Création des éditions cauchemars

Pour Céline, je m’attarderais encore un peu même si ce n’est pas le sujet initial. Donc chez lui, les faits contredisent ses déclarations et comme tu le soulignes, il prenait un malin plaisir à entretenir sa réputation sulfureuse. N’en déplaise, il avait un orgueil démesuré. Mieux que quiconque ou aussi bien que Dostoïevski, il était un écrivain du souterrain, c'est-à-dire de la nature humaine, de l’inconscient et de l’inconscient collectif. Il les a dévoilés, non pas enseignés. Dans une telle entreprise, il ne pouvait qu’être d’une lucidité affutée par rapport à lui-même et la nature de l’homme : la vanité comme moteur et les illusions comme l’altruisme pour s’en dédouaner, vieux réflexe chrétien que partage aussi la modernité (mais qu’on peut faire remonter à Socrate), ne pas culpabiliser. Dans les faits, Céline se déplace à la remise de son Goncourt « promis d’avance à l’unanimité » avec sa petite môman et saper comme un milord. La déception et l’amertume seront rudes. Céline était aussi obsédé par sa notoriété et souhaitait être certain d’accéder à la prospérité. Pour ça, il n’a pas arrêté de prendre la tête de Gaston Gallimard pour rentrer dans la cour officielle des grands, la Pléïade. Même son antisémitisme ne tient pas devant les faits, pour avoir aider à planquer deux juifs, n’avoir jamais balancé les réunions d’une cellule de la résistance qui se déroulait dans son propre immeuble et en soignant gratuitement des gens qui étaient passés dans les mains de la Gestapo. Cela dit, Céline a bien écrit par orgueil et d’autant plus qu’il était très lucide de lui-même et de sa dégénérescence atavique, sa maladie nerveuse familiale, comme y disait. Je refuse le statut de prophète que beaucoup de céliniens lui donnent. Déjà, c’est débile et ses visions lui ont été grandement transmises par Schopenhauer qu’il lisait beaucoup, puis un peu de freudisme par-ci par-là, mélangé à son expérience personnelle de la Grande Guerre.
Un artiste offre des visions qu’il dévoile, pas un enseignement à transmettre. Pour ça, y a des philosophes et ce n’est pas le rôle d’un artiste. On pourrait à la limité dire de Céline qu’il était un oracle et non un prophète. D’ailleurs, la notion de « vrai écrivain » se définit surtout par sa capacité à dévoiler ses propres visions, et un ensemble de lieux communs pour les « faux écrivains », mais aucunement en fonction de critères comme « gloire et vanité ». On n’est pas mauvais écrivain parce qu’on est pédant comme un phoque, à la limite, juste un grand con. Le coup de l’humilité de l’artiste est une bonne rasade de rire. L’humilité est la valeur des faibles qui assimilent nature humaine avec « mal » (en partant du postulat que l’essence de l’agir humain est l’égoïsme et que l’action précède la pensée ; Il n’y a que deux cas où l’homme aide son prochain, soit parce qu’en aidant autrui on se fait du bien à soi, soit, si ça ne correspond pas à un bien envers soi, on se force par la culpabilité du mal. Dans les deux cas, l’égoïsme, axiologiquement neutre, ni vice ni vertu, n’est au rendez-vous). La civilisation et l’art n’ont été érigés que par vanité et c’est très bien ainsi. Même le christianisme et l’art chrétien ne se sont fait que par sens de la grandeur, derrière ses fausses valeurs pour asticots.
Tout écrivain est mu par l’orgueil, grands ou écrivains foireux, derrière ses propres illusions. De l’orgueil et de l’intérêt personnel mal consenti, je t’en trouve derrière chaque parole humaine, derrière chaque charité, derrière chaque souci de transmission, puisque c’est l’essence de notre agir. On ne peut pas s’en servir pour définir oui ou non ce qu’est un grand ou mauvais écrivain, ou des intentions d’un auteur, ce n’est pas un critère. Derrière chaque altruiste existe un monstre d’orgueil (monstre étant ici utilisé au sens de la démesure, plutôt que vilaine créature).
Pour les maisons d’édition, je suis d’accord avec toi, mais aussi avec Maerlyn. Y a trop de novices en la matière, mais c’est aussi le seul moyen d’avoir une chance d’être publié. Les grandes maisons ne tapent que dans leurs acquis et pour les nouvelles signatures, soit dans le piston, soit dans les grandes écoles de lettres (4500 € à l’année pour les moins chers, donc réservés à la bourgeoisie sauf exception), soit chez ceux qui ont acquis une petiote notoriété par le bais de petites maisons d’éditions, comme l’explique notre pilier de bar de la Cannebière.
Pour le cas où je te sucerais les boules, ça me déçoit. Tu as d’habitude un bien meilleur sens de la formule que cette tournure banale.
Je te fais un gros bisous à toi et à ton orgueil vexé (parce que je commence à te connaître maintenant).

