LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 Atelier 10 : par Viniwow

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Oukontiamban
viniwow
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viniwow
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MessageSujet: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyLun 19 Sep 2005 - 12:29

J'ai pas trop été inspiré mais je tenais à participer quand même à l'atelier, donc je me suis contenté de délirer sur près de 900 mots, en essayant de sauver les meubles. Le texte n'est pas fini mais ne mérite pas de fin de toute manière. Je m'en remets à votre indulgence. Merci!

Alors qu'il s'apprêtait à éteindre sa lampe de chevet, François crût entendre une voix venant du couloir... Juste un murmure, assez articulé cependant pour que des mots s’en détachent avec netteté. La respiration en suspens, il tira les couvertures et se redressa sur le lit, aux aguets.
Rien ne se produisit.
Il posa alors délicatement un pied à terre. Puis l’autre. Et s’approcha de la porte à pas de sioux. Tendant l’oreille, il attendit que le phénomène se reproduise. Le murmure revint presque aussitôt. Les même mots s’en détachaient.
Ton sang est un délice, doucement dans ton ombre je me glisse…
François poussa un réel soupir de soulagement et la tension qui avait fait mine un moment de s’installer redescendit d’un cran. Dieu merci, il ne s’agissait là que de Gaston. Tandis que la main droite de François soutenait son cœur fatigué, la gauche ouvrit la porte à la volée, laissant le vampire sans réaction. Deux yeux ronds brillaient timidement dans la pénombre, et on put entendre Gaston déglutir à l’autre bout du couloir. François lui adressa un regard emplit d’une bienveillance paternelle.
- Je peux peut-être vous aider à trouver quelque chose ?
Le vampire avait élu domicile dans la cave à son insu il y avait de cela quelques mois. Bien évidemment, Gaston pensait loger dans la demeure incognito, mais s’était en réalité fait repérer dés la première nuit. Car quelque chose n’allait pas chez lui, clochait même sérieusement : il avait peur du noir et des araignées. Ce qui rendait sa tâche de prédateur un peu compliquée. Disons le même clairement, l’affaire était désespérée pour lui. Si bien que François se demandait comment le vampire avait pu survivre jusqu’à ce jour, puisque selon toute vraisemblance il était incapable de lancer une attaque sans renoncer au dernier moment, que ce soit à cause de l’obscurité, d’un bruit quelconque ou des araignées. Aussi, tout en prenant bien garde de ne pas froisser la fierté du vampire, il s’était fait un devoir civique de le nourrir, avec toute la discrétion qui la situation imposait. Quelques gigots par ci, quelques rôtis par là, disposés de manière à ce que la combine ne transparaisse pas. Il avait même entreprit à un moment de débarrasser le sous-sol de ses araignées pour lui offrir un maximum de confort, mais la tâche s’était finalement révélée bien trop ardue et François craignait de se faire démasquer en se montrant trop prévenant.
Toutefois, et malgré son affection grandissante pour le vampire, celui-ci avait préféré ne pas engager de confrontation directe avec lui, ceci dans le souci de préserver un tant soit peu sa dignité animale.
Mais ce soir là, François avait décidé que la maigreur criante de Gaston ne permettait plus qu’on se souciât de sa fierté.
- Gaston, dit François en allumant la lumière du couloir, si vous manquez de quelque chose, ne vous gênez pas et dîtes le moi.
Visiblement requinqué par la clarté nouvelle, Gaston – tel était son nom, si on en croyait l’étiquette cousue après ses chaussons – redressa les épaules, montra ses longues canines (légèrement entartrées mais ça ne se voyait pas trop) et souffla d’entre ses dents une imitation assez mauvaise du serpent.
- Et bien mon ami ? demanda François, glissant adroitement sur la prestation moyenne du vampire pour en revenir au sujet initial. Y a-t-il quelque chose que vous désireriez ?
Surpris de ne lire sur le visage de sa victime qu’une franche sympathie et de ne pas apercevoir le moindre voile de peur dans ses yeux, Gaston resta un moment interloqué, la bouche ouverte en une moue idiote. Puis, comme s’il en avait soudain honte, il rangea ses canines dans un claquement sec d’opinel.
- Vous avez perdu votre langue ?
- Heu…
Cela parut à François plus proche du borborygme que du phonème, mais estimant qu’il s’agissait là d’un début encourageant, il se contenta d’inciter le vampire à poursuivre avec un sourire.
- Heu…
Sourire.
- Heu… Je…
- Bon, oubliez… Est-ce qu’un cappuccino vous ferait plaisir ?
A ces mots, Gaston dévoila deux magnifiques rangées de dents jaunes en un sourire radieux. François pensa qu’on n’avait pas du lui faire aussi belle offre depuis belle lurette.
- Je suppose que votre air ébahi peut être interprété, sans trop de risque de se méprendre, comme un oui.
Les yeux du vampires s’arrondirent en une mine dubitative.
- Laissez tomber, et suivez moi dans la cuisine.
Le vampire ne se le fit pas dire deux fois.

