Ben voila, je me lance
.
Le monstre qui hante mes nuits
Et voila; une fois encore la nuit est là, une fois encore je ne dors pas.
Ils disent que je ne crains rien, que tout ça c’est dans ma tête. Que c’est pour ça qu’ils me donnent des pilules.
Mais moi, oh oui moi, je sais que c’est vrai !
Ils disent que je suis dingue, ils pensent que c’est moi qui les ai tués. Je le sais, je le vois dans leurs yeux. Les flics ont arrêté Mr Mathieu, le livreur de lait. Le pauvre; dire que sa seule faute a été de me rattraper sur la rue ce matin là. Ils lui ont tout mis sur le dos, plus pratique même si y a pas de preuves.
Une famille entière, ma famille, même Poupsy le chat de ma sœur y est passé. Ouais, une famille entière… sauf moi. Luca, petit garçon blond aux yeux bleus, âgé de 6 ans à l’époque. C’était y à quinze ans, quinze ans que ce pauvre type clame son innocence, que je leur dis la vérité mais qu’ils refusent de comprendre. Quinze ans que ça me hante, que j’y pense. Quand t’es enfermé, tu as du temps pour penser, beaucoup de temps et quinze ans c’est long, très long surtout quand tu dors pas la nuit.
Vous voulez la vérité? Qui sais, peut être que vous, vous me croirez.
La première fois qu’il est venu, c’était un soir de décembre, le vent hurlait dehors et la pluie tombai à seaux, le tonnerre grondait au loin et les éclairs zébraient le ciel.
Je me suis réveiller à cause du bruit, pas de l’orage non ça j’en ai pas peur mais un petit bruit agaçant, permanent; comme un grattement sur la porte. Je me suis dit que c’était encore cette saleté de chat, grosse boule de poils ridicule que ma sœur avait en adoration. Je me suis levé de mon lit, en faisant le moins de bruit possible d’abord pour ne pas réveiller mes vieux mais aussi pour essayer de décocher un coup de pied à ce casse-pieds, histoire de lui apprendre ce qu’il en coûte de me réveiller. J’ai approché la porte, tendu la main vers la poignée et tourné doucement, mon pied près à frapper.
La porte s’est ouverte en silence et mon pied est parti…dans le vide. Pas de chat, rien du tout, le palier était totalement vide et un silence de mort régnais dans la maison. C’était calme, trop calme, je n’entendais même pas les ronflements de papa, juste cette espèce de grattement.
La peur a commencé à s’insinuer dans ma tête, petit rongeur affamé cherchant quelque chose a boulotté. J’avais l’impression d’être seul sur terre, j’ai respirer à fond et souffler lentement histoire de me calmer et j’ai tendu l’oreille pour trouver d’où ca venait. J’ai écouté, mon esprit se focalisant sur ce maudit gratte-gratte oubliant l’orage, ça venait du dehors. Un grattement sur le châssis ou le mur, comme une demande pour entrer. Non, c’était impossible, rien ne pouvait atteindre ma fenêtre c’était logique non ? Pourtant ça venait bien de là, pas de doute. Et la peur ce fit panique, je me suis retrouvé pétrifier, figé sur place à moins de vingt centimètres des tentures et bien sûr du bruit et de la chose qui le produisait. J’aurais pu appelé papa ou maman. Peut être même Angie ma grande sœur, elle est si gentille quand elle veut.
Et après ? Passer pour un p’tit bébé qui à peur du noir ? Ca non alors! J’ai 6 ans, je suis grand!
J’ai pris mon courage à deux mains, me suis approché de la fenêtre, mon doudou fétiche Baïna le chien en guise de bouclier, et j’ai tendu une main tremblante devant moi, m’arrêtant à cinq centimètres de la tenture, allais-je oser ou non ? J’étais à deux doigts d’hurler, au bord de la crise de nerfs et pris d’un excès de témérité je franchi le cas. Je m’était préparer à jeter un cri perçant mais le son qui sorti de ma bouche fut un grand éclat de rire.
Une branche, une simple branche! Comment est je pu être si bête ? Le cœur soulagé, je suis reparti me pelotonner dans mon lit. Malheureusement, plus moyen de me rendormir.
Et là, je l’ai entendu, l’autre bruit. Comme un frottement, suivi d’un écoeurant bruit de succion. Je sais maintenant que c’était lui, lui qui fredonnait cette petite comptine affreuse.
Je n’ai pas osé sortir de ma chambre, l’aurais-je fais que peut être seraient ils encore en vie…où alors peut être que je serai mort. Qui peut dire ?
Je restai là, dans le noir, serrant sur mon cœur mon doudou. Je me fis de glace pour ne plus bouger, ne rien écouter mais j’entendis malgré moi. Ca venait de la chambre de mes parents Frottement, succion et petite chanson. Encore et encore, pendant 10 minutes qui me firent l’effet de 10 ans puis plus rien. Je restais sur le qui-vive, au cas où mais le silence était revenu. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, a vrai dire je n’ai plus vraiment dormit depuis.
Le lendemain, dès mon levé, j’ai été dans la chambre de mes parents, papa était déjà parti travailler maman dormait encore. La porte du placard était entrouverte, ça sentait mauvais, très mauvais, une odeur de fruit pourri, de bête crevée. Ca venait de là.
J’ai réveillé maman en douceur, elle était livide, épuisée. Elle m’a demandé si j’avais déjà déjeuné; je lui demandai si rien ne l’avait réveillée. La réponse fût non aux deux questions.
Alors que j’avalai mon bol de Boumocapik et elle son énième café du matin, je vis de larges cernes sous ses yeux. Elle me répondit que non elle n’était pas malade, elle avait seulement mal dormi. Mes parents étaient de plus en plus fatigués et ça a commencé aussi avec Angie. Tous les soirs les mêmes bruits, la même chanson. Je l’entends encore résonner dans ma tête :
« Dors, dors, dors mon ange,
Que tes rêves soient sucrés.
Dors, dors sans te réveiller
Le temps que je puisse les manger
Jusqu’à t’épuiser
Jusqu’à te tuer. »
Ca à durer trois ans, trois ans pour qu’il les achève, trois ans sans qu’il ne s’en soit pris une fois à moi. Pourquoi me demander vous ? Sûrement parce que je ne dormais plus.
Un matin, j’ai été le seul à me levé, j’ai regarder dans leurs chambres et ils étaient là ; comme endormis. Maman, papa, Angie même Poupsy, tous, dans une sieste sans fin.
J’ai couru dehors, petit garçon de 9 ans, en pyjama accroché à son doudou, criant au secours, demandant un médecin, de l’aide, n’importe qui.
Et depuis je suis ici, je fuis la nuit encore et toujours. Je le fuis, Lui. Alors je mens, je ruse, tout pour ne pas dormir. Je leur dis que j’ai fait la sieste, que j’ai bien pris les médicaments.
Je cale bien draps et couvertures pour que rien ne dépasse, Baïna toujours à mes cotés, futile bouclier.
Et quand viens la nuit, j’attends. Il me cherche, je le sais, il veut la famille au complet.
On peut l’appeler Croque-mitaine ou monstre du placard, la chose, l’esprit frappeur ou encore
Le Tommyknocker. Pour moi, il est l’Avaleur.
FIN
Littleangel_be
PS: Merci à Thomas pour ses conseils, en espérant ne pas avoir fait pire que mieux!