LE MANOIR DU FANTASTIQUE
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 Eternelle Majesté

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Sequenra
Sangsue mort-vivante
Sangsue mort-vivante



Nombre de messages : 8
Date d'inscription : 14/07/2006

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MessageSujet: Eternelle Majesté   Eternelle Majesté EmptyVen 14 Juil 2006 - 18:26

Bonjour, bonjour, je suis un petit nouveau dans les parages et j'aimerais vous présenter quelques textes de ma création afin de m'améliorer en style, forme, souplesse, etc... dans l'espoir, un jour, de pouvoir envoyer ces textes (protégés) à une maison d'édtion..
Je commence donc par :

Eternelle Majesté

Le temps passe tellement lentement et, pourtant, tout semble si rapide. Je ne sais depuis combien de temps tout cela dure mais je ne peux faire qu’y penser, encore et encore, et encore… La première chose dont je me rappelle lorsque j’y songe est une pensée que j’ai eu sur le moment , alors que tout commençait : « Ainsi est venu le jour ».

- I -

Ainsi est venu le jour.
Comme chaque après midi, à cette heure-ci, je lisais un livre. Assis avec mon chien et mon chat, blottis à la chaleur du feu de cheminée, dans ce manoir délabré par les générations successives. Cette après-midi là l’atmosphère était perturbée par un orage qui grondait sous un ciel obscur, déchiré d’innombrables éclairs ; précédant les plus assourdissantes explosions qui se répercutaient indéfiniment dans les gorges rocailleuses des proches montagnes.

Le clapotis de la pluie se mit à redoubler de violence contre les vitres en même temps que, dans la cheminée, les flammes vacillèrent quelques instants lorsque je la sentis passer furtivement derrière moi, le long des murs blancs, telle une ombre insaisissable qui ne se laisse voir. Les fois précédentes, et toujours sans succès, je tentai de la cerner de mon regard. Je tentai de l’immobiliser pour lui faire quitter les lieux bien qu’elle ne faisait que me tourmenter, sans autre intention que me sonder...

Mais ce jour là je sus que c’était LE jour. Je la laissai parcourir lentement les murs de la pièce dans de larges cercles concentriques pour s’approcher de moi. Je restai là, assis dans mon siège à bascule, les pieds sur un coussin à fumer ma pipe. Mon vieux lévrier avait eu tôt fait de déserter la pièce, les oreilles baissées, après avoir poussé quelques aboiements sans guère de conviction. Le chat, quant à lui, ne semblait pas plus préoccupé que moi par cette présence inhabituelle et continuait de dormir paisiblement.

Elle s’immobilisa enfin, devant moi, lorsque j’eus posé mon livre sur la petite table à mes cotés, et que j’eus replié mes lunettes avant de poser mes yeux sur elle. Immense chaos difforme, drapé d’un épais nuage bleu nuit, flottant au dessus du sol à quelque pas de moi. La Mort venait finalement me cueillir après maintes années d’un mal dévorant. Ensemble d’ombres immatérielles prononcées par deux jaunes étoiles scintillant au grès de ses lents et vaporeux battements de paupières.

Elle resta, immobile, devant moi un long moment. Le temps semblait suspendu, les secondes ne s’égrainaient plus autour d’Elle ; les minutes s’étaient éteintes et la Terre, assoupie… Discrètement, le ciel se tut peu à peu, les flammes de la cheminée ne crépitèrent plus, le souffle du vent devint inaudible. La Mort semblait avoir annihilé toute forme de vie autour de nous. Je l’attendais depuis si longtemps que nulle terreur ne s’était emparée de moi à l’apparition de cet être qui inspire tant de craintes et de superstitions. Nous sommes tous destinés à lui faire face un jour dans notre vie, fatalement le dernier, et ce jour là c’était mon tour. Alors qu’il en soit ainsi. Savoir vivre c’est aussi savoir mourir. Pourquoi me serais-je laissé impressionner et me serais-je drapé de lâcheté devant cette occasion d’étudier de si près cette source de peur.

Je lui souris...

Elle ne sembla pas affectée par cet accueil.

Imperturbable, inébranlable parmi les immuables… Tu es depuis que la Vie est, et tu seras aussi longtemps que la Vie sera…

Elle resta encore de longues minutes à flotter, à quelques pas devant moi, me fixant de ses yeux intemporels. Cela devint insoutenable mais je supportai ce regard et tentai de percer le secret de ce qu’elle Est en la fixant à mon tour. Cela ne semblait pas non plus l’incommoder ; indifférente à toute forme d’expression, de sentiment ou de communication.