Alors que Gaston engloutissait son troisième cappuccino, François lui proposa une deuxième boîte de petits beurres, suggestion qu’il plébiscita par un grognement gourmand.
- Dîtes moi Gaston, une chose m’intrigue. Comment viviez vous avant d’élire domicile chez moi ?
Le vampire leva sur François deux yeux inexpressifs, la bouche encore dégoulinante de la délicieuse boisson. Une sorte de gargouillis épais résonna dans sa gorge.
- Jné po beucou anger évrai meu je…
- Gaston, si vous parlez la bouche pleine, je ne risque pas de vous comprendre.
- Pardon. Je disais que je n’ai pas beaucoup manger c’est vrai, mais que j’arrivais quand même à dégoter quelques trucs.
Surpris par l’élocution de son protégé, François ne put réprimer un sourire. D’une manière étrange, il ressentait une sorte de fierté paternelle.
- Mais pour le sang, comment vous faîtes ?
- Bof, j’aime pas trop ça de toute façon. Mais j’essaie quand même, histoire de…
- Je croyais que cela vous était vital, à vous, vampires.
Gaston poussa un ricanement amusé et enfourna le dernier petit beurre.
- Ché dé co’eries…
- Gaston, voyons !
Le vampire fit un effort pour avaler rapidement et se reprit.
- Pardon, excusez moi. Je disais que c’était des conneries. C’est juste pour faire peur aux gens. Pour qu’on nous foute la paix quoi.
- Je vois, dit François, songeur. Et vos prétendus pouvoirs, qu’en est-il ?
- Nous pouvons nous volitésa… volétasi… votilati…
- Volatiliser.
- Voilà ! Et on a la vie éternelle aussi.
- Et quand vous mordez quelqu’un il devient vampire à son tour, c’est ça ?
- Heu… Ouais mais ça je sais pas faire par contre.
- Vous désirez un autre cappuccino ?
- Oh oui !
François se dirigea vers la cuisinière pour remettre de l’eau à chauffer mais le vampire l’attrapa par le bras au passage.
- Et vous, comment vous faîtes pour gérer les pleines lunes ?
- Je vous demande pardon ? s’écria François, soudain horrifié.
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyLun 19 Sep 2005 - 13:58

Mon Dieu mon Dieu, c'est sûrement le meilleur texte parmi ce que j'ai déjà lu sur ce forum ! Tu peux pas ne pas la continuer ! Tu peux pas nous faire ça ! C'est trop boooooooonn... sweat

SPOILER !!!

Je me suis fendu la poire avec cette idée ! Et en plus c'est vraiment effrayant, jusqu'à ce que le vamp nous dise qu'il ne suce pas le sang. Là la pression de relâche (c'est dommage). Et puis à la fin, ça tombe d'un coup dans l'horreur froide et sauvage... ça a plus rien de délicieux tout d'un coup. S'il te plait, la suiiiiiiiiiite !!!! beauty
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyLun 19 Sep 2005 - 14:09

Je l'ai plus pris pour un texte huhmoristique, même si la fin laisse entrevoir quelques surprises...

Une bonne idée, mais gâchée par le fait d'avoir lu il ya peu de temps "le fantôme des Canterrbury" d'Oscar Wilde qui reprend le même thème, avec plus de brio cela va de soi... A mon avis, vincent, il faut que tu sortes du thème, finalement très classique, pour en tirer quelque chose d'encore plus fou !!!

