La maladie du diable

Un titre un peu drolatique pour amorcer une petite nouvelle faite en une heure ou un peu plus. Je ne sais pas pour vous, mais ce titre me fait drôlement penser aux sous-titres ajoutés par les éditeurs aux romans d'Horreurs (par exemple : Rage : L'école de la peur). Bon, trève de plaisanteries, voici un court texte assez Dramatique qui illustre un moment traumatisant de ma vie (eh! oui, c'est un peu autobiographique). J'ai déformé un peu les faits, mais la scène que je décrit est vraiment celle que j'ai vu (ou que le petit gars que j'étais a vu). J'ai péché un peu : je n'ai pas trop peaufiné le texte, ni trop corrigé les fautes. Bonne lecture!


La maladie du diable

Ce matin là, un silence pesant régnait sur la maison. Un silence qui, pour un jeune homme comme moi, n’avait rien de significatif.
Mon innocence, caractéristique d’un très bas âge, m’empêchait d’en deviner de mauvais présages. Pourtant, ce qui s’ensuivrait me marquerait à jamais. C’était l’un de ses matins frais d’automne, dont la température invitante me berçait dans mes songes. Mon esprit s’échappait en des pays éloignés, plongés dans une béatitude que moi seul connaissais. Je me réveillai d’un sommeil profond, troublé par le soleil qui infiltrait mes carreaux. D’un tempérament maussade, je me levai pour rejoindre l’esprit familial, qui devait être réuni autour de la table à déjeuner. En cette heure tardive de la matinée, je ne fus pas surpris de réaliser que ma famille était déjà passée à table, et que cette dernière était desservie. Je m’apprêtais à descendre, enthousiasmé à l’idée de sortir à l’extérieur pour aller retrouver les feuilles mortes qui s’étaient échouées sur ma pelouse. Mais au sortir de ses desseins perdus, je découvrit une atmosphère atypique à l’ambiance habituelle…

Je revois encore ce portrait familial perturbé par une ambiance lourde, encore inconnue à mes yeux. Ma mère affichait une mine inquiète, comme apeurée par quelque chose que je ne pouvais voir. Mon frère, habité par l’incompréhension, se contentait de répondre à cette situation en restant figé sur place, le regard immuable. Mais le plus intriguant dans tout cela, c’était mon père. Il avait le souffle haletant d’un effort inconnu, et son air terrorisé ne présageait rien de bon. Anxieux, il se cramponnait au canapé du salon, sondant ma mère d’un regard suppliant.

Attaché sur mon frein, en haut des courts escaliers qui me séparaient de l’horreur, j’assistai au déroulement de la situation. L’évènement déclencheur de ma panique fut quand mon père se leva de son siège, les mouvements brusqués par un affolement indicible. D’un pas hésitant, il courut jusqu’à la porte d’entrée, vite suivit de ma mère. Mon frère me toisa d’un regard chargé d’innocence, spectateur de cet incident troublant. Que devions nous faire ?

Sans pouvoir apercevoir mes parents, l’imagination tordue de l’enfant que j’étais m’était suffisante pour imaginer la situation dans laquelle ils se trouvaient. À travers la bourrasque extérieure qui infiltrait la maison depuis la porte, je pu capter quelques bribes d’une conversation peu rassurante.
À partir de ce moment précis, tous les sentiments refoulés dans la naïveté que je possédais éclatèrent…

Ce fut le déclic. Ma mère, criant de sa voix rendue démentielle, ordonna à mon frère de courir chercher des oreillers. Celui-ci accouru, conscient du danger qui se préparait. À son passage, je n’eu d’autres réflexes de m’éloigner, mais mon attention revenait sans cesse à la scène qui se déroulait au salon. Papa, déséquilibré, s’écroula sur le sol. En prise avec ses démons intérieurs, il se débattait vainement, incapable de se libérer de l’emprise qui l’oppressait. Même voilée par mes sanglots, cette image resta à toujours gravée dans ma mémoire. Cet homme que j’avais toujours vu comme un être invulnérable se trouvait pris au piège, assailli par des forces intangibles. Tel un porc que l’on menait à l’abattoir, ses cris se voulaient bestiaux, issus du fond de l’âme. Très vite, je compris l’utilité des oreillers. Mon père donnait de violents coups de têtes sur le sol, comme s’il voulait chasser ce qui y avait pénétré.
Dieu, quel démon s’était-il attaqué à cet esprit paternel ?

