Voilà un extrait d'une partie de ma biographie. La suite et le début arriveront si vous aimez.
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La codéine était mon leitmotiv quotidien. Planer était l'ultime et unique but de la journée.
J'avais commencé à mélanger alcool et codéine dès janvier. Un soir, j'ai pris 500mg de codéine arrosé d'1 litre de bière à 8°C et de jus de pamplemousse. J'étais complétement sédatée sentant à la fois les effets de la codéine et ceux de l'alcool. C'était agréable, j'avais apprécié, les effets de l'alcool et ceux de la codéine avaient eu tout 2 une bonne alchimie.
Mais vers minuit alors que je recommençais à redescendre je realisai que je n'avais pas pissé depuis des heures malgré le litre de bière. J'essayai d'aller aux toilettes mais je n'arrivai pas détendre mon sphincter. Je me suis endormie puis à 3 h du matin, je ne vais toujours pas aux toilettes. Je commence à avoir mal au ventre. Je suis retournée plusieurs fois aux toilettes mais sans succès. Je commençai à sérieusement paniquée. Je me rappelai d'un épisode de Dr House où il avait dû se mettre lui même une sonde car il ne pouvait pas uriner. Et c'était à cause de sa Vicodin, qui est un opiacé comme la codéine. Logique coïncidence !
Je réussis enfin à pisser après avoir été une bonne dizaine de fois. Ca faisait du bien !
Quand j'y repense avec recul je réalise que j'ai eu beaucoup de chance de n'avoir eu qu'une rétention d'urine. J'aurais pû avoir bien pire du style un coma ou un arrêt respiratoire. Mais ce soir-là je n'avais pas réalisé à quel point cela pouvait être dangereux. L'envie de se défoncer toujours et toujours plus prenait le pas sur la raison.
La codéine avait déjà pénétré mon esprit au point de n'avoir ni raison, ni logique et en perdant toute notion du temps.
La codéine avait aussi réussi à abîmer encore plus mon corps que les 2/3kg perdus précédemment. J'étais plus à 40kg qu'à 43, un jour je suis même descendue à 38kg (pour 1.52m, je vous rassure un peu comme même !). Je n'avais plus mes règles également ou alors que 3 gouttes. Mais je n'avais plus de maux de têtes dues aux variations hormonales, plus de signes avant-coureurs qui prédisaient mes règles. Je n'avais plus faim. La codéine avait un effet anorexigène sur moi ce qui entrainait perte de poids et aménorrhée.
Le menu de la journée se résumait à un bol de céréales, 1 ou 2 yaourts parfois un peu de légumes. Bien sûr, je ne mangeais pas le midi par souci d'économie mais aussi pour m'assurer d'être à jeûn afin que lorsque j'absorbe la codéine; elle monte plus vite.
Même si à la base j'avais des troubles du comportement alimentaire, ni la perte de poids, ni l'anorexie physique ne me plaisait. C'était la drogue qui m'avait fait ça, pas moi, pas ma volonté !
J'avais l'impression d'être habitée voire hantée par la codéine. Elle dictait mes comportements, mes réflexions et avait prit toute sa place dans ma vie. J'étais une défoncée. C'était moi. C'était mon identité.
J'étais tellement habituée à me voir dans le miroir défoncée avec les pupilles rétractées que lorsque j'étais clean, je n'arrivais plus à me reconnaître. Je n'arrivais plus à imaginer ce que j'avais pû être avant de tomber dans la drogue. Mais j'avais l'impression que seule la codéine pouvait m'apporter un semblant de bonheur dans la vie. J'alternais manque et bien-être avec des états d'excitations euphoriques pendant l'extraction ou lorsque je ressentais les boîtes de Codoliprane dans mes poches ou dans ma main.
Je vivais pour la codéine. En seulement 2/3 mois. C'était impressionnant. Je ne pensais pas que ça pouvait être aussi puissant autant pour l'effet que pour l'addiction. Je compris que la codéine était une drogue dure et pas une drogue douce tel que j'avais pû l'imaginer.