de ses cheveux et son front.
Presque avec beauté.
Il se passa la main sur le visage et lui tendit le pull.
-Essuyez vous, vous allez être malade. »
Elle tourna lentement la tête vers lui et lui sourit, lentement, son sourire s’étirant petit à petit et illuminant son visage.
Il n’avait jamais vu une femme aussi belle. C’était presque surnaturel.
Les traits délicats de son visage, mais par-dessus tout, c’était ses yeux qui le fascinait.
Elle prit le vieux pull et s’essuya avec, ayant enfin une réaction humaine. Murray se détendit: il avait craint qu’elle ne soit en état de choc.
-Comment vous vous appelez? »
Elle déposa le pull sur ses genoux et se passa la main dans les cheveux.
-J’ai trop de noms, dit-elle finalement.
Elle avait une voix douce et cristalline.
-Je m’appelle Pocahontas. »
Murray étouffa un grognement, se demandant si elle le prenait pour un idiot. Pour un vieux beauf de flic.
-Non. »
Elle avait dit ça tranquillement mais cela suffit à lui faire peur.
Comme si elle avait lu dans ses pensées.
Nerveux, il boucla sa ceinture. Brusquement, il se dit qu’il allait la ramener chez elle au plus vite et rentrer au pc.
-Attachez votre ceinture, je vous prie. Ou puis-je vous déposer? »
Pocahontas haussa les sourcils.
-Nulle part. Je suis partout chez moi. »
Murray grinça les dents. Il avait ramassé une femme perturbée mentalement. C’était moche; jeune, belle et perturbée. Il mit le contact.
-Écoutez, la tempête va nous tomber dessus, et ça risque d’être sévère. Vous serez à l’abri chez vous, si vous me dîtes où c’est, je vous y dépose.
-Mais je n’ai pas de domicile fixe. »
Elle fixait la rue, immobile, les mains posées sur le pull.
Murray fit alors le choix de la ramener au commissariat avec lui. Il n’avait plus le temps de faire autre chose, de toute manière. La tempête avait commencée et traîner dehors était du plus risqué.
« Mince alors. Dans quoi je m’embarque avec elle? »
Mais il était néanmoins content, malgré l’inquiétude que cette femme provoquait en luit, de l’avoir trouvé avant que les choses sérieuses arrivent.
La voiture quitta la rue et regagna le commissariat. Ni l’un ni l’autre ne parlèrent.
En fait, Murray ne savait pas quoi lui dire. Il ne s’était pas retrouvé dans une situation pareille depuis très longtemps.
Le poste de police n’était plus qu’à trois minutes. Curieusement, cela lui sembla très loin.
-Vous êtes en vacances, ici? tenta-t-il, ne supportant plus le seul bruit du vent et la balayage monotone des essuies glaces.
-Non. Je suis juste là.
-Et vous vous appelez vraiment Pocahontas? C’est peu banal. »
De faite, elle avait l’air d’une indienne. Son grain de peau un peu métissé lui donnait des origines exotiques. Il sentit une goutte de sueur lui tomber dans les yeux, et il se rendit alors compte qu’il transpirait abondamment. L’air était étouffant, opaque dans l’habitacle. Il s’essuya.
Ils passèrent dans une rue où quelques arbres semblaient plier sous le vent. Un nain de jardin avait fracturé l’une des planches d’une petite barrière blanche, dans une propriété.
-La tempête, dit la femme.
-Hmm, approuva d’une voix étranglée le policier.
Pour résumer, il était dans une voiture avec une femme plus qu’étrange. Elle avait l’air dans un autre monde. Il jeta un œil dans le rétroviseur et croisa son regard, un regard effrayé.
« C’est vraiment moi? Mais pourquoi ais-je peur? C’est juste une femme un peu paumé, sans doute droguée.. »
Voilà, il venait de mettre le doigt sur le point sensible. Il ne se souvenait que trop bien du drogué, de ces yeux injectés de sang, de cette bave qui coulait le long de son menton, ces tremblements hystériques..
Il se revoyait criant au suspect de lâcher son arme, puis, contraint de tirer, pressant la détente, songeant que le recul lui avait fait tellement mal qu’il allait lâcher son arme, et le cri du drogué, son genou explosé, les cris des employés, les sirènes des voitures de police..
Et si elle était armée?
Voilà qu’il devenait paranoïaque; ou juste un excès de tension qui le conduisait à imaginer le pire..
Un éclair blanc vint déchirer le ciel. Il sursauta malgré lui et guetta le tonnerre, qui ne vint que bien après, en sourdine et encore loin.
-La tempête va être terrible, dit-elle.
Murray hocha la tête et constata avec soulagement qu’ils étaient parvenus au poste de police.
2
A FairyHall, la majorité des gens se connaissaient, après tout, il y avait finalement peu d’habitants, pas plus de deux cent, en tout cas. Une vraie petite bourgade perdue dans les montagnes. Quelques années plus tôt, il y avait plus de population que cela, mais la plupart étaient partis pour s’installer dans une plus grande ville, offrant plus de possibilité d’emploi. Ceux qui avaient trouvés leur bonheur ici n’y bougeraient pas; même pour tout l’or du monde. Ici, rien n’avait changé. Les commerces n’avaient pas prospérés, aucune structure n’avait été bâtie depuis vingt deux ans maintenant. On aurait dit que la ville se suffisait à elle-même; et en fin de compte, c’était le cas. Comme si la ville stagnait dans une sphère de bien-être.
Et ce soir, Murray, en descendant de sa voiture, rentrant sa tête dans ses épaules pour ne pas se prendre le vent de face, pressentait que l’équilibre de la ville allait être menacé. Il se sentait ridicule, songeant qu’il pensait comme si il se trouvait dans un mauvais film catastrophe. Mais cette impression ne voulait pas le quitter.
Dans la rue du commissariat, le vent avaient fait chuter les poubelles et éparpillé leur contenu. Le policier fit le tour du véhicule et ouvrit la portière pour que la femme sorte.
-Il faut se dépêcher! cria-t-il.
Un gros coup de vent faillit le déséquilibrer. Elle sortit et regarda autour d’elle.
Murray lui prit la main, elle était étrangement chaude, son contact très agréable.
Maintenant la pluie tombait avec une force inouïe, faisant un bruit du tonnerre. Un rideau humide qui se dressait devant eux.
-Allez! »
Le poste de police était un petit édifice ancien et composé d’un parking et de deux bâtiments à deux étages chacun.
Une petite cour le précédait, ils la remontèrent en courrant. La jeune femme semblait étrangement légère, comme si elle ne pesait qu’un kilo de plumes. A présent, le vent soufflait si fort que Murray avait l’impression qu’il entrait dans ses oreilles et errait sous la peau de son crâne. En passant, il jeta un œil vers le parking et vit que les trois véhicules de service étaient garés. Donc les autres étaient là, en sécurité.
Un soulagement de plus.
La jeune femme le suivit sans difficulté et grimpa avec lui les quelques marches pour parvenir sous le proche du commissariat. Murray tira l’une des portes et elle s’engouffra à l’intérieur.
Il la suivit. Derrière eux, la porte se referma avec un claquement sec; et par dehors, le soufflement du vent se faisait de plus en plus violent.