Les Chroniques d'Ilnorad

Féradan était un jeune homme d'environ 18 ans, qui étudiait à la faculté de la ville la plus proche de son village. Il vivait tranquillement sa vie de jeune adulte chez ses parents, avec lesquels il s'entendait très bien. Sportif accompli, il était passionné par l'escrime, sport dont il fut sacré champion de France plusieurs fois au cours de son apprentissage. Il était aussi passionné par le moyen-âge, il rêvait secrètement d'aventures épiques de cette époque, dont il serait le héros principal. Il avait trouvé dans la bibliothèque de sa commune un livre assez ancien, écrit au moyen-âge, et enlisant le résumé sur le quatrième de couverture, il découvrit que cet ouvrage racontait l'histoire d'un monde appelé Ilnorad, et comme beaucoup de romans fantastique, il était question de plusieurs races, et d'un ennemi commun qui souhaitait dominer et conquérir le monde, et s'approprier le pouvoir suprême.

Un soir, alors que Féradan rentrait chez lui après les cours, comme n'importe quel autre jour, il s'assit comme d'habitude dans le bus le ramenant dans son village. Il feuilletait le livre, qu'il était impatient de commencer, lorsqu'il remarqua un petit détail qu'il n'avait pas vu auparavant lorsqu'il prit le livre la première fois : la dernière page blanche du livre était collée au troisième de couverture. Il ne pouvait dire pourquoi, mais il voulait absolument décoller cette page, il avait un pressentiment étrange à propos d'elle. Il décida donc de s'en occuper le soir même, lorsqu'il serait rentré chez lui, et qu'il serait seul dans sa chambre, après avoir fait tout ce dont il s'occupe chaque soir, à savoir ses devoirs et sa toilette. La soirée se passa normalement, un soir comme les précédents. Il ne savait pourquoi il était autant obnubilé par une simple histoire de page collée, surtout sachant que cette dernière page devait très certainement être vierge. Ce qu'il savait, c'est qu'il voulait la décoller, et vérifier par lui-même. Après manger, il dit bonsoir à ses parents, seulement à eux car il était fils unique, il aurait bien voulu un petit frère ou une petite soeur, mais ça n'est pas encore prévu. Il continue d'espérer.

Il monta à l'étage, traversa le couloir, sans prêter attention aux nombreux bibelots et photos sur les étagères ou accrochés au mur, et rentra dans sa chambre. Elle était assez spacieuse, il y avait à l'intérieur un lit une place (à quoi bon avoir un lit deux places sans petite amie se disait-il), un grand placard, qui occupait déjà une bonne partie de la chambre, un bureau bien rangé, sur lequel était posés ses cours, ainsi que sa nouvelle acquisition : “Les Chroniques d'Ilnorad”, sa nouvelle lecture. Il avait aussi la télé, mais il ne regardait que très rarement, préférant dédier son temps libre à la lecture. Lorsqu'il eut fini ses devoirs et fait sa toilette, il s'assit à son bureau, sur sa chaise noire à roulettes, et ouvrit le mystérieux livre à l'endroit de la page collée. Il entreprit donc de la décoller, de libérer cette fameuse dernière page, doucement car il craignait de la déchirer ou de l'abimer, et il était très protecteur et plutôt maniaque concernant tous ce qui l'entourait.

Lorsqu' enfin la page fut libre, il découvrit, non sans un certain étonnement, que la page n'était pas complètement vierge. En effet, un paragraphe manuscrit se trouvait au beau milieu de la page. C'était une étrange écriture, et d'après l'apparence de l'encre, il en déduisit que c'était écrit à la plume, d'une écriture grossière et rapide, comme si la personne avait noté ces quelques mots en hâte. Cela lui rendit la tache particulièrement difficile, mais par chance l'inscription était dans sa langue, ce qui ne manqua pas de le surprendre car l'auteur était britannique. Finalement, il réussit tant bien que mal à déchiffrer l'inscription. Elle disait : “Nous Iloriens, avons de nouveau besoin de la sagesse du héros légendaire Féradan, de ta sagesse, ton expérience au combat, et ton esprit de stratège. Prononce les mots sacrés lorsque la lune pleine sera à son zénith.”

