Hello à tout le monde.....
Je vous copie une nouvelle que j'ai écris il y a quelques années et publiée sur un autre site, je la remet telle quelle sans correction de ma part, faites moi part de vos critiques, moi-même après le temps j'en ai un paquet à me formuler lol.
Ma nouvelle vieMa métamorphose. Comment j'ai oublié ce que j'étais, comment je suis devenu fort.
Je la sens...
Elle est là, se croyant seule, et boit paisiblement l'eau claire de cette petite rivière. Mais je la surveille. Tapi dans l'ombre, à l'abris des regards indiscrets, je ne suis que quelques mètres au dessus d'elle, perché sur ma branche, et me lèche les babines d'avance en pensant au festin qui m'attend lorsque la proie que je convoite ne sera plus.
Le contexte est favorable. Peu de vent, elle ne sent pas mon odeur, je suis au dessus d'elle, mes griffes et mes crocs ne lui laisseront pas de répis, je me prépare à me laisser tomber sur elle et à l'exécuter. Je saute. En quelques fractions de secondes, la distance qui nous sépare diminue jusqu'à devenir insignifiante puis inexistante, elle lève enfin la tête, nos regards se croisent. Trop tard pour elle. L'appel du ventre. L'appel du sang. Ma patte est armée, les griffes sorties, les muscles bandés, prêts à frapper, les crocs sortis, je suis en sueur, je halète, je ne sais plus où je suis, je viens de me réveiller.
Un coup d'oeil au réveil, il n'est que 3h du matin. Ce rêve était d'un genre nouveau. Comme chacun, souvent je fais des rêves stupides, incongrus, amusants voire tordants, inquiétants, terrifiants, mais jamais aussi réalistes. C'est comme si j'avais ressenti pour de bon tout ce que ce félin avait en lui, tout ce qu'il pensait – en admettant qu'un animal pense.
Pourtant c'était bien là. Je sentais l'odeur de ma proie, j'étais déterminé à la tuer, pas par plaisir, pas par jeu, uniquement par nécessité. Je me lève, me sert à boire, marche un peu, regarde une photo de ma bien-aimée, et retourne me coucher, confiant en sa capacité à chasser mes démons. Il est long, mais finalement le sommeil me prend. Je suis troublé. Tellement troublé que je n'ai pas été choqué de ne pas avoir besoin d'allumer la lumière pour trouver la cuisine, me servir à boire et surtout contempler longuement une photo.
7h. Le réveil sonne. J'ai mal aux yeux. En fait j'ai mal partout. C'est étrange, je n'ai rien fait susceptible de provoquer des courbatures. J'ai du dormir dans une mauvaise position. Je n'ai rien bu, pourtant je ressens certains symptomes de la gueule de bois. Chaque petit son résonne dans ma tête comme si c'était une sirène, comme s'il était amplifié.
Courage. C'est un mauvais jour, comme ça arrive parfois, j'ai vu pire, je vais aller travailler comme d'habitude, et ce soir il n'y paraitra plus.
19h. Journée de merde. J'ai toujours mal aux yeux, j'ai toujours ma "gueule de bois fictive", j'entends toujours trop bien, et mon rêve n'arrête pas de repasser en boucle dans ma tête...
Une bonne nuit de sommeil arrangera sûrement ça. Hop, dodo direct.
Alleluya !!! Je me sens bien. Je n'ai pas rêvé, ou alors je ne m'en souviens pas, je n'ai mal nul part, je me sens fort, j'ai un appétit d'ogre. D'ailleur c'est étrange, mais ce matin j'ai envie d'un bon steak. Passons ce petit caprice, on n'est pas à une entrecôte près.
Toute la journée j'ai l'impression d'être un surhomme, je pense plus vite, j'apperçois plus vite, j'identifie mieux et plus vite, j'y vois un peu mieux que d'habitude, j'ai une de ces pêche !!!
D'ailleur ce soir je vais aller faire du sport, j'ai besoin de me dépenser, il faut absolument que je bouge.
23h. J'arrive chez moi, j'englouti un roti à moi tout seul, je suis fatigué. Encore heureux, je viens de courir pendant 5h non stop !!! Et à un rythme que jamais je n'aurai cru tenir une seule misérable petite demie-heure. J'ai du faire un marathon !!!
Hop, dodo. Devant la glace de la salle de bain, il m'a semblé que mes yeux avaient quelque chose de bizarre, mais j'étais trop fatigué pour chercher à comprendre.
J'ai des yeux de tigre !! Je ne comprends pas. Cette nuit encore j'ai bien dormi, mais ce matin en me levant j'y voyais trop bien. Je suis devant mon mirroir, je me regarde dans les yeux, et j'ai peur. Mes yeux sont jaunes, et quand je me fixe je me fais peur...
Je ferme les yeux, et j'essaie de chasser toutes les idées farfelues qui me viennent à l'esprit. Mais je n'arrive pas à me concentrer, j'entends trop. J'entends la voisine d'en face qui râle parce qu'elle a perdu au loto, j'entends le couple du dessous, au rez-de-chaussé, qui s'engueule pour une histoire de secrétaire top entreprenante envers monsieur, j'entends le couple du dessus qui se fait des mamours, j'entends le vieux du 3e ronchonner dans sa barbe devant les atroces nouvelles quotidiennes véhiculées au JT, j'entends la ménagère du 4e chantonner en préparant à manger... Je me concentre... C'est une dinde, qui sent délicieusement bon !
Stop. Ma conscience reprend le dessus. J'entends trop de choses, je sens trop de choses. Ce n'est pas normal, je me jette sur l'annuaire pour trouver le numéro d'un bon médecin, puis je me ravise en voyant le numéro d'un bon asile.