Style toujours aussi bon rien à redire... la suite ????
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyLun 19 Sep 2005 - 14:20

Quelque-chose d'encore plus fou, comme ça par exemple ? (surligner pour faire apparaître le texte)

Le mec qui garde un fidèle vampire comme un chien d'attaque, pour le lancer sur les victimes qu'il lui choisit...
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyLun 19 Sep 2005 - 14:49

ouuups déjà il y a méprise, je croyais que c'était un texte de viniwow... ohlala le bordel les gars !!!!!!!
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyLun 19 Sep 2005 - 15:19

Alors là je suis bluffé. Je croyais aussi que c'était de Vini, vu le style et la qualité d'ensemble... chapeau Ema ! beauty
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyLun 19 Sep 2005 - 16:17

Mais c'est de Vini!
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Emathuor
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyLun 19 Sep 2005 - 16:27

Très bon texte, vachement bien écrit et assez original. Quelle compétition!


P.S : Il y a eu erreur. Ce texte est bien de Viniwow. Le mien à aussi été mis sur le forum.
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viniwow
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyLun 19 Sep 2005 - 18:14

Merci les gars! feelgood Je suis surpris que vous aimiez, j'ai vraiment hésité à le mettre... Enfin bref, content que cet exercice ne vous ait pas trop piqué les yeux! Je vais prendre en compte vos remarques et voir si la suite me vient, on verra bien. Voilà voilà, merci encore pour votre attention!

PS: Ce texte vient bien de moi. Wink Emathuor, je lis le tien dans la soirée!
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thomas desmond
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyMar 20 Sep 2005 - 6:26

Quelle grosse nouillasse je fais !! je me suis laisser piéger comme un ptit pigeon : j'ai dû voir écrit les deux débuts pareils, ce qui était normal, et j'ai cru que c'était le même texte... quelle bouse cérébrale !!!!
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyMar 20 Sep 2005 - 7:42

Mort de rire ! hahaha hahaha hahaha
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Yann
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyMer 21 Sep 2005 - 17:23

Excellent texte, une suite serait bienvenue. Toujours une lecture facile et agreable. Encore un bon petit moment de passer apres le boulot.
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyDim 2 Oct 2005 - 8:19

Franchement Vini' si tu ne continus pas ce texte.... Je viens chez toi je te kidnape, je te casse les pieds a coup de masse,et je te force a ecrire la suite.

A toi de choisir byebye
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viniwow
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MessageSujet: Re: Atelier 10 : par Viniwow   Atelier 10 : par Viniwow EmptyJeu 27 Oct 2005 - 2:23

Pour ceux que ça intéresse, voici la suite de la nouvelle, j'espère que ça vous plaira!

(suite...)

