Charles et Jimmy

Premier chapitre d'un "roman" en cours... histoire de voir ce que vous en pensez... (Bon les kingiens, je sais déjà que vous le connaissez ! Enfin si vous êtes bien allés le lire ! )

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Chapitre 1 - Charles


7h30. Lolaaa... J'suis qu'un enfant quand tu vas où j'suis pas...
Charles ouvre un oeil. Le soleil, se frayant difficilement un passage à travers les persiennes, accroche sa pupille découverte et darde un de ses puissants rayons sur cette cible encore embrumée. Gêné par cette faible lueur dont le protégeait jusqu'alors son sommeil, Charles cligne des yeux et se passe la main sur le front. C'est parti, le temps du repos est révolu, il faut maintenant se réveiller !
Renaud continue sa chanson. Tu sais ma môme que j'suis morgane de toi... Charles tend la main et met fin à cette nuisance dont il ne comprend pas le sens. Il se laisse deux minutes, le temps de s'habituer à la semi-obscurité qui règne dans la chambre et repousse le drap. Un léger courant d'air - il a encore dû laisser la fenêtre du salon ouverte - fait naître quelques frissons sur ses avant-bras. Minuscules excroissances poilues qui se dressent au garde-à-vous. Parfaite synchronisation, c'est bien les gars !
Avec une lenteur qui trahit son extrême motivation, il s'assied au bord du lit et cherche avec ses pieds ses pantoufles abandonnées la veille au soir. Sur la table de nuit, il récupère ses lunettes, soigneusement pliées près du radio-réveil.
Il se lève alors et se dirige vers la fenêtre. En ouvrant les volets, il ne peut s'empêcher de faire la grimace en recevant d'un seul jet la lumière extérieure. Mais très vite la vue qui s'offre à lui lui redonne le sourire.
A ses pieds s'étalent les quartiers adjacents au port. Enchevêtrements de rue qui disparaissent dans l'amoncellement de vieilles maisons niçoises et d'immeubles nouvellement érigés. A droite, la colline de Cimiez inaugure les hauteurs qui la dominent. Charles tourne son regard vers la partie gauche de la ville et s'abandonne dans la contemplation d'une Méditerranée toujours aussi calme et enchantante. Pour l'heure, elle resplendit de mille feux, baignée des incessants reflets que lui procure le soleil.
Sous la chaude caresse de l'astre, Charles sent monter en lui l'énergie qui va l'animer toute la journée. Il referme la fenêtre et se dirige vers la salle de bain. Au-dessus du lavabo, le miroir lui renvoie l'image d'un homme attirant, brun, les cheveux coupés court et au regard pénétrant, qui pour l'heure se voit alourdi de deux poches violacées. Pourtant il s'est couché tôt. "Un peu de vacances me ferait le plus grand bien", pense-t-il en ouvrant les robinets de la douche.
Après s'être débarassé de son pyjama à carreaux - cadeau de sa mère ! - et avoir vérifié la température du jet, il se glisse sous la pluie d'eau revigorante et chasse les mauvais rêves qui l'ont habité toute la nuit.