Pas de boulot aujourd'hui, j'ai un problème, je vais me recoucher, et en me réveillant ça ira mieux.
Je reste éveillé de longues minutes, j'ai encore mal partout, à la tête, dans tout mon corps, je sens la fièvre s'emparer de moi, je sombre dans une bienheureuse inconscience.
Je me réveille en sursaut, j'ai cru entendre rugir. Le téléphone sonne, ça doit être ça. J'essaie de me lever pour répondre, je lis d'ici le nom de ma bien-aimée sur l'écran de mon téléphone qui est à plusieurs mètres de moi, mais à peine ai-je touché le sol je m'effondre, je vois le sol se rapprocher dangeureusement dans ma tête, je vais... Plus rien.
J'ai l'impression que des jours se sont écoulés quand je me réveille, par terre. Je n'ai plus mal. Je me sens bien. Ce n'est pas trop tôt. J'ai faim. Je ne me sens pas chez moi. Par contre je me sens enfin moi-même. J'ai beaucoup changé. Maintenant je marche à quatre patte. J'ai Faim. J'aurais bien besoin d'un arbre et d'une rivière, ici je n'ai que des robinets que je ne peux plus utiliser. Je m'extirpe difficilement des vêtements qui autrefois m'habillaient. J'ai faim. Je sais que je ne suis plus pareil, que je ne serais plus jamais pareil, pourtant je conserve ma conscience, à laquelle est venue s'ajouter un instinct millénaire. J'ai faim.
Je suis un prédateur. Je suis grand, je suis beau, je suis fort. Je n'ai plus peur. Je ne sais plus ce qu'est la peur. Je me vois dans le mirroir de mon ex chambre. Ce n'étaient pas des yeux de tigre. Comment ai-je pu me tromper, pourtant la différence est bien nette, aucun de mes congénaire n'aurait pu se tromper ! C'était – ce sont – des yeux de Jaguar. Je suis loin de chez moi. J'ai faim.
Il doit y avoir une raison. J'ai trop faim, on réfléchira plus tard, il faut que je me trouve à manger. D'un coup de patte, je brise ma fenêtre, et je saute à l'extérieur. J'atterris sur le sol, me retourne et contemple ma fenêtre. Avant, quand j'étais faible, je me serais fait mal en sautant de là. Mais c'est fini.
Je n'aurais pas du sauter, j'aurais du aller sur le toit. Il n'est pas trop tard, je re-saute, en deux bonds j'y suis. Un corbeau. Quand il m'apperçoit, il est déjà trop tard pour lui.
Ca va mieux, mais j'ai toujours faim. Satisfaire ce désir me prendra la journée. La nuit je m'aménage un coin tranquille sur un des nombreux toit de Paris, et je réfléchis.
Il doit y avoir une raison à ma présence. Pour le moment elle m'échappe encore, mais il doit y en avoir une. Que puis-je faire ? Je ne peux pas m'installer et vivre tranquillement comme je l'aurais fait chez moi, car je n'y suis pas. Il y a donc une raison.
Je me souviens que lorsque j'étais faible, j'avais une femelle. J'ai son odeur en tête. Je me met en quête d'elle.
Je la trouve facilement. Maintenant je suis sur son toit. Je sens sa présence pas loin sous mes pattes, j'entends sa respiration régulière, son odeur m'atteint.
Je suis bien. J'attend, invisible, je sais que je suis là où je dois être, que la femelle qui avant était mienne a besoin de moi, de ma protection. Je sais désormais que je suis son gardien, son invisible protecteur.
Au fil des jours je la suis dicrètement, toujours perché, c'est difficile. Difficile car je dois rester invisible, si on me voit tous ces faibles deviendraient trop forts pour moi, difficile parce qu'elle se déplace très vite, dans des engins atroces dont la respiration me nuit. Je dois la suivre en courant, en sautant, et sans me faire voir. Mais j'y arrive, car je suis le meilleur, le plus fort, le plus rapide, le plus discret, le plus silencieux. Je ne comprends plus mon ancienne femelle. Comme ses semblables, les autres faibles, son comportement m'échappe, il défie toute logique. Elle s'est rendu dans mon ancien chez moi, et j'ai senti de la tristesse, du désespoir, et de l'incompréhension. Je ne la comprends pas, mais je ressens ses émotions. Elle est tout pour moi, elle est ma déesse, je suis responsable d'elle, c'est la seule chose dont je sois sûr.
Bien des Lunes plus tard, une nuit, je sens autour d'elle un danger. Elle marche, seule, tranquillement, ne se doute pas qu'elle est en danger. Mais elle ne se doute pas non plus qu'elle ne risque rien, car je suis là. Je suis encore plus attentif, si c'est possible, et me rapproche d'elle tant que je peux. Soudain quelques faibles apparaissent autour d'elle, la surprennent, puis provoquent en elle une peur qui m'atteint de plein fouet. Ellle est surprise, mais pas moi, je savais qu'ils étaient là depuis longtemps. J'étais prêt. Je n'avais pas contre par prévu la terrible et incontrolable fureur qui s'empare de moi. Je bondi. Elle est encore plus surprise par moi que par eux. Elle a encore plus peur de moi que d'eux !! Elle ne comprend pas que je suis là pour elle.
La menace n'est plus. J'ai fais d'une pierre deux coups, je n'aurais pas besoin de voler dans une boucherie ce soir. Je n'ai plus faim. Ma déesse est loin maintenant, mais je vais vite la rattraper, je ne dois pas la laisser seule, sinon elle pourrait encore avoir affaire à de nouvelles menaces. Sans moi. C'est impensable. Je m'élance donc.
Voilà ce que sera désormais ma vie. C'est bien. J'ai oublié mon ancienne vie. J'aime ma déesse, je veille sur elle. En silence. En secret.
Fin