Le vampire plissa les yeux en un sourire malicieux et s’essuya la bouche d’un revers de la main.
- Je sais bien que vous êtes un lupin, les vampires sentent ces choses là.
- Ecoutez Gaston, fit François d’une voix tremblante. J’ignore de quoi vous…
- Bah, vous en faîtes pas, le coupa-t-il, je m’en fiche, vous avez été bien aimable avec moi et je n’ai rien contre les loups-garous. Mais je me demandais juste comment vous gériez votre malédiction.
François se laissa tomber sur sa chaise et observa Gaston d’un air songeur. Malgré les nombreuses tares dont était victime son compagnon secret, celui-ci n’était pas dupe sur sa condition. Qui aurait pu penser que cet être en apparence si stupide recelait de telles dispositions spirituelles ?
- Gaston, je peux vous poser une question ?
Celui-ci se défit de son regard ahuri et prit une mine plus sérieuse.
- Oui, allez-y. Il reste des petits beurres ?
- Je voudrais savoir une chose, dit François tout en fouillant dans les placards à la recherche d’une troisième boîte de gâteaux. Dîtes moi la vérité, vous avez été rejeté de votre communauté… C’est exact ?
Nullement embarrassé par la question, Gaston s’empara du paquet de biscuits que François lui tendait et émit un petit rire amer.
- Non. Pourquoi, j’ai l’air d’un rebut ?
François leva le poing pour étouffer un toussotement de gêne, se gratta la nuque puis se leva pour retirer la casserole de la gazinière.
- Eh bien… C’est que… Non… Enfin, disons que je ne m’étais pas posé la question en ces termes, dit-il en versant l’eau bouillante dans la tasse de son compagnon.
Le vampire l’observa un instant, la bouche ouverte, la mastication en suspens, et reprit sa dégustation en grognant quelques syllabes incompréhensibles.
- Gaston, je vous en ai déjà fait la remarque, il me semble, mais si vous souhaitez communiquer, il va falloir faire l’effort de ne plus vous exprimer la bouche pleine ! Que disiez-vous ?
- Non, rien, fit le vampire d’un ton boudeur et sans un mot d’excuse cette fois-ci. Je disais juste que vous n’aviez pas répondu à ma question.
François fit mine de réfléchir un moment, puis laissa tomber ses bras le long du corps dans un soupir résigné. Il prit sa chaise, la rapprocha du vampire et s’installa à ses côtés, l’observant d’un regard pénétrant.
- Gaston, il faut que vous compreniez que cette facette de ma vie doit rester absolument secrète. Si on venait à apprendre que j’étais…
- Vous faîtes pas de bile, mon vieux, je serai muet comme un cercueil.
- Bien…fit François sans relever le mauvais jeu de mot qui semblait faire la fierté du vampire. Pour répondre à votre question, j’ai aménagé une sorte de cage dans le grenier. Je m’y rends quelques nuits par mois et le tour est joué. C’est un coup à prendre, voilà tout.
Gaston acquiesça d’un hochement de tête et trempa un petit beurre dans son cappuccino. Soudain, il interrompit son geste et adressa à son hôte un regard franc et sincère.
- Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour moi, depuis le début, toutes ces peines que vous m’avez épargnées… Si vous n’étiez pas l’homme que vous êtes, je vous aurais probablement demandé d’être ma goule. Voilà, c’est dit.
François sursauta à ces mots et porta ses doigts à ses lèvres, comme pour en dissimuler les tremblements.
- Je suis très touché, Gaston. Vraiment.
- Bah, de toute façon vous êtes bien trop élégant pour jouer la goule, fit le vampire en enfournant un biscuit qu’il avala dans la foulée. Ces créatures sont trop stupides pour que vous vous prêtiez à leurs mœurs. Et puis, je n’ai pas encore le permis, je le passe demain.
- Le permis ? Comment ça ?
- Oui, les vampires doivent passer un test d’aptitude qui détermine s’ils sont aptes à avoir une goule sous leurs ordres. Après, il y a le permis de donner renaissance aux vampires, mais ça c’est costaud, je suis pas prêt encore…
- Et alors, fit François, fasciné par ces histoires d’examens pour vampires. Vous vous sentez d’attaque ?
- Ca risque d’être chaud pour l’avoir, il y a certaines disciplines, comme par exemple « Notions de prédation », dans lesquelles je rame ! Et puis il y a l’Histoire des Clans où là je pige que dalle…
- Il ne faut pas être défaitiste, voyons ! Essayez simplement de vous assurer quelques points là où vous vous débrouillez, et pour le reste, limitez la casse. Mais par contre, (François lui posa une main sur l’épaule) évitez le genre d’entrée en matière auquel j’ai eu droit tout à l’heure, d’accord ? Cette histoire de sang qui est un délice, c’est d’un niais…
Gaston avala une dernière gorgée de son cappuccino et reposa la tasse sur la table d’un coup sec, comme pour clore la conversation..
- Bon, je vais pas vous déranger plus longtemps, dit-il en se levant, visiblement vexé par la dernière remarque de François. Je retourne à la cave, il faut que je sois sur pieds de bonne heure demain pour me rendre au centre d’examens.
- Hors de question, s’insurgea François. Vous ne retournerez pas à la cave, votre place est désormais dans la chambre d’amis !
Un sourire illumina soudain les traits blafards du vampire, et rendit pendant un instant son visage presque harmonieux. Son regard pétillait à l’idée de passer la nuit dans une chambre. Il lui était déjà arrivé de dormir dans un lit une fois, lorsqu’il était petit garçon, mais Gaston n’en avait aucun souvenir précis, juste une vague impression de bien être et de sérénité. Et il semblait bien qu’il allait revivre cette expérience.
- Et je pourrai laisser la lumière du couloir allumée ? demanda-t-il à son hôte d’une petite voix.


Au réveil, le lendemain matin, François trouva un mot de Gaston griffonné sur le bloc notes qui était accroché au réfrigérateur. L’écriture était hésitante et certaines lettres ressemblaient à s’y méprendre à un croisement entre la tâche et la rature. Toutefois, avec un peu d’attention, le déchiffrage était possible.

Notre discussion d’hier soir m’a redonné espoir pour le permis, et aussi pour le reste. Merci.
Gaston.
PS : J’ai vu qu’il restait un peu de gigot, j’en ai pris un peu.


