Elle est là, prisonnière de ce corps. Elle voudrait en finir, mais le courage, lui fait défaut. Blottie dans un coin sombre du grenier, elle laisse les larmes, envahir son visage. Son père lui manque tellement, certes, il était cruel et elle avait fini par le détester, pour l’avoir touchée. Mais désormais, elle se sentait plus seule que jamais.
La grande maison vide dont elle a hérité, elle ne peut la parcourir. Certaines pièces, pleines de souvenirs affreux, lui glace le sang et la pétrifie. Elle désir tant revenir en arrière. Elle regrette ce qu’elle a fait, même si elle y était obligée.
Des images de la scène lui revenaient sans cesse devant les yeux. Il la frappait, frappait sans s’arrêter. Elle criait aussi fort qu’elle le pouvait, mais c’était inutile, aucun voisin ne l’entendrait. Elle pleurait comme jamais, mais il ne s’en apercevait pas le moindre du monde. Une fois de plus, il avait trop bu.
Elle avait en horreur, ce regard qu’il affichait lorsqu’il était furieux contre elle. Et elle tentait le tout, pour ne pas déclancher cette colère, mais en vain. Le moindre bruit qui le dérangeait ou l’agaçait, le mettait hors de lui. Il lui ordonnait de faire la cuisine, mais ensuite la battait, parce qu’elle n’était pas à son goût ou encore, trop cuite. Malheureusement, elle devait s’améliorer par elle-même, n’ayant plus sa mère pour lui apprendre les astuces, de ses bons petits plats.
Il ne lui offrait jamais rien pour son anniversaire, quand il s’en souvenait et noël n’avait plus lieu dans cette sinistre demeure. Du haut de ses 14 ans, elle était responsable de tout et gardait pour elle ses frayeurs et ses peines les plus puissantes.
Plusieurs fois, elle avait pensé s’enfuir de cet enfer, mais elle le pardonnait sans difficultés jusqu’à ce qu’il recommence à nouveau. Il était si triste depuis qu’elle était morte. Sa femme était tout pour lui, son rayon de soleil, celle qui lui donnait le sourire, le soutenait dans tout ce qu’il entreprenait. Maintenant, lui aussi est partit. Et Hélène espère de tout son cœur, qu’ils soient enfin réunis.
Maintenant seule, elle n’arrive pas à savourer sa liberté. Elle est hantée par son acte.
Pourquoi ne s’était elle pas arrêtée à temps ? Elle avait réussi à atteindre un couteau, et l’avait poignardé de toutes ses forces. Elle avait continué, continué, même une fois qu’il s’était effondré sur le carrelage de la cuisine. Sa chemise de nuit, couverte de sang, elle avait appelé une ambulance, paniquée de ce qu’elle venait de faire.
La police était intervenue, elle avait obtenue la légitime défense. Son examen médical était clair, il l’a battait régulièrement, que ce soit avec ses poings, sa ceinture ou encore le balai. Les médecins étaient navrés qu’elle ait eu à endurer toutes ces souffrances.
Elle si jeune, mais après toutes ces horreurs, si peureuse et si fragile. Ils ne tarderaient pas à venir la chercher, pour la placer dans un foyer. Arriveraient ils à la placer dans une famille après un tel acte de cruauté, elle pensait que ce serait impossible.
Alors qu’elle ressassait sans cesse tout ça dans sa tête, elle s’approcha de la fenêtre, les joues trempées de pleur. Elle regarda la lune, et les étoiles. Elle aimerait briller comme l’une d’elle, être quelque chose de beau et d’admirable, cependant, elle se renvoyait l’image d’un monstre.
Elle s’adressa à son père, lui demandant de la pardonner pour tout ce qui avait pu le fâcher et pour l’avoir poignardé. Elle prit ensuite une inspiration profonde, et se laissa aller. Elle tomba du dernier étage, et finie, dans la petite cours, bientôt envahie, par une marre de sang, entourant le corps de l’adolescente.
Finalement, elle avait réuni assez de courage pour se lancer et en finir avec cette vie.