Bon, comme promis, voilà une de mes nouvelles.
Si j'ai bien tout compris, c'est ici que vous allez la décortiquer et m'achever, mais bon... quelque part j'adore ça
Juste du bois...Les deux hommes couraient d’une foulée rapide. Ils étaient l’un derrière l’autre et avançaient sans un mot sur le petit sentier de forêt. Autour de leurs deux visages, des dizaines de moucherons gravitaient attirés par l’odeur de leur sueur. Ce chemin était une longue ligne droite interminable de plusieurs kilomètres. Au dessus d’eux, les arbres se rejoignaient pour former une sorte de tunnel de verdure les épargnant ainsi de la chaleur de l’été.
Leur course avait un but. “La femme en rouge” comme ils se plaisaient à l’appeler. Ils l’avaient déjà vu quelques fois en passant car sur quelques dizaines de mètres les arbres avaient été coupés offrant à la vue le bord d’une rivière.
A chaque fois, elle se tenait là et les regardait passer, ses cheveux mi-long d’un rouge éclatant parsemé de mèches noire tenus par ses lunettes de soleil. Sa silhouette était fine. Elle portait tout le temps un pantalon mi-long qui lui arrivait au dessous des genoux et un haut léger couleur bordeaux qui dessinait agréablement sa petite poitrine. A ses pieds, de simples ballerines de ville noir avec une boucle de métal sur le côté. De sa manche droite, semblait dépasser un tatouage noir sur seulement quelques centimètres.
Cette fois-ci, les deux joggeurs avaient décidé de s’arrêter pour discuter. Enfin, c’était surtout Thomas qui voulait la rencontrer. A chaque fois qu’il apercevait sa silhouette au bord de l’eau, il se sentait irradié de bonheur. Il voulait absolument faire sa connaissance.
Plus que quelques mètres, et ils la verraient. Ils passèrent le dernier arbre et jetèrent tout de suite leurs regards sur la gauche. Elle était là. Les deux hommes s’arrêtèrent, sautillant sur place. La chaleur leur brûlait maintenant le visage. Ils se regardèrent quelques secondes puis marchèrent à sa rencontre. Ils descendirent une petite pente recouverte d’herbe et se retrouvèrent sur une plage de galets.
De plus près, ils virent son regard, d’une intensité saisissante, sûrement dû a ses superbes yeux noisette et à ses fins sourcils noir qui ne faisaient que les mettre un peu plus en valeur. Son visage était vraiment beau, presque irréel. Sur sa lèvre inférieure, un piercing, laissant dépasser de sa chair une petite boule d’acier. Son nez qui accentuait le côté fin et fragile de son visage. Son teint était hâlé ; et sur son bras droit, se devinait effectivement la pointe d’un tatouage.
Ce fut Thomas, qui engagea la discussion, un peu essoufflé : “Bonjour.” Elle resta immobile et muette, mais semblait l’observer attentivement. Anthony prit donc la parole à son tour : “On vous voit souvent dans le coin quand on court. Et comme vous regardez tout le temps dans notre direction, on s’est dit qu’on allait se présenter. Puisque nos chemins ont l’air de se croiser régulièrement…” Aucune réaction. Le soleil, bien que toujours haut dans le ciel, semblait perdre un peu de sa chaleur.
D’un geste sec, elle tendit la main vers Thomas : “Méliaé... je m’appelle Méliaé !
- Enchanté, je m’appelle Thomas. Et lui, c’est Anthony, dit-il en montrant du doigt son ami.”
Elle ne regarda presque pas Anthony, elle laissa son regard intense lourdement posé sur Thomas. Elle ne lui lâchait pas la main non plus, elle serra même de plus en plus fort. Une drôle de force pour une femme pensa-t-il. Plus elle serrait, plus il se sentait mal, une sensation de détresse s’emparait de tout son être. Soudain, il s’évanouit. Il n’était plus au bord de la rivière dans la forêt, il était... il ne savait même plus ou il se trouvait. Il ne voyait plus le soleil, plus le ciel, juste cette femme, Méliaé. Elle le fixait droit dans les yeux. Puis il entendit cette voix dans sa tête : “Me reconnais-tu ? Non bien sûr, car nous nous sommes rencontrés lors d’une de tes vies antérieures. Nous nous aimions passionnément et nous nous sommes promis de vivre pour toujours ensemble.”
Thomas, la fixait les yeux grands ouverts. Des bribes d’images lui revenait en tête, se voyant vêtu d’étranges habits d’époque accompagné d’une femme qui ressemblait à Méliaé. Mais était-ce bien elle ?
Elle continua : “Tu commences à te souvenir... Cherches plus loin !”
Il concentra toute son énergie sur son visage. Soudain, dans son esprit, ce fut l’évidence même. Son sourire, son timbre de voix... Oui, elle disait vrai, il en était convaincu.
Méliaé reprit : “Nous n’avons jamais pu vivre comme nous le souhaitions.” Court instant de silence. “ Aujourd’hui, j’ai encore perdu la vie en ce monde, je viens donc te proposer de tenir ta promesse. Si tu le veux bien, tu n’as qu’a m’embrasser.”
Un profond sentiment s’empara de lui, et les larmes lui montèrent aux yeux. Il l’avait déjà aimée c’était une évidence maintenant et il l’aimait même encore.
Sûr de ce qu’il faisait, Thomas s’approcha d’elle, la prit dans ses bras et l’embrassa. Un éclair surgi de nul part déchira le ciel , et vint frapper le couple enlacé.
Soudain Anthony reprit connaissance. Il ne se souvint de rien. Pourquoi était-il là ? Il avait dû prendre un malaise en courant et s’était donc approché de la rivière pour se passer de l’eau sur le visage. A moins que ce soit cette lumière vive dans le ciel...
Peut -être...
Il se redressa, encore un peu secoué par ce qu’il venait de lui arriver. Il regagna tant bien que mal le petit chemin de forêt et rentra lentement chez lui en marchant. Il avait une drôle d’impression, l’impression d’oublier ou peut-être même d’avoir perdu quelque chose, mais ses idées se mélangeaient, plus rien n’était clair.
Il apprit la disparition de son ami Thomas quelques jours après. Il ne put aider les enquêteurs. Il leur dit que ce jour là, il était sorti seul pour courir et avait fait un malaise...
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Pendant ses parcours quotidiens, Anthony pensait souvent à Thomas. Eux qui passaient tant de temps ensemble... Pourquoi ne lui avait-il jamais dit qu’il avait envie de tout quitter, de refaire sa vie ? Parce qu’il était sûr que Thomas n’était pas mort, il devait être quelque part, sûrement tout près même.
Anthony passait souvent sur le chemin où il avait eu son malaise ce jour-là. Parfois, il descendait au bord de la rivière. A quelques mètres du bord se trouvait un saule. Son tronc tortueux ressemblait vaguement à un couple s’enlaçant. A chaque fois qu’il s’y accoudait, il ressentait quelque chose au fond de lui. Pourtant en le regardant, il voyait bien que ce n’était rien ; juste du bois...