Une heure plus tard, quand il sort de la résidence où il vit, il est vêtu de son costume noir préféré et d'une chemise cintrée blanche Zara. Zara, toujours Zara ! A croire qu'ils sont les seuls fabricants convenables de chemises.
- Bonjour, M. Le Chéran !
Charles tourne la tête vers cette voix fluette qui l'interpelle et ne prend pas la peine de sourire.
- Bonjour, Mme Rabino.
La petite femme ronde qui se tient à quelques mètres de lui ne se soucie cependant pas de cet habituel manque d'enthousiasme et s'esclaffe.
- Ah, c'est l'heure de travailler ? C'est dommage, il fait si beau ! Et la météo a prévu... Kiki, ne tire pas comme ça !...
Pour le plus grand plaisir de Charles, la boule de poils qui répond à ce doux nom s'est tout à coup mis en tête de flairer une sinistre touffe d'herbe abandonnée. Tirant comme un démené sur sa laisse, il tente désespérément de faire bouger cette masse informe qui le nourrit chaque jour. Les pattes avant en l'air, il remue énergiquement et tire... tire...
- Kiki, voyons ! Je ne sais pas ce qu'il a ! Excusez-moi M. Le Chéran, je ne v...
Charles est tout sourire tout à coup.
- Pas de problème Mme Rabino ! Je dois y aller de toute manière. Prenez bien soin de Kiki !
Il tourne les talons et s'éclipse en vitesse. La p'tite dame est bien gentille mais quand elle est partie, plus rien ne l'arrête. Et on a beau tout essayer - rendez-vous urgent, casserole sur le feu, femme qui accouche même ! - rien n'y fait ! Elle est infatigable. A croire que les bavardes sont branchées sur le secteur ! Toujours en action, leur langue l'est à tout le moins, sans vacances, sans week-end, sans pause ! Et là les coupures de courant ne sont pas même un répit. Non, non, ce serait trop facile ! Seule solution pour éviter un résumé trop précis des événements qui surviennent dans la résidence (pire que Dallas !) : se brancher un radar anti-commère, anti-pipelette, anti-bonne femme rondouillarde esseulée qui dès qu'elle croise un être autre que son cher bichon
hargneux se jette dessus pour libérer un trop plein de silence !
Mais le pire est passé et Charles s'en réjouit. D'autant plus qu'il l'évite depuis maintenant plusieurs semaines. Allez savoir le nombre incalculable de nouvelles croustillantes qu'elle aurait bien pu trouver à lui raconter ! Et le temps aussi inimaginable que cela aurait pris !
Charles glisse la main dans la poche de sa veste et en sort les clés de sa voiture. Quelques mètres plus loin l'attend sagement sa nouvelle acquisition : une BMW Z3, Coupé Cabriolet bleu nuit, jantes alu, intérieur cuir, volant en bois... Une vraie merveille ! Un bijou ! Que dis-je ? 170 chevaux sur roues, un bonheur ! Pour ce célibataire endurci, c'est l'occasion inespérée de se voir en père protecteur et attaché.
Commandant l'ouverture automatique des portes, il fait le tour du véhicule et se glisse à l'intérieur. Une pression sur le bouton POWER de l'autoradio laser et la voix de Jacques Brel retentit dans l'habitacle. Sur le port d'Amsterdam, y'a des marins qui boivent...
Charles laisse se répandre en lui cette musique qui l'anime et le transporte quelques années en arrière, du temps où la même voix s'engouffrait dans sa chambre le matin alors que son père venait de se lever.
Il reflue ces pensées qui l'envahissent tout à coup. Pas le moment de s'attarder là-dessus. Les clients attendent. Une grosse affaire est en jeu aujourd'hui. De quoi partir quelques jours en Irlande pour se dépayser. Le
dépaysement, ah ! Ca a du bon ! Et rien de tel que le célibat pour changer d'air à volonté.
Il introduit les clés dans le contact et démarre.

Kiki c'est le surnom que mes copine du lycée me donne... alors tout de suite un sourire m'est apparu en lisant ton texte.
En tout cas j'aime bien, ça se lit tout seule et un beau brun comme personnage principal... c'est intéresant.

T'es mon poilue que ce Kiki-là j'espère ! Enfin, après tout, chacun ses goûts...

Merci à toi !

Oui, beaucoup moin...
Encore heureux.

A propos de l'histoire, c'est trop court pour qu'on sache de quoi il sagit.
Par contre pour le style c'est impec.

Oui, c'est vrai qu'au niveau de l'histoire, il n'est pas évident de comprendre quelque chose en ne lisant que ce premier chapitre... mais bon ça me permet de voir si je démarre sur de bonnes bases...

Merci en tout cas de m'avoir lue !

Tiens, il me semble (encore) avoir déjà lu ça qqpart...
Donc mon avis n'a pas changé depuis : le style est agreable, les personnages bien vivants et interessants (enfin surtout Charles, mais tu m'as compris lol) et ce ton léger, couplé à une plume fluide et naturelle rend ce début très plaisant à lire. Esperons que la suite suive le meme chemin !