Elle se remit à arpenter la pièce avec une extrême lenteur, fuyant les zones de lumière et laissant derrière elle une traînée diffuse d’encre nébuleuse. Ses déplacements soulevèrent un sinistre soupir ; plainte résonnant de l’obscurité des plus profonds gouffres de l’éternité. Le bruit de la Mort en mouvement, tout simplement.

Malgré mon absence d’appréhension et de crainte devant ce qui allait inexorablement m’arriver, ce murmure me glaça le sang. Combien de fois dans ma vie m’avait–t–il été donné d’entendre ce son, en tout lieu, à tout instant ? La Mort plane en permanence sur nos vies, tel un carnassier autour d’un corps déjà froid. Suspendue telle l’Epée de Damoclès sur la tête de ses victimes, Elle est à l’affût du moindre faux pas qui lui donnerait une occasion propice de fondre sur nous pour faucher notre âme et l’emmener avec elle dans son chaotique royaume de l’Oubli Eternel.

Elle s’immobilisa subitement près de l’âtre, non loin du fauteuil où le chat reposait, sans se soucier de son approche, et sa simple présence suffit à raviver le foyer jusque là inoffensif. Sous mes yeux horrifiés, les chaudes flammes oranges vinrent lécher ce pauvre félin qui se consuma rapidement dans un miaulement atroce, ne laissant de lui qu’un nuage de fumée grise, propageant une âcre odeur de chaire carbonisée. Malgré ma tristesse pour ce pauvre animal cette manifestation de sa puissance et de sa cruauté, vraisemblablement faite pour susciter en moi une frayeur, eut plus l’effet de m’amuser. Voir la Mort, cette entité qui emporte les vies, toutes les vies un jour où l’autre sans exception, montrer son pouvoir à l’une de ses victimes me fit comprendre que ma sérénité et ma tranquillité face à elle avaient tendance à l’irriter et à la déstabiliser.

Je fus alors pris d’un rire incontrôlable. Je me mis à rire de plus en plus fort, et de plus en plus violemment, me basculant tant sur mon fauteuil que je me renversai en arrière et me retrouvai à terre, sur le dos. Pauvre bougre à rire aux éclats en présence de la Grande Faucheuse. Pourtant j’étais bel et bien là, pris du plus formidable éclat rire qui m’ait été donné d’exprimer le long des soixante et une années de ma misérable vie. Pleurant de rire à même le sol je perçus, derrière un fin rideau de larmes troubles, la Mort se pencher au dessus de moi. Je sentis soudain s’exercer sur mon être une fantastique pression, de plus en plus forte, alors que je riais toujours pendant que les Ombres m’engloutissaient à mesure que l’air se raréfiait dans mes poumons. Mourir de rire. Peut-on souhaiter plus belle mort ?

Au moment où je sentis que j’allais définitivement basculer dans son monde, être digéré par ce nuage de nuit sombre ; alors que le sang cognait de moins en moins régulièrement sur mes tempes, que mon souffle et mon rire n’étaient plus qu’un filet d’air s’échappant difficilement de ma bouche dans un strident soupir ; subitement je décidai de dire non à cette Mort. Non pas que la Vie me promettait encore de beaux et nombreux jours, non pas que je ne voulais plus accueillir la mort avec le sourire. Mais, à cet instant précis, je pris conscience que je ne voulais pas mourir de la susceptibilité et de la rancune de cette Mort qui fait tant parler, qui fait tant trembler les populations à travers le monde, et qui continuera ses actes pendant encore bien des siècles. J’ouvris grands ces yeux par lesquels je ne pouvais plus percevoir que des formes troubles par manque d’oxygène et la Mort, sentant que je me révoltais contre ce qu’elle était, contre ce principe immuable qu’elle représentait, se mit à presser plus fermement sa pression sur moi. Mais il était trop tard. J’étais déterminé à vivre. Impuissante face à ma volonté qui ne fléchirait plus, elle expira un long cri des plus horribles ; mélange de plaintes des victimes qu’elle avait digérées au fil des millénaires, puis Elle se contorsionna avant de s’évaporer dans un cri de rage qui résonne encore dans mes nuits et me réveille ; trempé de sueur…

Ayant jusqu’ici pris ma vie en main, ayant été, jusqu’à aujourd’hui, seul maître de mon existence ; je décidai d’être également maître de ma propre mort ; qui surviendrait lorsque j’en aurais décidé et de la manière que je souhaiterai.