François détacha le feuillet du bloc et le plia pour le ranger dans sa poche, un sourire de bonne humeur sur les lèvres. Si le vampire avait retrouvé un peu d’espoir, François, de son côté, ressentait pour la première fois depuis belle lurette une once de joie de vivre. Pas cette immense vague de gaieté que certains appelaient le bonheur, mais il se sentait bien, voilà tout.
Il déjeuna en vitesse, essuya la vaisselle et monta au grenier pour préparer son cycle de lycanthropie qui devait commencer le soir même. Dans les combles, une immense cage faite d’acier reposait à même le sol et prenait la moitié de la pièce. A l’intérieur, François avait installé une banquette, une petite table en métal et de quoi nourrir la bête pendant la nuit, de la viande rouge et des haricots principalement. Il apporta quelques fignolages à ses préparatifs et lorsqu’il fut satisfait de son installation, il redescendit et se cala confortablement dans un fauteuil du salon pour lire un peu en attendant le retour de Gaston.
Mais le vampire ne devait jamais revenir.

François passa la journée à tourner en rond et à observer avec une anxiété grandissante les aiguilles de l’horloge indiquer des heures de plus en plus alarmantes. Quand la nuit tomba, il ne faisait plus aucun doute dans son esprit que quelque chose de sérieux était arrivé à Gaston. Le vampire ne brillait pas par sa débrouillardise, c’était là un fait indéniable, et François craignait qu’il ne soit tombé dans l’un des nombreux pièges que le monde extérieur réservait aux individus de son espèce.
Aussi quand on frappa à la porte, il se précipita pour ouvrir, le cœur battant à tout rompre. Sur le perron se tenait un homme aux cheveux longs et sombres, il arborait un sourire poli et se présenta sous le nom de David D’Aquitaine. François ne cacha pas sa déception et poussa un soupir désabusé, s’affaissant de tout son poids contre le chambranle de la porte.
- Ce n’est pas moi que vous attendiez, visiblement, remarqua le dénommé David. Mais si vous me laissez entrer, peut-être que je pourrais vous éclaircir sur un point.
Une alarme se déclencha dans l’esprit de François. La pleine lune approchait, certes, mais il y avait autre chose. L’homme qui se tenait devant lui avait de mauvaises intentions, il en était quasiment persuadé. Et ce n’étaient pas ses traits fins et son visage d’ange qui allaient le leurrer.
- Si vous me disiez ce qui vous amène, mon bon ? répliqua François d’un ton glacial.
- L’affaire qui m’amène est de nature délicate, Monsieur, aussi je vous suggérerais de me faire entrer pour des raisons de discrétion évidentes.
- Que les oreilles indiscrètes se repaissent de vos propos si ça les chante ! tonna François. Parlez ou passez votre chemin !
- Bon, comme vous voudrez, dit le visiteur d’un ton sec. Nous avons exécuté votre ami après l’avoir jugé pour ses crimes. Voilà.
François se figea dans une expression incrédule. Son estomac partit dans une chute sans fond et ses poings se contractèrent.
- Exécuté ? Mais enfin, pour quels crimes ? Et par qui ? demanda-t-il d’une voix rauque sans arriver à croire ce qu’il entendait.
- Intelligence avec l’ennemi. Avec un lupin, dit le vampire d’un ton dédaigneux en toisant François.
- Vous l’avez…
- Et j’ai toute autorité pour perquisitionner votre domicile et vous contraindre à vous rendre, Monsieur le lupin.
François posa sur l’individu un regard sans expression, prenant peu à peu la mesure de ce qui se passait. Il ne pouvait croire qu’un être tel que Gaston, pur et vierge de tout vice, ait pu être reconnu coupable d’un quelconque crime. Quel juge avait pu prononcer une pareille aberration en guise de sentence? Quel genre de tribunal pouvait assassiner l’innocence ?
- J’ai comme l’impression que je n’ai pas le choix, dit-il dans un soupir résigné après quelques secondes de silence.
- J’ai bien peur que non, mon bon, répondit David D’Aquitaine dans un sourire radieux.
François s’effaça alors et invita le vampire à entrer d’un geste de la main.
- Vous prendrez bien un cappuccino, proposa-t-il d’un ton affable. Après tout, nous avons le temps, et je risque d’avoir du mal à trouver le sommeil cette nuit.
Il referma doucement la porte derrière lui.
Dehors, la lune sortit lentement des nuages, empêchant la nuit de poursuivre son oeuvre.

FIN
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