Je l'espère aussi lol ! En fait y'a deux persos principaux mais ça vous l'aurez compris... Le deuxième chapitre présente Jimmy. Si ça vous intéresse, je vous le posterai !
Allez-y ! Suppliez-moiiii !!!

peurduclown a écrit:

Je l'espère aussi lol ! En fait y'a deux persos principaux mais ça vous l'aurez compris... Le deuxième chapitre présente Jimmy. Si ça vous intéresse, je vous le posterai !
Allez-y ! Suppliez-moiiii !!!

Je t'en suppppppppppppppplie!!!!!!!!!!!

Pleurs, cris, genoux endoloris par la position et les supplications déchirantes.
Allez va-y, poste nous ce deuxième chapitre qu'on en sache juste un peu plus.

Moi je m'en fous, je le connais déjà ce 2e chapitre
Mais je veux bien avoir la suite de la suite quand meme !

Bon, puisque vous insistez...

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Chapitre 2 - Jimmy

- Bon, on te voit à quelle heure ?
La voix de Lucie au téléphone est douce et étrangement sensuelle. C'est fou ce que la distance peut changer les gens et vous les présenter sous un jour différent.
- J'sais pas encore ! Je joue ce soir, je devrais y être dès 21h.
- Et bien on te rejoint là-bas.
- Ouais si vous voulez… Y aura un autre mec, avec un synthé… J'aurai plusieurs pauses.
- C'est cool ! Alors on passe et on bouge tous ensemble après.
- OK, alors à tout à l'heure !
- A tout à l'heure !
Un silence et puis la voix reprend.
- Euh... Jimmy ?
- Ouais, quoi ?
- Non, rien. A ce soir !
- OK, à ce soir.
Jimmy raccroche et pose négligemment son portable sur la table basse. Sur l'écran du téléviseur, face à lui, défilent les images colorées d'un téléfilm qu'il suit à peine. Affalé dans le canapé, il profite béatement des deux-trois joints qu'il vient de griller.
Une torpeur inégalable s'est emparé de lui en début d'après-midi et l'a depuis transformé en légume. Du coussin près de lui, il retire le cendrier plein de mégots qu'il dépose auprès de son portable et attrape sa guitare. Une Takamine. Ce qui se fait de mieux en guitare studio. Il lui en a fallu des heures d'usine pour se l'offrir celle-là. Et maintenant elle le nourrit.
Il gratte quelques cordes machinalement, tentant de se remémorer un morceau du maître. Jimmy, le grand Jimmy. C'est le destin ou une connerie du même genre qui a voulu que ses parents lui donnent le même nom que le dieu de l'électrique. Seul bémol, son nom : Reyffoge. Et entre Reyffoge et Hendrix, il y a une grosse différence. Un trou ! Un gouffre ! Heureusement c'est un nom que peu de gens lui connaissent. Tout le monde l'appelle Jimmy. Il est tout simplement Jimmy.
L'air recherché envahit tout doucement la pièce, emplissant l'atmosphère d'une douce nostalgie.
Il est né pour la musique, il vit pour elle et elle le fait vivre. Cinq soirs par semaine, il s'installe pendant trois heures dans un bar du centre, toujours le même, et joue pour les clients venus l'écouter ou simplement discuter autour d'une table. Il joue pour eux comme il le fera ce soir. Pour ces bandes de copains qui évacuent leurs journées éreintantes, pour ces couples d'amoureux perdus dans la contemplation des iris de l'autre, pour ces jeunes étudiantes insouciantes à la recherche de l'âme soeur, pour Jean-Marie, même, qui tous les soirs ne peut s'empêcher de se mettre decker même s'il sait que le lendemain au réveil il jurera encore que c'était la dernière fois.
Radiohead remplace Purple Haze et anime ses doigts d'une frénésie coutumière. Sur la table basse s'empilent les restes d'un déjeuner frugal : pizza et fromage ! Tu parles d'un repas ! Mais pour Jimmy c'est le meilleur des menus. Pas de préparation, vingt minutes de cuisson et un très maigre trou dans le budget. L'idéal pour ce sympathique bon-vivant, artiste hippie à ses heures et grand défenseur de l'oisiveté. Comme il se plaît à le répéter aux potes : "La vie est trop courte pour qu'on passe son temps à la programmer".
Un grondement bas se fait entendre en provenance de la table, pendant que son téléphone portable tressaute sous l'action du mode vibreur. Jimmy repose sa guitare près de lui et appuie sur la touche verte.
- Ouais, allô ?
- Allô Jimmy ? C'est Camille. Tu vas bien ?
- Ca va. Et toi ?
- Tranquille. Tu fais quelque chose ce soir ?
- Je joue. Quelques potes passent me voir et après je ne sais pas encore ce qu'on fait. Tu veux venir ?
- Pourquoi pas. Et cette nuit tu seras seul ?
Jimmy sourit inconsciemment. Ah les femmes ! Elles ne perdent pas le nord. Elles savent toujours ce qu'elles veulent. Mais c'est pour ça qu'on les aime.
- Bah, c'est-à-dire que Lucie sera là...
Rien de tel que l'honnêteté. De toute manière elles savent toutes qu'elles ne sont pas les seules. Il est trop indépendant pour ça.
- Ah, d'accord. Bon, tant pis pour moi. Je vais peut-être pas venir en fait. Tu sais... Etre en face d'elle... C'est pas trop mon trip...
- Pas de problème, je comprends. Tu m'en veux pas trop ?
- Non, c'est cool. On remet ça.
- On se voit demain si tu veux. Viens manger à la maison, on sera tous les deux.
- Demain... Ouais, ça peut se faire... OK, ça marche. On se rappelle avant ?
- Ok, à demain tite puce !
- A demain grand étalon !
En reposant son portable, Jimmy ne peut s'empêcher de regretter de ne pas voir Camille ce soir. Elle est si drôle et si surprenante. Une soirée avec elle, c'est toujours un bon moment en perspective. Elle aime la musique, elle aime discuter et, contrairement à beaucoup, elle n'est pas du genre à se prendre la tête. Mais bon, la soirée n'est pas perdue puisque Lucie sera là. Et si sa conversation n'est pas aussi intéressante, elle fait des prouesses dans un lit. Jimmy reste un homme et il ne peut s'empêcher d'admirer une telle souplesse chez une femme. Ah instinct de mâle, quand tu nous tiens !
Et puis les copains seront là ! René, JC, Fab et Dimitri. Et ça c'est le must d'une soirée en bonne compagnie. Rien de tel que des amis, une guitare et quelques joints pour s'éclater jusque tard dans la nuit.
Jimmy reprend sa guitare et entreprend de retravailler ce solo de Jeff Buckley qu'il veut jouer ce soir.