Heureux de cette expérience je m’endormis, toujours allongé à même le sol, et mon lévrier vint se blottir contre mon corps, fier de ma prouesse d’avoir chassé cette étrangère de notre demeure si calme et si paisible.


- II -


Cela fait maintenant quelques années que j’avais dit non à ma mort le jour où elle était venue me chercher, alors que ma maladie en était arrivée à son paroxysme ; à un stade où je ne pouvais plus la supporter. Ce mal insoutenable qui m’arrache l’âme et le sang à chaque nouvelle quinte de toux, ces maux de tête intolérables qui me prennent subitement au milieu de la nuit, martelant mon crâne tels de puissants coups de massue. Cela faisait quelques années mais je ne comptais plus. Ce souvenir était si loin et pourtant si présent. Pas une nuit je ne me remémorais cette scène irréelle et pourtant tellement vraie. Cette vision intemporelle de la mort en action, la sensation d’étouffement que bien du monde avant moi avait dû ressentir. La vue de ce pauvre chat, s’enflammant et partant en fumée dans le même instant…

Progressivement, la maladie me fit plus souffrir que jamais, elle me tenait à la gorge et me serrait l’estomac du matin au soir. À Chaque instant elle se manifestait : les quintes de toux redoublaient de violence et l’espace entre chaque crise semblait se réduire. Sans raison apparente autre que ce mal qui me rongeait, je crachais un sang noir, souillé par la souffrance et par le pue, qui circulait dans mes veines. Lors de migraines atroces, je l’entendais battre, toujours plus fort, sur mes tempes puis je le sentais ruisseler de mes tympans le long de mes joues devenues creuses…

Jour après jour je me vidais inexorablement de mon sang. J’aurais aimé pouvoir renoncer à la mort pour jouir de ma vie comme jamais, mais cette maladie freinait toutes mes ambitions, avortait chacun de mes projets à chaque instant. J’étais plus aminci que je ne l’avais jamais été et mon teint devenait plus blafard à mesure que les jours passaient. Cadavérique serait un terme plus approprié à la pâleur de ma peau. J’étais maintenant seul, mon pauvre lévrier avait été emporté depuis quelques années par ce son si caractéristique de la Mort en marche. La vieillesse et la maladie m’ont rendu repoussant, affreux. Sans cesse, heure après heure, je sentais la décrépitude engloutir mon corps dans un processus infernal. Les cernes se formaient plus profondes, bleues, sous mes yeux devenus vides d’expression si ce n’est l’expression du vide lui-même. Mes cheveux tombaient par mèches, par plaques entières. Les os de mon visage se prononçaient à mesure que ma peau se ridait et se desséchait. Mes gencives ne parvenaient plus à maintenir leur emprise sur mes dents, et parfois dans ma bouche un craquement sourd se faisait entendre suivi d’un goût de sang frais sur ma langue. Avant les gens venaient me voir et me plaignaient pour ma maladie mais, ensuite, ils ne vinrent plus ; je leur faisais trop peur… où bien ne pouvaient-ils plus venir pour cause de décès ? Je ne sais pas, je ne sais plus ; cela faisait tellement longtemps que je n’avais vu personne. Tellement longtemps que j’étais seul, isolé du monde ; assis sur ce fauteuil devenu si miteux. Tellement longtemps que je lisais les mêmes pages de ce même livre. Tellement longtemps que ce même feu brûlait dans la cheminée. Tellement longtemps, qu’autour de moi, les bruits s’étaient estompés ; que l’obscurité s’installait irrémédiablement sur ma vie. Tellement longtemps que j’appelais la Mort, que je la suppliais de venir me chercher ; de venir me happer dans son tourbillon de souffrance et de paix infinie. Mais la Faucheuse ne daigna pas me répondre, elle me laissa ici. Seul en ce monde qui tournait, encore et encore, qui poursuivait sa course et qui ne m’attendait plus ; qui ne faisait même plus attention à ma pauvre existence…

(... à suivre)
Voilà, en espérant que vous aurez apprécié . J'enverrai la suite plus tard...
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