-Mais qu'est ce que ça veut dire ? se demandait Féradan, abasourdi. Pourquoi mon nom est il écrit ici ? Je ne comprend plus rien moi... Ilnorad existerai vraiment ? Est ça veut dire quoi “de nouveau”, j'y serait déjà allé par le passé ? Impossible !! Les mots sacrés ? Qu'est ce que c'est que ça encore ? A minuit un soir de pleine lune c'est ça ? Donc si jamais c'est vrai et que je comprend bien, pour aller à Ilnorad, je dois trouver les mots sacrés, et les prononcer à minuit, au moment de la pleine lune, dans trois jours.

Il s'arrêta, réfléchit un bout de temps, et éclata de rire. Il pensait que c'était tout simplement une plaisanterie de la part de ses copains de faculté. Mais il se demanda tout de même comment ils auraient pût savoir qu'il avait ce livre, étant donné qu'il l'avait acheté le jour même, et dans le même temps écrire ces phrases et collé la page, sans être sur qu'il allait la décoller... Féradan ne voulait pas s'embêter avec ces questions stupides, et décida de ne pas rentrer dans leur jeu. Il était assez tard, il résolut donc d'aller se coucher.

Au beau milieu de la nuit, il entendit un murmure. Du moins il crut l'entendre. Il se redressa sur son lit, en sueur, prêtant son oreille au moindre bruit, au moindre son. Il attendit, et attendit encore... Vingt minutes passèrent sans qu'aucun bruit ou murmure ne se fasse entendre. Il conclut qu'il avait simplement rêvé, et se rendormit, et ne fut réveillé plus tard que par la sonnerie de son radio-réveil. Il fit comme si rien ne s'était passé la veille ni dans la nuit, et se prépara comme d'habitude, pour une habituelle journée de cours. Et en effet, cette journée se passa tout à fait normalement, rien de particulier à remarquer, toute aussi ennuyeuse que n'importe quelle autre journée de cours. Le soir, lorsqu'il remonta dans sa chambre, il remarqua que le livre était posé sur son lit, ouvert à la page de l'inscription. Cela en revanche, n'était pas une hallucination, car elle était toujours là. Mais quelques était différent cette fois, et en regardant au bas de la page, il sut de suite ce que c'était : au bas de la page, inscris en lettres capitales d'une couleur rouge sang, six mots d'une langue inconnue. L'un d'eux, il le reconnut facilement, c'était le nom du monde qu'il pouvait soit-disant aller visiter : Ilnorad. Mais les autres mots lui étaient complètement inconnus. Ces mots étaient répartis sur trois lignes :

EO STER ELI

PROTAERE DE

ILNORAD


-Sont-ce là les fameux mots sacrés qui permettent d'accéder à Ilnorad ? Comment ai je pu les rater la première fois ? Non, ils n'étaient pas là au début, j'en suis sûr. Quelqu'un les a rajoutés aujourd'hui, quand j'étais à la Faculté.

Sa mère rentra dans la chambre à cet instant pour lui demander de descendre dîner. Elle lui demanda s'il y avait un problème. Il dit que non, et demanda pourquoi. Elle répondit simplement qu'elle trouvait bizarre le fait qu'il lise un livre, en commençant par la fin, et en restant bloqué sur une page vierge. Il n'en croyait pas ses oreilles, il comprit alors que cette histoire devait être vraies, ou alors sa mère jouait très bien la comédie, mais c'est une chose qu'elle n'a jamais appris à faire, et pourtant elle essaya plusieurs fois. Il comprit qu'il était le seul habilité à voir ces mots étranges, et décida de vérifier lui même si oui ou non il devanait fou et si cette possibilité de vivre enfin l'une des aventures dont il rêve est réelle ou non.