Sinon ce serait cool de rester dans le sujet du topic, envoyez-vous des léchouilles par mp.

J'y reviens sur la fin.

Je te visais pas particulièrement, mais si la conversation continue comme ça, on est parti pour des pages de off topic.

Mieux vaut ça qu'un forum mort ! Et puis c'est intéressant.
Édit : mais c'est vrai qu'il y a un topic "Céline"...

Sinon oui, apparemment, il arrive que des grosses maisons d'édition "achètent" des écrivains à des petites maisons - genre ce sont ces dernières qui prennent les risques, et les grosses maisons se ramènent avec leurs gros chèques, quand il suffit de dérouler...

[quote="Paracelse"]Céline a bien écrit par orgueil et d’autant plus qu’il était très lucide de lui-même et de sa dégénérescence atavique, sa maladie nerveuse familiale, comme y disait.

Je reviens juste sur cette phrase qui démontre bien que le véritable écrivain est orgueilleux avant d'être égoïste. Le véritable auteur sait que son message est transmis dans une sorte de chronique fictionnelle avant de raconter une histoire.



Pour le cas où je te sucerais les boules, ça me déçoit. Tu as d’habitude un bien meilleur sens de la formule que cette tournure banale.
Je te fais un gros bisous à toi et à ton orgueil vexé (parce que je commence à te connaître maintenant).

Je ne suis pas vexé, je te rassure. Excuse cette phrase somme toute anodine et adolescente mais je ne voulais pas délivrer une tournure trop ardue pour nos jeunes cerveaux. J'ai donc caricaturé.

/quote]

HS : déjà que le blanc pète les yeux en lecture, mais si tu pars en turquoise, c'est fini, on aura tous des culs de bouteilles dans l'année.

Sinon, c'est bien triste pour les éditions cauchemars et tous les membres de cette maison.
Le forum sera remanié.

solevi a écrit:

Le forum sera remanié.

Qu'ils viennent tous ici, au pire

Aussi

C'est clair

Citation :

Bonjour à tous et à toutes,


En vue des derniers évènements, je suis au regret de vous annoncer la fermeture définitive des Editions Cauchemars le 31 décembre 2011.

Je tiens tout de même à préciser en vue de certaines déclarations que l’entreprise a été active légalement. Malgré la déclaration d’auto-entrepreneur chacun des contrats et démarches effectuées à ce titre étaient légales.

Concernant l’AT contes macabres, la publication ne se fera pas chez Cauchemars mais un projet est en cours à ce sujet, les participants seront rapidement contactés à ce sujet le temps d’effectuer les dernières démarches.

Quand aux commandes passées concernant les ouvrages disponibles, elles seront honorées sous quinzaine. Pour ce qui est des pré-ventes, chaque acheteur sera remboursé dans les plus brefs délais au même titre qu’auteurs, illustrateurs,…

Je tiens à ce sujet à remercier chaque personne ayant collaborées avec nous, nous ayant soutenu dans cette aventure. Une pensée particulière pour nos auteurs dont le talent n’est plus à démontrer. Puissiez vous perdurer dans l’écriture et rencontrer le succès mérité. Un grand merci à Cécile Guillot pour son aide précieuse en tant que webmastrice et illustratrice, aux modérateurs du forums, membres du comité de lecture et correcteurs…

Malgré les erreurs commises, je tiens à ce que les Editions Cauchemars ferment dignement en prouvant a chacun que la confiance donnée ne sera pas trahie.

Merci à tous et à toutes…

Fabien

Joli clap de fin.
On ressent la tristesse de Fabien, mais aussi derrière son envie de rebondir.

Bon courage pour la suite