Voilà ! Après, pour vous décrire un peu le style, ça continue comme ça, d'un chapitre sur l'autre, avec alternance des deux personnages, jusqu'à LA rencontre !
Mais bon, cette rencontre, elle est bien matérialisée dans ma tête mais sur le papier, c'est loin d'être fait encore...

Alors, la critique dagobertienne que tout le monde redoute :

Tu as du style mais pour ma part, c'est trop un style du "parlé" (apostrophes du lecteur que tu utilises certainement pour accroître la connivence) mais que je ne goûte pas du tout. Trop de phrases sans verbe, pas assez de descriptions pour me plaire et m'emporter. Je trouve la situation plate et ça ne m'encourage pas à lire la suite jusqu'à LA rencontre ! Pour moi, tes personnages sont trop stéréotypés et manque de chair littéraire... Ah aussi, je trouve que que tu utilises trop les adverbes ce qui appauvrit ton texte.

En points positifs, ce style "parlé" est vif, nerveux et tu as un sens indéniable du dialogue (j'en mange ma couronne tant j'en suis jaloux).
Je n'ai pas repéré de fautes d'orthographe majeures.

Note de crédibilité: Le disque-laser dans la voiture de Charles devait deja être commencé car les premières paroles du port d'Amsterdam sont

Dans le port d'Amsterdam, y'a des marins qui chantent...
et non pas
Sur le port d'Amsterdam, y'a des marins qui boivent...

Merci pour cette critique ! Effectivement j'aime beaucoup les adverbes... et pour les descriptions, je pense que de toutes manières il faudra que j'en ajoute sinon le texte final sera bien court, pas assez fourni en tout cas pour un roman.
Et tu as tout à fait raison pour le début de la chanson !
Merci à toi !