Les trois temps du temps (sextine)

Une sextine est un poème à forme fixe, comprenant six strophes de six vers et un tercet, où les mêmes mots reviennent à la rime dans un ordre différent.
La sextine a été inventée par Arnaut Daniel, un troubadour de l'époque moyen-âgeuse. Elle utilise six mots rimes. Six strophes de six vers utilisent chacune une fois ces mots rimes et le principe est de les permuter d'une façon logique dans les strophes suivantes, selon le même principe. Arnaut Daniel appliquait la forme suivante : 1, 2, 3, 4, 5, 6 pour la première strophe devient 6, 1, 5, 2, 4, 3 ; ensuite, il considérait sa deuxième strophe comme étant la première pour appliquer le même ordre dans la troisième : 6, 1, 5, 2, 4, 3.

Viens avec moi, je vais te montrer ton avant.
Il est l’heure d’affronter ce passé obscur,
Cette étape qui conditionna ton présent,
Sans laquelle n’existerait pas ton futur.
Regarde-toi lorsque tu étais une enfant,
Rappelle-toi ce bonheur sans nulle torture.

Pourquoi avoir laissé s’installer les tortures ?
Et pourquoi ne pas avoir deviné avant
Qu’il allait détruire tes rêves d’enfant ?
Que son visage attentionné cachait l’obscur.
Observe cette adolescente sans futur,
Qui se lance naïve dans un faux présent.

Voyageons dans les mois, puis, scrute ton présent
Et dis-moi si ce monstre a cessé ses tortures.
Il n’est plus là, peut-être mort dans son futur,
Mais son pouvoir, qui n’a pas disparu avant,
Reste aujourd’hui et te garde dans l’obscur,
Prisonnière dans tes terreurs de faible enfant.

Même maintenant, que tu as plusieurs enfants,
Tu es incapable d’affronter ce présent.
Effrayée de combattre l’affectif obscur,
Tu tergiverses, recules et te torture,
Sans régler les problèmes déjà là avant
Et souffrant d’imaginer ton morne futur.

Partons ensuite vers ton possible futur,
Lorsqu’auront déménagés tes derniers enfants.
Oui, durant cet instant, à ta fin, juste avant.
Vois-tu ce que tu seras ? Sans aucun présent
Pour adoucir les incalculables tortures
D’une vie passée à se terrer dans l’obscur.

Tu rêveras aux lumières dans cet obscur,
Tu pleureras sur ce qui fut dans ce futur
Et gémiras d’avoir validé les tortures,
Parce que tu n’as pas chassé tes peurs d’enfants.
Vois tes regrets d’avoir statufié ton présent,
D’avoir paniqué, de n’avoir agi avant.

Maintenant, tu peux choisir entre cet obscur
Ou enfin modeler à ton gré ton futur.
Mais t’est-il possible d’oublier les tortures.

Wouah !
Voilà un poeme qui demande attention en concentration à la lecture (et je n'imagine meme pas la création lol).
La forme de ce poeme a effectivement qqchose d'un peu désuet - enfin je trouve - et d'archaïque, qui possède ses propres codes et peut-être un certain charme, mais qui est loin d'être évident à la première lecture. Une fois familiarisé avec le principe, on commence à entrer dedans et à relire les vers/strophes précédent(e)s en appréciant certains effets... mais ça reste, je trouve, quand même assez ardu.
Dans le fond, ce n'est pas facile non plus à tout comprendre, au début, je me suis souvent emmêlé entre les différentes époques/périodes abordées et j'ai dû revenir plusieurs fois en arrière pour essayer de tout remettre en place.

Bref, autant il y a de la recherche dans cette forme de poésie et du talent dans ta plume Catherine, autant j'ai eu du mal à accrocher à cette sextine.
Peut-etre pourrais-tu essayer de revenir dessus avec un thème plus simple et des vers plus courts...
Mais encore une fois, je salue ton enthousiasme et ton insatiable soif de découverte en la matière. Objectivement, je pense que c'est plutôt réussi, mais je crois que c'est une forme de poésie qui ne me parle pas Rolling Eyes

Merci pour ton comm rapide mon brave Tak, maître es-lecture de ce manoir.
C'est effectivement une forme ardue à mettre en place tout en essayant de lui garder une certaine simplicité d'interprétation. Peut-être n'y suis-je pas vraiment arrivée.

» Trois flammes
» Ménage à trois
» Le temps
» Le temps de l'innocence
» Le facteur ou dégrisement en trois actes