Atelier n° 1 - Ma contribution

Les mains agrippées à la grille, Jonas regardait la maison qui se dressait devant lui, menaçante. Chaque jour il passait devant cette grande baraque en ruine qui surplombait l'avenue Edgar Poe, et chaque jour ce même malaise s'infiltrait en lui sans vraiment comprendre d'où il venait.
C'était l'hiver et les barreaux décolorés de la grille étaient froids. Mais il lui semblait que malgré la canicule qui avait sévit en août, ceux-ci étaient restés glaciales. Un détail qui le confortait dans l'étrangeté de cette vieille bâtisse. Il se souvenait avoir vue, à plusieurs occasions, une ombre passée devant une des fenêtres cassées du première étage. Quelques rires d'enfants, venus de nulle-part, s'étaient également propagés dans les jardins qui bordaient un petit chemin de terre menant à la demeure. Et une fois, un cri étouffé et effrayé d'une femme avait percé les murs en briques, jusqu'à ses oreilles. Parcouru d'un frisson, il avait pris ses jambes à son cou ce jour-là et n'avait jamais raconté cet instant terrifiant qui hanta ses nuits pendant plusieurs semaines.
Jonas essaya d'ouvrir la grille, sa respiration s'accéléra lorsqu'il réalisa qu'elle n'était pas fermée à clé. C'était la première fois qu'il osait pénétrer l'endroit de ses cauchemars. Ses bottines bleus s'enfoncèrent légèrement dans le sol et il avança à pas hésitant jusqu'à l'abri en bois qui plongeait l'entrée dans la pénombre. A première vue, les poutres étaient pourries et des branchages avaient recouverts le plafond. La porte était de couleur sombre et parsemée d'éraflures du bas jusqu'à la poignet. Comme-ci des ongles avaient tentés de l'atteindre, déchirant la peinture, sans y parvenir. Jonas trouva d'ailleurs cela étrange car jamais il ne lui serait venu à l'esprit d'y entrer. Mais pour en sortir, il aurait certainement été capable de s'arracher des lambeaux de chairs de ses doigts.
Il jeta un œil à travers un carreau et contempla un long couloir. Des toiles d'araignées s'étaient logées sous les meubles et sur les recoins des murs mal tapissés. Deux tableaux recouverts de poussières étaient accrochés et impossible pour Jonas d'apercevoir ce qu'il représentaient. Dans le fond, il n'avait pas envie de le savoir de toute façon.
Un bruit de craquement s'échappa de sous ses pieds et une planche se fendit laissant passer une de ses jambes au travers. Il poussa un hurlement de surprise. C'est alors que la porte se mit à trembler, comme si quelqu'un ou quelque chose la frappait de l'intérieur. Il leva la tête, pris de panique et s'extirpa du trou. Tendit qu'il reculer, la porte continuait ses soubresauts. Des rugissements jaillirent du couloir. Jonas se retourna et pris la fuite sans prendre la peine de refermer la grille derrière lui.
Pourquoi avait-il été si curieux, se demanda-t-il.
Jonas était loin de la maison à présent mais continuer de courir, la peur au ventre...