La crise n’avait durée que quelques secondes, mais au fond de mon être, ses répercussions étaient perpétuellement en action. Mon frère m’avait entraîné dans une pièce voisine, afin de m’épargner la vue de cette scène traumatisante. Je pleurais autant qu’il m’était possible de le faire. En bas, les cris avaient cessés, mais je voyais toujours les yeux révulsés de papa. Inhumains. Vagues, tels de profonds gouffres où se tapissent les plus viles créatures. Ce jour, quelque chose s’était emparée de lui. Une autre entité avait respirée à travers ses poumons, l’abstenant de toute activité. Elle avait étouffée son âme, perverti ses pensées et l’avait manipulé comme une simple marionnette. Que ce marionnettiste soit le démon, le diable ou autres abominations de même acabit, il n’en était pas moins mal intentionné. Comment pouvait-il se permettre de corrompre toute la pureté qu’un père pouvait posséder ?



Pendant l’après-midi qui suivit, alors que mon père était allongé sur son lit, ma mère nous raconta qu’il avait une maladie incurable depuis son plus jeune âge : l’épilepsie. Les effets secondaires pouvaient être causés par une mauvaise circulation dans le cerveau. Le malade recevait alors de puissants chocs à ce niveau de la tête et une crise pouvait en résulter. Malgré la conviction avec laquelle maman nous expliquait les caractéristiques de cette maladie, je n’y crus pas. Je savais qu’au fond de toute cette histoire, une présence démoniaque tirait les ficelles. Je l’entendais respirer. Et si cet évènement survenait à nouveau, je serais prêt à l’affronter…

Emouvant et bien écrit.
même si tu l'as écrit très rapidement, c'est très bon.

Merci beaucoup!

Une écriture toujours aussi élégante, on sent vraiment la maîtrise derrière, le tout au service d'un texte intéressant et d'autant plus fort que c'est à travers le prisme de l'innocence qu'on assiste impuissant à une sorte de souillure diabolique de l'image paternelle qui n'est autre en fait que de l'épilepsie. L'effet est bien rendu et j'ai beaucoup apprécié ce petit souvenir fugitif! Je ne doute pas que ça a du être une expérience troublante pour toi, en tout cas c'est bien retranscris.

Sinon qq petites fautes par ci par là dont une que je te quote:

Citation :

Et si cet évènement surviendrait à nouveau, je serais prêt à l’affronter…

Un petit problème de concordance là, non? Mais sinon y a pas grand chose, une relecture et tu devrais remédier à ça!

Voilà, voilà, chouette texte, bravo!

Merci. Pour la faute, tu as raison. Et dire que je suis le premier à scander que le verbe qui suit le mot"si" ne peut terminer par "rait".

Je suppose qu'a l'epoque tu n'as pas du te dire autant de choses, mais en tout cas, on sent bien le souvenir. La lecture est facile, agreable, et on plonge directement dans le texte. Un petit peu de retouches et je pense que tu aura un bon texte, en tout cas pour moi.

Comme l'a dit Yann, l'écriture est très belle, élégante et ciselée, même s'il lui manque quelques retouches et quelques "allégements" au niveau des adjectifs et de la synthaxe, pour être complètement fluide et indolore... Un très beau phrasé et un beau vocabulaire, ça fait du bien !!! Sujet sensible et bien raconté je trouve ! Je suis impressionné et attend tes autres textes avec impatience !

Je crois que tu n'attendras pas trop longtemps...J'ai repris une ancienne nouvelle. «Le marionnettiste» s'en vient à grands pas...

C'est à l'évidence très bien écrit, et comme l'a dit quelqu'un (Thomas?), ça fait plaisir!
Mais ce plaisir a été un tout petit peu gâché par le fait que j'ai compris très vite qu'il s'agissait d'épilepsie. Et ce n'est pas parce que je suis dans le métier, je pense que pour beaucoup, cest un peu trop facile à deviner.
Cela dit, les impresions du fiston sont très bien rendues et j'ai eu moi aussi l'impression que c'était du vécu et que cela t'avait profondément marqué.
Très bon texte. - Nad
(une faute en passant: "La crise n’avait durée"
Je la signale juste pour dire que tout n'est jamais parfait!)

Tu as peut-être raison sur le fait que l'épilepsie est prévisible, mais tu sais, mon but n'était pas de surprendre, mais d'évacuer ce moment gravé dans ma tête depuis des lustres

Merci pour ton commentaire constructif, c'est très apprécié

super

Merci beaucoup Cornélia, tu me rends de bonne humeur!